Résolution du Parlement européen du 7 juillet 2011 sur la situation en Syrie, au Yémen et à Bahreïn dans le contexte de la situation prévalant dans le monde arabe et en Afrique du Nord
Le Parlement européen,
– vu ses précédentes résolutions sur la Syrie, le Yémen et Bahreïn, notamment celle du 7 avril 2011 sur la situation en Syrie, à Bahreïn et au Yémen(1),
– vu sa résolution du 24 mars 2011 sur les relations de l'Union européenne avec le Conseil de coopération du Golfe(2),
– vu sa résolution du 7 avril 2011 sur la révision de la politique européenne de voisinage – dimension méridionale(3),
– vu les déclarations de la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union des 18, 22, 24 et 26 mars, du 23 avril et des 6 et 11 juin 2011 sur la Syrie, des 10, 12 et 18 mars, du 27 avril, des 11, 26 et 31 mai, et du 3 juin 2011 sur le Yémen, des 10, 12 et 18 mars, du 3 mai et du 1er juillet 2011 sur Bahreïn,
– vu la déclaration de la vice-présidente/haute représentante, au nom de l'Union européenne, du 29 avril 2011 sur la Syrie,
– vu la communication conjointe intitulée «Une stratégie nouvelle à l'égard d'un voisinage en mutation», du 25 mai 2011, qui complète la communication conjointe intitulée «Un partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée», du 8 mars 2011,
– vu la déclaration sur le voisinage méridional adoptée lors de la réunion du Conseil européen des 23 et 24 juin 2011,
– vu la résolution sur la Syrie adoptée par le Conseil des droits de l'homme le 29 avril 2011,
– vu les décisions du Conseil 2011/273/PESC du 9 mai 2011, 2011/302/PESC du 23 mai 2011 et 2011/367/PESC du 23 juin 2011 sur la Syrie,
– vu les conclusions du Conseil «Relations extérieures» du 23 mai et du 20 juin 2011,
– vu la déclaration du secrétaire général des Nations unies du 3 juin 2011 sur la Syrie,
– vu la déclaration du secrétaire général des Nations unies du 23 juin 2011 sur les peines infligées à 21 militants politiques, défenseurs des droits de l'homme et chefs de l'opposition de Bahreïn,
– vu le rapport préliminaire du haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme concernant la Syrie, publié le 14 juin 2011,
– vu la déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948,
– vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, adoptée en 1990,
– vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966,
– vu la convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, de 1975,
– vu les lignes directrices de l'Union européenne sur les défenseurs des droits de l'homme, adoptées en 2004 et actualisées en 2008,
– vu l'article 110, paragraphe 4, de son règlement,
A. considérant que, dans des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, des manifestants pacifiques ont exprimé des aspirations démocratiques légitimes et lancé de vifs appels en faveur de réformes institutionnelles, politiques, économiques et sociales visant à instaurer une véritable démocratie, à lutter contre la corruption et le népotisme, à garantir le respect de l'état de droit, des droits de l'homme et des libertés fondamentales, à réduire les inégalités sociales et à créer de meilleures conditions économiques et sociales,
B. considérant que la communication conjointe du 25 mai 2011 intitulée «Une stratégie nouvelle à l'égard d'un voisinage en mutation» adopte une nouvelle approche en réexaminant la mise en œuvre des principes fondamentaux qui régissent l'action extérieure de l'Union, à savoir les valeurs universelles des droits de l'homme, de la démocratie et de l'état de droit, qui sont au cœur de la politique européenne de voisinage, tout en reflétant la nécessité pour l'Union de soutenir le changement démocratique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient,
Syrie
C. considérant que, depuis le commencement de la répression en Syrie, en mars 2011, il se produit une escalade dans la violence et que les forces de l'ordre répondent aux manifestations continuelles par des arrestations de masse et une brutalité croissante, en tuant plus de 400 civils rien que dans le district de Deraa et, selon toute probabilité, plus de 1 000 au total dans l'ensemble de la Syrie,
D. considérant que de récentes vidéos, diffusées dans le monde entier, ont montré des images choquantes d'enfants syriens victimes, pendant leur détention arbitraire, d'actes de torture et de mauvais traitements ayant parfois entraîné la mort, comme dans le cas – tragique – de Hamza al-Khateeb, un garçon âgé de treize ans; considérant, en outre, que l'utilisation de balles réelles contre des manifestants a déjà entraîné la mort d'au moins 30 enfants, selon le rapport du 31 mai 2011de l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance,
