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Utorok, 17. apríla 2018 - Štrasburg Revidované vydanie

4. Rozprava s prezidentom Francúzskej republiky Emmanuelom Macronom o budúcnosti Európy (rozprava)
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  Le Président. – Monsieur le Président de la République française, cher Emmanuel, soyez le bienvenu au Parlement européen.

Aujourd’hui est un jour important: nous avons l’occasion de discuter avec vous de l’avenir de l’Europe, d’écouter vos idées et vos propositions. Je tiens à vous remercier d’avoir décidé de participer à un vrai débat. Tout le monde connaît les règles: le Président de la République prononce normalement un discours solennel, mais le Président de la République française m’a dit qu’il voulait avoir un vrai débat avec les députés européens. Voilà pourquoi je vous remercie d’avoir décidé de discuter en tant que Président avec nous. Aujourd’hui, à la suite de ce qu’il s’est passé en Syrie, nous aurons aussi dans la soirée un débat sur la situation au Moyen-Orient: le Parlement attend donc avec un grand intérêt de vous écouter et de discuter avec vous. Je vous remercie par conséquent chaleureusement, encore une fois, d’être avec nous.

Vous êtes à Strasbourg, dans votre pays, où un évenement aura lieu le 1er juin prochain: des milliers de jeunes seront au Parlement européen pour discuter de l’avenir de l’Europe. Je vous invite à vous joindre à nous pour discuter avec ces jeunes, étant donné que vous vous êtes résolument engagé à essayer de réduire la distance qui sépare les institutions et les citoyens afin que nous puissions bien travailler tous ensemble en vue d’une Europe plus forte et plus proche de nos concitoyens. Merci beaucoup, Monsieur le Président, d’être ici avec nous.

 
  
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  Emmanuel Macron, Président de la République française. – Monsieur le Président du Parlement européen, Monsieur le Président de la Commission européenne, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Commissaires, Mesdames et Messieurs les députés.

Je suis très heureux et très honoré de répondre à votre invitation en cette journée, Monsieur le Président, pour pouvoir, comme vous l’avez rappelé à l’instant, discuter librement de la situation de notre Europe, dans un contexte tout particulier. Discuter librement parce que les propositions et les discours, je les ai faits il y a maintenant plusieurs mois, en particulier à la Sorbonne, et c’est ce temps d’échange qui me paraît aujourd’hui indispensable dans ce lieu où vous faites vivre chaque jour notre Europe dans ses sensibilités diverses, ses divergences et ses convergences, en construisant les indispensables compromis qui la font avancer.

Nous allons échanger nos points de vue dans un contexte tout particulier qui rend, je le crois profondément, notre responsabilité plus grande encore. Un contexte qui est d’abord celui de divisions et, parfois, de doutes au sein de l’Europe, un contexte où le Brexit continue d’être discuté et travaillé – je veux, ici, saluer le travail conduit depuis plusieurs mois par Michel Barnier – mais qui est aussi celui d’un doute qui naît dans nombre de nos pays européens et qui, mois après mois, a pu faire émerger des sensibilités qui remettent en cause ce qui paraissait parfois comme des fondamentaux. Un contexte où une forme de guerre civile européenne réapparaît, où nos différences, parfois nos égoïsmes nationaux, paraissent plus importants que ce qui nous unit face au reste du monde. Un contexte où la fascination – et j’y reviendrai – illibérale grandit chaque jour. Un contexte où les menaces géopolitiques – et nous y reviendrons à coup sûr dans la discussion – donnent à l’Europe une responsabilité plus grande chaque jour. Un contexte de grands conflits internationaux, comme au Levant ou au Sahel, mais aussi de l’émergence de grandes puissances autoritaires et d’une stratégie clairement élaborée qui vise à remettre en cause le cadre du multilatéralisme où l’Europe avait pris toute sa place, et qui était aussi le cadre de son influence, dans lequel nous avions pourtant collectivement construit la paix.

Nous débattons aujourd’hui à un moment qui est aussi celui de grandes transformations liées au numérique, au réchauffement climatique et à ses conséquences qui remettent profondément en question les bases de la société industrielle qui avait fondé nos grands compromis, font naître des peurs, nous conduisent à revisiter certains grands équilibres et nous imposent de repenser la grammaire d’action qui est collectivement la nôtre. Par conséquent, ce moment nous donne une responsabilité toute particulière. Nous ne pouvons pas faire comme si, en quelque sorte, nos discussions étaient ordinaires. Ce moment, c’est celui qui nous sépare des élections européennes à venir, où nous aurons à faire vivre nos combats pour les idéaux qui nous ont faits. Pour amorcer notre discussion, je veux simplement partager avec vous deux convictions fortes.

La première, c’est que si nous décidons d’abandonner notre attachement à la démocratie et tout ce qu’elle emporte en Europe, nous ferons fausse route. La deuxième, c’est que, dans ce cadre, nous pouvons et nous devons construire une nouvelle souveraineté européenne par laquelle nous apporterons la réponse claire et ferme à nos concitoyens que nous pouvons les protéger et apporter une réponse à ces désordres du monde.

(Applaudissements)

En effet, dans ce monde et en ce moment difficile, la démocratie européenne – je le crois très profondément – est notre meilleure chance. La pire des erreurs serait d’abandonner notre modèle, j’ose dire, notre identité. Ici même, à Strasbourg comme à Bruxelles, vous faites vivre chaque jour cette démocratie en Europe dont parlait Tocqueville. Notre identité, c’est d’abord cette démocratie respectueuse de l’individu, des minorités, des droits fondamentaux, ce qu’on appelait du nom que je revendique encore, la démocratie libérale.

Je ne veux pas laisser s’installer cette illusion mortifère qui, ne l’oublions jamais, ici moins qu’ailleurs, a précipité notre continent vers le gouffre, cette illusion du pouvoir fort, du nationalisme et de l’abandon des libertés. Je récuse cette idée, qui gagne même l’Europe, que la démocratie serait condamnée à l’impuissance. Face à l’autoritarisme qui partout nous entoure, la réponse n’est pas la démocratie autoritaire mais l’autorité de la démocratie.

(Applaudissements)

Parce que cette liberté émancipe et protège l’individu. Un Parlement comme le vôtre, le nôtre, est un miracle européen. Rassembler pacifiquement les représentants élus des peuples d’Europe pour délibérer ensemble dans leurs différences, forts et lourds de leur histoire et de ce qui les a parfois divisés, est un modèle unique au monde. Ce trésor, nous le faisons vivre depuis soixante-dix ans. Ne nous y habituons pas.

Nous avons pris tous les risques et traversé le pire pour en arriver là. Et si l’on veut être plus concret encore, regardons autour de nous, comparons-nous et regardons parfois ces puissances qui peuvent fasciner certains par une prétendue efficacité. Dans quel autre endroit au monde a-t-on cette même exigence en matière évidemment économique, géopolitique, diplomatique et militaire, mais aussi de respect des minorités, de liberté des consciences, d’égalité entre les hommes et les femmes, de respect pour la vie privée? Où ailleurs, à ce point, avec la même vitalité et la même force? Alors, il y a des divisions entre les pays, au sein même de cet hémicycle, mais, au-delà de ces divisions, ce modèle démocratique qui nous rassemble est unique au monde.

L’identité de l’Europe, c’est plus qu’une démocratie soucieuse de liberté, c’est une culture unique dans le monde qui combine cette passion de la liberté, le goût de l’égalité, l’attachement à la diversité des idées, des langues, des paysages. Ce modèle européen n’est ni abstrait ni daté. Il s’incarne aujourd’hui dans notre attachement commun à la protection de l’environnement, du climat, de la santé. Il se développe aujourd’hui dans notre approche de la révolution numérique où seuls les Européens sont autant attachés à la liberté d’innovation comme à la juste régulation et à la protection de leur vie privée.

Cette identité nous distingue bien évidemment des puissances autoritaires avant tout, mais aujourd’hui aussi, il faut bien le voir, de certains des alliés les plus proches. Notre partenaire américain, avec qui nous partageons tant, fait face aujourd’hui à la tentation du désengagement et du rejet du multilatéralisme, de l’enjeu climatique ou des questions commerciales. Ce modèle, j’en suis convaincu, est puissant comme aucun autre et fragile tout autant car sa force à chaque instant dépend de notre engagement et de notre exigence. Chaque jour, nous devons le défendre ensemble.

Alors, pour être à la hauteur de cet engagement, la première condition, c’est la vérité et la responsabilité. Certains, imputant tous nos maux à une Europe honnie, fuyant ainsi leurs propres responsabilités, nous disent avec aplomb que les peuples ne veulent plus de l’Europe. Ils proposent des voies dorées. Parfois, on les croit. Ils se soustraient ensuite à leurs responsabilités quand il faudrait conduire leur peuple jusqu’au bout de cette aventure. D’autres affirment sagement que nous ne devons pas hâter le pas pour ne pas brusquer les peuples, que ce serait faire le jeu des populistes. Ceux-ci voudraient s’habituer à une musique qu’on connaît bien, celle parfois de la paralysie, ne prenant pas conscience du temps qui est le nôtre. Je crois que rien n’est plus faux de dire qu’il serait commode, en effet, de dissoudre le peuple ou d’exciter ses passions pour éviter de proposer un chemin, de critiquer sans proposer, de détruire sans rebâtir. Ce n’est pas le peuple qui a abandonné l’idée européenne, c’est la trahison des clercs qui la menace.

Il faut entendre la colère des peuples d’Europe aujourd’hui. Ce n’est pas de pédagogie qu’ils ont besoin, mais d’un projet nouveau, d’une exigence d’efficacité au quotidien, et ceux qui font commerce de cette colère qu’ils attisent, proposent pour seul avenir la voie sans issue du retour au déchirement nationaliste d’hier. Nous en avons expérimenté toutes les voies et toutes les conséquences.

Pour raviver l’Europe des peuples, nous devons donc accepter d’agir autrement, en puisant à la source de la démocratie. Regardons les choses en face: comment se satisfaire d’élections européennes auxquelles moins d’un citoyen sur deux se déplace pour voter? Alors, construisons dans l’année qui vient, la réalité d’un débat structuré sur des convictions et des propositions. Nous ne pouvons pas aujourd’hui faire comme hier, c’est-à-dire refuser de parler d’Europe, répartir les places, accuser Bruxelles ou Strasbourg de tous les maux. Continuer à faire cela, c’est décider d’avoir un jeu de dupes qui sera peut-être plus confortable pour chacun d’entre nous, mais qui ne résoudra aucun problème.

Je crois comme vous à la noblesse et à la complexité du choix démocratique. En tant que représentants des peuples d’Europe, vous l’incarnez. Vous faites chaque jour des choix, vous définissez des compromis, vous forgez des solutions, car vous avez reçu le mandat des peuples, et notre devoir commun est de faire vivre cette démocratie européenne, au fond si jeune. C’est la raison pour laquelle, en amont des élections et du temps contraint des campagnes électorales, nous devons faire vivre le débat, créer cet espace public européen que, bien souvent, nous avons laissé en friche. C’est dans cet esprit d’expériences et d’innovation que j’ai proposé des consultations citoyennes dès cette année. Je lancerai en France celle-ci cet après-midi même. Un débat franc, ouvert, rugueux et difficile, mais indispensable pour savoir ce qui rassemble et sépare, pour sortir de l’alternative simpliste du oui ou non à une question généralement dont on n’examine ni les présupposés ni les textes implicites, et avoir démocratiquement un débat critique sur l’Europe qui est la nôtre.

Je me réjouis que tous les États membres aient accepté de partager cette démarche. Je sais l’engagement du président Juncker et de la Commission européenne dans cette action et je veux l’en remercier, et je mesure aussi votre rôle essentiel, Monsieur le Président Tajani, dans cet exercice. Je veux aussi vous en remercier.

Je vous invite chacune et chacun dans vos pays et partout en Europe à animer ces débats essentiels et à y participer, car ils sont une condition de cette vitalité démocratique.

La deuxième conviction que je veux rapidement partager avec vous, c’est celle de la nécessaire souveraineté européenne. Défendre l’idée européenne, ce n’est pas défendre une idée abstraite, la dilution en quelque sorte de nos propres souverainetés. Non, c’est prendre acte du fait que, face à ces grands bouleversements du monde, à ces grandes transformations, à ce moment que nous vivons, nous avons besoin d’une souveraineté plus forte que la nôtre, complémentaire et pas de substitution qui, seule, permettra, face aux grandes migrations, à l’insécurité planétaire et aux transformations économiques, sociales et environnementales, d’apporter les bonnes réponses. C’est cela cette souveraineté européenne à laquelle je crois.

(Applaudissements)

Sur ce sujet, vous avez fait beaucoup et je veux vous en féliciter, mais d’ici à la fin de la législature, au printemps 2019, nous devons obtenir des résultats tangibles encore sur plusieurs fronts: l’immigration, en débloquant le débat empoisonné sur le règlement de Dublin et les relocalisations, mais aussi en dépassant ce débat, en construisant la solidarité externe et interne dont notre Europe a besoin. Je propose ainsi de créer un programme européen qui soutienne directement financièrement les collectivités locales qui accueillent et intègrent des réfugiés.

(Applaudissements)

Le deuxième sujet sera la taxation du numérique à la suite de la proposition de la Commission, par la création d’une taxe à court terme qui mette fin aux excès les plus choquants. Je soutiens cette proposition. Elle est essentielle et elle permettra d’ailleurs, c’est mon souhait, de trouver des pistes de ressources propres pour le budget à venir.

La réforme de l’Union économique et monétaire est un troisième front indispensable avant la fin de cette législature grâce à la définition d’une feuille de route permettant d’avancer par étapes sur l’Union bancaire et à la mise en place d’une capacité budgétaire favorisant la stabilité et la convergence dans la zone euro.

Enfin, ce qui nous tient ensemble, ce n’est pas seulement une monnaie ou un traité, c’est un sentiment d’appartenance, autrement dit une culture. Et je pourrais évoquer, car c’est essentiel, la mise en place des universités européennes qui progresse réellement ou le déploiement d’Erasmus, mais je veux ici insister sur l’un de vos travaux en cours, essentiel à mes yeux, celui du droit d’auteur, de la protection des créateurs et de la création artistique. Ce foisonnement qui infuse nos sociétés est le bouillon de culture sans lequel l’Europe ne serait plus ce continent de diversité vitale et de génie créatif.

(Applaudissements)

Sur ces quatre fronts, cette législature a une responsabilité particulière et vous avez compris quelle sera la position de la France. Mais au-delà, il nous faut construire cette souveraineté européenne pleine et entière pour protéger nos concitoyens. En matière de sécurité intérieure, extérieure et de défense, au cours des derniers mois, nous avons beaucoup avancé et je salue le travail qu’est en train de réaliser votre Assemblée sur le Fonds européen de la défense. Face à toutes les tensions du moment avec certains voisins comme la Russie, l’Europe a montré un visage d’unité et de souveraineté. Nous avons besoin de poursuivre ce travail. La souveraineté est aussi économique et commerciale. Nous avons su, là aussi, montrer ce visage uni et je me félicite des avancées obtenues ces derniers mois, à l’initiative de la Commission, en matière de souveraineté économique et commerciale pour défendre nos secteurs stratégiques en matière d’investissement. C’étaient des avancées essentielles pour poursuivre, dans le domaine commercial – et nous y reviendrons à coup sûr dans le débat –, une position unie, volontaire en matière, justement, de développement de nos opportunités économiques mais protectrice de nos intérêts légitimes, de nos travailleurs comme de nos consommateurs.

Je crois à cette souveraineté économique que nous devons poursuivre par la compétitivité que chaque État construit par ses réformes, par la solidarité indispensable que nous devons davantage développer au sein de l’Union économique et monétaire et par une politique commerciale plus réaliste.

La souveraineté, c’est aussi la souveraineté climatique et énergétique. Elle est indispensable. Nous devrons rapidement ouvrir le débat pour revoir à la hausse la contribution européenne dans le cadre de l’Accord de Paris. Nous sommes ici en train d’achever les discussions sur le paquet énergie-climat, mais il est clair que nous devrons ouvrir une nouvelle étape. Plusieurs d’entre vous s’y sont déjà engagés et je souhaite que nous puissions, dans les prochains mois, rouvrir le débat sur un prix plancher du carbone. La France poussera l’idée d’un prix minimum et la France soutiendra l’idée d’une taxe aux frontières pour le CO2. Ce n’est ni une lubie technique ni un instrument technique, c’est la condition d’une transition énergétique crédible.

La quatrième souveraineté que nous devons porter plus loin, c’est celle de la santé et de l’alimentation. Dans nos politiques au quotidien, dans nos choix budgétaires d’aujourd’hui et de demain, nous devons soutenir une souveraineté alimentaire de qualité. C’est ce que nos concitoyens attendent de nous, c’est ce que nous leur devons. C’est bon pour nos économies et notre territoire, c’est bon pour nos concitoyens et c’est un choix cohérent avec nos engagements dans la durée.

La cinquième souveraineté que nous devons défendre, c’est évidemment la souveraineté numérique. Je veux ici saluer votre travail qui a conduit à élaborer ce qui apparaît aujourd’hui dans tous les débats internationaux comme la législation de référence, celle qui permet de protéger les données personnelles de nos concitoyens. Là où d’autres nous prenaient pour celles et ceux qui, en quelque sorte, proposaient des protections illégitimes, nous sommes en train de devenir l’espace géographique unique au monde où nous favorisons l’innovation et l’innovation de rupture – je défendrai ces choix dans les débats à venir – et où, dans le même temps, nous nous mettons en capacité de protéger les libertés individuelles.

Enfin, cette Europe de liberté et d’égalité repose sur un socle de valeurs sociales que nous avons proclamé ensemble à Göteborg. Cette Europe sociale, c’est aussi celle de la souveraineté, de ce socle dans lequel nous croyons. Il y a des différences mais nous ne devons pas pour autant nourrir les divergences. Le sens même de l’aventure européenne, c’est celle d’une convergence accrue. C’est pour cela que nous nous sommes battus à plusieurs pour réguler le travail détaché ces derniers mois. Le Parlement européen a permis d’améliorer encore le compromis trouvé au Conseil et je me réjouis que cette réforme puisse trouver bientôt son aboutissement, et je veux ici saluer le travail qui a été conduit. C’est précisément l’image d’une Europe protectrice et efficace.

Ces souverainetés européennes, nous devons continuer à les bâtir. Elles doivent être au cœur d’un projet cohérent et elles doivent nourrir la philosophie du cadre financier pluriannuel à venir, et je veux achever mon propos sur ce point.

Ce budget, dont nous allons discuter, doit exprimer un projet politique de cohérence, d’efficacité et de convergence. La France est prête à augmenter sa contribution, mais pour cela, c’est une refondation du budget lui-même qu’il faut envisager en créant de nouvelles ressources propres, j’y suis favorable, sur le numérique comme sur certaines ressources énergétiques, en supprimant les rabais qui ne sauraient survivre au Brexit, en finançant dignement l’action européenne en matière de défense et de migration, en modernisant les politiques actuelles et en définissant des conditionnalités, je dirai plutôt, des critères de convergence fiscale et sociale, notamment. Nous ne devons renier aucune ambition des politiques existantes, mais nous devons ajouter les ambitions nouvelles que nous portons. C’est en ce sens, en tout cas, que la France œuvrera dans les prochains mois.

(Applaudissements)

Vous l’aurez compris, Mesdames et Messieurs, le Parlement européen est à mes yeux le siège de la légitimité européenne, de sa responsabilité et donc de sa vitalité. C’est ici que se joue une partie de l’avenir de l’Europe, l’Europe comme rassemblement de nos souverainetés, par et avec une souveraineté plus grande encore, celle qui nous unit, cette Union au service de la paix et de la solidarité offrant au monde un espace unique de stabilité et de sécurité. C’est ici que nous devons ancrer la renaissance d’une Europe portée par l’esprit même de ses peuples.

Je souhaite que, dans les prochains mois, nous parvenions à dépasser les clivages entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, les petits ou les grands, le repli sur les égoïsmes nationaux. J’appartiens à une génération qui n’a pas connu la guerre. J’appartiens à une génération qui est en train de s’offrir le luxe d’oublier ce que nos prédécesseurs ont vécu.

Il y en a beaucoup qui, aujourd’hui, pensent qu’on peut continuer à préférer les confrontations habituelles, les certitudes d’hier parce que nous nous y sommes habitués, les divisions bien connues et bien concertées. Mais je viens aussi d’une terre et d’une famille qui ont connu toutes les saignées de notre histoire passée. Alors, les choix sont simples. Je ne veux pas appartenir à une génération de somnambules. Je ne veux pas appartenir à une génération qui aura oublié son propre passé ou qui refusera de voir les tourments de son propre présent. Chacun, dans les temps qui s’ouvrent, prendra ses responsabilités, mais je veux appartenir à une génération qui aura décidé fermement de défendre sa démocratie parce que ce n’est pas un mot qui ne sale plus ou auquel on s’est habitué ou dans lequel on s’est alangui, c’est un mot qui a tout son sens parce qu’il est le fruit de batailles passées. Je veux appartenir à une génération qui défendra cette souveraineté européenne parce que nous nous sommes battus pour l’avoir, parce qu’elle a un sens et parce qu’elle est la condition qui permettra aux générations à venir de choisir à ce moment-là, elles-mêmes, leur avenir. Je ne céderai à aucune fascination pour les souverainetés autoritaires, je ne céderai à aucune facilité des temps présents, mais je pense qu’ensemble, notre responsabilité dans les mois à venir, c’est d’organiser le vrai débat européen, d’avoir les véritables échéances européennes qui, seules, permettront à nos peuples de choisir ceux qui veulent une Europe qui ne propose plus, ceux qui veulent une Europe du repli, ceux qui veulent une Europe de l’habitude ou ceux qui sont prêts à porter une Europe de l’ambition, d’une souveraineté réinventée, d’une démocratie vivante, celle à laquelle nous croyons.

