Résolution du Parlement européen du 28 octobre 2015 sur une stratégie de l'Union pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne (2014/2214(INI))
Le Parlement européen,
– vu la communication de la Commission concernant la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne (COM(2014)0357) ainsi que le plan d'action et le document d'analyse qui l'accompagnent,
– vu le règlement (UE) no 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, portant dispositions générales applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, et abrogeant le règlement (CE) no 1083/2006 du Conseil(1) (ci-après le "RDC"),
– vu le règlement (UE) no 1299/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant dispositions particulières relatives à la contribution du Fonds européen de développement régional à l'objectif "Coopération territoriale européenne"(2),
– vu les conclusions du Conseil du 23 octobre 2014 sur la stratégie de l'Union pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne,
– vu le rapport de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions concernant la valeur ajoutée des stratégies macrorégionales (COM(2013)0468) et les conclusions du Conseil du 22 octobre 2013 sur le sujet,
– vu l'avis du Comité économique et social européen du 11 septembre 2014 sur la communication de la Commission concernant la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne (COM(2014)0357) et sur "La stratégie de l'Union européenne pour la région adriatique-ionienne: recherche, développement et innovation dans les PME" (avis exploratoire à la demande de la présidence italienne de l'Union),
– vu l'avis du Comité économique et social européen du 21 janvier 2014 relatif à la communication de la Commission concernant la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne (EUSAIR) (avis exploratoire),
– vu l'avis du Comité des régions du 26 juin 2014 sur la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne,
– vu l'avis d'initiative du Comité des régions du 11 octobre 2011 intitulé "Coopération territoriale dans le bassin méditerranéen à travers la macrorégion adriatico-ionienne",
– vu sa résolution du 3 juillet 2012 sur l'évolution des stratégies macrorégionales de l'UE: pratiques actuelles et perspectives d'avenir, notamment en Méditerranée(3),
– vu la communication de la Commission intitulée "Une stratégie maritime pour la mer Adriatique et la mer Ionienne" (COM(2012)0713),
– vu le rapport de la Commission concernant la gouvernance des stratégies macrorégionales (COM(2014)0284),
– vu la communication de la Commission du 26 janvier 2011 sur la contribution de la politique régionale à une croissance durable dans le contexte de la stratégie "Europe 2020" (COM(2011)0017),
– vu la directive 2014/52/UE du Parlement européen et du Conseil du 16 avril 2014 modifiant la directive 2011/92/UE concernant l'évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l'environnement,
– vu la directive 2001/42/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 juin 2001 relative à l'évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l'environnement,
– vu la décision 2005/370/CE du Conseil du 17 février 2005 relative à la conclusion, au nom de la Communauté européenne, de la convention sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement (convention d'Aarhus),
– vu la déclaration d'Ancône, adoptée lors de la conférence sur le développement et la sécurité dans la mer Adriatique et la mer Ionienne des 19 et 20 mai 2000,
– vu la conférence constitutive de l'eurorégion adriatico-ionienne qui s'est tenue à Pula le 30 juin 2006, et la déclaration sur le lancement de l'initiative pour la création de la stratégie pour l'Adriatique adoptée lors de l'assemblée de l'eurorégion adriatico-ionienne à Split le 22 octobre 2009,
– vu l'étude de sa direction générale des politiques internes (département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion) de janvier 2015 intitulée "New Role of Macro-Regions in European Territorial Cooperation",
– vu l'étude de sa direction générale des politiques internes (département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion) de juin 2015 intitulée "Adriatic and Ionian region: Socio-Economic Analysis and Assessment of Transport and Energy Links",
– vu l'article 52 de son règlement,
– vu le rapport de la commission du développement régional ainsi que les avis de la commission des affaires étrangères, de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, et de la commission de la pêche (A8-0279/2015),
A. considérant que les stratégies macrorégionales représentent un nouveau modèle de gouvernance à plusieurs niveaux, dont le succès est tributaire de la mobilisation des parties intéressées aux niveaux européen, national, régional et local (notamment les partenaires économiques et sociaux et les organisations de la société civile) et de la complémentarité entre les différents programmes et politiques; considérant le rôle important des collectivités régionales et locales dans la promotion de la démocratie, de la décentralisation et d'une plus grande autonomie locale et régionale;
B. considérant que les stratégies existantes en faveur de la mer Baltique et du bassin du Danube ont apporté aux régions concernées des avantages tangibles, qu'elles ont confirmé le succès des mécanismes de coopération appliqués par l'Union et que des enseignements utiles peuvent en être tirés pour la formulation de nouvelles stratégies macrorégionales;
C. considérant que l'intérêt des régions ne fait qu'augmenter pour cette forme nouvelle de coopération régionale et le modèle de gouvernance qui l'accompagne; que cet intérêt s'est récemment manifesté en ce qui concerne les régions de montagne telles que les Carpates ou les Alpes, où les barrières naturelles appellent la mise en œuvre d'une politique régionale spécifique;