E. considérant que le président Bachar Al-Assad, dans son troisième discours du 20 juin 2011, a déclaré qu'un dialogue national allait dessiner l'avenir de la Syrie; considérant que les pouvoirs publics, malgré les promesses répétées de mettre en œuvre des réformes politiques et des changements en Syrie, se sont gardé de prendre la moindre mesure pour les accomplir; considérant que plus de 800 cas de disparitions forcées et 11 000 cas de détention arbitraire ont déjà été recensés par des organisations de défense des droits de l'homme,
F. considérant que le Conseil, face à la gravité de la situation en Syrie, a adopté le 23 juin 2011 une décision et un règlement imposant des mesures restrictives contre sept personnes de plus par rapport à la liste du 9 mai 2011, qui introduisait des mesures spéciales, telles que l'interdiction de visa et le gel des avoirs, et imposait aussi un embargo sur les armes et les équipements pouvant servir à la répression, ainsi que contre quatre entités associées au régime syrien,
G. considérant que l'accord d'association entre la Communauté européenne et ses États membres, d'une part, et la République arabe syrienne, d'autre part, n'a jamais été signé; considérant que la signature de cet accord est retardée à la demande de la Syrie depuis le mois d'octobre 2009 et que le Conseil a déjà décidé de n'adopter aucune autre mesure à ce sujet; considérant que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales constitue un volet majeur de cet accord,
H. considérant le risque grave de multiplication d'attentats violents de la part de groupes extrémistes, notamment de groupes armés du Jihad; considérant qu'il importe d'assurer la protection des diverses communautés religieuses en Syrie, notamment du grand nombre de réfugiés iraquiens qui sont arrivés dans le pays,
I. considérant que, après le siège de Deraa, les forces de sécurité ont lancé une opération militaire à grande échelle et une campagne d'arrestations arbitraires dans les villes voisines; considérant que, selon les estimations, 12 000 Syriens originaires de Jisr al-Choughour et des alentours ont franchi la frontière entre la Syrie et la Turquie par crainte de représailles de la part des forces de sécurité et que, selon le Croissant Rouge, 17 000 autres Syriens attendent de franchir la frontière,
Yémen
J. considérant que la situation au Yémen demeure une source de profonde inquiétude, après des mois de violences et de troubles qui ont infligé de grandes souffrances au peuple yéménite, en causant de larges pertes en vies humaines, des blessures graves, l'emprisonnement de manifestants et une aggravation de la crise économique et politique dans le pays,
K. considérant que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a présenté un plan pour le transfert pacifique du pouvoir, que le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, n'a pas encore signé,
L. considérant que le président Saleh a été gravement blessé au cours d'attaques récentes commises contre sa résidence, le 3 juin 2011, et qu'il reçoit actuellement un traitement médical en Arabie saoudite; considérant que le pouvoir é été temporairement confié au vice-président du pays, Abd-Rabouh Mansour Hadi,
M. considérant que le Yémen est le pays le plus pauvre du Moyen-Orient, avec une malnutrition étendue, des réserves de pétrole en voie d'épuisement, une population croissante, un gouvernement central faible, une pénurie d'eau croissante et peu d'investissements dans l'économie du pays; considérant qu'il existe de graves inquiétudes devant la désintégration possible de l'État du Yémen, en raison de la trêve fragile en vigueur depuis février avec les rebelles chiites au nord, un mouvement sécessionniste au sud et de nombreux combattants d'Al-Qaïda pour qui le Yémen serait un sanctuaire,
Bahreïn
N. considérant que l'état de sécurité nationale à Bahreïn a été levé le 1er juin 2011 et que le roi Hamad ben Issa al-Khalifa a lancé un appel au dialogue national, lequel a débuté le 2 juillet 2011,
O. considérant que, le 29 juin 2011, le roi Hamad a constitué une commission indépendante comportant un élément international indépendant pour enquêter sur les violations des droits de l'homme commises durant la récente répression gouvernementale des manifestations en faveur de réformes,
P. considérant que, le 22 juin 2011, le tribunal de sécurité nationale de Bahreïn, un tribunal militaire, a rendu son verdict contre 21 militants de l'opposition de Bahreïn, dont sept par défaut; considérant que huit militants de l'opposition ont été condamnés à la prison à perpétuité et treize autres à des peines allant jusqu'à quinze ans pour avoir comploté le renversement du gouvernement; considérant que nombre d'autres militants politiques, de journalistes et de défenseurs des droits de l'homme ont été arrêtés lors des récentes manifestations en faveur de réformes et que, selon les organisations de défense des droits de l'homme, ils ont été torturés, maltraités ou harcelés,