 
  
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  Le Président. – Merci beaucoup, Monsieur le Président.

 
  
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   Pima di dare la parola al Presidente della Commissione europea, Jean-Claude Juncker, voglio ricordarvi che il sistema per la registrazione degli interventi "catch-the-eye" è aperto. Per chiedere di intervenire, è sufficiente inserire la scheda di voto e premere uno qualsiasi dei pulsanti per la votazione elettronica.

Chiuderò il sistema di registrazione dopo l'intervento del Presidente Juncker.

 
  
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   Monsieur Juncker, je vous donne tout de suite la parole.

 
  
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  Jean-Claude Juncker, Président de la Commission. – Monsieur le Président du Parlement, Monsieur le Président de la République, je suis largement d’accord avec ce que le président vient de dire. Le Président de la République tout comme vous-même, Monsieur le Président du Parlement, avez souhaité que s’instaure un dialogue mâle et viril entre le Président de la République et le Parlement européen. Je prends par conséquent la parole sans en abuser.

Je voulais tout d’abord dire, en tant que Luxembourgeois que je suis et Européen que je veux être, toute mon émotion et mon amitié de voir le Président de la République s’exprimer de la façon dont il s’est exprimé. La vraie France est de retour!

(Vifs applaudissements)

Nous, Luxembourgeois, avec l’immodestie qui nous caractérise, nous avons pour habitude de dire que le Luxembourg est la petite France de l’étranger. Je salue donc le retour de la France parmi nous et je tiens à vous dire que votre élection, Monsieur le Président, et la campagne électorale qui fut la vôtre ont donné de nouveaux espoirs à l’Europe. Je souhaite que l’ambition que vous avez portée pendant la campagne électorale et dans la suite des événements présidentiels soit couronnée de succès. Vous pouvez compter sur la Commission pour vous appuyer dans votre démarche et j’espère que s’instaurera, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, une véritable complicité d’ambitions entre le Président de la République française et la Commission. Vous l’avez démontré à de nombreuses reprises, vous étiez parmi ceux qui ont appuyé tous les efforts de la Commission pour faire de l’Europe sociale, non pas un poème, non pas un rêve, mais une réalité d’aujourd’hui et de demain. Que d’autres vous suivent dans cette ambition, qui est aussi la nôtre ! Vous étiez aux côtés de la Commission lorsqu’il s’agissait de relancer l’Europe de l’investissement, le plan Juncker – comme on l’appela à l’époque –, l’EFSI d’aujourd’hui, a conduit à la mobilisation de 273 milliards d’euros en matière d’investissements, dont 41 en France. Cette démarche commune conjointe qui fut la nôtre est donc en train de produire des résultats.

Je voudrais que vous continuiez de co-conduire la lutte européenne pour la souveraineté commerciale. Je ne veux pas, pour ce qui est de la politique commerciale internationale, assister à ce triste spectacle d’une Europe offerte. Je voudrais que l’Europe reste ouverte mais qu’elle ne soit pas une Europe offerte. Nous avons des intérêts communs à défendre, notamment en matière de sidérurgie, entre autres. Je voudrais qu’ensemble, nous fassions en sorte que ce fossé qui souvent divise l’Europe entre l’Est et l’Ouest soit comblé par une ambition commune retrouvée. Je crois que le sort de l’Europe ne s’écrit pas en divisant et en montant les uns contre les autres. L’Europe est un ensemble.

(Applaudissements)

Je sais l’importance que vous attachez à l’amitié franco-allemande et je suis géographiquement et historiquement très en faveur de nombreux rapprochements entre ces deux pays et ces deux nations. Toutefois n’oublions pas que l’Europe n’est pas seulement franco-allemande. Nous sommes 28, demain 27: il faut aussi, pour que le moteur puisse fonctionner, l’apport des autres. Nous sommes 27 et pas seulement français ou allemands.

(Applaudissements)

Je voudrais que notre radar de l’avenir continue de signaler le sort des peuples des Balkans. Je rappelle la perspective européenne que nous avons proposée aux pays des Balkans occidentaux en 2003 en Grèce, à Thessalonique – ville que j’aime bien puisque j’ai eu l’honneur d’avoir été fait docteur honoris causa de l’université de Thessalonique. Je suis donc profondément attaché à cette ville, pour des raisons non seulement historiques, mais aussi personnelles. Nous avons décidé, en 2003, de donner une perspective européenne crédible aux pays des Balkans occidentaux. Je connais toutes les difficultés qui gravitent autour de ce sujet dont la Commission va débattre aujourd’hui, avec Federica Mogherini et d’autres. Je ne suis pas naïf, je suis conscient des difficultés, des efforts que les pays des Balkans occidentaux doivent faire, de la nécessité d’améliorer sur certains points la performance de certains pays des Balkans occidentaux, mais si nous enlevons à ces pays-là, dans cette région extrêmement compliquée – je devrais dire tragique – la perspective européenne, nous allons revivre ce que nous avons vécu pendant les années 90. Je ne veux pas de retour de la guerre dans les Balkans occidentaux! Nous devrons nous attacher à cette ambition.

(Applaudissements)

Enfin, j’appuie la démarche du Président de la République, qui veut lancer ce dialogue citoyen. C’est en fait le prolongement d’une initiative de la Commission, que nous appelons les dialogues citoyens. J’ai pris part à un grand nombre de ces dialogues, nous en avons mené plus de 500 dans tous les pays membres de l’Union européenne. J’encourage le Président de la République, le gouvernement français et la ministre des affaires européennes à en faire un grand événement, non seulement en France mais partout en Europe. L’Europe mérite un débat démocratique approfondi. À vrai dire, l’histoire de demain s’écrit aujourd’hui. Je voudrais que nous puissions l’écrire ensemble.

(Vifs applaudissements)

 
  
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  Presidente. – Procedo ora alla chiusura del sistema di registrazione elettronica delle richieste di intervento "catch-the-eye". La discussione si svolgerà nel modo seguente: ora interverranno i rappresentanti a nome dei gruppi, poi il Presidente Macron avrà la possibilità di rispondere ai primi interventi. Seguiranno quindi gli interventi "catch-the-eye".

Prego tutti di attenersi al tempo assegnato per dare la possibilità al maggior numero possibile di parlamentari di intervenire.

Vi ricordo che le votazioni avranno inderogabilmente luogo alle ore 13.

 
  
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  Manfred Weber, on behalf of the PPE Group. – Mr President, the European Parliament, this House, has waited a long time for a pro-European French President like Mr Macron. President Macron, my Group is glad to have you here. France is a proud country, but you know France can only be strong if Europe is strong. You spoke today about the values of Europe, about our common union of values. And you are right, secondly, to convince Europeans it is important that Europe must deliver – protect our borders, stabilise our euro, fight against terrorism, common defence, fair taxation – the list is long and you can rely on the PPE as a strong partner in this agenda.

Concrete projects and values: this has always been the approach for convincing people about Europe over the last decades. So why, today, is Europe under so much pressure and even in crisis? My answer is: people do not feel involved. The reality is that they still see Europe as an external power and not as their own project. The key question for the future of Europe is: who has the power? The people in Europe, or some elite groups? To answer this question we do not have to invent anything new. We simply have to practise what is the essence of Europe, what has been fought for over generations with blood, sweat and tears; we must dare to practise parliamentary democracy in the future.

You spoke about democracy. I want to be a little bit more precise. What makes parliamentary democracy such a strong force? It gives people a say and brings them together. When my voice matters, I care, I engage, I belong, and I am willing to work for a greater common good. And what if my voice does not count? Then it starts to feel like this is not my Europe. This is visible everywhere today: in newspaper headlines, in Facebook comments and in voting turnout.

When you lose people, you lose Europe. It is good to knock on the doors of Europeans and ask for their opinion on Europe, and many Members of this European Parliament are doing this on a daily basis; to speak, to convince, to discuss with Europeans. But it makes, in the end, a big difference, and you know this: to simply stand in front of people and ask them their opinion (afterwards you can care or not), or whether you stand in front of people and ask for their vote, because then the people have the power. That is why we need parliamentary democracy.

And now to be more precise. True democracy does not work just during the meetings of the Heads of State or Government. Too often, they postpone their decisions, too often, they only look at who is the loser, who is the winner, and tomorrow’s headlines at home. True democracy does not mean decisions are taken behind closed doors. True democracy means more than just a meeting – and Jean-Claude Juncker has already said this – between Angela Merkel and Emmanuel Macron: the Franco—German axis is important but it is not Europe. Europe is much, much, much, much more.

(Applause)

True democracy does not mean denying responsibility. Leaders and national ministers cannot keep blaming and shaming Brussels for their own decisions, and true democracy does not mean dividing us into good and bad Europeans. I respect the will of the voters in every Member State, whether it pleases me or not.

So what is true democracy? President Macron, just take a look around here. The Chamber of the European Parliament is the right place to discuss this. Every citizen is given a voice here. You can find Communists, you can find Conservatives, Christian Democrats, Liberals, Greens, Social Democrats and even right-wing extremists. Some people call this old Europe: I call this democratic Europe, where people recognise themselves, with their concerns and needs, with their different views and with their representatives. The European Parliament is the political landscape of our continent and they can be proud of this.

There is no vote on a President of Europe, there is no European-wide referendum. There is simply only one event where all Europeans together are asked for their opinion on Europe. Political issues in Europe must be in the hands of the voters during the European elections, just as national interest issues are in the hands of voters during national elections. And for the same reason, the European Parliament is the only place to elect and to control the European executive bodies – the Commission, or, as I call it, the government of Europe.

This is why the people must be given the right to decide who will become the next President of the European Commission. Candidates must stand for election, must defend their programme, explain to people what they stand for and, finally, they have to look for the support of a majority of this Chamber of freely-elected Members of the European Parliament.

(Applause)

This is how the German Bundestag works. This is how the Spanish Cortes works, this is how the Polish Sejm works. It is simply parliamentary democracy in practice, which gives the power to the people.

And let’s call a spade a spade. Not a college, but a government; not a Commissioner, but a Minister; not a regulation, but a law; it would make things understandable for people if we were to do so. And those who want to become a Commissioner next year should probably run in the European elections. Let the people decide who the government should send to the Commission next year.

Other elements are equally important. A true democracy can only survive if it has common basic convictions. There is no French, German or Croatian way of life, there is only a European way of life, and we can be proud of this fundament. It is unique in the world.

A true democracy in Europe also means believing in a vision. Politicians like Kohl, Delors and Mitterrand have made the impossible possible because they followed their European dream. But again, the key question for true democracy is: when this Parliament decides to freeze the negotiation process with Turkey, then the process has to be really frozen. When this Parliament is deciding about strengthening the external border, then Frontex officers have to be sent to the external border, and when this Parliament decides to introduce free interrail passes, then the project has to see the light of day. So the people of Europe must decide – and we are representatives of the people of Europe – about the future of the European project. If we ignore the European people, the people will ignore us, and that is what we are facing sometimes today.

So let us rebuild Europe as the most successful form of government ever invented by man: a parliamentary democracy. And I know this idea is not welcomed by everybody, but we have to overcome our trauma. Since 2005 we have been discussing more about red lines and not enough about ambitions. The French say no more Treaty change, the Germans say no more money, the Central Europeans say no more Brussels. I tell you, my main fear is not another Brexit; my main fear is a frightened Europe, and we will not be able to cope with the next crisis if we go on with this, so let’s start now.

Today we have the President of France with us. With his forward-looking approach for Europe we can achieve a lot. The PPE is ready to work for a democratic Europe with ambitious projects, but in the end the people are the owners of the European dream and the European future.

As a young student, I was very much marked by the history of the ‘Weisse Rose’. Young people, students in Munich – the youngest was Sophie Scholl, 22-years-old – were arrested by the Gestapo in February 1943. They had used flyers to call for resistance against the Nazis. I quote from one of their flyers: ‘The imperialist idea of power must be disarmed whatever side it comes from, for all time. [...] Only with generous cooperation between the peoples of Europe will it be possible to create the ground on which a new construction is possible. [...] Freedom of speech, freedom of confession, protection of individual citizens from the arbitrariness of violent criminal states, these are the foundations of a new Europe.’ In Munich 1943, four young people were executed for these ideas. This has always motivated me to carry on their dream, dear friends.

(Applause)

And I am sure they would be proud of what has been achieved during the last decades, a Europe of peace and freedom. And the task of my generation now is to build up a real democratic Europe, but the future is in the hands of the people of this continent, a true parliamentary democracy for Europe. Let us begin.

(Loud applause)

 
  
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  Udo Bullmann, on behalf of the S&D Group. – Mr President, I would like to welcome President Macron on behalf of the Socialists and Democrats. In these days where the enemies of Europe, those who would like to fight the European project, shout out their hate, and in these days where fake news is governing whole countries, we need to certify and to reconfirm that we need this united Europe and we need a strong Europe.

Somebody like you, President Macron, having dedicated his own faith to his commitment on Europe, is very warmly welcomed in this House. Thank you for your courage. Thank you for your pro-European stance. We need that and we would like to see more leaders doing the same. Just look at the slaughtering in Syria and what happened over the weekend. But, please, this is a real case for a unified Europe. This is a real case for strengthening the European institutions. This is a real case for strengthening Federica Mogherini, the High Representative, the United Nations and António Guterres. So please work in that direction.

More is needed than the action of Member States. Look at the Facebook scandal. Look at the situation in Europe and world-wide. Data protection is at the top of the agenda today. But, just as we need European institutions to strengthen our foreign policy, we need European legislation. Facebook needs European legislation. Facebook urgently needs the Community method and our group, the Socialists and Democrats, proudly lead on e—privacy and on general data protection. Please support us in the Council.

And now, forgive me, when I start to talk about the relationship between Paris and Berlin, I feel tempted to switch to my native tongue.

Herr Präsident, mit wem wollen Sie arbeiten? Wer ist Ihr Partner? Es ist richtig, dass wir die Beethoven-Hymne singen – die Europahymne. Aber es reicht nicht, rote Teppiche abzuschreiten und die Hymne zu singen. Wir müssen unseren Traum Wirklichkeit werden lassen und nebenbei, wenn wir über Geschichte in Deutschland reden: Friedrich Schiller der den Text zu dieser großartigen Europahymne geschrieben hat, hat es getan gegen die deutsche Kleinstaaterei, gegen die napoleonischen Kriege und zu einer Zeit, wo die Liberalen gerade dabei waren zu entdecken, dass ihre Idee der Freiheit der Menschen nur in einer Gesellschaft der Gleichen, nur in einer Gesellschaft der Brüderlichkeit und der Schwesterlichkeit Wirklichkeit werden kann. Wenn wir uns heute fragen „Wo hapert es denn in Europa?“, lassen Sie uns zu den Wurzeln zurückgehen. Wenn diese europäische Idee der universellen Freiheit die Menschen betrübt, weil sie nicht eine Welt der Brüderlichkeit und der Schwesterlichkeit schafft, dann wird die Axt an das europäische Projekt gelegt, und das ist mit der Grund, warum wir heute Schwierigkeiten haben, und daran müssen wir erinnern, um es zu überwinden.

Also wieder die Frage: Mit wem wollen Sie arbeiten? Sie haben schwere Tage vor sich. „Madame No“ in Berlin hat schon gezeigt, wie schwierig es werden wird, die Reform der Wirtschafts- und Währungsunion zu betreiben, und die vielen kleinen Mini-Schäubles, die sich da anlässlich der Debatten auch heute im Deutschen Bundestag jetzt schon positionieren, werden Ihnen das Geschäft nicht erleichtern.

(Zwischenrufe und Beifall.)

Welche Geschichte lernen wir? Es ist nicht die Zwischenstaatlichkeit. Nein, Sie brauchen eine starke Europäische Kommission. Sie brauchen eine starke Europäische Kommission, unterstützt von einem starken Europäischen Parlament. Nur das wird die Wirtschafts- und Währungsunion voranbringen, und dafür stehen die europäischen Sozialdemokraten, meine Damen und Herren.

Wenn Sie nach einem zwischenstaatlichen Projekt mit Berlin suchen, habe ich einen Vorschlag: Gehen Sie zu Angela Merkel und sagen Sie Ihr: „Pass auf, Angela, du reduzierst drastisch den Gebrauch von Kohle und ich reduziere drastisch den Gebrauch des Atomstroms.“ Das wäre das beste bilaterale Projekt, das Frankreich und Deutschland einer nachhaltigen Entwicklung der Europäischen Union andienen könnten.

(Beifall)

Sie haben die richtige Parole gewählt:

Europe is about protecting our people.

Europa muss seine Menschen beschützen. Aber warum blockieren Sie dann das Paket zur Vereinbarkeit von Beruf und Privatleben im Rat? Wir haben gekämpft um dieses Paket, und wir wollen erreichen, dass die Mutter nach der Babypause zurückkommen kann und selber entscheiden darf, wann sie in der Familie und wann sie am Arbeitsplatz ist. Das ist eine wichtige Sache, die wir gemeinsam voranbringen können.

Warum blockieren wir die Finanztransaktionssteuer, wenn es um Gerechtigkeit geht?

(Beifall)

Warum schaffen wir nicht mehr für eine europäische Körperschaftsteuer, wenn wir die Großkonzerne besteuern wollen? Und nicht zuletzt: Europas Würde entscheidet sich im Umgang mit Flüchtlingen. Sind Sie sicher, dass das, was im Moment in Frankreich unternommen wird, der Größe der Nation und der europäischen Würde entspricht? Ich habe Fragezeichen.

Sozialdemokraten kämpfen seit mehr als 150 Jahren – seit mehr als 150 Jahren! – für ein vereintes und für ein solidarisches Europa. Das ist nicht immer das Europa der roten Teppiche, aber das ist ganz sicher das Europa der Schulen und Hochschulen, der Werkshallen und der Marktplätze.

Ich glaube, Herr Präsident, Sie müssen sich entscheiden: Wenn Sie mit den Menschen sein wollen, werden Sie in meiner Fraktion Freunde finden. Aber das muss dann Wirklichkeit werden in unserer gemeinsamen konkreten Politik. Wir wünschen Ihnen Glück, aber wir wünschen Ihnen auch, dass Sie sich richtig entscheiden!

(Beifall)

 
  
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  Syed Kamall, on behalf of the ECR Group. – Mr President, I would like to welcome President Macron. The European Conservatives and Reformists (ECR) Group welcomes a leader with a bold vision and a desire to shake things up, for too many national politicians praise the idea of ever-closer union when in Brussels or in Strasbourg, but when they return home their support for the European project of further political integration becomes a barely audible whisper.

Monsieur le Président, what you say in Paris is what you have said here in Strasbourg, and that is to be respected, but when it comes to your desire to reform the European Union, the ECR Group agrees with the objective but I am afraid the devil is in the detail.

Whilst we share your commitment to strong transatlantic relations, cutting red tape to help businesses create jobs, and the need for closer security cooperation, your vision of a European Union with a bigger budget, harmonised corporate taxes, unified social policy, a common asylum system and a European Minister for Finance may be the right vision for France, but the ECR Group feels it is not the right vision for all Member States.

While there will be many in this Chamber who see you as a saviour of the European project of political integration, many outside this Chamber do not want to see an EU dominated by just one or two large Member States. They want national leaders to find common solutions which are agreeable to all Member States, but what you propose, Monsieur le Président, is revolutionary. But rather than sleepwalking – to use your phrase – towards your goal, it should be presented to voters across the EU, with an honest disclaimer, in large letters, bold and underlined, that Member States will become less and less sovereign as the EU becomes more and more sovereign, as you wish to see.

All politicians need to be careful. You talk about temporary taxes but I am reminded of Ronald Reagan’s line that there is nothing more permanent than a temporary government programme. The growing dissatisfaction amongst voters has not been because the EU has too little power, but because it has too much. Despite this power, it has failed to secure the greater stability and prosperity that was promised. Countries signed up for cooperation in key areas of mutual interest with their EU neighbours, not to see more and more decisions made in one city on the other side of the continent.

Mr Macron, we understand why you are seeking to regain the initiative. My Group agrees that the European Union has drifted for far too long, but by returning to the 1950s agenda of political integration you may be in danger of ignoring those who want the EU to face the challenges of the 2050s, not the 1950s. That is why the ECR Group believes that the EU should facilitate nations to cooperate where necessary, but return powers to Member States and local communities in areas such as immigration and social policy. But when countries do agree that an EU solution is the best solution, all countries should stick to the rules and not pick and choose, as we saw with the Stability and Growth Pact or with the Dublin Regulation on asylum.

The ECR Group believes that common sense and proportionate regulation, rather than more political integration, will allow businesses, farmers, fishermen and entrepreneurs to compete in global markets, but we also ask for more honesty. We ask that richer eurozone governments be honest with their voters that their taxes will be transferred to the budgets of poorer eurozone countries, possibly forever, for that is the way that currency and sustainable currency unions work.

