Préparation du Conseil européen extraordinaire, particulièrement l'escalade des tensions et le rôle de la Turquie en Méditerranée orientale (débat)
Nathalie Loiseau (Renew). – Monsieur le Président, la Turquie est membre de l’OTAN et du Conseil de l’Europe et candidate à l’adhésion à l’Union européenne. À ce titre, elle reçoit des fonds européens significatifs, participe à une union douanière avec l’UE et à des programmes européens en matière de recherche, d’éducation ou de culture.
L’Europe, qui n’a aucune responsabilité dans les causes de la tragédie syrienne, soutient massivement la Turquie pour l’accueil de millions de réfugiés sur son sol. Et pourtant. La présence militaire turque en Syrie, décidée sans concertation, fragilise notre lutte contre Daech. En Libye, la Turquie exporte des armes et des mercenaires au mépris des résolutions du Conseil de sécurité. En Méditerranée orientale, elle menace et provoque la Grèce et Chypre. Au sein de l’OTAN, le bilan n’est pas meilleur. Ankara a acheté du matériel militaire russe, a bloqué les plans de défense des États baltes et menacé des navires alliés.
Je ne veux pas davantage passer sous silence les violations des droits de l’homme dont sont victimes d’innombrables citoyens turcs. J’ai une pensée particulière pour Ebru Timtik, morte en prison pour avoir réclamé un procès équitable, ou pour Osman Kavala, détenu depuis plus de 1000 jours et dont le seul crime est d’aimer la liberté du peuple turc plus que la sienne propre.
Nous représentons ici le peuple européen. Ce peuple croit au respect du droit international, au respect des droits de l’homme et exige d’être respecté. Délibérément, le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan, jamais à court d’insultes à destination de l’Europe, nous tourne le dos. Oui, nous souhaitons une désescalade en Méditerranée. Oui, il doit y avoir une négociation, mais d’abord et avant tout, soyons unis derrière la Grèce et Chypre autant que derrière nos valeurs.