Q. considérant que, le 22 mai 2011, la cour d'appel de sécurité nationale a confirmé les condamnations à mort d'Ali Abdullah Hassan Al-Sankis et d'Abdulaziz Abdulridha Ibrahim Hussain pour avoir tué deux policiers pendant les manifestations antigouvernementales à Bahreïn; considérant que les exécutions ont été reportées au mois de septembre,
R. considérant que 47 médecins et infirmiers bahreïniens ont été accusés d'incitation à renverser le régime par la force et qu'ils sont poursuivis devant un tribunal militaire de Bahreïn; considérant que ces professionnels de la santé ont soigné tous les blessés de manière égale, dans le respect du code de déontologie applicable à leur profession,
S. considérant qu'à la demande du gouvernement bahreïnien, des forces étrangères aux couleurs du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont été déployées à Bahreïn,
1. condamne résolument l'usage disproportionné de la force par les régimes contre les manifestants pacifiques et déplore le grand nombre de personnes tuées et blessées; présente ses condoléances aux familles des victimes et des blessés; demande l'arrêt immédiat du bain de sang et la libération de toutes les personnes arrêtées; demande que les assassinats, les arrestations et les allégations de torture fassent l'objet d'une enquête;
2. salue le courage dont les peuples ont fait preuve dans leur lutte pacifique pour un changement démocratique, notamment les femmes, qui ont été en première ligne sur le front des manifestations et qui, souvent, le sont encore;
3. demande aux dirigeants politiques des pays arabes de tenir leurs promesses en engageant sans délai ni condition préalable un dialogue politique ouvert et constructif auquel participeront tous les partis politiques et mouvements démocratiques ainsi que des représentants de la société civile en vue d'ouvrir la voie à l'instauration d'une véritable démocratie et à la mise en œuvre de réformes institutionnelles, politiques, économiques et sociales qui soient réellement ambitieuses et significatives, lesquelles sont essentielles pour la stabilité et le développement à long terme de ces pays et de la région dans son ensemble;
Syrie
4. condamne fermement l'escalade de la violence en Syrie et les violations persistantes et graves des droits de l'homme, y compris les sièges imposés sur un certain nombre de villes, telles que Deraa, Jisr al-Choughour et Hama, les arrestations de masse, les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires, les allégations de disparitions forcées et de torture;
5. regrette que la levée de l'état d'urgence annoncée le 21 avril 2011 et les autres réformes promises par le président Assad n'aient pas été appliquées, et que les prisonniers politiques soient toujours maintenus en détention en dépit de la récente amnistie annoncée par le président; prie instamment les autorités syriennes de lever sans délai le siège des villes concernées et d'autoriser un accès immédiat et libre des organisations humanitaires et de leur personnel;
6. presse les autorités syriennes et le président Bachar Al-Assad de mettre un terme aux assassinats de manifestants non armés et de libérer immédiatement tous les manifestants, journalistes, défenseurs des droits de l'homme et prisonniers politiques qui sont détenus; demande que l'ensemble des forces démocratiques et des acteurs de la société civile participent immédiatement à un véritable processus politique pour contribuer à une transition démocratique en Syrie, fondée sur un programme concret de réformes fondamentales ainsi que sur le respect des droits de l'homme et de l'état de droit;
7. demande aux autorités syriennes d'autoriser la presse étrangère à pénétrer dans le pays pour lui permettre de vérifier l'existence de «groupes armés extrémistes» attaquant les forces de sécurité, puisque telle est la justification du régime pour ce bain de sang intolérable; invite les autorités syriennes à coopérer pleinement avec le bureau du haut commissaire et d'autres organes des Nations unies et à leur accorder un accès sans restriction au pays;
8. presse les autorités syriennes de libérer immédiatement tous les enfants arrêtés lors de la répression des manifestations ou d'événements similaires, de se livrer à une enquête approfondie sur les cas signalés de violence envers les enfants et de s'abstenir de toute nouvelle arrestation et de tout usage de la force à l'encontre d'enfants ou de toute autre violation des droits de l'enfant;
