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Teisipäev, 10. detsember 2013 - Strasbourg Uuendatud versioon

8. Pidulik istung - Mali
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  Der Präsident. − Sehr geehrter Herr Präsident, liebe Kolleginnen und Kollegen! Es ist uns eine große Ehre, Herrn Präsident Keïta hier im Plenarsaal des Europäischen Parlaments begrüßen zu dürfen. Ihr Land, Mali, ist für uns ein besonders wichtiges Land. Die dramatischen Ereignisse der letzten Zeit haben wir aufmerksam verfolgt. Die Ereignisse haben Terror und Elend über die Bevölkerung Malis gebracht und die Sicherheit – nicht nur im Lande selbst, sondern in der gesamten Region – erschüttert.

Diese tiefe Krise hat uns allen, meine Damen und Herren, vor Augen geführt, dass Europa und die Sahelzone schicksalhaft miteinander verflochten sind und dass Europa angesichts der Geschehnisse in der Sahelzone und in Mali nicht untätig bleiben darf. Erleichtert stellen wir fest, dass die schlimmsten Schrecken zunächst hinter uns liegen. Dank der militärischen Intervention, die gemeinsam von den internationalen und den malischen Streitkräften geführt wurde, dank des Engagements der Übergangsregierung in Ihrem Land, dank der internationalen Gemeinschaft und vor allem dank Ihres Einsatzes, Herr Präsident, befindet sich das Land nun auf dem Weg, den demokratischen Rechtsstaat wiederherzustellen. Seit Beginn dieses Jahres hat Mali Schritt für Schritt den Fahrplan für den Übergang, wie dieser Titel so schön heißt, umgesetzt.

Das Abkommen vom Juli bei den Friedensverhandlungen in Burkina Faso war ein entscheidender Schritt im Friedensprozess und ebnete den Weg für die Präsidentschaftswahl, die Sie, Herr Präsident Keïta, deutlich für sich entschieden haben. Darin zeigt sich das Vertrauen, das Ihnen das malische Volk – ungeachtet der offensichtlichen gesellschaftlichen Schwierigkeiten, die es zwischen den unterschiedlichen Ethnien und Kulturen immer noch gibt – entgegengebracht hat. Das malische Volk hat Ihnen ein Mandat erteilt, Ihr Land in eine stabile, friedliche und demokratische Zukunft zu führen.

Wir haben gerade darüber gesprochen, Herr Präsident: All den bewaffneten Gruppen, die gegen die Einheit der malischen Völker agieren und Hass und Intoleranz im Land und in der Region verbreiten, sagen wir: Drohungen, die sich gegen die Sicherheit des Landes und gegen eine von Wohlstand geprägte Zukunft Malis und der gesamten Sahelzone richten, werden sicher am entschlossenen Widerstand der Demokratien scheitern, und zwar der Demokratie in Ihrem Land und der Demokratien in der internationalen Staatengemeinschaft. Ein Erfolg für Ihr Land bedeutet zugleich einen Erfolg für den gesamten Sahel, bedeutet einen Erfolg für Afrika und bedeutet einen Erfolg für Europa. Seien Sie deshalb versichert, Herr Präsident, das Europäische Parlament steht an Ihrer Seite!

Wir freuen uns, dass Sie heute bei uns sind. Es ist ein denkwürdiger Tag. Heute vor einem Jahr, am 10. Dezember 2012, hat die Europäische Union den Friedensnobelpreis erhalten. Heute, am 10. Dezember 2013, wird Nelson Mandela, einer der großen afrikanischen Staatsmänner, einer der großen Männer des 20. und des 21. Jahrhunderts in einem Staatsakt in Südafrika gewürdigt. Wir beide haben, bevor wir hierhergekommen sind, darüber gesprochen, wie wichtig zugleich Ihre Botschaft heute ist. Ihre Präsenz an diesem Tag hier bei uns zeigt, dass die Zusammenarbeit zwischen Europa und Afrika über den Tag hinaus geprägt sein soll. Und ich bin Ihnen dankbar dafür, dass Sie eben in unserem bilateralen Gespräch darauf hingewiesen haben, dass die Zusammenarbeit zwischen Afrika und Europa geprägt sein sollte vom Geist Nelson Mandelas. In diesem Sinne, Herr Präsident Keïta, gebe ich Ihnen das Wort, das Europäische Parlament mit Ihrer Rede zu beehren.