Like your movement, Mr Macron, the ECR was established to offer an alternative to the longstanding and stale political establishment in the EU. We have appreciated your honesty about your ambitions here today. While I may be one of a number of MEPs who will not return to this Chamber after the 2019 elections, the ECR Group will continue to fight for a vision of a reformed European Union. We will continue to oppose calls for ever more political integration, but where there is common ground the ECR Group hopes to work with you to shape a reformed European Union which respects all Member States and their citizens.

Let me just end on a more personal note. As our two nations, the UK and France, work together with the US in Syria, supported by our European and international partners, can I thank you for your cooperation and hope that our countries will continue to act as partners where it is in our interests to face global challenges together.

 
  
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  Guy Verhofstadt, au nom du groupe ALDE. – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, chers collègues, je veux commencer là où M. Kamall a terminé son intervention et je tiens à répéter en votre présence ce que j’ai dit hier ici, dans cette même enceinte du Parlement européen, à savoir que nous soutenons sans réserve l’action militaire qui a été menée en Syrie par la France et les autres alliés. Il faut le dire, chers collègues, parce qu’un régime qui utilise des armes chimiques contre sa propre population est un régime génocidaire et illégitime. C’est cela la réalité qu’il faut reconnaître.

(Applaudissements)

Mais il faut aussi dire, Monsieur le Président, que cette intervention démontre notre faiblesse parce que c’est la France qui intervient, c’est le Royaume-Uni qui intervient et qui lance des missiles, ce n’est pas l’Union européenne. Soixante-cinq ans après que l’Assemblée nationale a torpillé la Communauté européenne de défense – on a tendance à l’oublier –, l’armée européenne n’existe toujours pas.

Il faut également dire, chers collègues, que notre politique étrangère est aussi de temps en temps une illusion à cause de notre manque d’unité, à cause de cette règle de l’unanimité qui existe encore à ce jour pour la politique étrangère de l’Union, qui est une aberration et à laquelle il faut absolument mettre fin. Cette faiblesse, reconnaissons-le, ne concerne pas seulement notre action extérieure.

Vous avez utilisé dans votre intervention le mot «paralysie». Une paralysie se déclare au niveau intérieur, disons-le. Quand un pays comme le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, on peut difficilement dire: «Ah, quel succès!». En outre, il y a, naturellement, les dérives autoritaires en Pologne et, surtout, en Hongrie. Chers collègues, l’OSCE parle, dans un rapport tout récent sur les élections hongroises, de «rhétorique intimidante et xénophobe», de «partialité des médias», de «financement électoral opaque». Ce sont presque les mêmes termes, mot pour mot, que dans les remarques formulées par l’OSCE lors de l’élection de Poutine. Il faut être clair: selon moi, il n’y a pas de place et il n’y en aura jamais pour des États illibéraux dans notre Union. La liberté d’expression, l’état de droit, la légalité devant la loi, ne sont pas seulement des principes libéraux issus des Lumières, mais aussi et surtout des valeurs européennes. Il faut faire quelque chose à cet égard. Or, pour le moment, on ne fait strictement rien. J’ai été touché, Manfred Weber, par les mots que vous avez utilisés, par ce pamphlet rédigé par ces jeunes en 1943, assassinés par la Gestapo. Vous êtes allé au cœur de l’existence de l’Union européenne et c’est, en tout cas, mieux que d’envoyer des télégrammes de félicitations à M. Orbán. Telle est la réalité.

(Applaudissements)

Je pense, Monsieur le Président, que c’est ce refus de s’attaquer aux aberrations en Hongrie, cette incapacité d’agir dans les grands conflits de notre voisinage, cette incapacité aussi de répondre aux flux migratoires – disons-le, parce que c’est cela, la réalité d’aujourd’hui ! – qui touche aussi notre économie. Les Américains, lors de la crise financière en 2008, ont réagi en neuf mois avec un plan de nettoyage des banques, avec des investissements de 2 500 milliards de dollars – en neuf mois et avec deux administrations différentes, l’une démocrate et l’autre, républicaine! Et nous, après neuf ans? Après neuf ans, nous n’avons pas encore nettoyé toutes nos banques, nous n’avons pas encore notre union bancaire, nous n’avons pas encore créé la nouvelle gouvernance de la zone euro. Je crains donc avec force – je vais le dire ici très ouvertement – que l’Europe ne soit pas prête pour le moment si, demain – espérons que cela ne se passera pas, naturellement –, une nouvelle crise financière se déclenche.

Il faut se demander dans ce débat, Monsieur le Président, pourquoi? Qu’est-ce qui ne marche pas dans l’Union? Pourquoi, dans l’Union européenne, est-ce toujours trop tard, trop mou, trop faible? Il faut le dire et le reconnaître: c’est le système intergouvernemental avec, à sa base, ce socle de l’unanimité qui est voué à l’échec et à l’inertie dans ce monde qui va sans cesse de plus en plus vite. Il faut y ajouter – nous en avons déjà parlé pendant le débat – le système politique binaire qui régit l’Union et qui, depuis le début, est révolu. Il ne s’agit pas seulement des deux grands partis traditionnels de cette enceinte – je ne vais pas dire du mal d’eux, ce sont nos collègues – mais aussi, nous en avons déjà parlé, de l’axe franco-allemand. Il faut quand même le dire: il n’est pas en bonne forme pour le moment. Ne vous méprenez pas: je suis favorable à ce que vous ayez de très bonnes relations avec Mme Merkel, mais naturellement, l’avenir et la prochaine Europe ne peuvent pas dépendre seulement de «l’entente aléatoire» entre deux chefs d’État. Il nous faut beaucoup plus! Avouons-le, les eurosceptiques – il y en a un certain nombre ici et vous allez les entendre après nos interventions, parce que, pour le moment, vous écoutez la bonne partie des interventions –n’ont pas toujours tort, naturellement, admettons-le. Il faut reconnaître qu’une large majorité de nos concitoyens – vous l’avez dit – est exaspérée par l’inertie de l’Union pour le moment. Vous l’avez dit: le problème des citoyens, ce n’est pas l’Union européenne, mais la manière dont nous gérons l’Union européenne. Vous avez vu juste lors de votre discours à la Sorbonne. La solution, pour casser cette inertie, ce n’est pas de casser l’Europe, mais c’est de la réinventer, de la refonder, dirais-je. Vous avez déclaré – et vous l’avez répété ici aujourd’hui – que la vraie souveraineté est européenne. Je dois dire que c’est très courageux de votre part dans un pays qui a toujours pensé «vive l’Europe, pourvu qu’elle soit française!» – ce qui était quand même un peu le sentiment en France.

Ce qui est important dans ce débat, Monsieur le Président, c’est que vous avez rompu avec ce que j’appelle une platitude, vous avez fait quelque chose d’incroyable: vous avez convaincu les Français, pendant l’élection, qu’une nation n’est pas souveraine lorsqu’elle se replie sur elle-même, mais quand la société et ses citoyens reprennent le pouvoir sur leur propre vie, sur leur propre destin. Vous avez convaincu les Français – et certainement aussi cette enceinte – que pour cela, il nous faut un nouveau projet européen, un projet transnational avec un élan paneuropéen. Je vous encourage à persévérer parce que les forces conservatrices en Europe sont encore puissantes. Trop nombreux sont ceux qui disent «restons au statu quo, il ne faut rien faire! Garder le pouvoir, c’est en fait plus important que de l’exercer!». Entre nous, j’ai parfois l’impression que comparée aux conservateurs en Europe, même la SNCF est un bastion de réformateurs.

N’hésitez pas, n’abdiquez pas: vous allez trouver, après 2019, un autre Parlement européen, avec beaucoup plus de gens qui vous soutiendront, une génération «Europe» qui demande de l’audace! Quand je parle de l’audace, je termine toujours, Monsieur le Président, avec Danton, qui disait: «De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace»… et l’Europe sera sauvée!

(Vifs applaudissements)

 
  
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  Philippe Lamberts, au nom du groupe Verts/ALE. – Monsieur le Président, il est bon que la France soit de retour. Cela faisait trop longtemps que son siège européen était physiquement occupé mais politiquement vide. Certes, l’Europe ne peut être ni française, ni allemande, mais elle ne peut rien construire dans la durée si elle ne peut compter sur l’engagement résolu et de l’Allemagne et de la France. Une France qui pourrait, si elle le voulait vraiment, incarner à l’intérieur même de ses frontières la devise européenne de l’unité dans la diversité.

Monsieur le Président, l’ambition que vous dessinez pour l’Europe recoupe en de nombreux points les combats que nous, régionalistes et écologistes, menons de longue date. Nous sommes convaincus, comme vous, que les Européens doivent agir ensemble s’ils veulent relever les défis de ce siècle. C’est là que se trouve la clef de notre véritable souveraineté.

Nous partageons votre volonté de construire une Union politique qui redonne la parole aux citoyens, qui doivent être au cœur du projet européen, pas à la marge. Comme vous, nous voulons donner un avenir à notre monnaie commune, ce qui exige, en effet, un budget robuste d’investissement, une garantie commune des dépôts bancaires mais aussi la fin de la concurrence fiscale et du dumping social.

Enfin, nous sommes avec vous pour affirmer: «Make our planet great again». Nous le savons, et vous le savez, l’Europe doit être à l’avant-garde de la transition écologique, à commencer par son budget qui doit en être l’instrument. L’écologie est la clef de notre prospérité.

Monsieur le Président, ce que vous souhaitez pour l’Europe, vous affirmez que la France doit commencer elle-même à le faire dès aujourd’hui. Or, votre action en France raconte une toute autre histoire, une histoire qui met à mal la devise de votre pays: liberté, égalité, fraternité.

Où est la liberté lorsque vos citoyens peuvent être surveillés, assignés à résidence et perquisitionnés sur de simples soupçons de la police? Où est la liberté, lorsque des policiers armés débarquent au petit matin pour arrêter un groupe de jeunes dont le seul tort serait d’avoir occupé pacifiquement un chantier? Ma fille faisait partie de ce groupe. Elle fut emmenée devant son fils de deux ans, loin de chez elle, pour subir pendant toute une journée un interrogatoire. Dans votre France, l’état de droit, garant de nos libertés, s’éloigne jour après jour.

Liberté, égalité. Où est l’égalité lorsque vous imposez toujours plus de précarité aux travailleurs alors qu’en même temps, vous faites des cadeaux fiscaux aux plus riches, ceux que vous aimez appeler les premiers de cordée? Votre foi en eux est inébranlable. Mais, voyez-vous, ce qui définit la cordée, Monsieur Macron, c’est la corde. C’est elle qui permet d’adapter la vitesse du premier de cordée aux besoins du groupe. C’est elle aussi qui empêche les derniers de cordée de tomber dans le ravin. Mais, dans nos sociétés, Monsieur le Président, cette corde n’existe plus: les riches s’enrichissent, les classes moyennes stagnent et se précarisent, et les plus fragiles sont abandonnés à leur sort.

Liberté, égalité, fraternité. Est-ce au nom de la fraternité que vous vendez des armes à des régimes qui les retournent contre leur propre population ou contre leurs voisins? Où est-elle, cette fraternité, quand votre police lacère tentes et sacs de couchage de migrants? Procédures expéditives, recours non suspensifs, détentions administratives, voilà les ingrédients de votre projet de loi sur l’asile et l’immigration. Contenir et refouler plutôt qu’accueillir des êtres humains en exode forcé.

Liberté, égalité, fraternité. Au pays de l’accord sur le climat, je rajouterai un quatrième terme, à savoir «durabilité». Vous dites vouloir la taxe carbone, la fin du glyphosate, la fin des voitures diesel, bravo! Mais, en même temps, vous restez un ardent promoteur des traités actuels de libre-échange et, pire encore, du nucléaire. Vous avez permis, contrairement à votre prédécesseur, l’adoption par l’Union européenne d’une définition totalement laxiste des perturbateurs endocriniens. Certes, vous avez eu le courage de mettre à terme à ce projet insensé d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, mais c’est pour dans la foulée écraser dans la violence les projets de celles et ceux qui inventent depuis des années une manière différente de vivre.

Monsieur le Président, un livre vous dit philosophe. Il affirme qu’aucun de vos mots n’est le fruit du hasard. Voici quelques mois, vous avez parlé des «gens qui réussissent» et des «gens qui ne sont rien». Vous n’avez pas dit des «gens qui ne font rien» ou des «gens qui n’ont rien», vous avez parlé des «gens qui ne sont rien». Voyez-vous, pour nous, le projet européen consiste précisément à faire en sorte que plus jamais, en aucun endroit de ce continent, aucune femme, aucun homme ne puisse être considéré comme «rien» ou se penser comme «rien», car considérer des êtres humains comme «rien», c’est permettre de leur faire subir n’importe quoi, et cela, nous ne l’accepterons jamais.

(Applaudissements)

Monsieur le Président, vous avez pris l’habitude d’offrir un cadeau à vos hôtes de marque. Permettez-moi d’en faire de même. Je vous offre cette corde d’escalade, symbole de la cordée à laquelle vous semblez tenir. Je vous dis ceci: chaque fois que vous ferez avancer la cause de la liberté, de l’égalité et de la fraternité en Europe, chaque fois que vous agirez pour une Europe plus juste, plus durable et plus démocratique, nous serons à vos côtés. À défaut, vous nous trouverez sur votre route.

(Applaudissements)

 
  
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  Patrick Le Hyaric, au nom du groupe GUE/NGL. – Monsieur le Président de la République, bienvenue. On a du mal à comprendre votre concept d’Europe souveraine au moment même où vous avez pris la décision de bombarder des sites en Syrie, en dehors du cadre de discussions européennes, sans mandat de l’ONU et avec pour seule alliance M. Trump et Mme May.

Aussi insupportable, condamnable et abjecte que puisse être l’utilisation des armes chimiques par le régime dictatorial de Damas, vous ne pouvez pas vous affranchir du cadre du droit international. Même la résolution de septembre 2013 à l’encontre de la Syrie y fait obligation en vertu du chapitre VII de sa charte, qui mentionne expressément que la décision est du ressort du Conseil de sécurité. Ce qui est grave et inquiétant ici est double. Si notre pays produit des actes qui, de fait, violent le droit international, alors nous ouvrons la voie à la loi de la jungle mondiale.

D’autre part, pourquoi ce deux poids, deux mesures? D’un côté, l’empressement à bombarder en Syrie sans attendre les conclusions de la mission d’experts quand Israël, en toute impunité, tue à Gaza, quand la Turquie s’accapare Afrine et quand le Yémen est bombardé dans le silence le plus total. Nous nous grandirions à travailler à un projet de conférence de paix et de codéveloppement entre l’Europe et le Proche et Moyen-Orient, incluant la reconnaissance de l’État de Palestine.

Si votre projet de consultation citoyenne ne visait qu’à opposer ceux qui seraient pour une construction européenne et ceux qui seraient contre, nous serions, je crois, dans un piège mortifère. Il existe une autre voie bien plus productive, celle d’un chantier de transformation progressiste, sociale, démocratique et écologique du projet européen, c’est-à-dire la voie moderne et nouvelle d’une union des nations et de peuples associés, libres, souverains. Le mot «refonder» ne doit pas cacher la fuite en avant, ultralibérale, austéritaire et adémocratique, celle-là même qui provoque dans toute l’Europe une immense colère, dont vous avez parlé. En France, le bouillonnement des salariés, des retraités, des privés d’emploi, de celles et ceux dont la vie est précarisée, voire broyée, provient de plus d’une décennie d’austérité alors que les grandes entreprises dégagent des profits et que l’évasion fiscale bat des records.

Pour que l’Europe les protège, il faut en finir avec ce vieux dogme de la concurrence qui permet dumping social et fiscal, favorise les délocalisations, abaisse les niveaux de rémunération du travail, détruit les services publics. C’est l’Europe solidaire qu’il nous faudrait inventer. Portons, pour tous les citoyens européens, un acte innovant, celui d’une sécurité sociale du travail combinée avec les formations indispensables garantissant une harmonisation vers le haut des salaires et le droit à un logement pour toutes et tous.

L’Europe ne protège pas quand elle va au-devant de ces traités de libre-échange qui détruisent nos normes sociales, sanitaires et environnementales. Inventons l’égal échange et la coopération en lieu et place de cette guerre économique, une nouvelle politique agricole et alimentaire sécurisant nos paysans et la qualité alimentaire, une lutte sans merci contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux, et la taxation des transactions financières.

Une Europe qui protège serait celle qui ne laisserait plus les réfugiés sombrer dans la mer et buter sur des murs mais tendrait la main pour l’asile, comme le propose un rapport de ce Parlement qui pourrait d’ailleurs servir à votre ministre de l’intérieur.

Pour protéger les travailleurs et les peuples, pour la souveraineté, il faut avoir le courage de s’émanciper de la domination des marchés financiers et inventer des mécanismes nouveaux permettant d’annuler des dettes illégitimes, d’en renégocier d’autres et de se donner des moyens de mobiliser efficacement les énormes sommes d’argent que crée la Banque centrale en faveur de l’économie d’avenir: les services publics, la transition environnementale et numérique grâce à la création d’un fonds de développement humain, social et environnemental. Un tel fonds serait d’ailleurs un très bon outil pour défaire notre dette de la SNCF, pour porter un projet commun pour le fret en Europe au service du climat, ce pourrait être aussi un levier formidable pour lancer une grande entreprise européenne du numérique pour sortir de la domination nord-américaine.

En fait, Monsieur le Président de la République, l’heure est sans doute venue de se poser la question de révolutionner la construction européenne avec et pour les peuples.

 
  
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  Florian Philippot, au nom du groupe EFDD. – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, j’ai beaucoup trop de respect pour votre fonction pour me réjouir de l’exercice auquel vous êtes en train de vous prêter devant cette Assemblée qui joue au parlement – parce qu’elle n’est pas un parlement et qu’il n’y a pas de peuple européen unique à représenter – et qui est largement acquise à Bruxelles, où l’on déplaît quand on évoque les peuples et où l’on plaît quand on communie dans la religion européenne.

Vous êtes venus pour plaire: plaire aux puissants, comme vous avez toujours su le faire; plaire aux plus riches, qui peuvent désormais, selon vos propres mots, se débrouiller tout seuls, s’exonérant de leur devoir de solidarité envers la nation; plaire aux donneurs de leçons professionnels, à ceux qui, depuis longtemps, ont confisqué le pouvoir et ont tourné le dos aux peuples.

Votre jury est là, dans les rangs de la Commission européenne, et c’est lui qui, chaque jour, vous évalue et c’est lui qui, aujourd’hui, va vous mettre une note. Rassurez-vous, votre note sera excellente parce que votre discours a repris sans surprise tous les canons du catéchisme européen. Votre jury vous accorde un bon point quand vous parlez de souveraineté européenne, manière on ne peut plus fallacieuse de saper la souveraineté nationale, la seule qui vaille en démocratie. Votre jury vous donne ses encouragements quand vous endossez son ordre du jour: libéralisation, destruction des services publics, ouverture totale des frontières au mépris des risques migratoires insensés et du risque terroriste, condamnation idéologique de toute forme de protection commerciale.

Aujourd’hui, c’est vrai, vous avez manqué de peu les félicitations du jury, parce que vous vous êtes exprimé pour une fois en français, alors que, de plus en plus souvent, dans votre expression publique, vous abandonnez la langue de Molière et la francophonie au profit de l’anglo-américain. Mais, rassurez-vous, vous restez le chouchou de la Commission. Vous êtes tellement bon élève, tellement bien appliqué à suivre la politique de la Commission et des lobbies que vous avez déjà rejoint Tony Blair et Matteo Renzi au rang des coqueluches de Bruxelles. Et, comme eux, vous êtes condamné à promettre de réformer l’Union européenne, mais vous décevez déjà parce qu’elle est irréformable par construction.

Monsieur le Président de la République, vous avez déjà échoué sur le travail détaché et sur le glyphosate. Voilà pourquoi je suis triste. Diriger une vieille nation comme la France est une fonction trop noble pour qu’elle s’abîme dans cette Star Academy des étoiles pâlissantes du drapeau européen où chacun défile comme un vulgaire élève.

Monsieur le Président de la République, ne pataugez pas dans les eaux croupies des technocrates et des lobbies. Le monde ici est déjà le vieux monde. Le monde de demain est celui des peuples qui relèvent la tête. Soyez connecté à cette dynamique de l’histoire. Sous l’impulsion de Nigel Farage, suivi par tant d’autres, le peuple britannique a déjà brisé ses chaînes. Oui, le peuple britannique, que cela vous plaise ou non, a voté souverainement pour sa liberté et pour son indépendance. La liberté est l’avenir, l’Union européenne est déjà le passé.

Monsieur le Président de la République, parlez donc de la France et, partant, parlez au monde, comme la France sait le faire quand elle est libre et comme savait le faire le président Chirac, en 2003, quand, lui, savait refuser les guerres américaines.

Vous l’avez dit vous-même dans un récent entretien à la chaîne BBC, si un référendum sur le Frexit était organisé en France, le Frexit l’emporterait. Alors, soyez démocrate, faites donc ce référendum en France, offrez aux jeunes la fierté, aux anciens la dignité et à tous la liberté.