9. se félicite de la décision du Conseil d'imposer des mesures restrictives contre la Syrie et les personnes responsables de la violente répression qui s'est exercée à l'encontre de la population civile, de suspendre tous les préparatifs relatifs à de nouveaux programmes de coopération bilatéraux, de suspendre les programmes bilatéraux en cours avec les autorités syriennes dans le cadre de l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) et des Mesures d'accompagnement aux réformes des structures économiques et sociales dans les pays tiers du bassin méditerranéen (MEDA), d'inviter la Banque européenne d'investissement (BEI) à ne pas approuver à ce stade de nouvelles opérations de financement en Syrie, d'envisager la suspension d'autres volets de l'assistance communautaire fournie à la Syrie en fonction de l'évolution de la situation et de ne pas prendre de nouvelles mesures concernant l'accord d'association avec la Syrie; soutient l'ensemble de sanctions intelligentes adopté par le Conseil et demande à celui-ci d'entreprendre une initiative diplomatique forte en vue de persuader d'autres pays d'adopter les mêmes sanctions; estime que le Conseil devrait continuer d'étendre les sanctions ciblées à toutes les personnes et entités liées au régime afin de les affaiblir et de les isoler, et d'ouvrir ainsi la voie à une transition démocratique;
10. appuie vivement les efforts diplomatiques que déploie l'Union avec ses partenaires de la communauté internationale pour faire en sorte que le Conseil de sécurité des Nations unies condamne les violences en cours en Syrie, rejette l'impunité et engage les autorités syriennes à répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien; regrette que, jusqu'à présent, ces efforts n'aient pas porté leurs fruits et qu'une résolution n'ait pas pu être présentée; demande aux États membres de l'Union européenne et à la vice-présidente/haute représentante de poursuivre leurs travaux avec leurs partenaires internationaux afin que le Conseil de sécurité des Nations unies puisse prendre des mesures au sujet de la situation en Syrie et que les autorités syriennes assument la responsabilité qui leur incombe de protéger la population du pays;
11. se félicite de la politique de la Turquie qui consiste à laisser ses frontières ouvertes pour les réfugiés syriens et de la mobilisation rapide des ressources du Croissant Rouge;
12. se félicite de ce que l'Union européenne prenne acte des efforts déployés par la Turquie et par d'autres partenaires régionaux concernant les différents aspects de la crise, notamment les aspects humanitaires, et de ce qu'elle compte œuvrer, avec eux, à régler la situation en Syrie; engage la Turquie et l'Union européenne à renforcer la coordination de leur politique étrangère et les encourage vivement à poursuivre leurs efforts communs en faveur de la démocratisation et du développement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord;
13. invite le Conseil et la Commission à aider sans délai les autorités turques et libanaises dans les efforts qu'elles déploient en vue de gérer la crise humanitaire qui se joue à leurs frontières avec la Syrie, notamment par la mise en place d'un couloir humanitaire au niveau des Nations unies;
14. invite la vice-présidente/haute représentante, le Conseil et la Commission à encourager les mouvements démocratiques d'opposition émergents à l'intérieur et à l'extérieur du pays; demande, dans ce contexte, que soit engagé de toute urgence un véritable dialogue politique qui donnera lieu à une profonde transition démocratique en Syrie;
Yémen
15. condamne fermement les récentes attaques armées commises au Yémen, notamment celle du 3 juin 2011 contre la résidence présidentielle; appelle toutes les parties à cesser toutes les hostilités, à respecter les droits de l'homme et à observer un cessez-le-feu permanent;
16. se félicite de l'engagement du vice-président Abd-Rabouh Mansour Hadi de respecter le cessez-le-feu, de démilitariser les villes yéménites et de garantir une protection adéquate des participants à toute manifestation pacifique à venir;
17. exprime sa solidarité avec le peuple du Yémen; se félicite de ses aspirations à un changement démocratique dans son pays et soutient les efforts déployés par le CCG dans la mesure où ils visent à parvenir à une solution négociée, ce qui implique la démission du président Saleh et des membres de sa famille qui occupent toujours des postes importants, dans le cadre d'un régime politique plus inclusif axé sur la réduction de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie de la majorité de la population;
18. déplore que les autorités yéménites aient été incapables d'assurer la sécurité lors du passage de diplomates à l'ambassade des Émirats arabes unis à Sanaa, le 22 mai 2011, notamment du secrétaire général du CCG, ainsi que des ambassadeurs des pays membres du CCG, de l'Union européenne, du Royaume-Uni et des États-Unis; engage les autorités du Yémen à respecter pleinement la convention de Vienne sur les relations diplomatiques;