(Beifall)

 
  
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  Ibrahim Boubacar Keïta, Président du Mali. − Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Présidents des commissions parlementaires, Mesdames et Messieurs les Commissaires, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, distingués invités, le 5 décembre 2013, Nelson Rolihlahla Mandela, un géant de l'Afrique, un homme universel, une grande âme, un dirigeant épris de paix et de justice pour tous les humains, je pourrais continuer les dithyrambes, nous a quittés pour entrer dans la vie éternelle.

Je voudrais vous demander de bien vouloir observer une minute de silence pour honorer la mémoire du père de l'Afrique du Sud nouvelle, de la nation arc-en-ciel, dont l'avènement a été l'objet central de son combat.

Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie.

Puisse le Seigneur tout-puissant l'accueillir en son royaume et lui accorder sa grâce et sa miséricorde!

Mesdames et Messieurs,

C'est un honneur et tout un symbole pour moi de m'adresser à vous, au cours de cette cérémonie, cette séance plénière solennelle, en ce mardi 10 décembre 2013, journée de célébration de la Déclaration universelle des droits de l'homme, pour partager avec vous quelques réflexions sur ma vision du devenir de mon pays et sur la coopération entre mon pays et l'Europe.

Mesdames et Messieurs,

D'emblée, il me plaît de vous remercier pour toutes les initiatives que vous avez prises en faveur du redressement du Mali. Cet engagement constant est le témoignage le plus éclatant de l'esprit de solidarité qui innerve les institutions européennes et qui est la marque distinctive de l'Europe, en tant qu'acteur mondial de premier plan qui porte des valeurs universelles partagées avec l'ensemble des nations de notre planète.

Ce n'est pas un hasard si l'Union européenne s'est vu décerner, il y a tout juste un an, le prix Nobel de la paix. C'est en quelque sorte la reconnaissance de son attachement à la paix mondiale, sans laquelle il n'y a pas d'avenir pour l'homme.

Mesdames et Messieurs,

En rendant visite à votre très prestigieuse institution, je viens, en devoir de reconnaissance, remercier l'Europe et les peuples que vous représentez.

Mesdames et Messieurs,

L'Europe est un partenaire historique unique qui, depuis plus de 40 ans, se trouve aux côtés du Mali. Songez que nous étions ensemble déjà quand il y avait les EAMA, les dix-huit États africains et malgaches associés, et, plus tard, quand fut signé l'accord de Georgetown, en 1975, nous étions encore ensemble. Tout au long de ces deux étapes, curieux hasard de l'histoire, ces sont des Maliens qui ont eu à diriger les deux institutions. Pour les EAMA, dix-huit États africains et malgaches associés, M. Seydou Djim Sylla, hommage lui soit rendu, était le Secrétaire général. Quant aux ACP, ce fut M. Tiéoulé Konaté qui, hélas n'est plus, qui présida à leur démarrage.

Ce partenariat doit être renforcé dans tous les domaines afin d'arrimer l'un à l'autre, de manière irréversible, nos deux continents. Les nombreuses réalisations à l'actif du Fonds européen de développement, puis de la communauté économique européenne témoignent de la densité et de la profondeur de la coopération entre mon pays et l'Europe.

Avec l'Union européenne, nous avons une coopération multimensionnelle exceptionnelle qui se traduit par la réalisation de programmes d'infrastructures, de formation, d'assistance institutionnelle et budgétaire, et d'interventions dans tous les secteurs du développement: éducation, santé, sécurité, environnement, gouvernance, démocratie et droits de l'homme.

Depuis cette année, il existe une coopération forte et très utile dans le domaine de la formation de nos soldats dans le cadre de la mission de formation de l'Union européenne. Cette coopération s'est déja matérialisée par la formation de trois bataillons des forces armées maliennes, qui sont désormais opérationnels sur le terrain. Un quatrième bataillon est en formation et cela est très heureux. Ces soldats sont les pionniers de la nouvelle armée malienne républicaine, respectueuse des droits de l'homme, animée d'un esprit patriotique supérieur et totalement dédiée à la défense de l'intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali.