D. considérant qu'une stratégie macrorégionale représente un cadre intégré approuvé par le Conseil européen pour les États membres et les pays tiers situés dans la même zone géographique et constitue, partant, une stratégie de l'Union européenne;
E. considérant qu'il existe d'importantes disparités socio-économiques entre les pays concernés par cette stratégie, en particulier entre les États membres de l'Union et les États non membres;
F. considérant que l'adoption de la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne résulte de l'intérêt renouvelé des pays de la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne pour la coopération et l'élaboration de mesures communes face aux défis, en tirant parti du potentiel de toute la région, et de leur action continue en faveur de synergies;
G. considérant que les stratégies macrorégionales peuvent être considérées comme un instrument d'intégration européenne et de cohésion territoriale accrue fondée sur la coopération volontaire entre États membres et pays voisins confrontés à des défis communs; considérant que la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne est une nouvelle forme de coopération régionale susceptible d'aider les pays participants qui sont candidats ou potentiellement candidats sur la voie de leur adhésion à l'Union et constitue une composante importante de la politique méditerranéenne globale de l'Union européenne, formulée dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée; considérant que la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne, qui s'inscrit dans la politique régionale de l'Union, est un instrument propre à favoriser la cohésion économique et sociale et que ses principaux objectifs sont la réduction des disparités régionales, la promotion d'une convergence réelle et la dynamisation de la croissance et de l'emploi;
H. considérant que l'Adriatique est une mer semi-fermée, ce qui l'expose particulièrement à la pollution, et qu'elle présente des caractéristiques hydrographiques particulières, notamment une profondeur et un profil côtier qui varient grandement entre le nord et le sud de la région; considérant que les stocks halieutiques sont répartis entre tous les États côtiers, et que leur renouvellement se trouve donc menacé; considérant que les dispositions du futur règlement-cadre portant mesures techniques relatives à la PCP réformée devront être conçues sur mesure pour chaque région et spécialement adaptées à ses spécificités ainsi qu'à celles de ses ressources marines et de la pêche;
Considérations générales
1. salue la communication de la Commission concernant la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne et le plan d'action qui l'accompagne; estime qu'il s'agit d'une étape décisive pour le développement de cette partie de l'Europe; souligne que cette stratégie a été créée pour valoriser les interventions des autorités européennes, nationales ou régionales ou du secteur privé, de façon à améliorer considérablement le fonctionnement de la macrorégion; souligne les perspectives de la stratégie pour les pays candidats et candidats potentiels dans la région; met en avant l'importance de fonder la stratégie sur les principes d'intégration, de coordination, de coopération et de partenariat; rappelle l'importance du principe des "trois non" (pas de législation, d'institution ou de moyens financiers supplémentaires), car les macrorégions sont des cadres qui permettent des initiatives de coopération, en s'appuyant sur des synergies qui résultent de l'articulation des différents instruments de la politique européenne, y compris les Fonds structurels et d'investissement;
2. salue les efforts déployés par toutes les parties prenantes pour créer une architecture institutionnelle permettant la mise en œuvre de la stratégie en question en s'inscrivant dans le cadre institutionnel existant; encourage toutes les parties prenantes nationales, régionales et locales à s'approprier pleinement la mise en œuvre des projets couverts par cette stratégie macrorégionale; souligne qu'il importe de renforcer la capacité institutionnelle et l'efficacité des administrations et des services publics, et que chaque pays participant se dote de ressources suffisantes et d'un personnel administratif compétent, expressément consacrés à la mise en œuvre de la stratégie;
3. souligne la nécessité d'une approche locale en ce qui concerne les activités de coopération et souligne la valeur ajoutée du modèle de gouvernance à multi-niveaux, qui doit pallier le manque de capacité des pouvoirs publics et peut servir à mettre en commun les ressources dans la macrorégion; rappelle avec insistance qu'il est nécessaire d'associer les autorités locales et régionales aux entités politiques chargées de la gestion et aux instances chargées des aspects opérationnels, techniques et de la mise en œuvre de la stratégie, tout en conservant le rôle de la Commission dans le processus de coordination; souligne que le développement local participatif est de nature à mobiliser et à associer les organisations de proximité au processus décisionnel et peut contribuer à renforcer le sentiment d'appropriation dans la population;
4. souligne l'importance de la transparence lors de l'adoption, du suivi et de l'évaluation de la stratégie ainsi que de l'ouverture sans exclusive à la société civile et à tous les acteurs intéressés; fait ressortir que la communication et la sensibilisation, en tant qu'élément transversal commun à tous les piliers, sont essentielles à la participation des parties prenantes au processus décisionnel et au renforcement de l'adhésion du public; encourage les États membres à donner à la stratégie une visibilité appropriée aux niveaux national, régional et local, à développer une communication servant les objectifs et les résultats de la stratégie, à encourager la coordination et l'échange de bonnes pratiques avec d'autres stratégies macrorégionales existantes et futures;