La France vaut bien mieux qu’un long tête-à-tête épuisant avec Bruxelles et Berlin. La France est un pays sur tous les continents et tous les océans. Nos nations sont des civilisations bien plus brillantes que ne le seront jamais n’importe quels traités européens. Sortons de l’Union européenne pour rentrer dans le monde. Et si, d’aventure, Monsieur le Président de la République, cette perspective ne vous séduisait pas, alors vous pourriez vous reconvertir au sein de la Commission européenne ou directement vous faire recruter chez Goldman Sachs. Vous n’aurez fait que griller une étape.

Vive le Frexit, vive la liberté de nos nations, vive la France libre!

 
  
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  Nicolas Bay, au nom du groupe ENF. – Monsieur le Président, si vous êtes parvenu – il faut bien le dire – sans grande difficulté à ne pas nous faire regretter votre prédécesseur, François Hollande, votre récente décision de suivre les États-Unis dans une intervention militaire unilatérale en Syrie va peut-être nous faire regretter Jacques Chirac, qui eut au moins le mérite, lui, de dire non aux va-t-en-guerre américains.

N’avez-vous donc rien retenu, vous et tous les autres, de l’Iraq ou de la Libye, de ces interventions que leurs auteurs ont justifiées à l’époque déjà par des considérations morales mais qui ont abouti à semer la guerre, à semer le chaos et à permettre aux djihadistes de prospérer? N’êtes-vous donc pas conscient qu’en France comme en Syrie ce sont aussi les pires des islamistes qui ont applaudi vos frappes?

En matière internationale comme dans bien d’autres, vous êtes finalement loin, bien loin, du nouveau monde que vous prétendez incarner. Vous coalisez autour de vous, dans un réflexe de citadelle assiégée, tous les bénéficiaires de ce vieux monde, d’un modèle à bout de souffle, tous ceux qui ont intérêt à ce qu’il se perpétue, tous ceux qui rêvent encore du village global.

Votre projet de fuite en avant apparaît surtout comme la pâle synthèse de Jacques Delors et d’Édith Cresson, celui d’une construction toujours plus bureaucratique et toujours moins démocratique, celui d’une Europe amnésique, sans frontières et sans identité. Sous les allures d’une certaine modernité et non sans quelques habiletés de communication qu’il faut bien vous reconnaître, vous êtes finalement à contre-courant du monde qui vient. Pour des raisons humaines et culturelles, pour des impératifs économiques et écologiques, ce siècle sera celui du retour de la notion même de limite, c’est-à-dire de frontière, n’en déplaise aux zélotes de la libre-circulation sans frein des biens et des personnes, devenue la libre-circulation et des armes et des terroristes.

Dimanche soir, vous avez déclaré que la France devait être «un pays plus flexible et plus mobile». Mobilité, flexibilité, ce sont là des mots, des slogans, de la pub, de la com, si éloignés de la véritable politique et de ses exigences. Ce que nous devons garantir, c’est une France durable et des nations durables en Europe. Les peuples se sont mis à parler, Monsieur le Président. Écoutez ce qu’ont dit, tour à tour, le Royaume-Uni, l’Autriche, l’Italie, la Pologne, la Hongrie mais aussi d’ailleurs beaucoup de Français. Ces peuples veulent que leurs économies, leurs entreprises et leurs emplois soient protégés de la concurrence déloyale. Ils ne veulent ni des travailleurs détachés, ni des traités de libre-échange dont une petite minorité est bénéficiaire au détriment de l’économie réelle et des peuples qui en souffrent. Ils veulent en finir avec l’immigration sans frein et sans fin. Ils veulent retrouver leur souveraineté, c’est-à-dire, tout simplement, leur liberté. Oui, les peuples veulent pouvoir décider pour eux-mêmes. Autrefois, on appelait cela la démocratie.

Les peuples expriment leur rejet de cette Union européenne qui entend décider de tout mais qui se montre incapable de relever les défis là où elle est réellement attendue. Mélange paradoxal de dérégulation et de surrèglementation, absente et impuissante dans l’innovation technologique, dans la sécurité alimentaire, dans l’intelligence artificielle ou dans la protection des données personnelles, l’Union européenne est en revanche omniprésente lorsqu’il s’agit de porter atteinte à la liberté des nations.

Vous voulez accélérer en laissant de côté les nations qui ne partageraient pas vos choix et qui, selon votre expression, ne voudraient pas «avancer». Mais avancer vers quoi, Monsieur le Président? Avancer vers plus d’intégration européenne, moins de régulation économique, plus d’immigration et de communautarisme? Avec vous – et vous aurez sans doute le soutien de M. Verhofstadt –, ce serait donc l’Europe sans la Hongrie mais avec la Turquie.

«Il me paraît impossible d’imaginer pour l’Europe une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences de l’enracinement» disait Albert Camus en parlant de l’œuvre de Simone Weil, la philosophe. La renaissance de l’Europe, sa refondation, doit s’enraciner dans nos nations, dans notre civilisation commune. C’est le défi de l’identité que nous devons relever ensemble. L’identité des nations n’est pas un poids, elle est au contraire une arme et un bouclier dans la mondialisation, elle peut y être un formidable facteur de réussite et de rayonnement.

L’Europe des nations, des coopérations et des protections: voilà l’avenir que les peuples sont en train d’écrire et c’est devant eux que nous vous donnons rendez-vous dans un an.

 
  
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  Aymeric Chauprade (NI). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, je m’adresse à vous avec l’estime dans laquelle je tiens l’homme qui redonne de la dignité à la fonction présidentielle en France et qui engage de courageuses réformes dans mon pays.

Vous voulez, comme moi, donner un avenir à la France et à l’Europe, qui traverse une profonde crise de légitimité et de désamour des peuples. Mais l’Europe, cette civilisation de la liberté, ne sera rien demain si elle se laisse effacer par les réalités démographiques.

Dimanche soir, vous avez cité l’essayiste Stephen Smith à propos de l’Afrique. Je reprendrai donc ses chiffres: il y a aujourd’hui 510 millions d’Européens dans l’Union et 1,3 milliard d’Africains sur le continent voisin. Dans 30 ans, la proportion sera de 450 millions d’Européens pour 2,5 milliards d’Africains, soit cinq fois plus. Et, d’ici à 2100, trois personnes sur quatre qui viendront au monde naîtront au sud du Sahara.

Votre ministre de l’intérieur, M. Collomb, a lui-même parlé «de submersion migratoire». L’immigration n’est pas le remède au vieillissement de l’Europe. L’immigration apporte davantage de dépendants que d’actifs. Elle déstabilise nos sociétés et contribue à déchirer nos unités nationales, héritages fragiles de siècles de lutte. Ce qu’il faut, c’est rendre productifs les gains de vie engrangés, c’est encourager la mobilité du travail à l’intérieur de l’Union, c’est relancer notre natalité européenne, c’est numériser nos économies en misant sur la robotique et l’intelligence artificielle.

Monsieur le Président de la République, nos libertés sont avant tout le produit de notre civilisation. C’est cette évidence que nous rappellent Budapest, Prague, Varsovie et Vienne. Négliger ou traiter par l’arrogance ce signal qui nous vient des peuples et des gouvernements de l’Est serait à mon sens une erreur grave pour l’avenir de l’Europe.

Il ne tient désormais qu’à vous, Monsieur le Président de la République, puisque vous avez du talent et du courage, d’ajouter à votre combat pour la modernisation économique de la France le combat essentiel pour l’avenir de la civilisation européenne. Les Français et beaucoup d’Européens vous attendent sur ce sujet.

 
  
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  Le Président. – Monsieur le Président, vous avez une dizaine de minutes si vous voulez répondre aux premières questions que les groupes vous ont posées. Si vous voulez, vous pouvez prendre la parole tout de suite.

 
  
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  Emmanuel Macron, Président de la République française. – Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, merci de m’avoir permis de revivre ce que la Constitution française ne m’autorise plus, c’est-à-dire un débat avec le Parlement. J’étais naguère ministre et j’aimais particulièrement cet exercice.

Je ne vais pas reprendre forcément dans l’ordre chronologique mais essayer de répondre aux principaux points qui ont été soulevés.

D’abord, tout de même, quand on parle de souveraineté et des peuples nationaux ou européens, je voudrais faire deux ou trois clarifications á Florian Philippot. Je suis étonné que vous puissiez dire ce que vous avez dit sur cette assemblée, dans laquelle vous êtes. Vous y avez été élu par le peuple français. Vous avez un drôle de respect pour le peuple français de traiter comme cela la fonction qu’il vous a confiée.

(Applaudissements)

Si cette assemblée ne vous plaisait pas, il ne fallait pas y venir, c’est tout!

(Applaudissements)

Il fallait aller à d’autres élections, il fallait vous y soumettre. Quant au projet qui serait le vrai projet français, mais enfin, les Français l’ont choisi en mai dernier. Vous défendiez l’un et l’autre un projet qui a perdu. Et il a perdu parce que le peuple français en a décidé ainsi.

(Applaudissements)

Néanmoins, vous exprimez une colère. Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises: on doit l’entendre, et je l’entends. Je l’ai toujours dit, j’ai toujours eu des débats respectueux, y compris dans la campagne avec Mme Le Pen, et c’est aussi pour cela que je ne me retrouverai pas dans la facilité des propos qui jugent depuis ici ce qu’il faudrait faire dans un pays en racontant à peu près toutes les bêtises auxquelles j’ai d’ailleurs répondu longuement dimanche dernier. C’est précisément parce que je me présente ici avec la légitimité du peuple français, mais avec toute l’exigence de celui-ci, que je ne peux pas accepter les propos que vous avez tenus sur ce qui se passe dans mon pays. Je tiens d’abord à vous dire qu’il y a une Constitution dans mon pays, qui n’a pas attendu pour intégrer les libertés fondamentales, une déclaration des droits de l’homme, un préambule de 1946 et toutes ces valeurs, et qu’il y a un Conseil constitutionnel pour juger et savoir si les lois respectent la liberté, l’égalité et la fraternité. Les lois dont vous avez parlé, le Conseil constitutionnel les a jugées, que ce soit par saisine des parlementaires ou par question préjudicielle pour la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Vous pouvez donc tenir des propos d’estrade qui peuvent vous aller, Monsieur, parce que vous avez le confort de ce salon, mais moi, je n’ai pas le confort de ce lieu et j’ai la cohésion. J’ai eu la courtoisie de vous écouter, je vous demande la même courtoisie. J’ai eu cette courtoisie qui est démocratique; vous êtes un représentant, je suis un autre représentant.

La loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme permet de lutter contre les terroristes islamistes dans notre pays. C’est à ce titre qu’elle permet des visites domiciliaires, c’est à ce titre qu’elle permet, en effet, la protection d’espaces publics. Je l’assume totalement parce que je suis aujourd’hui le président d’un pays qui a été, à de multiples reprises, attaqué par des terroristes. Je ne saurais donc expliquer à mon peuple que nous désarmons face à ce risque parce que des gens comme vous se permettent de proférer des contre-vérités au nom des principes qui sont ancrés dans notre République, défendus par le Conseil constitutionnel et que porte tout un parlement. Au nom du respect que j’ai pour la majorité au Parlement, comme pour le Conseil, je ne peux donc vous laisser dire les bêtises, pardonnez-moi ce terme, que vous avez ainsi proférées.

De la même façon, vous avez évoqué le projet de Notre-Dame-des-Landes et, compte tenu du temps qui m’est imparti, je ne m’étendrai pas davantage. Nous avons pris des décisions courageuses qui n’avaient jamais été prises depuis 20 ans pour arrêter un projet qui n’était pas conforme à nos objectifs. Mais, les gens qui manifestaient contre ce projet, est-il légitime de les laisser manifester et attaquer les forces de l’ordre quand il n’y a plus d’origine à leurs manifestations? Les projets agricoles, y compris les plus innovants, sont toujours sur place, portés par des gens qui se conforment aux règles, mais la liberté, l’égalité et la fraternité supposent aussi le respect de l’ordre républicain, et on ne peut construire aucun projet si on ne respecte pas les règles de la République.

(Applaudissements)

(On entend M. Coburn crier «Vive la France libre»)

Vive la France et vive l’Europe. Je ne sais pas ce que vous mettez derrière la France libre. Si vous y mettez la même chose que moi, nous avons toute notre place dans cette interpellation.

Vous avez été plusieurs à évoquer le sujet migratoire. Ce sujet, et vous avez raison de rappeler les chiffres de M. Smith, est un sujet dont la racine est beaucoup plus profonde et que nous ne réglerons par aucune politique aujourd’hui nationale. C’est pourquoi je pense que s’attaquer à la cause, c’est aider à la stabilisation en Afrique sur le plan de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, ce que nous faisons à l’ONU et dans le cadre de l’intervention française Barkhane aux côtés des États du Sahel; c’est avoir une politique de développement ambitieuse qui, seule, permettra le développement et l’émancipation de chacun dans son pays, et c’est d’ailleurs ce que l’Europe, à plusieurs reprises, a soutenu à travers l’idée de ce plan Marshall; c’est ce que nous soutenons et ce que nous faisons à travers l’alliance pour le Sahel et notre politique; et c’est la décision que j’ai assumée d’augmenter notre aide publique au développement pour atteindre de nouveau 0,55 % de revenu national brut à l’horizon 2020; c’est ensuite une politique de solidarité extérieure et intérieure en Europe et c’est la clé pour avoir une réponse intégrée au risque migratoire.

Vous m’avez entendu parler tout à l’heure de ces sujets qui vont occuper et le Conseil et le Parlement dans les prochains mois, mais je crois très profondément que nous avons besoin d’une solidarité européenne à nos frontières pour nous protéger, comme d’une solidarité à l’intérieur de nos frontières. J’ai fait, à ce titre, une proposition, mais il y en a beaucoup d’autres pour pouvoir partager la charge. La France doit dans ce domaine, aujourd’hui, se féliciter de la coopération avec plusieurs États membres. Je pense en particulier à l’Allemagne et à l’Italie, que je veux saluer et j’estime notamment qu’avec l’Italie, nous avons montré, durant cette dernière année, notre capacité à justement œuvrer ensemble.

Au même titre que celui que j’évoquais tout à l’heure, celui de la cohésion, j’assume des réformes en cours qui visent, d’une part, à donner une effectivité au droit d’asile que j’ai toujours défendu et que je défends avec vigueur, mais qui consistent d’autre part à arrêter un système où il faut 14 mois avant d’obtenir l’asile, ce qui est le cas en France, quand c’est six mois en Allemagne, par exemple. Donc, tout le sens de la réforme qui est ainsi portée par la France, c’est de faire converger notre système vers un autre système, en particulier celui des Allemands ou de nos voisins, pour ce qui est des délais et de l’organisation. Le système français, aujourd’hui, n’est pas à la hauteur du défi migratoire qui est le nôtre. Il est extrêmement long, il ne distingue pas, à proprement parler, les demandeurs d’asile des autres migrants et il ne permet pas d’avoir un accueil à la hauteur de celui que nous devons aux femmes et aux hommes qui arrivent soit avec des visas, soit pour demander l’asile et être protégés. J’assume totalement cela et, vous savez, quand je parle de souveraineté d’une Europe efficace, c’est parce que je refuse le projet inacceptable d’un rétrécissement nationaliste, car de là où je suis, je l’ai battu, et que je refuse aussi une forme d’irénisme coupable qui se draperait derrière des principes, en oubliant qu’il faut toujours tenir en même temps la cohésion de nos peuples et qu’il y a une réalité à étreindre. Chesterton avait une belle formule, il disait «Les vrais idéalistes sont des pragmatiques». Regardez Robinson Crusoé, il n’est pas parti avec de grandes idées de voyage mais avec des jambons et des fromages et une organisation pour pouvoir tenir. Je vous invite à vous inspirer de Robinson Crusoé.

Ensuite, vous avez été plusieurs à évoquer des sujets essentiels pour le fonctionnement de notre Europe. Je vais essayer dans le temps qui m’est imparti d’y revenir. Sur le sujet, d’abord, cher Président, des Balkans. Je voudrais qu’on poursuive deux lignes qui me semblent relever de nos intérêts et du pragmatisme. Pour ce qui est de la première, je souscris à votre volonté d’arrimer les Balkans à l’Europe. Le risque géopolitique qui est le nôtre, c’est de voir les Balkans occidentaux dériver ou vers la Turquie ou vers la Russie – c’est un risque –, ou de s’effondrer dans leurs propres divisions. Donc, leur donner une perspective et les arrimer à un projet et à cette ambition européenne est essentiel, mais, pour ma part, je ne défendrais un élargissement que quand il y aura d’abord un approfondissement et une réforme de notre Europe, et je voudrais que nous puissions tenir cette ambition dans ces deux lignes. Je ne veux donc pas des Balkans qui se tourneraient vers la Turquie ou la Russie, mais je ne veux pas d’une Europe qui, fonctionnant difficilement à 28 et demain à 27, déciderait qu’on peut continuer à cavaler et à être demain 30 ou 32 avec les mêmes règles, cela n’est pas vrai.

Justement, en parlant de ces règles, je suis pour ma part convaincu qu’il nous faut avoir des règles plus pragmatiques. D’abord, si nous voulons avancer, acceptons-le. Vous avez été plusieurs à parler du couple franco-allemand, or vous ne m’avez jamais entendu parler dans mon discours du couple franco-allemand. J’ai donc été saisi par votre réaction qui est inspirée ou instruite par l’histoire. Je suis attaché à la relation avec l’Allemagne, mais je n’ai jamais considéré qu’elle épuise le sujet européen. Je sais simplement, instruit de l’histoire, que s’il n’y a pas un minimum d’accords entre la France et l’Allemagne, on perd beaucoup de temps à avancer et à prétendre faire l’Europe et poursuivre. Mais j’ai toujours voulu, brisant d’ailleurs parfois les lignes de front qui s’étaient installées, considérer qu’on pouvait avancer avec une forme de noyau dur qu’on aurait prédéfini. Ces derniers mois, j’ai vu plusieurs dirigeants européens avec une véritable ambition, qui étaient de pays que certains disent petits ou à l’Est, ou ceci ou cela. Il n’y a que des pays membres de l’Union européenne et c’est une logique de projet. Mais essayons d’avancer avec une règle qui est que celui qui n’a pas envie d’avancer ne puisse pas bloquer les autres. Je souhaite également que nous puissions faire les réformes à venir et avancer avec cette règle qui avait été proposée par d’autres naguère, et que nous ayons ce degré d’ambition. Je suis donc favorable à plus de majorité qualifiée afin de ne pas systématiquement aller vers une logique de blocage, je pense que c’est fondamental.

Ensuite, vous avez parlé sur des sujets plus institutionnels de la place du Parlement, Président, et de la démocratie parlementaire. J’y suis profondément attaché et c’est pour cela aussi que j’ai souhaité ces exercices de participation. Je suis aussi attaché à la séparation des pouvoirs qui va de pair avec une Constitution. Il y a donc, dans les constitutions et les traités, des responsabilités qui incombent au Parlement, d’autres à la Commission ou au Conseil. Si on veut en changer, il faut le demander aux peuples et je ne suis donc pas non plus favorable à ce que l’on décide d’arbitrer telle ou telle compétence pour, d’un seul coup, la passer d’un côté ou de l’autre. D’ailleurs, je crois tellement à la démocratie parlementaire et à la vitalité de l’expression des peuples que j’avais proposé ces listes transnationales, parce que, si on croit à la vitalité des peuples et de la démocratie, il ne faut pas y croire simplement quand on s’organise avec des partis à des élections qui restent des projections nationales et avec le taux de participation qui est le nôtre aujourd’hui. Allons au bout de la logique! On croit à la démocratie parlementaire, on veut que ce soit un grand parlement, il faut qu’il y ait le maximum de participation aux élections, il faut donc que les débats soient vraiment européens et il faut donc qu’on ose aller vers une part de listes transnationales, dont les leaders pourraient légitimement être les fameux Spitzenkandidaten. Je trouve cependant bizarre, à ce titre, de s’arrêter en quelque sorte au milieu du gué et de croire à la démocratie parlementaire si cela reste une démocratie de partis existants, structurés, dont la logique est encore principalement nationale, il faut bien le dire.

Je vois le temps qui court et je connais les règles dont m’a parlé le Président. J’aurais néanmoins voulu revenir sur plusieurs autres sujets. Permettez-moi simplement de finir ce propos par deux points, l’un est la Syrie, l’autre le budget européen et les ambitions que nous devons porter. Je ne crois pas qu’un budget plus élevé soit un problème pour nos concitoyens si nous savons nous organiser, et je ne crois pas d’ailleurs que cette ambition européenne – pour clarifier ce point que plusieurs d’entre vous ont soulevé –, à savoir un budget européen plus fort pour porter nos ambitions nouvelles, pour porter l’ambition de nos politiques historiques, cette souveraineté européenne dont je parle, concurrence les budgets nationaux ou les souverainetés nationales. Je ne le crois pas parce que quand je regarde les grands défis, c’est-à-dire la transition énergétique, le numérique, le commerce, les grandes migrations, nous avons besoin d’une réponse européenne. Et on le voit sur tous ces sujets, la réponse nationale se débat mais elle est insuffisante, et à ce titre, vous en avez donné un exemple formidable: le règlement général pour la protection des données. Cela n’avait aucun sens de le faire au niveau national, aucun. Nous n’aurions rien protégé, il y aurait eu des politiques de contournement, les opérateurs se seraient mis en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne si je l’avais fait. Vous l’avez fait au seul niveau où c’était pertinent de le faire et à un niveau où l’on peut tenir tête à des grands acteurs économiques mais où l’on peut créer une organisation, et j’assume donc le fait de porter ces deux souverainetés parce qu’elles sont complémentaires.