Je dois marquer la gratitude de l'ensemble du peuple malien pour tous les efforts déployés par l'Union européenne en vue de permettre au Mali de renouer avec le processus démocratique. Tous les Maliens ont pu apprécier à sa juste valeur le rôle joué par la mission des observateurs de l'Union européenne, conduite par un ami de l'Afrique et du Mali, je voudrais nommer Louis Michel, durant l'élection présidentielle, en juillet et en août 2013, et son engagement sans faille, en votre nom également, à nos côtés pour les élections législatives du 24 novembre et bientôt du 15 décembre 2013, en ce qui concerne le deuxième tour.

Mesdames et Messieurs,

Au cours de la décennie écoulée, le Mali a été le théâtre d'une dégradation structurelle dans tous les domaines de l'activité humaine. Cette détérioration sociale globale s'est traduite par la création dans le nord du pays de sanctuaires où des groupes djihadistes, terroristes et criminels ont pu mener, sans craintes majeures, leurs activités illicites.

Le Mali est devenu l'épicentre de la dégradation de la situation sécuritaire dans le Sahel qui s'est lui-même transformé en un océan d'insécurité, s'étendant de l'Atlantique à la mer Rouge, où la criminalité transfrontalière a prospéré sur le terreau de la pauvreté et de l'obscurantisme. La misère économique a entraîné le désespoir chez les jeunes de la région. Ceux-ci sont ainsi devenus des proies faciles pour les terroristes et les djihadistes, qui ont réussi à les embrigader dans des aventures destructrices où la vie humaine n'a plus de valeur, où l'individu devient le principal ennemi de sa propre famille, de sa patrie et de sa société. Le Sahel est devenu un marché d'armes à ciel ouvert, où tous les acteurs non étatiques peuvent s'approvisionner librement et facilement. Le sous-développement et la pauvreté constituent donc le terreau sur lequel prospère l'insécurité. La criminalité transfrontalière menace la paix et la sécurité des États de la région. Or, sans paix et sans sécurité, il ne peut y avoir de développement. Et vice-versa, sans développement il ne peut y avoir la paix et la sécurité.

Le Sahel est désormais au cœur des préoccupations mondiales. C'est heureux que l'Union européenne ait pris la pleine mesure des enjeux fondamentaux auxquels cette zone est confrontée et qu'elle ait adopté plusieurs initiatives, dont la stratégie pour le Sahel dans laquelle le Mali occupe une place centrale.

Élaborée par le Service européen pour l'action extérieure et adoptée par le Conseil des affaires étrangères, le 21 mars 2011, cette initiative majeure de l'Union européenne vise à aider le Mali, la Mauritanie et le Niger, tous trois au cœur du Sahel. Je me félicite de l'existence de cette volonté robuste de l'Union européenne de promouvoir des changements qualitatifs dans les domaines prioritaires de la paix et de la sécurité au Sahel et en Afrique.

Il est clair que la nature transfrontalière des défis sécuritaires impose à nos États de coopérer étroitement, dans le cadre de mécanismes régionaux, pour juguler les fléaux communs à nos fragiles pays. De même, nos pays doivent redoubler d'ardeur pour mobiliser la communauté internationale afin de mener une lutte efficace contre le terrorisme et la criminalité organisée.

Je dois le dire fortement. Pour faire face aux défis sécuritaires qui se posent aux États sahéliens, nous avons urgemment besoin de reconstruire nos forces armées et de sécurité, et de les doter de moyens conséquents. L'expérience récente de mon pays l'atteste suffisamment: une armée faible, des forces de sécurité délabrées et corrompues ne peuvent affronter avec succès l'hydre du terrorisme et de la criminalité organisée.