19. s'inquiète de l'absence de rapports intermédiaires du comité de haut niveau nommé par le gouvernement yéménite pour enquêter sur l'attaque du 18 mars 2011 à Sanaa, au cours de laquelle 54 manifestants ont trouvé la mort et plus de 300 ont été blessées; demande de nouveau à la vice-présidente/haute représentante de soutenir les appels en faveur d'une enquête internationale indépendante sur cet incident;
20. se félicite de la mission du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) au Yémen, qui a évalué la situation du pays en matière de droits de l'homme et formulera des recommandations à l'intention du gouvernement yéménite et de la communauté internationale;
Bahreïn
21. condamne la répression à Bahreïn et demande instamment la libération immédiate et inconditionnelle de tous les manifestants pacifiques, y compris des militants politiques, des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme ainsi que des 47 médecins et infirmiers bahreïniens qui ont été arrêtés dans l'exercice de leur activité professionnelle; exprime sa vive inquiétude quant aux condamnations à mort prononcées à l'encontre de huit militants de l'opposition et aux peines de quinze années d'emprisonnement prononcées à l'encontre de treize autres;
22. se félicite de la levée de l'«état de sécurité nationale» à Bahreïn ainsi que de l'appel au dialogue national lancé par le roi Hamad ben Issa al-Khalifa; considère que le dialogue national engagé par le roi Hamad n'est possible que si toutes les forces politiques, y compris l'opposition et la société civile, y participent en vue d'ouvrir la voie à une véritable démocratie et à des réformes politiques à Bahreïn;
23. invite les autorités de Bahreïn à commuer les peines capitales d'Ali Abdullah Hassan al Sankis et d'Abdulaziz Abdulridha Ibrahim Hussain et à rétablir le moratoire de fait sur la peine de mort;
24. prend acte avec satisfaction de la décision du roi Hamad de constituer une commission indépendante chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme commises au cours de la récente répression gouvernementale des manifestations en faveur de réformes; demande instamment que cette commission soit totalement impartiale et pleinement transparente et invite le gouvernement bahreïnien à ne pas intervenir dans ses travaux;
25. se félicite de la mise en place d'un ministère des droits de l'homme et du développement social à Bahreïn et demande que ce ministère agisse dans le respect des normes et des obligations internationales en matière de droits de l'homme;
26. exprime sa préoccupation face à la présence de troupes étrangères sous la bannière du Conseil de coopération du Golfe à Bahreïn; répète l'appel qu'il a lancé au CCG pour qu'il utilise ses ressources, en tant qu'organe collectif régional, pour agir de manière constructive et servir d'intermédiaire dans l'intérêt des réformes pacifiques à Bahreïn;
Monde arabe et Afrique du Nord
27. soutient le processus de transition démocratique en Égypte et en Tunisie, pays qui constituent le premier exemple du processus de démocratisation en cours et de la nouvelle vague de participation des citoyens, notamment des jeunes, dans le monde arabe; soutient vivement les aspirations des peuples à la liberté, au respect des droits de l'homme et à la démocratie; demande un processus électoral transparent, loyal et libre dans les deux pays, qui tienne compte de leurs spécificités; invite la communauté internationale à redoubler d'efforts pour soutenir et encourager le processus de réforme politique dans les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient;
28. répète la détermination de la communauté internationale à protéger les civils en Libye, notamment en intensifiant la pression exercée sur le régime libyen, et à soutenir la construction d'un État libyen démocratique; se félicite de la décision de l'Union européenne de renforcer ses sanctions à l'encontre du régime en ajoutant six autorités portuaires contrôlées par le régime à la liste du gel des avoirs établie par l'Union européenne; appelle de nouveau le colonel Mouammar Mohammed Abu Minyar Kadhafi à quitter immédiatement le pouvoir;
29. est préoccupé par les épreuves que traverse le peuple libyen en raison d'une pénurie de nourriture, d'un manque d'accès aux soins médicaux et de l'absence des liquidités qui permettraient de payer les salaires et de satisfaire divers besoins administratifs; demande à la vice-présidente/haute représentante et aux États membres de l'Union européenne de veiller de toute urgence à mettre à la disposition du conseil national de transition une partie des avoirs libyens gelés, moyennant l'autorisation du comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies et sous la surveillance de celui-ci, afin que les besoins urgents puissent être satisfaits;