5. souligne la nécessité pour les pays tiers d'harmoniser leur législation avec l'acquis sectoriel spécifique lié à la stratégie afin de garantir la réalisation des objectifs de l'Union et une mise en œuvre régulière et en temps utile des aspects juridiques, sur la base des normes et de la législation de l'Union; encourage tous les pays participants à mettre sur pied des groupes de réflexion et à organiser des réunions régulières pour échanger des bonnes pratiques en vue d'accélérer cette procédure et de la rendre plus efficace;
6. fait observer que des problèmes risquent de se poser dans le financement des projets au titre de la stratégie en raison de la baisse marquée des investissements privés dans les pays de la région, conjuguée à un assainissement budgétaire et à une capacité d'investissement limitée dans le secteur public; invite les pays participants à adhérer fortement au processus, à faire preuve de détermination et à jouer un rôle moteur, ce qui est nécessaire pour que la stratégie soit menée à bien;
7. salue le fait que les Fonds structurels et d'investissement européens (Fonds ESI) et l'instrument d'aide de préadhésion pour 2014-2020, et en particulier le programme de coopération adriatico-ionienne 2014-2020 (ADRION), apportent des ressources potentielles importantes et un large éventail d'outils et d'options techniques à la stratégie; soutient le fait que d'autres fonds et instruments pertinents pour les piliers stratégiques sont disponibles, notamment: les programmes Horizon 2020 et Erasmus Plus pour tous les piliers, le mécanisme pour l'interconnexion en Europe en ce qui concerne le pilier II, le programme LIFE pour le pilier III ainsi que pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique, et les programmes COSME et Europe créative pour les PME pour ce qui est du pilier IV, ainsi que le programme INNOVFIN destiné à financer les innovations; en vue de créer une synergie entre les fonds disponibles, encourage la collaboration entre les comités de suivi des programmes relevant de l'objectif "Coopération territoriale européenne" axés sur la région, le conseil de direction EUSAIR et les autorités de gestion des Fonds ESI; rappelle que la stratégie doit permettre une utilisation plus efficace des instruments et des fonds existants;
8. invite la Commission européenne et les organisations nationales, régionales et locales chargées de la préparation, de la gestion et de la mise en œuvre des programmes relevant des Fonds ESI à souligner l'importance des projets et mesures au niveau macrorégional;
9. souligne qu'il importe de définir, au niveau macrorégional, la structure d'exécution et les mécanismes de coordination afin de faciliter la coopération, notamment une programmation conjointe, un alignement des possibilités de financement et une approche ascendante; souligne la nécessité d'aligner les programmes opérationnels nationaux et régionaux sur les objectifs de la stratégie, en incluant si possible, la prise en compte de la stratégie EUSAIR dans les programmes; estime nécessaire de coordonner et d'harmoniser les initiatives, propositions et projets qui concernent la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne;
10. encourage la Commission, la Banque européenne d'investissement (BEI) et les pays participants à tirer pleinement parti des possibilités offertes par le nouveau Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) pour financer des projets dans la région qui créeraient de la valeur ajoutée, favoriseraient le développement durable et la cohésion économique et sociale, dynamiseraient la croissance, amélioreraient l'emploi à l'échelon macrorégional et contribueraient à la réalisation des objectifs de la stratégie Europe 2020; encourage, dans ce contexte, à attribuer des "points de bonus" aux projets macrorégionaux à caractère transnational lors de la phase de sélection des projets;
11. souligne qu'il n'y a pas de fonds spécifiques alloués uniquement à la mise en œuvre des stratégies macrorégionales et qu'une forte détermination politique, des partenariats et une coordination entre les pays sont indispensables à leur réussite; invite dès lors les pays de la région à mettre en commun les fonds (Fonds ESI, IAP et FEIS) ainsi que les contributions provenant de sources nationales dans le cadre de la BEI, pour créer une plateforme financière et d'investissement à l'appui du financement des projets, afin de contribuer à la réalisation des objectifs fixés dans la stratégie; demande la création d'une réserve de projets transparente et publique pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne, qui rendrait visibles les besoins d'investissement et les projets actuels et potentiels afin d'inciter les investisseurs à investir dans ces projets;
12. invite instamment les parties prenantes à échanger les meilleures pratiques, à s'inspirer de l'expérience acquise, à recenser les goulets d'étranglement dans la mise en œuvre des autres stratégies macrorégionales de l'Union et à accroître la coopération avec leurs homologues des autres macrorégions, notamment de la mer Baltique, du bassin du Danube et de la région alpine;
13. demande à la Commission d'éliminer les obstacles administratifs et non financiers qui dissuadent souvent les investisseurs d'investir dans de tels projets;
14. juge nécessaire de trouver des pistes pour faire participer les pays qui ne sont pas inclus dans la stratégie mais qui sont géographiquement et économiquement proches de la région, au moins au cas par cas et pour des projets spécifiques; fait ressortir l'importance de la coopération transfrontalière et transnationale au titre de la politique de cohésion et invite les États membres et les régions concernés à suivre les meilleures pratiques existantes dans ce domaine;