Mesdames et Messieurs,

L'Union européenne s'est portée à notre secours en mobilisant, en mai 2012, lors de la conférence de Bruxelles pour le relèvement du Mali, plus de 3,2 milliards d'euros afin de financer le programme de reconstruction et de développement du Mali. Cette conférence a été une étape décisive dans la reprise de la coopération avec les autres partenaires du Mali, qui avaient suspendu leur appui budgétaire et le financement de plusieurs grands projets de développement en raison du coup d'État.

Le Mali apprécie la reprise de la coopération et se félicite de la décision de l'Union européenne de passer de 25 % à 50 % dans le domaine de l' appui budgétaire, si important pour nous.

Mesdames et Messieurs les députés,

Le Mali compte sur vous pour faciliter l'allégement des procédures de décaissement et la relance des projets de développement. Nous sommes dans l'urgence absolue et la situation est quelquefois alourdie par des décaissements difficiles. Je pense que la volonté de l'Europe est d'aider concrètement et rapidement au relèvement du Mali. Nous comptons donc sur vous.

Le Mali, quant à lui, est déterminé à trouver les mécanismes les plus idoines pour assurer une transparence et une efficacité avérées de l'aide internationale. Cette transparence et cette efficacité sont une exigence fondamentale de notre peuple, qui n'acceptera plus les pratiques ayant conduit à l'effondrement de mars 2012. Nous voulons construire un État de droit, où nul ne pourra plus jamais être au-dessus de la loi.

Certains ont pensé pouvoir éprouver notre volonté à cet égard, je crois qu'ils sont en train de méditer entre quatre murs leur hardiesse. Il en sera désormais ainsi au Mali et nous avons décrété également la tolérance zéro à l'égard de la corruption. Si le peuple malien a porté son choix sur notre modeste personne, avec une ferveur aussi intense, ce n'est pas tant que nous soyons le meilleur homme politique du Mali, mais on nous reconnaît cette probité et cette intégrité sans faille qui nous a vu tout au long des différents mandats que nous avons assumés blancs comme neige. C'est cela qui a surtout été la grande motivation des Maliens à nous faire confiance. Cette confiance, chers amis, elle ne sera pas galvaudée, je vous en fais la promesse.

Mesdames et Messieurs les députés, il en sera de même de votre confiance. Les trois milliards deux cents millions d'euros ne seront pas détournés, chers amis, il y aura une reddition de comptes, au centime près. Il y va de notre honneur, de notre dignité et de la confiance entre vous et nous, à laquelle nous tenons par-dessus tout.

Le Mali est à l'aube d'une nouvelle aventure historique. Nous devons fonder un nouvel État, un nouveau contrat social, qui rétablira les liens distendus entre les Maliens et l'État. Mais surtout, nous devons réconcilier les Maliens avec eux-mêmes, avec leur histoire, avec les valeurs cardinales qui ont jadis permis à notre peuple de donner un cachet singulier à l'humanisme soudanien.

Tout à l'heure, Monsieur le Président Schulz, me montrant une carte du monde, me disait: "Ah, il y a un début de l'Afrique sur cette carte, qui est de 1575." Je lui ai dit: "Mais la carte continue". Si c'est la carte qui a été faite par le géographe majorquin Abraham Cresques, de 1575, le Mali y figure bel et bien, et l'on voit le souverain malien en légende, avec cette inscription: "C'est ici que règne Moussa, roi du Mali, pays dit si riche que l'or y coulerait à flots". Et ce sont ces zones aurifères citées par Cresques qui sont encore aujourd'hui les filons qui font du Mali la troisième puissance aurifère d'Afrique. Le troisième producteur d'or d'Afrique était déjà signalé par ce géographe majorquin sur l'atlas catalan en 1575. C'est donc une vieille histoire entre vous et nous, à laquelle nous tenons.

Depuis que nous sommes aux affaires, notre démarche s'articule autour de la réconciliation nationale. Nous avons avec nous ici, dans cette Assemblée, le titulaire d'un nouveau portefeuille que nous avons créé exprès pour cela, le ministère de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord. Ce ministère n'est pas un gadget, c'est une volonté politique claire ainsi affirmée. Et ce ministre est sûrement l'un de ceux qui abattent le plus gros travail depuis que nous sommes aux affaires, depuis deux mois. Nous sommes là depuis deux mois.

Nous devons répondre aux aspirations fondamentales de notre peuple qui a soif de justice. C'est pourquoi là aussi, dans l'architecture gouvernementale, le ministère de la justice est le premier des ministères. Notre peuple a soif de justice, et réclame une nouvelle gouvernance démocratique fondée sur la responsabilité et l'intégrité de ceux qui sont aux commandes de l'État. Le Mali nouveau se construira grâce à la conjugaison des intelligences de tous les Maliens, car chaque Malien est une force pour le Mali, qu'il soit du Nord, du Sud, de l'Est ou de l'Ouest, pour nous, c'est une chance et une force.

Dans ce sens, en l'espace de quelques semaines, mon gouvernement a organisé ce que nous avons appelé les États généraux de la décentralisation, du 21 au 23 octobre, les Assises nationales sur le Nord, du 1er au 3 novembre, et le Forum local et régional de Gao, du 26 novembre au 1er décembre 2013.

Les États généraux sur la décentralisation ont convenu des éléments fondamentaux suivants: la mise en place de la régionalisation, qui permettra de renforcer les compétences des collectivités décentralisées tout en faisant de la région le point nodal d'un développement économique conséquent, prenant en considération les aspirations fondamentales des populations à la base.

Deuxièmement, l'inclusion des autorités traditionnelles dans le processus décisionnel, tant sur le plan régional et local, que national, à travers leur participation aux assemblées délibératives.

Enfin, troisièmement la prise en compte des spécificités culturelles locales et des conditions particulières découlant de l'environnement physique et géographique des régions sahélo-sahariennes.

Quant aux Assises nationales sur le Nord, qui ont réuni l'ensemble des composantes sociales et culturelles de notre peuple, elles ont validé les recommandations pertinentes des États généraux sur la décentralisation. Mais, surtout, elles ont permis de forger un consensus national robuste, tant sur les réformes institutionnelles envisagées par le gouvernement, pour aboutir à une meilleure gouvernance démocratique, que sur le contenu du plan de développement accéléré des régions du Nord, qui permettra de corriger les graves déficits en matière de développement dans la partie septentrionale de notre pays.

Enfin, l'organisation du Forum local et régional de Gao participait du processus d'approfondissement du dialogue entre les populations et le gouvernement. Nous avons décidé de multiplier les espaces de débat, de dialogue sur toute l'étendue de notre territoire, car la démocratie est un va-et-vient constant entre le peuple et les dirigeants. La démocratie n'est vivante, vivace, que si elle est irriguée constamment par la prise en considération des aspirations populaires. C'est ce que vous faites ici, au nom des peuples européens.

Dans les semaines à venir, nous multiplierons ces rencontres à la base en organisant, dans toutes les régions du pays, des forums locaux et régionaux, afin de libérer la parole sur toute l'étendue du territoire national. La parole des Maliens sera le guide de l'action gouvernementale.

Mesdames et Messieurs, mon gouvernement a pris la pleine mesure de la nécessité de mettre en oeuvre une politique de réconciliation nationale comme axe stratégique de la refondation d'un nouvel État.

À cet effet, j'ai chargé le gouvernement de mettre en place une commission "Dialogue, vérité et réconciliation". Suivez mon regard, qui se tourne vers le stade de Soweto, où le grand homme qui a initié cela dans son pays a fait école. Cette commission "Dialogue, vérité et réconciliation", en lieu et place de la commission "Dialogue et réconciliation" – parce que nous avons estimé que il est difficile d'obtenir une réconciliation et un dialogue cohérent et utile sans la vérité, d'où cette inclusion du concept de vérité –aura un mandat d'interpellation et des pouvoirs d'investigation afin de faire la lumière sur l'ensemble des crimes commis dans le nord du Mali.

Elle établira la cartographie des graves violations des droits de l'homme, tout en préparant les conditions idoines pour le retour des réfugiés et des personnes déplacées. Elle connaîtra de tous les cas, de quelque origine qu'ils soient. Elle organisera des dialogues inter- et intra-communautaires afin de renouer les fils distendus entre les populations locales et de créer les conditions d'une meilleure entente entre celles-ci. Elle traitera la question touareg dans sa profondeur historique, en connaissance des erreurs commises dans le passé.

Enfin, elle sera chargée de répertorier et d'archiver la mémoire nationale afin que l'ensemble de notre peuple soit informé de ce qui s'est passé et que, plus jamais, notre pays ne connaisse une tragédie semblable à celle de l'année 2012.

Mesdames et Messieurs, le Mali a presque parachevé le retour à une vie constitutionnelle normale, après la réussite de l'élection présidentielle de juillet-août, et la tenue du premier tour des élections législatives, le 24 novembre. Avec le retour à un ordre constitutionnel normal, le Mali pourra désormais s'atteler à la recherche d'une paix durable, d'une paix globale et inclusive.

Le gouvernement dispose d'une feuille de route s'articulant autour d'une série d'actions à mener en coordination avec les groupes armés et les autres parties prenantes à la crise, sur les questions suivantes: le cantonnement, le désarmement, la démobilisation; les réformes institutionnelles que le gouvernement entend mettre en œuvre dans le cadre de la régionalisation; le plan de développement accéléré des régions du Nord; les modalités de l'insertion des anciens combattants dans les circuits économiques; les arrangements sécuritaires ...

Mon gouvernement est prêt pour le démarrage officiel des pourparlers de paix inclusifs, à la condition que les armes soient déposées.

Le Mali est l'héritier d'une longue et puissante tradition historique. Nous devons puiser dans notre histoire, dans nos valeurs de civilisation pour rendre vivantes toutes les ressources de notre culture, désormais millénaire, et créer des bases solides pour la capitalisation des produits du savoir, de l'intelligence, des sciences et techniques, telles que révélées par les manuscrits de Tombouctou. Sur ce point précis, encore merci à l'Europe pour sa solidarité et son indignation quand les manuscrits Tombouctou ont connu le sort qu'ils ont connu, quand les lieux sacrés de Tombouctou ont été violés, quand les sanctuaires de Tombouctou ont été démolis. La solidarité internationale qui s'est manifestée chaudement autour du Mali a été appréciée par tout notre peuple. Merci.

La culture – qui mieux que l'Europe, vieux continent de culture, pouvait comprendre l'intérêt et l'importance de cette amputation que l'on nous a faite? – nous permettra de disposer des ressources indispensables à notre adaptation à la civilisation de l'Universel.

Je dois une fois de plus mentionner Kidal, qui n'est pas encore sous le contrôle du gouvernement du Mali. Cette situation, qui n'a que trop duré, doit cesser.

J'invite l'Union européenne à s'engager avec détermination aux côtés du Mali pour l'application pleine et entière de la résolution 2100 du Conseil de sécurité, datée du 25 avril 2013, afin que les groupes armés désarment sans délai.

J'exhorte la MINUSMA à devenir plus opérationnelle afin de mieux s'adapter aux objectifs stratégiques de paix, de sécurité et de développement du gouvernement du Mali.

Mesdames et Messieurs, il est temps pour nous de bâtir un avenir euro-africain autour des valeurs communes de respect de la dignité et des droits humains, de la solidarité et de l'hospitalité.

L'Afrique et l'Europe peuvent construire un partenariat gagnant­gagnant, qui permettra le décollage économique du continent et la réussite de son insertion positive dans la mondialisation.

En tant que président de la plateforme de coordination de la stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel, je suis déterminé à promouvoir une exécution coordonnée et synergique de l'action de la communauté internationale dans cette zone.

Mesdames et Messieurs, le Mali, à l'instar de l'Europe de l'après-guerre, et avec l'appui de la communauté internationale, se relèvera plus fort de sa guerre contre les forces obscurantistes et constituera, inch' Allah, un modèle de résilience et de combativité pour les générations à venir.

Vive l'amitié et la coopération entre le Mali et l'Europe!

(Applaudissements)

 
  
  

PRESIDE: ALEJO VIDAL-QUADRAS
Vicepresidente

 
Õigusteave - Privaatsuspoliitika