30. demande au Conseil et à la vice-présidente/haute représentante de prendre d'autres initiatives pour trouver une solution au conflit, en tenant compte du mandat d'arrêt récemment émis par la CPI à l'encontre du colonel Kadhafi, de son fils, Saif al-Islam Kadhafi, et d'Abdallah al-Sanussi;
31. se félicite du processus de réformes au Maroc, et notamment de la proposition de réforme constitutionnelle qui a été soumise à un référendum, qui constitue un pas dans la bonne direction, celle de l'ouverture du système de gouvernance, de la modernisation et de la démocratisation; demande aux partis politiques marocains de jouer un rôle actif dans ce processus de transformation; souligne que le public, les organisations de la société civile et les partis politiques doivent rester au cœur d'un processus permanent de mise en œuvre des réformes, et prend acte du fait que le Maroc a été le premier pays de la région à se voir accorder un statut avancé dans les relations avec l'Union européenne;
32. prend acte de l'annonce satisfaisante faite par le président de l'Algérie concernant le lancement du processus visant à la démocratisation et à assurer une meilleure gouvernance du pays, notamment en levant l'état d'urgence et en planifiant une réforme constitutionnelle; insiste sur la nécessité d'accélérer ces initiatives et invite les pouvoirs publics algériens à s'engager fermement dans ce mouvement de réformes, qui devrait être intégrateur et ouvert à la société civile;
33. salue l'engagement en faveur de réformes politiques en Jordanie, notamment la révision de la constitution jordanienne et l'œuvre accomplie par le comité du dialogue national; fait l'éloge des efforts déployés par les autorités jordaniennes et insiste sur la nécessité de mettre concrètement en œuvre les réformes; prend acte du fait que l'Union européenne a accepté d'accorder à la Jordanie le statut de «partenaire avancé» en 2010;
34. souligne que le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion est un droit fondamental qui doit être garanti par les autorités; prie instamment les autorités de protéger de manière fiable et efficace les confessions religieuses présentes dans leurs pays ainsi que d'assurer la sécurité personnelle et l'intégrité physique des membres de toutes les confessions religieuses;
35. soutient vivement la position du Conseil, selon laquelle la politique européenne de voisinage devra être adaptée aux nouveaux défis qui se posent dans le voisinage méridional; se félicite de l'engagement de l'Union européenne et des États membres d'accompagner et de soutenir les efforts concrets déployés par les gouvernements qui sont véritablement engagés dans des réformes politiques et économiques, ainsi que les sociétés civiles; se félicite de la création, par la vice-présidente/haute représentante, de la task-force pour la Méditerranée du Sud;
36. demande à la Commission et au Conseil de suivre une approche différenciée fondée sur la politique «plus pour plus» énoncée dans la communication conjointe du 25 mai 2011 relative aux pays du sud de la Méditerranée, en vertu de laquelle les progrès véritablement réalisés sur la voie de la démocratie, d'élections libres et loyales et, par-dessus tout, des droits de l'homme, devraient être récompensés;
37. invite l'Union européenne à continuer d'apporter l'aide humanitaire nécessaire aux personnes déplacées de la région, dont un grand nombre vivent désormais comme des réfugiés aux frontières de leurs pays;
38. se félicite du «partenariat de Deauville» engagé avec les pays de la région par les membres du G8; prend acte du fait que l'Égypte et la Tunisie seront les premiers pays à rejoindre ce partenariat; demande au Conseil et aux États membres de l'Union européenne de coordonner leurs efforts avec les membres du G8 qui sont prêts à étendre ce partenariat à tous les pays de la région engageant une transition vers une société libre, démocratique et tolérante;
o o o
39. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres, au gouvernement et au parlement de la République arabe syrienne, au gouvernement et au parlement de la République du Yémen, au gouvernement et au parlement de la République de Turquie, au gouvernement et au parlement du Royaume de Bahreïn, au conseil national de transition, au gouvernement et au parlement du Royaume du Maroc, au gouvernement et au parlement de la République algérienne démocratique et populaire, au gouvernement et au parlement du Royaume hachémite de Jordanie, au gouvernement de la République arabe d'Égypte, au gouvernement de la République tunisienne, au secrétaire général du CCG et au secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée.