Conclusions de la réunion extraordinaire du Conseil européen du 9 février et préparation de la réunion du Conseil européen des 23 et 24 mars 2023 (débat)
Jordan Bardella (ID). – Madame la Présidente, Madame la Présidente von der Leyen, Monsieur le Président Charles Michel, alors que l’état d’urgence énergétique est déclaré dans toute l’Europe, la liberté première de nos compatriotes, celle de se déplacer, est plus que jamais remise en cause. Mais que vous ont donc fait les automobilistes pour mériter autant de haine?
Après les taxes carbone qui ont déclenché en France la colère des gilets jaunes, après les malus en tout genre, après la privatisation des autoroutes qui a entraîné la hausse massive des prix des péages, l’Europe et les ayatollahs de l’écologie punitive ont inventé à leur égard une nouvelle persécution: les zones à faible émission qui interdisent les grandes agglomérations à une majorité de véhicules.
Avec ces zones à faible émission, vous légitimez derrière le beau principe de l’écologie l’exclusion assumée des gens ordinaires, de ceux qui n’ont d’autre choix que d’utiliser leur voiture diesel pour vivre et travailler. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ces zones à faible émission sont des zones à grande exclusion qui vont reléguer hors des grands centres urbains les plus modestes, dont la voiture est souvent le seul moyen de transport. Avec ces zones à faible émission, mieux vaut être le propriétaire d’une Porsche hybride dernier cri qui habite dans un quartier huppé que celui d’une petite Clio avec 75 000 kilomètres au compteur qui vit dans une commune rurale.
Vous érigez autour des grandes villes d’Europe une citadelle invisible et pourtant infranchissable, celle de l’argent. En définitive, ces zones à faible émission érigent des péages contre les plus modestes. Avec l’interdiction démagogique de la vente de véhicules thermiques à horizon 2035, avec l’instauration de ces ZFE, vous confirmez que pour l’Union européenne, l’écologie se résume à surveiller, punir, exclure, taxer, affaiblir et traquer.
Nous, Français, sommes parmi les plus propres, les plus vertueux au monde. Ayez le courage de dresser votre écologie punitive contre la Chine, contre les États-Unis, contre les puissances émergentes qui ne respectent aucune des normes que vous imposez aux entreprises, aux agriculteurs et aux industriels européens. Celui qui pollue, ce n’est pas l’automobiliste français, mais le supertanker venu du bout du monde. Alors que l’Europe se pose la question de son avenir ce matin, nos concitoyens, eux, se demandent si se déplacer n’est pas en train de devenir un produit de luxe qui leur sera demain inaccessible.