15. rappelle que la crise économique a frappé durement la région et souligne la nécessité d'évaluer à intervalles réguliers les stratégies chargées d'assurer sa réhabilitation économique; souligne que les pays de la région se trouvent à des stades différents de développement et ont des besoins différents; invite la Commission à souligner combien il est important de créer des conditions propices à la réduction des disparités socio-économiques entre les pays; soutient les réformes dans les pays les moins développés et encourage l'échange de connaissances, d'expériences et de pratiques dans ce contexte;
16. souligne qu'il faut encourager, renouveler et approfondir la coopération culturelle, scientifique et éducative, notamment en élargissant les possibilités de mobilité des étudiants et des professeurs entre universités; souligne que la connaissance et l'innovation sont des conditions indispensables à une croissance intelligente, inclusive et durable; souligne l'interdépendance entre, d'une part, la coopération scientifique et culturelle et, de l'autre, la croissance de la dynamique économique et le niveau de diversité et de viabilité du tourisme au sein de la région;
17. salue la participation du Parlement européen aux organes de gouvernance de la stratégie de l'Union pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne; invite la Commission à analyser les efforts menés de concert par les pays dans la région (qu'ils soient ou non membres de l'Union) et la participation effective des autorités locales et régionales à la réalisation des objectifs de la stratégie;
18. renvoie aux précédents développés dans le contexte d'autres stratégies macrorégionales de l'Union et demande que soient soutenus, dans le cadre de projets pilotes et d'actions préparatoires, différents types d'actions, aussi bien des études que des capitaux d'amorçage pour la préparation de projets au titre des différents domaines prioritaires;
19. estime qu'il est essentiel, dans la phase de mise en œuvre de la stratégie, que ses principes généraux, et en particulier les exigences relatives à la protection de l'environnement et à la valorisation des ressources naturelles, soient dûment pris en compte au sein des quatre piliers, notamment en vue de parvenir à une approche globale des défis complexes et variés de la macrorégion;
20. souligne qu'il convient d'accorder une attention particulière aux zones visées à l'article 174 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, telles que les îles et les régions montagneuses et rurales, en vue d'identifier et d'exploiter leur potentiel spécifique, notamment dans le domaine du tourisme, tout en respectant les zones d'intervention et les priorités définies par le présent rapport; invite en outre la Commission à proposer une année européenne des îles et des montagnes;
21. juge nécessaire de trouver des pistes permettant aux pays participants d'intégrer d'autres piliers importants qui pourraient être contribuer au développement de la région, tels que l'agriculture, grâce aux conditions géoclimatiques particulières, à la biodiversité et à la possibilité d'effets synergiques coordonnés et de croissance supplémentaire; recommande une coopération et une coordination étroites des régions situées à l'intérieur des terres, des zones côtières et des îles pour obtenir des synergies entre les projets d'énergie propre et une production alimentaire saine;
22. attire l'attention sur l'importance de communiquer des informations et évaluer de manière adéquate la mise en œuvre de la stratégie; demande dans ce contexte aux pays participants ainsi qu'à la Commission de réunir des données de référence fiables et de fixer des objectifs concrets pour chaque pilier, évalués chaque année et rendus publics;
23. plaide pour une stratégie européenne globale et intégrée à l'égard des migrations; insiste sur le fait que la région fait face à de graves enjeux en matière de migrations et déplore toutes les tragédies survenues dans la Méditerranée; rappelle avec insistance qu'il est essentiel, pour surmonter ces difficultés, que les politiques en matière d'asile changent profondément en ce qui concerne la solidarité entre États membres; insiste sur la nécessité d'examiner la stratégie globale sur la coopération avec les pays tiers; déplore le manque de coopération entre les États membres de l'Union en matière de migration; encourage l'échange de bonnes pratiques en matière d'accueil de migrants et demande qu'une attention particulière soit accordée d'urgence aux questions sociales et humanitaires qui concernent la région, dans l'optique d'une éventuelle redéfinition des priorités de la stratégie à l'avenir;
24. espère qu'un nouvel élan sera donné à la consolidation de la paix et de la sécurité en Europe du Sud-Est;
25. invite les pays à partager leurs meilleures pratiques dans le domaine du respect des droits des minorités afin d'appliquer les normes les plus élevées, étant donné que les questions linguistiques sont un sujet très sensible dans cette région;
26. souligne qu'au cours des diverses phases de la réalisation, il convient de garantir aux acteurs économiques publics et privés, aux acteurs sociaux et aux différentes composantes de la société civile organisée une formation adéquate au moyen de programmes de formation ad hoc et de soutien organisationnel et technique;
27. demande à la Commission de présenter un rapport sur la mise en œuvre de la stratégie au Parlement et au Conseil tous les deux ans, afin d'évaluer son fonctionnement et sa valeur ajoutée en termes de croissance et d'emploi, de réduction des disparités et de développement durable;