Enfin, au sujet de la Syrie, je veux d’abord vous dire que cette intervention de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis d’Amérique n’a rien à voir avec ni l’Iraq, ni la Libye, et ce pour une raison très simple: nous n’avons déclaré la guerre à personne et nous ne sommes pas intervenus en déclarant la guerre à qui que ce soit. Mais c’est un peu toujours le même principe, au fond, ce que je vous dis. Si l’on croit dans le multilatéralisme, dans la force du droit, on doit pouvoir, à un moment donné, décider de ne pas céder au cynisme de ceux qui veulent «impuissanter» le multilatéralisme, c’est de cela dont il s’agit. Alors, très précisément parce que ce sujet, comme d’autres, ne souffre pas l’approximation: nous sommes engagés à plusieurs dans une coalition internationale diplomatique et militaire qui lutte contre qui? C’est la seule guerre qui est faite en Syrie, contre Daech, contre les groupes terroristes islamistes qui nous ont attaqués et qui ont fait des centaines de morts dans nos pays. Cette guerre est légitime, elle a un cadre et nous sommes pleinement impliqués. C’est la seule guerre que nous menons aujourd’hui en Syrie. Mais il y a une guerre parallèle, celle que mène Bachar Al-Assad contre le peuple syrien et ses opposants depuis maintenant sept ans. Nous n’avons pas déclaré la guerre à Bachar Al-Assad, je l’ai dit à plusieurs reprises, et les interventions d’il y a quelques jours n’ont rien changé à ce titre. Nous avons cependant mené un travail constant, diplomatique et humanitaire, pour faire notre devoir et défendre nos valeurs, et je l’assume parfaitement. Les résolutions prises dans le cadre de l’ONU, en particulier la résolution 2118 de septembre 2013, prévoyaient un recours à la contrainte auquel d’ailleurs se rangeait le Président Poutine lorsqu’il s’est rendu à Paris il y a un peu moins d’un an, lorsque j’avais déjà présenté cette ligne rouge de l’utilisation des armes chimiques. Effectivement, il y a des textes internationaux qui condamnent l’utilisation des armes chimiques, notamment la résolution 2118, avec un engagement de tous les membres permanents du Conseil de sécurité et un engagement, à l’époque, du régime de Bachar Al-Assad. À plusieurs reprises, cet engagement a été violé. À plusieurs reprises, plusieurs membres de la communauté internationale se sont organisés pour «impuissanter» l’ONU et l’Organisation internationale de lutte contre les armes chimiques depuis novembre 2017, en déstructurant le mécanisme d’attribution de l’OIAC puis en s’opposant à toutes les résolutions qui permettaient d’aller plus loin. Alors, je vous le demande, aux mêmes qui, à chaque fois, s’indignent devant les images que nous avons vues, d’enfants et de femmes morts d’attaques au chlore, restons-nous assis, défendons-nous des droits en disant que les droits c’est pour nous, les principes c’est pour nous, mais que la réalité est pour les autres. Non!

(Applaudissements)

Donc, dans un cadre qui est bien précis, et je le rappelle, où nous faisons la guerre aux terroristes, où Bachar Al-Assad fait la guerre à son peuple, trois pays sont intervenus, et je vous le dis avec beaucoup de franchise, pour l’honneur de la communauté internationale, pour, justement, dans un cadre légitime multilatéral et de manière ciblée, sans aucune victime humaine, détruire trois sites de production et de transformation d’armes chimiques. Alors, regardons nos principes en face, regardons en effet le droit international en face et demandons-nous où nous voulons aller. Ces frappes ne règlent rien, mais elles mettent fin simplement à un système auquel nous nous étions aussi habitués, qui est qu’en quelque sorte, le camp du droit serait devenu le camp du faible, et je ne m’y résous pas. Alors, nous continuerons le travail essentiel, diplomatique, au Conseil de sécurité pour construire le cadre de la lutte et de l’interdiction des armes chimiques. Cela a recommencé avec toujours les mêmes vétos russes. Nous continuerons, aux Nations unies, de lutter pour qu’il y ait des accès et des évacuations humanitaires dans la Ghouta, comme malheureusement demain à Idlib. Nous continuerons le travail humanitaire sur le terrain, et je l’ai annoncé hier, avec la France, qui investira 50 millions d’euros pour les projets portés par les organisations non gouvernementales sur le terrain, et j’invite tous les pays à se joindre à cet effort humanitaire. Enfin, nous continuerons à travailler à une solution politique inclusive en parlant à toutes les parties, la Russie, la Turquie, l’Iran ainsi que le régime et, surtout, toutes les forces d’opposition, pour construire la Syrie de demain et réparer ce pays, car c’est là l’essentiel. Mais nous ne construirons pas la Syrie de demain si nous détournons le regard pour la laisser au régime de Bachar Al-Assad et à ses alliés, une fois qu’ils auront terminé le sale travail qu’ils mènent. Je vous le dis franchement.

 
  
 

Interventions à la demande

 
  
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  Adina-Ioana Vălean (PPE). – Domnule președinte, eu reprezint o țară pe care francezii o iubesc mult: România. Europa viitorului, domnule președinte, este o Europă în care nimeni nu rămâne în urmă. De aceea, discuția despre o Europă cu mai multe viteze creează confuzie și slăbește încrederea cetățenilor în proiectul european. Dincolo de dezbaterea teoretică despre viitor, trăim în prezent și trebuie să acționăm acum. Trebuie să oferim un buget multianual orientat către creștere și investiții și vă felicit, domnule președinte, că angajați Franța să contribuie mai mult. Trebuie să luăm în serios implementarea legislației pe care o avem, să ne respectăm angajamentele și fiecare să își rezolve problemele interne înainte de a se angaja în rezolvarea defectelor celorlalți. Fiecare stat membru este un pilon de rezistență al Uniunii Europene și nu poți avea o structură puternică cu picioare de lut, pentru că - nu este așa, domnule președinte? - viitorul Europei nu rezolvă prezentul nici unuia dintre noi.

 
  
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  Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, vous vous exprimez comme un Européen convaincu, un Européen en réalité augmentée, et cela a suffi à certains de mes collègues. Toutefois, à deux occasions au moins, vous n’avez conservé que le côté virtuel de ces références européennes.

En février 2018, le gouvernement français a fait voter un texte sur la bonne application du régime d’asile commun, mais son titre est trompeur et l’intention était bien d’utiliser le paravent européen pour justifier des dispositions particulièrement critiquables, comme la rétention de toute personne concernée par le règlement de Dublin, y compris les enfants. C’est la même chose cette semaine avec la loi sur l’asile et la migration qui, pour la résumer, déstabilise ou détruit ce qui ne pose pas de problème et ne règle pas ce qui en pose. La question des délais, on y reviendra peut-être, n’est pas le problème, en tout cas pas comme vous le pensez.

Pendant ce temps, la réforme du règlement de Dublin est en danger parce que des États membres bloquent les négociations et la France est à ce sujet particulièrement rigide.

Ce n’est pas ce que j’appelle une orientation européenne et je le regrette vivement.

 
  
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  Geoffrey Van Orden (ECR). – Mr President, President Macron, good morning and thank you for your very interesting address. In terms of defence and security, France and the United Kingdom have been the closest and longest-standing of allies for over a hundred years. Do you not think that in the economic and other fields it would be helpful if France could more strongly signal its support for the EU to have as close a partnership with the UK as possible post-Brexit, recognising that this will require novel arrangements?

 
  
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  Younous Omarjee (GUE/NGL). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, notre monde est entré dans un processus d’ensauvagement et de décivilisation. Appeler à la barre de notre conscience l’Europe telle qu’elle est devenue est indéfendable. Indéfendable car elle s’accommode de la montée des mouvements d’extrême droite et de la mise en cause des droits fondamentaux. Indéfendable car l’Europe de la défense prépare en réalité le chemin de la guerre. Mais, fort heureusement, celle-ci n’est pas près de voir le jour lorsqu’on voit l’isolement de la France dans son aventure guerrière en Syrie. Indéfendable aussi car l’Europe, qui se voulait celle des peuples, est devenue celle des riches.

Ce que nous proposons, c’est un autre chemin éloigné de l’Ordnungspolitik pensée à Berlin, c’est une Europe qui, sans défaire la France, se fait avec les peuples. Je crois que la souveraineté européenne dont vous avez parlé est une impossibilité même par nature, car la souveraineté, vous le savez, réside dans le peuple.

 
  
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  Peter Lundgren (EFDD). – Herr talman! Tack, president Macron! Er främsta tillgång är att ni en duktig talare. Ni är en duktig retoriker. Jag fortfarande fascinerad av valrörelsen där ni i praktiken lovade allt åt alla. Ni lovade att förena vänstern med högern, ni lovade i praktiken ”följ mig in i ljuset, där det är varmt och vackert”. Sedan konfronterades ni med verkligheten efter att ni blev vald och har nu tappat stort i ert stöd i Frankrike.

Ni har en vision – det har jag också. Men min vision är inte att Bryssel och EU ska ta makten över mitt hemland. Min vision är inte att vi ska sitta här och bestämma över specifika förutsättningar som vi bättre löser i mitt hemland.

Men att jag tror på mitt eget land beror inte på att jag inte tror på Europa. Jag tror på ett Europa där vi är vänner med våra grannar, där vi har mellanstatliga handelsavtal, ett annat system än vi har i dag. Det gör inte mig till en sämre människa, herr Macron, än vad ni är.

 
  
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  Γεώργιος Επιτήδειος (NI). – Κύριε Πρόεδρε της Γαλλικής Δημοκρατίας, σας καλωσορίζω και εγώ στο Ευρωπαϊκό Κοινοβούλιο. Σε κάποια πρόσφατη τηλεοπτική συνέντευξή σας, είπατε ότι πείσατε τον πρόεδρο Trump να μην αποσύρει τα στρατεύματα τα αμερικανικά από τη Συρία. Επίσης δώσατε εντολή στις αεροπορικές δυνάμεις της πατρίδας σας να λάβουν μέρος στην χολιγουντιανής σκηνοθεσίας επέμβαση στη Συρία. Θα ήθελα να σας ρωτήσω εάν πετύχατε, με την συμμετοχή σας σε αυτή την - από πάσης απόψεως και κυρίως στρατιωτικής - αποτυχημένη επέμβαση, αυτά τα οποία θέλατε να επιτύχετε, ή μήπως προκαλέσατε την οργή των Αράβων για να επιτίθενται με περισσότερη μανία εναντίον των γαλλικών στρατευμάτων στο Τσαντ και στο Μαλί; Και τέλος, για ποιο λόγο συνεχίζετε τις συνομιλίες με την Τουρκία; Το θέμα δεν είναι ο αποκλεισμός, το θέμα είναι να δοθεί στην Τουρκία η δυνατότητα να είναι συνεπής στις ευρωπαϊκές υποχρεώσεις της.

 
  
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  Ramón Jáuregui Atondo (S&D). –Señor presidente, estamos en un debate sobre el futuro de Europa, y yo quisiera preguntarle sobre su opinión respecto de las regiones que quieren ser nuevos Estados en Europa.

Hablamos sobre la soberanía de Europa y yo comparto totalmente que los retos del futuro son precisamente los retos de una mayor soberanía para Europa, de una Europa más fuerte.

Mi pregunta es a propósito del brote de soberanismo nacionalista que hay en toda Europa y le pregunto su opinión sobre la posibilidad de un futuro de Europa de manera que pueda construirse sobre las diferentes regiones que quieren ser nuevos Estados desgajados de los Estados miembros.

¿Cuál es su opinión sobre el futuro de Europa, teniendo en cuenta esa reivindicación?

 
  
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  Franck Proust (PPE). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, au nom de la délégation française du groupe du PPE, bienvenue et merci d’être là.

Merci également de lancer ici votre campagne électorale, car cet après-midi, à Épinal – belle image –, vous allez démarrer les consultations citoyennes et vous allez donc doter votre famille politique d’une formidable machine administrative.

La question dans les prochains mois n’est pas de savoir si nous sommes pour ou contre l’Europe. La véritable question, c’est quelle Europe voulons-nous? Ce que souhaitent nos concitoyens, c’est plus de proximité.

Voici ma question, Monsieur le Président: comment allez-vous renforcer cette proximité sachant qu’en France, vous avez fait un bond en arrière de 20 ans en supprimant les circonscriptions régionales, que vous avez tenté d’imposer ici les listes transnationales, que vous avez également tenté, au Conseil, d’imposer la nomination du Président de la Commission en dehors de tout processus démocratique?

Je comprends que vous essayiez, ici, d’avoir un ancrage sur le plan européen, mais j’ai vraiment l’impression que vous marchez un peu seul et, contrairement à votre majorité en France, la démocratie européenne se fait ici pour et par le consensus.

Par conséquent, Monsieur le Président, si vous persistez ainsi, je crains que le nom de votre nouvelle formation ici au Parlement ne soit pas «En Marche» mais «En Marge»: en marge des décisions et, surtout, en marge des résultats auxquels nous essayons, ici, de contribuer au quotidien pour nos concitoyens.

 
  
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  Εύα Καϊλή (S&D). – Κύριε Πρόεδρε, καλωσορίζω τον Πρόεδρο της Γαλλίας και θα μιλήσω ελληνικά σε ένα Ευρωκοινοβούλιο στο οποίο δεν είμαστε μόνο Γάλλοι και Γερμανοί αλλά και Έλληνες, Ιταλοί, Ισπανοί, από χώρες στα σύνορα της Ευρώπης που πληρώνουν το λογαριασμό για τις αποφάσεις των στρατιωτικών επεμβάσεων που λαμβάνονται χωρίς ευρωπαϊκό σχέδιο και συνεννόηση. Κύριε Macron, καλωσορίζουμε τις προσπάθειές σας για ισχυρότερη Ευρώπη, έχετε όμως να προτείνετε κάτι συγκεκριμένο για την οικονομική διακυβέρνηση; Μετά από δέκα χρόνια επιβολής σκληρών και κυβερνητικών λύσεων, είναι μεγάλη η ευθύνη στα χέρια σας για το μέλλον. Θα στηρίζατε ρόλο για το Ευρωκοινοβούλιο σε ένα Ευρωπαϊκό Νομισματικό Ταμείο; Θα στηρίζατε μια ευρωπαϊκή άμυνα στην οποία ο Νότος δεν θα ήταν απλώς καλός πελάτης του Βορρά και καλοπληρωτής; Κύριε Macron, στην Ελλάδα έχουμε μία κυβερνητική συνεργασία χωρίς ιδεολογικούς φραγμούς - κάτι που συμβαίνει και σε άλλες χώρες φυσικά, εσείς ποιο πιστεύετε πως πρέπει να είναι το ιδεολογικό αντίδοτο σε αυτό; Τι πιστεύετε, ποια είναι η πολιτική οικογένεια κατά τη γνώμη σας που μπορούμε να ξεκινήσουμε για να πάμε μπροστά μαζί, με αρχές και αξίες πραγματικά προοδευτικές;

 
  
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  Bogusław Liberadzki (S&D). – Panie Przewodniczący! Panie Prezydencie! Witamy serdecznie. Pan wspomniał o Uniwersytecie Europejskim. Ja mam propozycję, załóżmy Uniwersytet Europejski tu w tym budynku, w siedzibie Parlamentu Europejskiego. Będziemy mieli spełniony postulat, jedna siedziba Parlamentu Europejskiego w Brukseli, no i dodatkowa w Luksemburgu.

Druga uwaga, Pan mówił o suwerenności europejskiej. Czy znana Emanuelowi Macron skądinąd sprawa pracowników delegowanych, to jest przejaw suwerenności europejskiej czy to jest przejaw po prostu interesów i przewagi państw bogatszych nad państwami mniej bogatymi? Wspólnota nasza ma zarówno bogate państwa, jak i mniej bogate. Obawiam się, że to właśnie nie jest przejawem suwerenności europejskiej.

 
  
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  Salvatore Cicu (PPE). – Signor Presidente, onorevoli colleghi, Presidente Macron, io credo che, accanto a tutti i temi che sono stati trattati, ce ne sia uno che io considero centrale, prevalente ed è quello che riguarda le imprese europee, lo sviluppo, l'economia e il lavoro dell'impresa europea, in un contesto dove la guerra dei dazi commerciali tra Stati Uniti e Cina sta prevalendo rispetto a qualsiasi altra logica.

Io vorrei sapere qual è la sua opinione rispetto alla strategia che l'Europa dovrebbe realizzare, perché io penso che in questo momento noi dovremmo essere nella condizione di rilanciare, per quanto riguarda gli accordi commerciali, una prospettiva che guardi al nostro "made in Europe", così come guardi alla tutela dei prodotti europei, attraverso quelle regole dell'antidumping per l'acciaio e l'alluminio, ovvero a tutte quelli situazioni che realizzano la condizione di far capire che non esiste solo il populismo e non esiste solo una rappresentazione evanescente delle situazioni.

Noi abbiamo la responsabilità e il dovere, come Europa unita, di tutelare la nostra impresa, soprattutto quella piccola, soprattutto quella che soffre, soprattutto quella che non riesce neanche ad arrivare al processo internazionale. Allora, è evidente che in questo tipo di situazione sarebbe importante sapere da lei se, in questo settore, il sovranismo debba prevalere o meno.

 
  
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  Elena Valenciano (S&D). – Señor presidente, en esta Cámara, desde luego en mi Grupo, nadie tiene ninguna duda sobre la necesidad de detener el uso de armas químicas por parte del régimen de Al-Asad, en eso tiene usted todo nuestro apoyo.

Ahora bien, ¿ha sido suficientemente eficaz? ¿Ha contado ese ataque, esa respuesta, con el aval europeo —europeísta— que usted defiende, con la soberanía de los europeos? ¿Va a servir ese ataque para cambiar el curso de la guerra, o más bien, señor presidente, tenemos que desplegar una acción diplomática contundente para conseguir sentar a todas las partes en una mesa, en un camino de reconstrucción y paz en Siria? ¿No sería más útil buscar el aval europeo para esa acción diplomática decidida y definitiva que evite el dolor y el sufrimiento en Siria?

 
  
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  Mairead McGuinness (PPE). – Mr President, five years ago, President Macron, the Irish President, Michael D. Higgins, said the following: ‘Europe is a legacy that cannot be taken for granted. Citizens yearn for the language of solidarity, commitment to cohesion, for inclusive rhetoric that is appropriate for an evolving political union.’

I think you echoed those words. But we evolved through disagreement, and we will be judged by how we solve our disagreements. You heard this House; there are many voices.

I might take a different view to you on taxation – I am from Ireland – but I don’t want to talk about detail, I want to talk about the middle-men between citizens and the European Parliament, and that is national parliamentarians. They are not always the friend of Europe. Some of my own colleagues do not speak about Europe in a positive way. We have a job of work to do, those of us who are pro-European, to persuade our elected representatives in national parliaments that there is not a fight between the European Parliament and national parliaments; there is not a power struggle; that together we can be stronger. Will you join us in that fight?

 
  
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  Pervenche Berès (S&D). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, bienvenue au Parlement européen. Que l’on soit macroniste ou socialiste, on a besoin de membres du Conseil européen qui fassent avancer la question européenne.

Le président de mon groupe, Udo Bullmann, vous a proposé un marché. Certes, c’est franco-allemand, mais je crois tout de même que c’est un bon marché franco-allemand: le nucléaire contre le charbon. Vous ne lui avez pas répondu, aussi je vous offre une occasion de le faire.

Sur la question de l’Union économique et monétaire, je crois que toutes les idées sont sur la table. Nous en partageons beaucoup mais les obstacles se lèvent jour après jour, y compris pendant le week-end. Si vous voulez avancer, vous avez besoin de ceux qui, dans ce Parlement européen, savent que c’est avec la méthode communautaire et non pas avec les égoïsmes nationaux qu’on peut le faire. Quelle place comptez-vous donner à la méthode communautaire et à ce Parlement européen en tant que parlement de la zone euro?

 
  
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  Daniel Caspary (PPE). – Herr Präsident! Herzlichen Glückwunsch, dass Sie mit dem europäischen Thema Ihre Wahl gewonnen haben! Die Menschen sind tatsächlich unzufrieden mit der Europäischen Union. Einige wollen, dass sich Europa aus Dingen heraushält, aber andere wollen auch mehr Europa. Wenn Herr Bullmann die sozialen Themen anspricht: In meinem Heimatland wollen gerade mal 25 % der Menschen, dass sich Europa mehr um die Vergemeinschaftung der Sozialpolitik kümmern soll. Aber 75 % der Menschen in meinem Heimatland wollen mehr europäische Migrations- und Asylpolitik. Sie wollen ein gemeinsames Asylrecht, ein gemeinsames Asylverfahren und einheitliche Leistungen. Kommen wir da bitte voran!

Drei Viertel der Menschen in meinem Heimatland wollen eine bessere europäische Außen- und Verteidigungspolitik. Jetzt hat man sich im Rahmen der PESCO geeinigt, dass man einen Kampfjet bis 2040 gemeinsam entwickeln will. Das ist doch lächerlich! Schaffen wir sowas nicht schneller und intensiver?

Und drei Viertel wollen mehr europäischen Außengrenzschutz. Auch im Haushalt: 10 000 Frontex-Soldaten würden uns gerade mal 600 Millionen Euro im Jahr kosten. Das ist etwas mehr als ein Euro pro Bürger, und wir würden wirklich ein Kernthema, bei dem die Menschen Erwartungen an die Europäische Union haben, beantworten. Ich wäre sehr, sehr dankbar, wenn wir hier nicht nur reden, sondern vor allem auch liefern könnten in den Monaten bis zur Wahl.

 
  
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  Patrizia Toia (S&D). – Signor Presidente, onorevoli colleghi, Presidente Macron, lei ha sicuramente il merito di avere riacceso il sogno europeo andando controcorrente, nel momento in cui soffia forte e soffia ancora il vento antieuropeo, abbiamo sentito dei cenni incredibili.

Questo è un grande merito ma è soprattutto una grande responsabilità e ora ogni sua scelta, ogni suo atto è misurato in termini di coerenza e di efficacia. È vero che le divisioni sono prima di tutto tra europeisti e antieuropeisti e sovranisti: però questa non è la sola divisione, Presidente Macron, mi piacerebbe sapere se lei è d'accordo.

Per realizzare quell'Europa che protegge, di cui ha parlato lei ad Amiens, agli operai, ma che serve a tutti noi, non basta essere europeisti, occorrono anche altre scelte: sul sussidio per una garanzia europea per la disoccupazione, sulla lotta all'austerità cieca, contro la delocalizzazione, per l'immigrazione – e tralascio gli eventi di Bardonecchia – per la difesa dello Stato di diritto, noi del gruppo S&D siamo in prima fila, da anni, in quest'Aula e continueremo ad esserlo.

Però qui ci sono ancora molte differenze tra conservatori, progressisti e molte altre scelte. Ecco allora, Presidente Macron, come sceglierà lei con chi realizzare concretamente, nei fatti, quel sogno che ci accomuna?

 
  
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  Dominique Riquet (ALDE). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, la délégation française du groupe ALDE s’associe à moi pour vous dire qu’il était important que vous rappeliez, ici, à la fois les valeurs et la souveraineté, ou les souverainetés.

Vous avez été le seul candidat, ces dernières années, en Europe, à porter en avant, au moment du risque d’une campagne électorale, ces valeurs dans un discours de légitimité au peuple. Vous êtes donc crédible pour les porter maintenant à nouveau devant nous. J’aimerais vous dire aussi que, malgré quelques égarements dans notre Assemblée – certains voudraient relever la tête des peuples en attendant qu’ils relèvent le bras, peut-être –, une majorité de cette Assemblée va dans votre sens et souhaite plus d’Europe.

Je voudrais quand même souligner que, si le Parlement est habituellement un outil intégrateur, le Conseil est volontiers, au-delà du moteur, le frein de la machine et, souvent, n’est pas l’instance la plus facile pour faire avancer nos dossiers. Par conséquent, nous escomptons que vous mettrez le même enthousiasme à convaincre vos collègues au Conseil de suivre les esprits intégrateurs du Parlement.

En tout cas, merci une nouvelle fois de nous avoir rappelé ce qui était justement important pour les peuples, c’est-à-dire l’Europe.

 
  
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  Marisa Matias (GUE/NGL). – Senhor Presidente, Senhor Macron, o senhor apresentou—se aqui como Presidente de França mas na realidade parece pensar que é um pequeno Napoleão. É que veio fazer uma declaração de amor à democracia, disse mesmo que a democracia não é uma palavra oca e eu pergunto-lhe: que democracia? A democracia que decidiu executar há menos de uma semana quando, unilateralmente, com Trump e May, avançou para o ataque sobre a Síria sem consultar rigorosamente ninguém? A sua conceção de democracia não tem cidadãos? Não tem parlamentos? Não viu sequer a assembleia francesa, ridicularizou as instituições europeias, é essa a sua conceção de democracia?

Senhor Presidente, a sua conceção de democracia não é oca, é inexistente. A sua conceção de democracia é napoleónica e nós queremos uma democracia completa. Se o senhor quer paz no Médio Oriente tem um bom remédio: pare de vender armas, está numa ótima posição para fazê-lo.

 
  
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  Paulo Rangel (PPE). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, je me félicite de votre discours et de votre politique européenne, mais nous avons des divergences. Je dois dire que les listes transnationales augmentent la distance entre les électeurs et les élus. De plus, il n’y a pas d’expérience fédéraliste avec des listes transnationales. Cela n’existe pas aux États-Unis, ni en Suisse, ni dans la République fédérale d’Allemagne. Pour avoir une bonne intégration, nous n’avons pas besoin de listes transnationales.

Par ailleurs, je vous invite à soutenir une proposition figurant dans le rapport sur les parlements nationaux qui sera examiné demain. Il s’agit de créer une Semaine européenne qui se déroulerait simultanément dans les vingt-sept parlements ainsi qu’au Parlement européen, avec des échanges de vues entre commissaires, députés de toutes les nationalités et députés nationaux. Ce serait la «European Week».

Je vous invite à apporter votre soutien à cette proposition que nous approuverons jeudi prochain.

 
  
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  Daniele Viotti (S&D). – Signor Presidente, onorevoli colleghi, Presidente Macron, io la ringrazio molto per aver parlato della necessità di una nuova solidarietà interna tra gli Stati membri dell'Unione europea. Tuttavia, vorrei ricordarle quello che sta succedendo, da molti mesi ormai, al confine franco-italiano di Ventimiglia-Mentone, così come Bardonecchia, Claviers e Montgenèvre, dove la polizia francese ha degli atteggiamenti che sono molto al limite della legalità e anche dell'umanità, respingendo richiedenti asilo e profughi minori, donne incinte, facendole scendere dai treni, e possessori di titoli di transito normali.

Vorrei sapere se lei è a conoscenza di questo fatto e se questa è la solidarietà interna che lei intende.

Infine, un suggerimento e un invito per la Sua collocazione politica, di cui si parla molto in Europa. Il suggerimento è quello di non creare nuove famiglie: non ce n'e bisogno, sono sufficienti quelle che ci sono. L'invito è quello di venire alla prossima riunione del Partito socialista europeo: vedrà che troverà molte affinità nei nostri programmi.

 
  
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  Reinhard Bütikofer (Verts/ALE). – Herr Präsident! Herr Staatspräsident, zur europäischen Solidarität, von der Sie gesprochen haben, gehört im Bereich der Energiepolitik das Thema Nord Stream 2. Dieses Thema trennt gegenwärtig die europäischen Mitgliedstaaten. Nord Stream 2 würde die europäische Gasabhängigkeit von Russland erhöhen, und das zu einer Zeit, in der es – wie Sie vorhin ausgeführt haben – wichtig ist, dass Europa gegenüber Russland eine gemeinsame klare Position hat. Dieses Parlament lehnt Nord Stream 2 mehrheitlich ab. Wie werden Sie uns dabei unterstützen, dieses falsche Projekt zu verhindern?

 
  
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  Νότης Μαριάς (ECR). – Κύριε Πρόεδρε, κύριε Macron, ο ελληνικός λαός άκουσε με ενδιαφέρον την ομιλία σας στις αρχές Σεπτεμβρίου 2017 στον λόφο της Πνύκας στην Αθήνα για το μέλλον της Ευρώπης. Κύριε Macron, η Τουρκία εντείνει καθημερινά την επιθετικότητά της κατά της Ελλάδος, παραβιάζει τα χωρικά ύδατα της πατρίδας μου, παραβιάζει τον ελληνικό εναέριο χώρο· ο Erdoğan απαιτεί αλλαγή της Συνθήκης της Λωζάνης, απειλεί την Ελλάδα με πόλεμο, κρατά παράνομα στις φυλακές τους δύο Έλληνες στρατιωτικούς. Θα ήθελα λοιπόν κύριε Macron να σας ρωτήσω εάν η Γαλλική Δημοκρατία προτίθεται να συνάψει με την Ελλάδα ένα σύμφωνο αμυντικής συνεργασίας, ένα σύμφωνο στρατιωτικής συνδρομής προς την Ελλάδα σε περίπτωση επίθεσης της Τουρκίας κατά της Ελλάδας, ένα σύμφωνο γαλλικής δέσμευσης για παροχή συνδρομής και για προστασία των ελληνικών συνόρων, που είναι άλλωστε και Ευρωπαϊκά σύνορα, και όλα αυτά εδώ και τώρα, γιατί οι τουρκικές απειλές κατά της Ελλάδος εντείνονται κάθε μέρα.

 
  
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  Doru-Claudian Frunzulică (S&D). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, je souhaite le meilleur pour l’Union européenne, une Union unie et forte, une Union qui soit une puissance mondiale démocratique avec des intérêts globaux.

Pour autant, Monsieur le Président, permettez-moi de ne pas être d’accord avec votre Europe à deux vitesses. Ce serait assez dangereux pour l’Europe centrale et orientale. On ne peut pas avoir, encore une fois, des différences de développement entre l’Europe occidentale et l’Europe centrale et orientale.

Monsieur le Président, nous avons besoin d’une Europe unie et solidaire.

 
  
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  Esther de Lange (PPE). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, je vous remercie d’être venu. Nous sommes nombreux à être à vos côtés.

especially when it comes to fighting the nationalistic and romantic – but often dangerous – visions of the 19th century of those who believe that they can go it alone. I believe that cross-border challenges ask for cross-border and European solutions.

You have spoken very little about Economic and Monetary Union (EMU) and the Banking Union. I believe it is very important to reassure those constituents, especially in my Member State but also in others, who say that, of course, France also has some homework to do when it comes to reforms. You have been one of the few presidents who have actually said out loud that France needs to reform before we can take steps at a European level. I thank you for that; I think it is refreshing. But can you reassure my constituents that you will be taking those reforms at home to an end before we take steps at a European level? I look forward to your answer.

 
  
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  Cecilia Wikström (ALDE). – Mr President, thank you, President Macron, for having brought back hope for the future, hope for the Union, to citizens all over our Member States.

In the last Eurobarometer, last year, citizens pointed out that they want Europe to deliver on climate change, on combating terrorism, and on migration. We are delivering on everything except asylum at this moment. Now we need to change that. I am the rapporteur for the reform of the Dublin Regulation, and I count on your support on moving from the Dublin Regulation as we know it to an instrument worthy of the European Union in the 21st century, based on fair sharing between Member States, based on solidarity and based on a modern mechanism that is up and running in days of low influx and high influx – an automaticity that is necessary. If we deliver on this, we can meet citizens in the upcoming elections in 2019 and be strong together. I still believe that it is possible – and I count on you, Mr President – because I still believe that we, in this Union, have our greatest victories ahead of us, and not behind us. But we need you for that. You will be crucial in that development.

 
  
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  Maria Arena (S&D). – Monsieur le Président, Monsieur le Président Macron, je suis vraiment déçue de ne pas avoir entendu dans votre discours ni dans vos réponses un seul mot sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Europe. L’égalité entre les hommes et les femmes en Europe aujourd’hui vit de graves difficultés, que ce soit en Hongrie ou en Pologne, mais aussi de manière générale, que ce soit dans la représentation dans l’emploi, dans la discrimination par le salaire, ou dans la violence. Pas un mot à l’égard de cette discrimination.

Alors, je vous donne une troisième chance, Monsieur le Président, de pouvoir dire, dans votre réponse, quelle sera la position de la France en ce qui concerne l’initiative de la Commission européenne sur l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, sur les congés parentaux qui vont enfin permettre à ces pères et à ces mères d’assumer leur vie professionnelle mais également leur vie familiale et de donner ainsi tout l’épanouissement possible aux enfants européens.

 
  
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  Ivo Belet (PPE). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, j’aimerais vous poser une question en néerlandais. Vous avez parlé de la protection des citoyens et nous sommes totalement d’accord avec vous.

Voorzitter, één van de fundamentele prioriteiten daarbij - en u hebt ernaar verwezen - is de uitbouw van een Europese defensie is. De Belgische regering is aan het nadenken en wil de komende weken de komende maanden zijn F-16's vervangen door uitsluitend Amerikaanse gevechtsvliegtuigen. Welke initiatieven denkt u te nemen om niet alleen de Belgische regering, maar zoveel mogelijk partners in de Europese Unie ervan te overtuigen om mee te stappen? Om die partners ertoe te verleiden om mee te stappen in dat fascinerende Europese project van een gezamenlijke Europese defensie en daar gezamenlijk in te investeren en om die partners daar op korte termijn van te overtuigen?

 
  
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  Maria Grapini (S&D). – Domnule președinte Macron, sunteți proeuropean. Sunt și eu proeuropean. Aici, în spatele dumneavoastră mă aflu. Sunt și eu proeuropean și vă felicit pentru ceea ce ați spus aici, însă v-ați contrazis într-o privință și aș vrea să-mi răspundeți, poate clarificați.

Sunt de acord cu dumneavoastră că nu trebuie să avem o democrație autoritară, ci să avem autoritatea democrației. Este foarte important acest lucru. Însă nu credeți că declarațiile dumneavoastră legate de faptul că Franța și Germania trebuie să fie nucleul dur și să conducă și această aroganță de a fi o putere peste celelalte state duc la euroscepticism? Cum să convingem noi cetățenii din țara mea, din România, că sunt egali la masa negocierilor, dacă dumneavoastră ați declarat că vreți o Europă cu două viteze, că vreți să fie două state care să fie „mai state” decât celelalte? Cum să facem să reformăm Europa, despre care dumneavoastră ați vorbit, dacă vreți această discrepanță între statele membre?

 
  
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  Henna Virkkunen (PPE). – Arvoisa puhemies, arvoisa presidentti Macron, kiitän Teitä puheestanne ja myös siitä aktiivisuudesta, intohimosta ja energiasta, jota olette tuoneet Eurooppa-keskusteluun. Sitä kotimaassani Suomessa myös arvostetaan. Puhuitte hyvin paljon Euroopan suvereniteetista. Se on tietenkin tärkeä asia, mutta vain siihen rajaan saakka, että se ei saa tarkoittaa protektionismia tai sisäänpäin kääntymistä.

Päinvastoin näinä aikoina, kun kansainvälisesti eletään vaikeita aikoja, on tärkeää, että Eurooppa ottaa vahvemman roolin globaalina johtajana, edistää rauhaa ja vakautta, on aktiivinen kauppasopimuksissa ja edistää kansainvälistä sitoumuksiin ja sopimuksiin perustuvaa yhteistyötä, muun muassa ilmastonmuutoksen torjunnassa. Pidin erityisen paljon siitä, että korostitte eurooppalaisten demokraattisten arvojen merkitystä, ja siitä, että kaikkien jäsenmaiden on näihin arvoihin sitouduttava.

Kysynkin, miten aiotte Eurooppa-neuvostossa toimia sen eteen, että varmistamme, että kaikki Euroopan unionin jäsenmaat noudattavat ja sitoutuvat eurooppalaisiin arvoihin, tällä hetkellä ja myös jatkossa?

 
  
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  Juan Fernando López Aguilar (S&D). – Señor presidente, presidente Macron, a muchos nos ha gustado la energía que ha puesto en su turno de respuesta, como nos gustó el elogio que hizo de la nobleza y complejidad de la democracia – lo que es un mensaje contra el populismo – y la reivindicación de la autoridad de la democracia – lo que es un mensaje contra la democracia iliberal.

Pero le respondió el presidente Juncker que la historia del mañana se escribe hoy, y el tiempo ya corre en nuestra contra, porque las elecciones de 2019 son un test, un examen para el liderazgo europeo esencialmente en dos puntos.

El primero: equilibrio entre libertad y seguridad. ¿Lucha contra el terrorismo? Sí – se lo digo en español... que tanto hemos sufrido la lacra del terrorismo y tanto debemos a Francia – ; pero, al mismo tiempo, preservación de la libre circulación de personas, lo más preciado para los europeos.

Y, en segundo lugar: aquellos primeros ministros que se comprometen a incrementar los recursos al presupuesto de la Unión, que aseguren que en el próximo presupuesto hay recursos propios, tasa de transacciones financieras, que tanto hemos reclamado y aún no está en vigor en el nivel europeo. Y, por supuesto, también una lucha sin cuartel contra los paraísos fiscales y contra el fraude fiscal.

 
  
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  Anna Maria Corazza Bildt (PPE). – Monsieur le Président, Monsieur le Président de la République, je veux tout d’abord rendre hommage à la France, qui joue un rôle essentiel dans la lutte contre le terrorisme et la traite des êtres humains au Sahel. Je reviens du Niger, j’en suis témoin. Merci à la France qui nous protège.

Je reconnais aussi le rôle-clé joué par la France pour la paix en Europe. Il faut continuer à le respecter, mais il faut que soient de notre côté les citoyens, qui ont du mal à comprendre pourquoi la réconciliation entre la France et l’Allemagne ne peut, de nos jours, se célébrer de façon moins chère, plus proche d’eux. Monsieur le Président, je ne m’attends pas aujourd’hui à une réponse, mais tout simplement à une ouverture, à l’écoute des voix qui se lèvent des quatre coins de l’Europe et nous demandent pourquoi tant de gâchis et non une Europe plus efficace, plus cohérente, qui préserve notre planète, fidèle aux accords de Paris.

Nous, représentants des Européens, votons de façon régulière et constante à une large majorité, au-delà des groupes politiques et des nationalités, pour un siège unique du Parlement européen. Nous sommes confiants dans le fait qu’un leader courageux comme vous ne fermera pas les portes au dialogue, alors engageons-le sans tabou, sans réserve. Ne laissons pas les Européens se retourner contre nous, ne les laissons pas sur le bord de la route alors qu’ensemble, nous construisons leur futur.

 
  
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  Presidente. – Tanti altri parlamentari avrebbero voluto prendere la parola. Mi scuso se non ho potuto darla a tutti coloro che la desideravano ma la discussione si è protratta ben oltre le previsioni. Ci saranno altre occasioni per intervenire.

Mi scuso veramente con tuti i deputati che hanno atteso per poter rivolgere la loro domanda al Presidente della Repubblica francese.

 
  
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  Emmanuel Macron, président de la République française. – Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, je vais essayer de synthétiser les réponses à toutes les questions qui ont été soulevées.

Il y a eu une série de questions sur la politique migratoire. Je tiens d’abord à dire que tout ce qui se passe entre la France et l’Italie ne se passe pas à l’initiative de l’un ou de l’autre, mais en coordination parfaite. Je l’ai dit en soulignant la parfaite entente que nous avons entre nos deux pays pour gérer le flux migratoire et des situations – vous avez raison de le rappeler – qui sont toujours des situations humaines extrêmement difficiles et préoccupantes et qui appellent d’abord la plus grande humanité mais aussi cette coordination. Par conséquent, je me félicite de l’exemplarité de la relation entre la France et l’Italie, qui se poursuivra. La France a adopté une réforme en début d’année, à l’initiative de parlementaires, pour permettre l’application du règlement de Dublin, certes actuellement insatisfaisant – et je vous rejoins sur ce point –, mais ne plus l’appliquer du tout était insoutenable pour un pays comme la France qui compte aujourd’hui des milliers de personnes dont la situation leur permet d’être dans des camps de réfugiés, alors même qu’elles ont reçu un refus, par exemple, en Allemagne. De 50 à 60 % des personnes qui sont réfugiées en France, en particulier en région parisienne, sont ce qu’on appelle – je n’aime pas cette formule, mais elle est souvent reprise – des «dublinés» de pays voisins. Aussi, si nous ne faisons pas fonctionner le système actuel, avec toutes ses imperfections, c’est insoutenable, en particulier pour un pays comme la France. Par conséquent, sur ce point, j’assume le réalisme dont nous avons fait preuve, qui a permis de reprendre ce qui a été fait depuis plusieurs années et qui sera poursuivi.

Maintenant, la question est de savoir comment réformer ce système, parce que je ne m’en satisfais pas et je considère qu’il ne permet pas de répondre aujourd’hui au défi migratoire tel que nous le connaissons. D’abord, en allant vers une harmonisation des règles. C’est ce que nous voulons faire, en particulier avec l’Allemagne et avec l’Italie. Harmoniser nos règles, c’est permettre de gérer de manière beaucoup plus coordonnée l’accueil – nous devrions nous inspirer en grande mesure, en la matière, de nos voisins allemands –, les délais et les règles en matière d’asile et de traitement des situations irrégulières – à ce propos, je vous invite à regarder les règles en vigueur en Allemagne qui sont encore plus drastiques que celles proposées aujourd’hui par la France –, mais avec, derrière, un investissement pour l’intégration des populations et de celles et ceux qui obtiennent des titres, ce qui est aussi notre souhait. C’est vers cette coordination que nous irons à court terme grâce à la loi. Enfin, plus largement, il y a l’étape européenne qui est, comme je l’ai dit tout à l’heure, celle qui me paraît la plus efficace. Sur ce point, je veux ici, en réponse à plusieurs d’entre vous, défendre, d’une part une, plus grande solidarité extérieure aux frontières. Nous avons besoin, en effet, d’assumer un investissement européen pour protéger les frontières européennes et ne pas laisser la charge aux pays d’entrée. C’est une réforme indispensable sans laquelle nous ne pouvons soutenir aujourd’hui les migrations auxquelles nous avons à faire face et qui vont se poursuivre. D’autre part, il convient d’aller vers un système d’asile commun. J’y suis favorable; c’est la meilleure réponse. Aujourd’hui, nous essayons de coordonner les choses. Je suis favorable à un système d’asile commun où tous les États membres adopteraient les mêmes règles. Enfin, il nous faut construire les règles d’une solidarité interne et, sur ce point, plusieurs réflexions sont en cours. Nous avons vu toutes les difficultés d’une politique de relocalisation – qui, dans l’urgence, était indispensable. Si l’on veut construire la réglementation et les lois qui, demain, permettront justement de faire face à ce défi, je suis favorable à ce que nous assumions un financement de politique solidaire. C’est pour cela qu’avec d’autres, je pousse cette idée d’avoir une agence qui puisse financer les collectivités qui seront candidates pour accueillir et intégrer des réfugiés. On voit toute la difficulté de certains débats nationaux, on voit aussi des villes qui sont prêtes à aller dans ce sens. Simplement, la solidarité européenne est indispensable pour financer l’accueil et la politique d’intégration. Sur ce point, vous l’avez compris, je suis favorable à beaucoup plus de convergence, de solidarité interne et externe, et au fait d’avoir les mêmes règles communes. Dans le débat français, on mésestime souvent le fait que le problème que nous avons depuis des décennies en France, c’est que nous accueillons mal tout le monde, que nous faisons attendre tout le monde, que nous avons des délais qui sont parmi les plus élevés d’Europe pour octroyer l’asile et que, dans le même temps, nous ne savons pas raccompagner celles et ceux qui ne sont pas éligibles à l’asile et qui n’auront aucun titre. Par conséquent, nous sommes dans une situation où on accueille mal tout le monde, on n’intègre bien quasiment personne et on ne raccompagne aucune des personnes n’ayant pas le droit de recevoir un titre de séjour.

Alors je veux bien qu’on défende un tel système, mais je peux vous dire une chose: il n’est ni juste ni efficace. Par conséquent, j’assume ce passage qui est insatisfaisant pour tout le monde. Les uns disent que c’est injuste, parce qu’en effet, nous sommes plus durs avec ceux qui restent en situation irrégulière. Nous sommes plus durs pour pouvoir mieux accueillir ceux qui seront en situation régulière, celles et ceux qui ont droit à l’asile.

Ensuite, vous m’avez interrogé sur le Brexit. J’ai une réponse très directe sur la position que la France aura vis-à-vis du Royaume-Uni et la situation post-Brexit. Je suis pour la relation la plus intégrée possible, la plus proche, et il y a une solution: on la connaît bien, c’est l’EU Membership. C’est celle qui permet d’ailleurs le bon accès au marché unique, qui permet l’accès aux libertés et une très bonne intégration. Je sais qu’on ne peut pas promettre quelque chose à son peuple et ensuite vouloir lui donner le contraire. Il y aura donc des négociations. Elles sont conduites par Michel Barnier dans le cadre d’un mandat donné par le Conseil. Je tiens beaucoup à l’amitié avec la Grande-Bretagne et nous avons des relations bilatérales sur le plan de la défense et de la gestion des frontières communes, mais il n’y a pas de cherry-picking dans le marché unique. C’est un principe simple. Je crois dans l’Europe et, donc, je crois dans ce que nous avons fait. Par conséquent, les libertés en Europe sont solidaires et l’accès plein et entier suppose la reconnaissance de toutes ces libertés, la juridiction européenne et la contribution au budget. Après, on connaît les formules, mais il faut être cohérent dans les choix que l’on fait. C’est aussi cela la démocratie, c’est expliquer le What if scenario jusqu’au bout. Il y a beaucoup de gens qui proposent – pour faire un clin d’œil à votre pays – des What if scenarios, mais ils ne l’expliquent pas le jour d’après: le jour d’après est forcément le moment où il faut étreindre le principe de réalité.

En ce qui concerne les régions en Europe, je crois à une chose. Je suis sensible à toutes les expressions culturelles. Elles y ont leur place et l’Europe les a toujours reconnues, mais je crois aussi au cadre constitutionnel dans lequel elles s’expriment. Vous êtes des parlementaires européens élus dans différents pays: la France, l’Espagne ou d’autres, où la souveraineté s’exprime à l’échelle d’un État. C’est donc dans ce cadre-là que ma réponse pourra se faire. Je suis favorable au fait d’accompagner des spécificités culturelles, la richesse de nos diversités, mais de le faire dans un cadre qui est un cadre démocratique. Et ce cadre démocratique suppose que l’on respecte les constitutions que nos peuples ont choisies. Cela peut plaire ou ne pas plaire, mais ces constitutions ne se découpent pas et la souveraineté ne se détricote pas, sauf si le peuple décide de le faire.

Ensuite, sur le lien avec les élections européennes, j’ai reçu toutes les formations politiques en France avant de faire ce choix. D’abord, est-ce que les circonscriptions régionales avaient réconcilié la France avec l’Europe et permis une participation bien supérieure? Non. Toutes les formations politiques étaient d’avis d’avoir une circonscription nationale – toutes sauf la vôtre, je reconnais votre constance à le défendre ici, mais l’honnêteté m’oblige simplement à vous rappeler que vous étiez les seuls. Tous les autres étaient pour une circonscription nationale, compte tenu d’ailleurs du fait que les circonscriptions que la France avait jusqu’alors retenues ne correspondaient à aucune réalité ni politique, ni administrative, ni même d’identité locale. Vous le savez très bien, elles étaient des découpages relativement artificiels de régions dont la seule cohérence était le bottin téléphonique d’il y a une trentaine d’années. Je crois que cela ne correspond pas, d’un point de vue politique, à la réalité de la France ni d’hier, d’ailleurs, ni d’aujourd’hui, ni de demain. Je pense que cette réforme qui a été voulue par la quasi-totalité des formations politiques françaises était donc la bonne et je crois au système du Spitzenkandidat. Je pense qu’il est très bon. Donc, sur ce point, rassurez-vous. Je n’appartiens aujourd’hui à aucune famille politique qui est représentée parmi vous. C’est ma liberté, c’est d’ailleurs assez conforme à l’esprit de la Constitution française et cette liberté me donne le droit de ne pas, en quelque sorte, rentrer dans les délibérations qui sont les vôtres et qui seront celles du Parlement et des familles politiques que je respecte éminemment mais qui ne sont ni celles du Conseil européen, ni celles du Président de la République française. Par conséquent, je considère que c’est en effet une avancée que les familles politiques existantes proposent un Spitzenkandidat. Je considère qu’il était même plus démocratique d’aller au bout de cette logique et qu’il y ait une forme d’émanation européenne et un début de dèmos européen qui puisse se faire. Si on avait été cohérent jusqu’au bout, ce président, ce Spitzenkandidat aurait été la tête de liste d’une partie européenne. Je n’y suis pas du tout opposé, je ne suis simplement pas partie prenante d’une famille politique de votre Parlement. C’est donc à ce titre, me semble-t-il, extrêmement cohérent.

Je voudrais simplement dire à Monsieur le député qu’à peu près tous les États que vous avez cités, en effet, sont des États fédéraux, donc leurs listes sont des listes fédérales. Vous avez raison de dire quelles ne sont pas transnationales, mais parce qu’ils sont déjà fédéraux. Si on veut avoir un début de réflexion fédérale, on est obligé d’aller vers des listes qui sont transnationales, qui sont au fond des listes vraiment européennes et qui ne sont plus des listes nationales reflétant des convictions européennes. Je voulais juste faire ce distinguo qui me semble montrer la réalité, parce que vous auriez pu conduire à d’autres interprétations.

Ensuite, plusieurs d’entre vous m’ont parlé justement de l’Europe qui protège. Je veux ici vous dire qu’en assumant mes responsabilités, c’est le principe que j’ai voulu porter à la Commission européenne. Certains d’ailleurs m’ont suivi dans cette formule. Je crois à une Europe qui protège. C’est la base de la souveraineté. La souveraineté, c’est à la fois la protection et la capacité à porter sa voix dans le concert des nations et à l’international. C’est d’ailleurs le pacte même qui fait que nos concitoyens nous font confiance. Alors oui, je crois à une Europe qui protège sous toutes les formes. J’ai défendu cette formule dans tous mes discours et dans mon action. C’est aussi au titre de cette Europe qui protège que j’ai voulu – je l’ai fait dans mon discours et j’ai salué votre engagement sur ce point – porter une réforme plus ambitieuse et plus rapide du travail détaché car je pense que c’est très concret. Cela parle à nos concitoyens, et vous savez, cela leur parle beaucoup plus que toutes les histoires de listes électorales ou de taille. Ce qui parle à nos concitoyens, ce ne sont pas nos sujets d’appareils politiques mais les sujets dont on débat et les réponses qu’on apporte à leur vie quotidienne. Pour nos concitoyens, ce n’est pas le cadre ou le décor de notre action qui prime, c’est le fond. Par conséquent, l’Europe qui protège, c’est comment régler la question du dumping social dans notre Europe. Je vais être très direct avec vous: quand on défend une réforme de la directive sur le travail détaché, pour une Europe qui protège, on est justement conforme à l’intérêt européen et on ne part pas dans une espèce de dérive ou de trahison de l’histoire européenne, cher Monsieur le député, qui consiste aujourd’hui à faire avancer l’Europe par le dumping fiscal et social. Je considère que, si l’on croit au projet européen, on doit prendre acte du fait que nous avons des politiques agricoles ou de cohésion ambitieuses – et je les défends. Regardez les fondamentaux philosophiques et politiques qui nous ont conduits à décider de ces politiques. C’était de faire converger tous les pays vers une espèce de standard européen. Depuis des années, nous avions accepté que ces politiques servaient à financer, chez certains, des modèles alternatifs et, donc, du dumping fiscal et social. Par conséquent, on utilise les fonds de cohésion pour baisser son impôt ou créer des niches fiscales pour attirer des entreprises contre les autres États européens. Ou, pour maintenir des modèles sociaux qui sont insoutenables, on paie moins bien ses travailleurs et on décide parfois de les payer encore moins bien pour attirer des entreprises au sein de l’Europe. Je crois tout à fait à la nécessité d’aller vers une compétitivité européenne renforcée et je mène ces politiques de réforme dans mon pays. Mais je pense qu’il est impossible de mener de telles politiques si, dans le même temps, nous n’avons pas une vraie volonté de cohésion au niveau européen et, donc, de convergence et si nous n’utilisons pas à la fois nos directives, notre droit et l’argent que nous investissons dans notre budget pour permettre ces convergences. Par conséquent, je crois à une Europe qui protège, je crois à une Europe de la convergence, en particulier sur le plan fiscal et social, et donc à un renforcement de la lutte contre les politiques d’optimisation, fiscale et sociale, et non coopératives entre nos pays.

Vous m’avez ensuite interrogé sur les politiques commerciales. Sur ce point, vous avez souligné toutes les tensions qui existent et je me retrouve parfaitement dans ce que le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dit tout à l’heure. Je crois dans la politique commerciale que nous avons construite sur le plan multilatéral. Elle s’est fixé des règles, c’est l’OMC qui les défend. Je ne suis pas pour qu’on se replie nationalement, parce que cette politique commerciale crée des règles du jeu et ce sont des opportunités de croissance. Maintenant, je ne suis pas pour une politique commerciale naïve. C’est pour cela que j’ai défendu les secteurs stratégiques qui sont précisément à défendre et je pense qu’on ne peut pas tout acheter ou investir dans tous les secteurs innocemment dans nos pays. D’ailleurs, je vous invite à regarder comment s’organisent les autres pays, y compris lorsqu’ils adhèrent à l’OMC. Ils ont toujours défendu leurs propres intérêts stratégiques et nous avons parfois souffert de trop de naïveté sur ce point. Enfin, je suis favorable à ce que notre politique commerciale soit pleinement cohérente avec nos autres objectifs. Le traité de libre-échange avec le Canada avait été négocié – d’ailleurs, si l’on suit jusqu’au bout la compétence telle qu’elle est normalement définie, il s’agit d’une compétence communautaire, qui aurait donc pu être exercée jusqu’au bout. Il a été décidé de renvoyer le dossier aux parlements nationaux. Un grand travail a été fait au niveau du Parlement français pour suivre ce texte, permettre de l’améliorer et s’assurer qu’avant d’être ratifié et tout au long de son application, il sera conforme à nos exigences, tout particulièrement sur le plan climatique.

Le Premier ministre canadien s’exprimera cet après-midi devant le Parlement français, où il aura d’ailleurs l’occasion de rappeler son attachement à ces principes. Mais, pour ma part, je souhaite qu’au sujet de la politique commerciale qui est à venir et qui est la nôtre, nous ayons un minimum de cohérence, c’est-à-dire que nos engagements environnementaux, sociaux et sanitaires se reflètent toujours dans nos négociations commerciales. On ne peut pas négocier de nouveaux traités où l’on accepte d’ouvrir des lignes commerciales avec des espaces géographiques ou des pays qui, de manière revendiquée, soit ne veulent pas de l’accord de Paris, soit décident que leur modèle social est basé sur un dumping revendiqué ou sur tel ou tel mécanisme d’optimisation, parce qu’à ce moment-là, on explique que l’on fera du commerce, mais aux dépens de celles et ceux à qui, dans notre espace, on impose des règles. Notre politique commerciale doit donc être cohérente avec nos engagements environnementaux, sociaux et sanitaires.

Vous êtes revenus à plusieurs reprises les uns et les autres sur la question de la Syrie. Je me permets d’abord de vous dire qu’aujourd’hui, aucun contribuable européen ne finance les interventions ciblées faites par la France, c’est le contribuable français. Donc, sur ce sujet, qu’il n’y ait pas de malentendu entre nous. Ensuite, je veux ici redire, parce que la démocratie a des règles, qu’il ne peut pas uniquement s’agir de règles qui nous arrangent. Le Président de la République française est le chef des armées, c’est la Constitution française, votée par le peuple français, qui l’a décidé ainsi et qui fait que le Président de la République a des responsabilités et peut prendre certaines décisions. La Constitution prévoit que le président est ensuite tenu d’informer la représentation nationale, ce qui a été fait, et nous avons même décidé qu’il y ait un débat. Chaque pays, de par sa Constitution, a ses règles, mais vous ne pouvez pas me donner des leçons de démocratie en expliquant que les règles françaises ne vous plaisent pas. Elles ont été décidées par le peuple français souverain et votées par celui-ci lorsqu’il a eu à décider de sa Constitution. C’est ainsi et cela continuera de l’être pour ce qui est de la compétence du président français. Si c’est une intervention européenne, une politique européenne, ce sont les règles européennes qui prévalent, mais aimer la démocratie et la souveraineté, cela ne veut pas dire pour autant vouloir mélanger toutes les règles ou tout ce qui nous lie. Enfin, je veux rappeler – et je ne serai pas plus long sur la Syrie, puisque j’ai déjà, tout à l’heure, longuement détaillé notre position – le cœur de l’action de la France, depuis des mois, c’est une action diplomatique et humanitaire ainsi que la préparation de la suite, ce qui nous a d’ailleurs permis, au Conseil de sécurité, à plusieurs reprises, de prendre une résolution pour le cessez-le-feu et l’accès humanitaire qui n’a pas été respectée, mais que la Russie avait accepté de signer, parce que nous nous étions activés. Il s’agissait de la résolution 2901, il y a quelques semaines. Nous avons, dès le lendemain, repris cette initiative diplomatique et nous sommes sur le terrain sur le plan humanitaire avec nos ONG et le soutien annoncé hier. Par ailleurs, nous avons constamment favorisé une politique également de préparation de la suite – je l’ai dit à l’Assemblée générale des Nations unies – et nous avons pris l’initiative de ce qu’on a appelé le small group, avec plusieurs pays de la région, pour permettre également de préparer la Syrie de demain avec la participation, notamment, des pays où vivent aujourd’hui des millions de réfugiés syriens. Je pense à la Jordanie, au Liban et à la Turquie. C’est donc bien cela qui est, pour moi, l’essentiel de ce qui se joue aujourd’hui en Syrie et que je voulais rappeler.

Ensuite, je voudrais dire deux mots sur la politique énergétique. Premièrement, je comprends totalement vos préoccupations au sujet de Nord Stream2 et je dois d’ailleurs vous dire que la chancelière Angela Merkel les a exprimées elle-même, il y a quelques jours, en reconnaissant que c’était une affaire extrêmement délicate parce qu’elle met en cause notre souveraineté collective, notre souveraineté énergétique à l’égard de la Russie. Selon moi, la politique énergétique que nous devons avoir tient dans ces lignes et cela va me permettre de répondre à votre proposition franco-allemande sur le plan énergétique. Nous devons avoir une politique énergétique qui soit cohérente avec nos engagements de réduction des émissions de CO2 et qui assure la souveraineté énergétique de l’Europe, parce que si nous lui cédons quoi que ce soit, ce ne sera pas possible. La stratégie française a été de tenir ces deux lignes. Certains n’aiment pas le nucléaire, je l’entends. Le nucléaire néanmoins n’émet pas de CO2 et il en émet beaucoup moins que le charbon. Il n’est pour autant pas bon de trop dépendre du nucléaire et, à cet égard, mon prédécesseur avait engagé la France dans une stratégie de transition qui est tout à fait souhaitable et qui a été confortée. Mais la France aura une ligne très claire sur ce point. Notre volonté est de développer beaucoup plus et de continuer à le faire, les énergies renouvelables pour améliorer le mix, de le faire en lien avec l’ensemble des pays européens pour améliorer les interconnexions qui permettent d’ailleurs de mieux utiliser ces énergies. Mais notre souhait est de ne rien céder à notre souveraineté énergétique, ni à la souveraineté des pays autour. Vous pouvez agiter toutes les peurs. Ce que je dis simplement, c’est que nous avons l’Autorité de sûreté, qui est la plus exigeante et, regardez ce qui s’est passé, je n’ai pas vu ces dernières années, y compris lors des incidents qui ont pu survenir bien loin de chez nous, des victimes à déplorer au même titre que pour d’autres énergies. Je constate donc simplement qu’il y a une exigence de sûreté à avoir et que nous avons, et qu’il y a aussi une exigence de diminution de la dépendance de production d’énergie qui doit se poursuivre. Il faut réduire la part du nucléaire, mais il faut le faire à un rythme qui permette de maintenir cette souveraineté. Si la fermeture de centrales conduit à rouvrir des centrales à charbon, ce qui a été le cas en Allemagne malheureusement, vous dégradez votre bilan de CO2, ce qui est exactement contraire aux accords de Paris, et si l’accélération de ce rythme, sans préserver votre souveraineté énergétique, conduit à accroître votre dépendance à l’égard de telle ou telle puissance souveraine non européenne, en particulier la Russie, pour importer de l’énergie, ce n’est pas une bonne décision. J’assume donc pleinement d’avoir une stratégie énergétique qui a une priorité absolue: réduire les émissions. C’est pour cela que j’ai décidé de fermer toutes les centrales à charbon et toutes les centrales thermiques dans ce quinquennat. La loi a été votée, ce n’est pas une pétition de principe, elles seront toutes fermées, donc il n’y en aura plus. Il faut engager, sur le plan de la mobilité, une transition qui impose d’aller beaucoup plus loin avec une hausse du prix des carburants et une convergence diesel-essence, ce qui est aussi indispensable, et avec une politique d’investissement en énergies renouvelables qui est absolument indispensable pour aller beaucoup plus loin et qui permettra de réduire au fil du temps, au rythme qui a été rappelé par le ministre d’État, Nicolas Hulot, il y a quelques mois, la part du nucléaire. C’est cette stratégie que nous avons décidé de retenir parce qu’elle permet de tenir ces deux lignes: baisse des émissions et souveraineté énergétique. Je souhaite donc qu’avec l’Allemagne, nous tenions ces deux lignes, et je ne céderai ni aux politiques qui nous conduiraient à accroître, même à court terme, les émissions de CO2, ni à celles qui nous conduiraient collectivement à de la dépendance à l’égard d’autres puissances pour pouvoir aujourd’hui faire fonctionner nos économies.

Ensuite, en matière d’union et d’intégration économique et monétaire, je dois vous le dire, il y a déjà une Europe à plusieurs vitesses. Il ne faut pas se tromper: il y a l’Europe de l’euro, il y a l’Europe de Schengen, il y a donc déjà plusieurs vitesses dans notre Europe. Pour moi, le devoir moral qui est le nôtre, c’est de ne pas déclarer ces clubs comme étant fermés et de ne pas déclarer que nous décidons ab initio avec qui nous allons travailler ou pas, mais de prendre acte que pour avancer en Europe, il faut que les plus ambitieux et les plus volontaires puissent aller de l’avant, c’est d’ailleurs comme cela que l’Europe a toujours avancé. Si l’Europe avait toujours attendu la totalité du club mais – pardon de vous le dire – vous ne seriez pas là. L’Europe est née de l’ambition de quelques-uns qui ont parfois pris des risques fous et qui ont poursuivi ces rêves fous, qu’il faut donc poursuivre.

Dans ce cadre, je souhaite que nous ayons plus d’ambition pour l’Union économique et monétaire. D’abord à court terme – je vais être très clair –, nous devons parachever les engagements pris en matière d’union bancaire et aller, dans cette législature, au bout de ce qui a été décidé il y a plusieurs années. Il est clair que nous devons, au niveau des pays, effectuer les réformes qui nous mettent en cohérence avec, en particulier, le Semestre européen et les engagements qui sont les nôtres, parce que c’est la part de responsabilité qui revient aux États. C’est ce que j’ai décidé pour la France et que j’avais présenté au peuple français dans le cadre de mon élection. Nous devons aussi aller vers plus de solidarité au sein de cette union parce qu’aujourd’hui, ce qui dysfonctionne, en particulier, dans la zone euro, c’est que nous nous sommes dotés d’instruments de responsabilité, mais que nous n’avons pas pris de décisions en matière de solidarité et qu’il n’y a aucun espace monétaire au monde qui fonctionne avec les contraintes d’une monnaie commune, avec des réformes qui sont totalement légitimes sur le plan intérieur et sans une capacité budgétaire qui permette l’investissement, la convergence et la stabilisation en cas de crise.

(Applaudissements)

C’est donc ce projet que je défends, celui sur lequel je veux travailler avec la chancelière Angela Merkel et avec tous les partenaires dans la zone euro comme en dehors, parce que c’est une discussion qui a pour objectif final que l’ensemble des pays qui le souhaitent puissent la rejoindre. Il est donc essentiel qu’il y ait des discussions régulières non seulement au sein de la zone euro mais aussi de manière plus large. Je vous rejoins donc sur ce point: nous devons aller vers une forme politique qui ne peut pas être uniquement intergouvernementale. Il y a donc une part d’intergouvernemental, il y a des instruments intergouvernementaux qui existent et cela impliquera la décision, évidemment, des États et des gouvernements, mais il faut aussi qu’il y ait des structures de type communautaire qui puissent se mettre en place à ce niveau. C’est donc pour cela que j’avais salué les propositions. Je pense qu’il faut qu’on essaie d’aller plus loin que ce qu’avait fait le président de la Commission, parce qu’il y avait cette réflexion selon laquelle il y aurait une ligne «zone euro». Je pense qu’on a besoin simplement d’avoir, là aussi, un principe démocratique et une gouvernance démocratique au niveau de la zone euro. On a sans doute besoin d’avoir, au niveau de la zone euro, une représentation des parlementaires ici rassemblés, sur certains sujets, en tout cas un cercle plus rassemblé parce qu’il y aura des questions extrêmement importantes qui supposeront un contrôle démocratique devant un Parlement qui aura à en connaître, parce qu’il faudra une forme d’exécutif qui sera compétent et qui aura mandat. Cela ne pouvant pas rester simplement au niveau intergouvernemental, nous devons trouver un cheminement pour aller, en tout cas, vers une forme institutionnelle et démocratique beaucoup plus intégrée au niveau de la zone euro ou de toutes celles et ceux de la zone euro qui voudront intégrer un tel projet. Je crois que si nous ne faisons pas, ces prochaines années, et si nous ne décidons pas, ces prochains mois, cette avancée organisationnelle et institutionnelle qui permet justement une plus grande stabilité et une plus grande capacité à investir, nous ne pourrons pas aller de l’avant en Europe.

Vous m’avez interrogé sur beaucoup d’autres sujets, mais je crois que j’ai largement dépassé l’heure. Je voulais quand même saisir l’opportunité que vous m’avez offerte de parler de l’égalité hommes-femmes. C’est un sujet que j’ai constamment défendu, que nous avons défendu pendant la campagne et dont j’ai fait la grande cause du quinquennat. Nous le défendons en ce moment par une loi qui est examinée en France. Donc, sur ce sujet, rassurez-vous, mon engagement est entier. Sur les propositions qui sont faites et le projet de directive, j’en approuve totalement le principe, mais les congés parentaux payés au niveau de l’indemnité maladie journalière, c’est une belle idée qui peut coûter très cher et finir par être insoutenable. En France, nous allons donc réformer le congé, en particulier les congés parentaux, pour le conjoint qui, aujourd’hui, ne peut pas en bénéficier ou en bénéficie beaucoup moins. Je pense qu’il faut avoir une ambition égalitaire et aller beaucoup plus loin, mais nous ne pouvons pas la faire payer par des systèmes, parfois en les déséquilibrant. Il faut travailler sur la proposition, j’en approuve les principes, mais les modalités ainsi décrites, telles qu’elles sont analysées sur le système français, ont un coût qui est potentiellement explosif. La France va elle-même faire une proposition allant dans ce sens; je crois, en tout cas, à cette égalité et la réforme du congé parental que nous porterons ira dans ce sens.

Enfin, en ce qui concerne la défense stratégique de notre Europe et la politique de défense, je l’ai dit: la France croit dans cette politique de défense. Le président Verhofstadt, tout à l’heure, a rendu hommage à l’Assemblée nationale française qui, il y a quelques décennies, avait mis un coup d’arrêt à des projets bien connus. Je crois qu’on peut se féliciter, collectivement, d’avoir ces derniers mois beaucoup avancé parce qu’un compromis a été trouvé, parce que la Commission a poussé un projet ambitieux et parce que vous êtes d’ailleurs vous-mêmes en train de poursuivre cela en travaillant sur le Fonds européen de défense. Je souhaite que nous allions au maximum de cette ambition. Mais il s’agit aussi de notre souveraineté et, en attendant, je veux dire très clairement que la France se tiendra à chaque instant aux côtés de tout État membre lorsque sa souveraineté sera attaquée. C’est la position que nous avons prise fermement dès le premier jour aux côtés de la Grande-Bretagne lorsqu’a éclaté l’affaire Skripal. C’est également la position que nous tenons constamment aux côtés de la Grèce lorsqu’elle est menacée en Méditerranée orientale. Il y a quelques jours, j’en ai parlé avec le Premier ministre Alexis Tsipras. Nous aurons constamment cette position de là où nous sommes parce que le cœur de notre souveraineté commune c’est d’avoir cette solidarité entre nous.

Voilà, Mesdames et Messieurs, je n’ai sans doute pas répondu à toutes les questions, mais j’ai essayé d’être le plus exhaustif possible, et j’ai été très heureux de le faire ici à Strasbourg. À Strasbourg, on ouvrira aussi une université européenne, Monsieur le député, comme dans beaucoup d’autres lieux parce que c’est une belle idée. Je crois que cette Europe de Strasbourg, nous en sommes fiers. En tout cas, pour ma part, j’en suis fier et je vous remercie d’honorer cette belle ville européenne de votre présence.

(L’Assemblée, debout, applaudit l’orateur)

 
  
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  Le Président. – Monsieur le Président, je vous remercie. Encore une fois, le Parlement a été le cœur du débat démocratique sur l’avenir de l’Europe. Merci beaucoup d’avoir accepté un vrai débat avec les députés européens.

Le débat est clos.

Déclarations écrites (article 162)

 
  
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  Nicola Caputo (S&D), per iscritto. – Grazie Presidente Macron per questa opportunità che ci consente un confronto diretto sullo stato dell'Unione europea. La sua elezione, Presidente, ha risvegliato le speranze di tutti i convinti europeisti, di tutti coloro cioè che individuano, nella sua persona, una possibilità per superare l'impasse nella quale l'Unione europea è precipitata con la crisi economica.

Abbiamo sul tavolo dossier delicati in attesa di risposte: la riforma del Trattato di Dublino, la governance dell'eurozona, l'unione bancaria, le regole sulla finanza pubblica, il bilancio dell'Unione europea post 2020, la gestione della sicurezza e delle frontiere esterne. E' necessario accelerare. Anche per il progetto europeo vale la regola che la fase di stallo deve avere un tempo limitato perché ciò che non progredisce, regredisce.

Ed è importante dare risposte di lungo respiro e nel rispetto di tutti: mi riferisco, ad esempio, allo spiacevole episodio di Bardonecchia. Non penso che sia questa l'Europa che ha in mente. E anche per la Siria va trovata un'altra soluzione, una soluzione diversa dall'utilizzo delle armi che, sebbene utilizzate per mali estremi, possono condurci solo ad un'escalation di violenza che potrebbe non avere fine.

 
  
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  Birgit Collin-Langen (PPE), schriftlich. – Ich teile die Ansicht Macrons, dass dem Europäischen Parlament bei der Gestaltung der Zukunft der EU eine große Rolle zukommt. Wir sind die Institution, die direkt von den Bürgerinnen und Bürgern gewählt wird. Wir sind das Bindeglied zwischen den Bedürfnissen der Bürgerinnen und Bürger und der politischen Gestaltung. Entsprechend hoffe ich, dass die Position des Parlaments zukünftig stärker berücksichtigt wird.

 
  
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  Anna Elżbieta Fotyga (ECR), na piśmie. – Bardzo wysoko oceniam rolę i wkład Francji w utrzymanie międzynarodowego bezpieczeństwa i pokoju. Popieram interwencję koalicji Stanów Zjednoczonych, Zjednoczonego Królestwa i Francji zmierzającą do uniemożliwienia kolejnego użycia broni chemicznej przez reżim Baszira al-Assada. Chciałabym odnieść się także do wątków polskich. Według globalnego raportu Światowego Forum Gospodarczego mój kraj osiągnął w tym roku najwyższy od początku przemian wskaźnik konkurencyjności. Doceniają ten fakt przedsiębiorcy, zarówno w Polsce, jak i we Francji. Nasze relacje gospodarcze są głęboko osadzone w wieloletniej tradycji. Najlepszym scenariuszem dla Europy byłoby przeniesienie tych doświadczeń na poziom wielostronny, z włączeniem Zjednoczonego Królestwa po brexicie. Stosunki gospodarcze muszą być korzystne dla wszystkich stron, pozbawione barier i uprzedzeń, oparte na wzajemnym szacunku, a nie – jak słusznie zauważył prezydent Macron – na pouczaniu i wykładach.

 
  
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  András Gyürk (PPE), írásban. – Kiemelten fontosnak tartom, hogy újra és újra időt szánjunk arra, hogy megvitassuk Európa jövőjét, hiszen az Unió nyilvánvalóan jó pár megoldatlan problémával küzd. Megtisztelő, hogy a Francia Köztársaság elnöke is meglátogatott bennünket, és megosztotta velünk elképzeléseit eme problémák megoldásairól. Bár a kihívásokra adott konkrét válaszok szintjén van eltérés kettőnk között, beszéde alapján úgy látom, hogy a megoldások alapját ugyanabban a tényezőkben látjuk: Európa megmentéséhez és megújításához nem támaszkodhatunk másra, mint az Unióban rejlő nemzeti és kulturális sokszínűségre; a megfelelő változtatásokat pedig se megtalálni, sem pedig véghezvinni nem tudjuk a polgárok minél szélesebb bevonása nélkül. Európa újra felemelkedéséhez az erőt nem valami külső hatalomban kell keresni, hanem pont inkább annak alapvető magjában, a nemzetek sokszínűségében. Az erős Európa elképzelhetetlen erős nemzetek nélkül. A képviseleti demokrácia legitimitását veszti, ha a polgárok véleménye kiszorul a döntéshozásból. Elfogadhatatlan, hogy mi, képviselők, a minket megválasztó polgárok helyett homályos ideológiákat képviseljünk, ez azonban csak úgy lehetséges, ha nyitunk az emberek felé, és kikérjük a véleményüket. Úgy gondolom, hogy az Unió sokat tanulhat a magyar nemzeti konzultációk tapasztalataiból, ahol több alkalommal, több millió választópolgár mondhatta el szabadon a véleményét az aktuális kihívásokról.

 
  
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  Marek Jurek (ECR), par écrit. – J’aimerais profiter de cette exceptionnelle occasion pour exprimer une profonde inquiétude concernant l’état des droits fondamentaux dans votre État. Le format du débat ne permettant pas l’énumération des exemples, je n’en citerai qu’un, qui est néanmoins particulièrement emblématique. Il s’agit de l’invention du délit d’entrave à l’avortement, qui prévoit une peine d’emprisonnement pour les déclarations en ligne, constitue une tentative ouverte d’intimidation des organisations non gouvernementales qui défendent la vie des plus faibles, ainsi qu’une attaque contre la liberté d’expression. De telles réglementations liberticides ne peuvent aucunement être justifiées, il faut tout simplement, et au plus vite, les abroger.

 
  
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  Krystyna Łybacka (S&D), na piśmie. – W kontekście debaty na temat przyszłości Europy zwracam szczególną uwagę na kwestię modernizacji edukacji w Unii oraz zwiększenia roli edukacji na poziomie europejskim, które jest niezbędne dla osiągnięcia celów ekonomicznych i społecznych Europy oraz budowania jej przyszłości. Cieszy mnie podejście prezydenta Macrona do wzmacniania unijnej współpracy w zakresie edukacji. Edukacja przyszłych pokoleń, tak aby były one w stanie stawić czoła wyzwaniom współczesnego świata, powinna być celem łączącym nas wszystkich, niezależnie od opcji politycznych. Stojące przed Europą wyzwania demograficzne i społeczne, wymogi rynku pracy, nowe technologie oraz osobiste preferencje i potrzeby edukacyjne determinują kierunki zmian w edukacji.

Istotne jest, by systemy edukacji, uwzględniając powyższe czynniki, oferowały nie tylko wysokiej jakości wiedzę, ale również odpowiedni zasób kompetencji, w tym kluczową kompetencję XXI wieku, jaką jest umiejętność skutecznego uczenia się przez całe życie.

 
  
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  Κώστας Μαυρίδης (S&D), γραπτώς. – Η συντριπτική πλειοψηφία των ευρωβουλευτών συμφωνεί με πολλά που αναφέρθηκαν στην ομιλία, ιδιαίτερα για περισσότερη Ευρώπη με συνοχή και αλληλεγγύη που θα προασπίζεται την ευρωπαϊκή κυριαρχία στην πράξη και όχι θεωρητικά, για μια Ευρώπη που θα προστατεύει το περιβάλλον, θα προωθεί την ποιότητα ζωής και τις εργασιακές σχέσεις και φυσικά θα εφαρμόζει στην πράξη τις θεμελιακές ελευθερίες και δικαιώματα της δημοκρατίας και του Κράτους δικαίου της ΕΕ. Αυτές είναι οι αρχές και αξίες που καλύπτουν όλους ανεξαιρέτως τους πολίτες της ΕΕ, σε όλα τα 27 Κράτη Μέλη. Ωστόσο, η ευρωπαϊκή κυριαρχία είναι ακρωτηριασμένη από τα τουρκικά στρατεύματα που κατέχουν το βόρειο μέρος της Κύπρου. Πρόκειται για κυρίαρχο έδαφος της ΕΕ αλλά υπό τουρκική κατοχή. Επιπλέον, η Τουρκία του Erdoğan παρεμποδίζει με τον στόλο της τα κυριαρχικά δικαιώματα και τους σχεδιασμούς της ΕΕ στην ΑΟΖ της Κυπριακής Δημοκρατίας και απειλεί με πόλεμο εναντίον της Ελλάδας στο Αιγαίο. Ένας Ευρωπαίος ηγέτης διαφέρει από ένα πολιτικό επειδή ο ηγέτης έχει θέση και για τα δύσκολα, όχι μόνο τα εύκολα. Σήμερα, χρειαζόμαστε Ευρωπαίους ηγέτες και όχι απλά πολιτικούς. Ένας Ευρωπαίος ηγέτης προασπίζεται με όλα τα μέσα την ευρωπαϊκή κυριαρχία που παραβιάζεται από την Τουρκία στην Κύπρο και αλλού.

 
  
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  Artis Pabriks (PPE), rakstiski. – Kā minēja Francijas prezidents E.Makrons - mēs, Eiropas Savienība, esam liberālās demokrātijas piemērs daudzviet pasaulē. Tieši liberālā demokrātija, kuras vajadzību pašreiz daudzi apšauba, ir mūsu eiropeiskās identitātes galvenā sastāvdaļa. Ir jāpārstāj ignorēt pagātnes sniegtās mācības. Mums jābūt aktīviem, jāuzklausa pilsoņu bažas un jāatbild uz tām. Prezidents runā pieskarās tēmai par ES budžetu pēc Lielbritānijas izstāšanās. Dzirdējām, ka Francija ir gatava palielināt iemaksas ES budžetā, kas ir pozitīvi, taču jāsaprot, ka prezidenta mērķis ir sasaistīt budžetu ar viņa jaunajiem priekšlikumiem un Francijas prioritātēm, bet ir būtiski atcerēties, ka ES ir citas dalībvalstis un ES nākotne ir iespējama, samērojot visu valstu intereses kopīga mērķa vārdā. Ir apsveicams priekšlikums par labāku ES sadarbību drošības un aizsardzības jomā, kas ir šī brīža galvenā prioritāte Eiropā. Tāpat piekrītu ierosinājumam par nodokļu ieviešanu tehnoloģiju kompāniju gigantiem, lai arī tie maksātu godīgu daļu par Eiropā gūto peļņu. Savukārt šaubas raisa ierosinājums izveidot kopīgu ES fondu bēgļu uzņemšanai, jo šis ir nacionāli svarīgs jautājums, kuru nevar izlemt centralizēti, nerespektējot katras valsts uzņemšanas un integrācijas kapacitāti. Eiropai šodien ir vajadzīgi uzņēmīgi un izlēmīgi līderi. Francijas prezidents, iespējams, ir pagaidām vienīgais reālais ES līderis ar skaidru vīziju par ES nākotni, pat ja ne visas viņa paustās idejas mums ir pieņemamas.

 
  
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  Michaela Šojdrová (PPE), par écrit. – Monsieur le Président, soyez le bienvenu parmi nous pour le débat sur l’Europe. J’aimerais discuter avec vous de deux points.

Premièrement, la sécurité. En ce qui concerne le règlement de Dublin, je vous demande de trouver un consensus, pour permettre un vote à l’unanimité de cette question clé et ne pas placer les citoyens des pays de l’Est en situation de minorité.

Nous souhaitons tous la paix en Syrie. L’attaque a peut-être été nécessaire mais, croyant en la politique étrangère et de sécurité commune, je me serais attendue à une coordination commune. Or, l’intervention s’est déroulée sans la consultation des partenaires européens.

Deuxièmement, le marché libre. Depuis 2016, votre nom est lié à la loi Macron, la loi qui fâche les chauffeurs étrangers et leurs employeurs. Votre nom est lié au protectionnisme. Cette politique limite et diminue, à mon avis, la compétitivité des entreprises sur le marché intérieur. Monsieur le Président, pensez-vous que nous pouvons être compétitifs par rapport à la Chine si nous construisons des barrières internes au développement des entreprises? Pour que l’Europe ne connaisse pas de nouvelles sorties d’États, de nouveaux «exits», nous avons besoin de retrouver un sentiment de confiance mutuelle.

Je vous souhaite bonne chance et je vous remercie par avance pour vos réponses.

 
  
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  Ivan Štefanec (PPE), in writing. – President Macron has expressed his opinion that Brexit should result in enhanced cooperation between the Member States. I fully agree with that. Particularly suitable are areas which bring benefit to our citizens such as digitalisation, energy sector or completion of internal market. Furthermore, we must focus our attention on stabilizing the euro currency by creating a functional bank union. On the other hand, I cannot accept the idea of harmonizing tax and social rules. The state budgets could be exposed to enormous pressure and the functioning of the small and medium-sized enterprises could be placed in jeopardy. Unification of the tax rates could considerably weaken the competitiveness of certain Member States.

 
  
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  Iuliu Winkler (PPE), in writing. – Your campaign, Mr President Macron, l’Europe en marche! reminds us that indeed, we Europeans are all in march confronting several battles, which we better win if we want our Union to last for the generations to come. The greatest battle of all is the one with the enormous disparities, the ever rising inequality and the poverty. For millions of Europeans life in dignity is out of reach simply because they are desperately poor! Masses to be manipulated by populists and anti-Europeans. Mr President Macron, we will not win this war with a new Finance Minister for Europe! Neither by creating a special Eurozone Parliament! Nor will Europe win in a two-speed format! The EU will win the battle against poverty by enforcing solidarity between all its willing members, by enhancing Cohesion Policies and by better financing its common policies!

 
  
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  Maria Gabriela Zoană (S&D), în scris. – Reprezint o țară importantă: România. Eu sunt profesor de drept și avocat. Lucrul acesta mă face să privesc lucrurile din perspectiva respectării literei legii și a acordurilor de parteneriat între statele membre. Ne aflăm în punctul în care Uniunea Europeană este profund afectată de dinamica schimbărilor economice, sociale și politice globale. Este un punct în care, așa cum și dvs. ați subliniat, trebuie să ne înarmăm cu forță și să mergem înainte puternici și uniți. Esența Uniunii Europene este unitatea și acceptarea diversității valorilor așa cum și statul pe care cu succes îl reprezentați o face. Într-un astfel de context, domnule președinte Macron, vorbim despre capacitatea noastră, a tuturor, de a accepta politicile naționale ale fiecărui stat și de a fi de acord că orice formă de intruziune în politica internă nu este oportună. Suntem parteneri. De aceea vă întreb: credeți că viitoarea evoluție a Uniunii Europene în ritmul accelerat despre care vorbiți va crea o segregare pe baza politicilor și valorilor democratice ale fiecărui stat?

 
  
  

(La séance est suspendue quelques instants)

 
  
  

PRZEWODNICTWO: BOGUSŁAW LIBERADZKI
Wiceprzewodniczący

 
Posledná úprava: 30. júla 2018Právne upozornenie - Politika ochrany súkromia