28. encourage les actions ciblées de valorisation de la dimension sociale, souligne l'importance d'intégrer des priorités et des initiatives visant à encourager l'inclusion des personnes handicapées et de prévenir tout type de discrimination;
Croissance bleue
29. souligne que la position géographique exceptionnelle et la structure littorale spécifique de la région, associées à sa biodiversité marine particulièrement riche, renferment un immense potentiel pour la création d'emplois "bleus" et pour le développement et la croissance économiques durables et innovants, notamment pour les technologies bleues, la pêche et l'aquaculture, ainsi que pour une meilleure gouvernance maritime et de meilleurs services maritimes;
30. prône l'économie bleue comme solution à la crise économique, en ce qu'elle stimule la création d'emplois et le développement économique, en accordant une attention toute particulière aux femmes et aux jeunes dans les pays côtiers et insulaires; estime que la stratégie de l'Union européenne pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne ne peut être mise en œuvre en faisant fi de la notion d'économie bleue, qui lie les secteurs économiques concernant les mers et les océans, l'aquaculture, les transports maritimes et fluviaux et le tourisme à la protection de l'environnement;
31. invite la Commission et les États concernés par la stratégie à proposer des mesures incitatives afin d'attirer les jeunes vers le secteur de la pêche et de l'aquaculture dans la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne et de les encourager à s'engager dans ces activités;
32. plaide pour une coordination et une harmonisation des objectifs de la stratégie, ainsi que des projets communs, avec les valeurs, principes et objectifs de politique commune de la pêche; encourage en outre à soutenir le développement d'un secteur de la pêche durable et la production d'une alimentation traditionnelle saine; plaide pour la mise en place de groupes d'action locale dans le secteur de la pêche, qui pourraient permettre une diversification naturelle de la pêche; souligne que la viabilité et la rentabilité de la pêche et de l'aquaculture nécessitent la participation accrue des parties prenantes à sa gestion globale ainsi que l'amélioration et la diversification des activités de pêche;
33. estime que la croissance bleue comprend des secteurs et des entreprises très divers et que son développement suppose dès lors une main-d'œuvre hautement qualifiée dans tous les secteurs; invite les États membres participant à la stratégie à promouvoir les différents secteurs de la croissance bleue dans leurs programmes de formation, en tenant compte des systèmes d'apprentissage tout au long de la vie et de formation des travailleurs; souligne la complexité des activités, des secteurs et des disciplines des systèmes socio-économiques associés à la croissance bleue, et estime par conséquent qu'il est extrêmement important que les États membres concernés par la stratégie adoptent des politiques du marché du travail, en vue d'accroître la capacité d'adaptation au changement, l'innovation et la multidisciplinarité, d'adapter la formation du capital humain et d'augmenter le taux de participation des femmes;
34. souligne l'importance d'une interconnexion plus réelle entre la stratégie Europe 2020 et les trois piliers, en particulier en ce qui concerne le pilier de la croissance bleue de la stratégie pour la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne, sur la base du plan d'action de la Commission européenne; considère le plan d'action comme l'un des résultats de l'approche de la stratégie visant à identifier les priorités concrètes de la macrorégion; souligne qu'à partir de ces éléments, chaque action ou projet est sélectionné à l'issue d'une large consultation partant de la base, associant un large éventail de parties prenantes dans la région adriatico-ionienne, représentant les autorités nationales, régionales et locales, les partenaires sociaux, mais aussi le secteur privé, l'économie sociale, les universitaires et la société civile;
35. encourage le regroupement et la coopération d'entreprises publiques et privées, d'universités, d'instituts de recherche et d'autres parties concernées dans les secteurs maritimes et marins dans le but de stimuler l'innovation et de tirer pleinement parti des synergies; estime que les actions relevant du pilier "Croissance bleue" devraient s'appuyer sur les stratégies de recherche et d'innovation nationales et régionales pour une spécialisation intelligente afin de garantir des investissements plus efficaces; invite les pays et les régions à participer à la plateforme S3 de la Commission pour recevoir de l'aide dans le développement, la mise en œuvre et la révision des stratégies de spécialisation intelligente; considère qu'il est nécessaire, dans ce contexte, d'améliorer l'accès des PME au crédit et de développer les réseaux d'entreprises existants (clusters) grâce à un processus d'internationalisation, afin de créer de nouveaux emplois de qualité et durables;
36. est favorable à la création d'un label de qualité commun pour les produits de la mer provenant de la région afin d'accroître la compétitivité du secteur;
37. souligne l'importance du dialogue social et de l'association des représentants de la société civile aux activités de renforcement des capacités, aux côtés des pouvoirs publics; considère que cet objectif pourrait être atteint par la mise en place d'une plateforme permanente au niveau macrorégional et au niveau régional dans chaque État membre, chargée de représenter les partenaires socio-économiques, conformément à ce qui a déjà été fait pour les universités, les chambres de commerce et les villes;
38. insiste sur l'importance de la recherche marine et maritime et d'une coopération renforcée dans ces secteurs, entre les chercheurs et entre les États membres et les régions impliqués dans la stratégie, afin de combler le fossé entre les États membres et de stimuler la compétitivité des zones côtières et la création d'emplois locaux, durables et de qualité;
39. observe avec inquiétude l'épuisement rapide des stocks halieutiques dans l'Adriatique et dans la mer Ionienne en raison de la surpêche ainsi que de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, ainsi que les autres risques importants qui menacent les écosystèmes marins; souligne que la pêche représente un élément clé de l'économie des zones côtières et des îles; juge donc nécessaire d'envisager de faire de la protection et de la préservation des stocks halieutiques et des écosystèmes marins un objectif primordial de la stratégie, conformément au principe du rendement maximal durable contenu dans la politique commune de la pêche; souligne qu'il y a lieu, au cours d'une période transitoire, de soutenir l'adaptation aux limites de pêche par des subventions à l'achat d'équipements grâce au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP); réclame une action résolue, qui prendrait la forme d'un alignement de la législation des pays tiers sur la législation de l'Union dans le domaine de la pêche, d'un partage de données, de plates-formes communes de surveillance et de plans de gestion des pêches conjoints, et plaide pour que soit examinée la façon dont pourrait être développé un secteur de l'aquaculture durable, qui se prête très bien à l'alimentation par des sources d'énergie renouvelables;
40. rappelle que les espèces de poissons, coquillages et crustacés exploitées commercialement doivent se situer dans les limites de sécurité biologique afin d'atteindre un bon état écologique et de sauvegarder la viabilité à long terme du secteur de la pêche;
41. demande à la Commission de répertorier le volume de captures de la pêche de plaisance, de la réglementer, et d'appliquer à cette activité, tout comme à la pêche professionnelle, l'objectif du rendement maximal durable;
42. demande instamment une étude exhaustive sur les stocks halieutiques, notamment sur les espèces menacées et leurs interconnexions biologiques, étant donné que le fait de ne pas disposer de données exactes rend les évaluations peu claires et peu fiables; demande instamment la préservation des zones de reproduction naturelles;
43. demande que soient examinés et favorisés les projets ayant également pour objectif d'évaluer l'incidence de la pêche indirecte (filets fantômes, filets utilisés pour la mytiliculture) et des captures accessoires d'espèces protégées – rien que dans l'Adriatique, on estime que plus de 40 000 tortues de mer sont ainsi pêchées accidentellement; estime qu'il est donc aussi urgent qu'indispensable de réaliser des études sur les incidences environnementales et sur les possibilités d'atténuation du problème (par exemple, grâce à des dispositifs d'exclusion des tortues);
44. demande instamment un soutien fort au secteur de la construction navale, y compris au secteur de la plaisance, axé sur sa modernisation et sa spécialisation en vue de créer des emplois et de le mettre en conformité avec les exigences en matière de croissance durable et compétitive en accord avec les technologies bleues;
45. demande d'accorder un soutien substantiel aux zones de production, aux jumelages et à la coopération entre les zones situées dans diverses régions de la macrorégion; encourage l'échange de bonnes pratiques parmi les expériences les plus importantes du secteur et les réalités des autres régions qui envisagent de développer la même approche afin de faciliter la création de zones de production;
46. souligne la nécessité d'aider et d'encourager la pêche récréative, sportive et familiale, associée à des politiques intégrées relatives à la pêche et au tourisme (pêche et tourisme lié à la pêche, mariculture), notamment sur les îles, pour préserver les traditions culturelles locales et les modes de vie maritimes des insulaires et des habitants des petits villages côtiers; encourage la petite pêche et l'aquaculture durables et traditionnelles, conjuguées à une offre culinaire diversifiée et à la promotion de marchés de produits locaux de la pêche, puisqu'il s'agit là du meilleur moyen de garantir une pêche durable et de soutenir davantage des activités touristiques côtières;
47. invite la Commission à soutenir et à encourager l'association du secteur de la pêche et de ses travailleurs aux projets liés, par exemple, au tourisme culturel et historique – pêche, redécouverte de la culture maritime et des lieux et métiers de la pêche traditionnelle;
48. insiste sur l'importance de l'économie sociale et de l'entrepreneuriat féminin pour réaliser les objectifs du pilier "Croissance bleue" et appelle les États membres impliqués dans la stratégie EUSAIR à encourager et soutenir la participation des femmes dans tous les secteurs concernés; rappelle le rôle essentiel joué par les petites et micro-entreprises dans les régions et territoires concernés et demande aux États membres impliqués dans la stratégie de mettre en œuvre des politiques actives en vue de promouvoir ces formes d'activité économique;
49. encourage les actions destinées à réduire le risque hydrogéologique et d'érosion côtière;
50. souligne l'importance de la recherche et se dit en faveur d'un large soutien aux zones marines et maritimes:
51. souligne que le développement de l'aquaculture et de la mariculture peut jouer un rôle important non seulement dans le rétablissement de la diversité des espèces, mais aussi dans la croissance économique de la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne;
52. prie la Commission de renforcer l'échange de bonnes pratiques, notamment en ce qui concerne la viabilité des projets élaborés par les groupes d'action côtiers.
Connectivité de la région
53. constate que la macrorégion a absolument besoin de meilleurs réseaux de transport et d'acheminement de l'énergie entre les pays participants ainsi qu'entre ces derniers et leurs autres voisins, notamment en ce qui concerne le transport maritime, les liaisons intermodales avec l'arrière-pays et les réseaux énergétiques, et que l'amélioration de ces réseaux conditionne le développement économique et social de la macrorégion; souligne l'insuffisance des liaisons entre les deux côtes de l'Adriatique et les disparités qui existent dans la zone Adriatique-Ionienne en ce qui concerne les réseaux d'infrastructures;
54. demande d'encourager la mise en œuvre de services de transport durables qui réduisent les temps de parcours, les coûts du transport, de la logistique et des externalités; plaide pour de grands projets stratégiques pour l'interconnexion mer-route, afin d'ouvrir des opportunités de transport intermodal entre les pays, de contribuer à la cohésion, d'améliorer le réseau général et de prévenir la congestion des routes et, partant, les émissions de CO2; attire l'attention sur la nécessité d'améliorer la dimension maritime et portuaire du cabotage, des autoroutes de la mer et des croisières entre les deux rives de l'Adriatique, tant sur les traversées nord-sud que sur les traversées est-ouest; souligne la nécessité d'une coordination accrue pour éviter la congestion du trafic maritime et en améliorer la gestion et le contrôle;
55. encourage le recours au règlement concernant la surveillance, la déclaration et la vérification des émissions de dioxyde de carbone du secteur du transport maritime (règlement (UE) 2015/757) à des fins d'innovation et pour l'établissement d'un transport maritime durable dans la macrorégion, en utilisant des moteurs et des combustibles alternatifs pour la propulsion des bateaux, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer l'efficacité énergétique dans le secteur des transports;
56. souligne l'importance de relier les routes de transport maritime et les ports avec d'autres parties de l'Europe et l'intérêt que présentent les interconnexions avec les corridors RTE-T; invite les pays participants à concentrer leurs efforts sur la mise en œuvre de projets couverts par le réseau RTE-T actuel et d'autres interventions visant à son extension à l'Europe du Sud-Est/à la côte adriatique orientale, qui soient en mesure de réduire les disparités qui existent dans la zone Adriatique-Ionienne en ce qui concerne le réseau d'infrastructures: invite les pays participants à identifier des projets prioritaires apportant une valeur ajoutée régionale et européenne en ce qui concerne les infrastructures et suggère d'accorder notamment une attention particulière aux projets suivants:
i)
l'achèvement du corridor Baltique–Adriatique, y compris la prolongation de toute la dorsale reliant la mer Adriatique à la mer Ionienne,
ii)
l'extension Nord-Sud du corridor Scandinavie-Méditerranée,
iii)
la création d'un corridor de fret ferroviaire entre la région alpine et les Balkans occidentaux,
iv)
une liaison plus efficace entre la péninsule ibérique, le centre de l'Italie et les Balkans occidentaux,
v)
la création d'une liaison routière dans la région des Balkans entre les systèmes portuaires et les pays de l'intérieur, ainsi que d'une interconnexion avec le corridor Rhin-Danube,
vi)
l'amélioration des infrastructures portuaires pour des liaisons plus efficaces entres les deux rivages de l'Adriatique et l'élaboration d'une stratégie commune des organes de gestion des ports de l'Adriatique Nord tendant à un approvisionnement plus global de l'Europe centrale en biens d'importation;
57. demande d'optimiser la capacité du réseau d'infrastructures existant, notamment au niveau des liaisons routières et ferroviaires actuelles dans la macrorégion, jusqu'à la liaison du dernier kilomètre; souligne la nécessité de terminer l'autoroute Adriatique-Ionienne le plus rapidement possible, car elle permettra de stimuler le développement économique et social de la macrorégion; rappelle l'importance des nouveaux corridors qui comprennent des autoroutes, des voies de chemin de fer et d'autres infrastructures sur chaque rive de la région Adriatique-Ionienne; souligne la nécessité d'une coordination accrue pour éviter la congestion du trafic maritime et en améliorer la gestion et le contrôle;
58. demande que soit mise en place une infrastructure ferroviaire à grande vitesse qui assurera l'interconnexion de la macrorégion et permettra une meilleure connexion avec l'Union européenne et au sein de cette dernière; souligne qu'il est important d'améliorer la connectivité ferroviaire de la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne, ainsi qu'entre la côte tyrrhénienne et la côte ionienne et adriatique;
59. invite les pays participants à améliorer leurs infrastructures maritimes, ferroviaires et aériennes, à développer des autoroutes de la mer au sein de la macrorégion en combinant des moyens de transport intermodaux, notamment pour la liaison avec l'arrière-pays, ainsi qu'à améliorer la logistique des transports en tirant le meilleur parti des technologies les plus avancées et en assurant en permanence un niveau élevé de sécurité et de durabilité environnementale; demande aux pays participants d'étudier la possibilité d'améliorer la connectivité avec des instruments d'e-mobilité qui pourraient faciliter la vente en ligne de titres de transport au niveau international;
60. souligne le manque de liaisons efficaces avec les îles; prie instamment la Commission et les États membres de favoriser de meilleures liaisons en explorant de nouvelles options coordonnées et présentant une valeur ajoutée, en optimisant l'utilisation des lignes de marchandises et de passagers et en associant les acteurs privés et publics, afin d'améliorer la qualité de vie dans ces zones, d'arrêter le dépeuplement et d'exploiter les possibilités socio-économiques dans ces domaines; souligne la nécessité de renforcer les liaisons internes des îles et les infrastructures de transport aux fins d'une mobilité interne durable; souligne également qu'il y a lieu d'assurer des soins de santé adéquats et des programmes d'enseignement pendant toute l'année à la population des îles;
61. demande la réalisation de grands projets de liaison intermodale pour les îles, et notamment l'octroi d'un large soutien au renforcement des capacités d'aéroports stratégiques, tant au niveau des infrastructures que des nouvelles routes reliant les autres régions de la macrorégion;
62. prie instamment les pays participants de poursuivre leurs efforts en vue de diversifier leurs sources d'approvisionnement énergétique, un processus qui améliorera la sécurité énergétique de la macrorégion, mais permettra aussi d'accroître la concurrence et de combattre la pauvreté énergétique, ce qui aura d'importantes conséquences positives pour le développement économique et social de la région; souligne la nécessité d'évaluations approfondies de l'incidence environnementale des interventions dans le secteur de l'énergie; souligne l'importance d'une planification commune des investissements en vue de la création de terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) et de la mise en place des réseaux de gazoducs manquants dans la macrorégion, contribuant ainsi à renforcer l'indépendance et la sécurité énergétique; appelle en outre de ses vœux l'adoption de mesures visant à accroître l'efficacité énergétique et des ressources, contribuant ainsi à la compétitivité;
63. encourage la mise en place d'infrastructures énergétiques qui soient en mesure de réduire l'empreinte carbone, d'accroître l'efficacité énergétique et de garantir la sécurité énergétique dans la macrorégion et au-delà; souligne par ailleurs qu'il est important de développer et de promouvoir le concept de villes intelligentes, afin d'apporter une valeur ajoutée à l'infrastructure énergétique actuelle de la macrorégion;
64. reconnaît le fort potentiel des sources d'énergie renouvelables sous-exploitées dans la macrorégion; invite à l'exploitation des sources renouvelables disponibles, comme l'énergie solaire, éolienne, marémotrice (lorsque cela est techniquement réalisable) ou houlomotrice, au sein du bouquet énergétique; souligne la viabilité et la compétitivité des centrales hydroélectriques potentielles dans l'ensemble des pays participants; demande aux pays participants de contribuer à la mise en place d'un marché du gaz et de l'électricité performant et interconnecté dans la macrorégion qui garantira à tous un accès égal à une énergie bon marché et accessible; souligne l'importance du renforcement des interconnexions énergétiques transfrontalières destinées à soutenir les investissements dans le secteur de l'énergie, condition préalable essentielle à l'intégration de la région dans le réseau énergétique de l'Union, ainsi que l'élimination des obstacles aux investissements transfrontaliers dans le secteur de l'énergie;
65. soutient la planification et l'investissement conjoints en ce qui concerne les infrastructures énergétiques pour la production et le transport de l'électricité et du gaz dans la macrorégion, conformément au réseau RTE-E, en mettant en œuvre les projets concrets inscrits sur la liste des projets d'intérêt communautaire dans le domaine de l'énergie;
66. exprime sa vive préoccupation au sujet de la nouvelle relance de l'exploration et de l'exploitation du pétrole et du gaz naturel, à la fois en mer et à terre, exposant ainsi la macrorégion au risque de catastrophes aux conséquences majeures sur l'environnement, l'économie, notamment pour le secteur de la pêche, et la santé publique; souligne que toute activité de cet ordre devra respecter les règles et orientations de l'Union en matière de climat et d'énergie renouvelable; souligne que la mer Adriatique est une mer fermée, peu profonde, inadaptée à l'évacuation des substances polluantes, qui se caractérise sur toutes ses rives par une économie touristique florissante, et que les possibilités de croissance de la macrorégion devraient essentiellement dépendre du tourisme et des activités économiques liées à la spécificité de son environnement et de ses écosystèmes; insiste sur la nécessité d'appliquer de façon cohérente la législation de l'Union et les conventions internationales en matière de durabilité environnementale et de sécurité des activités maritimes; demande la mise en œuvre intégrale de la directive-cadre "Stratégie pour le milieu marin" (2008/56/CE) et de la directive relative à la sécurité des opérations pétrolières et gazières en mer (2013/30/UE);
67. appelle à la définition de normes européennes communes pour la macrorégion de l'Adriatique et de la mer Ionienne en matière de sécurité des transports;
68. rappelle la nécessité de promouvoir des services aériens transfrontaliers à travers la réalisation de projets communs destinés à garantir et à renforcer les liaisons à l'intérieur de la macrorégion;
Qualité de l'environnement
69. rappelle la richesse des écosystèmes marins, côtiers et terrestres des pays participants; observe que la mer Adriatique abrite près de la moitié (49 %) de toutes les espèces marines répertoriées dans la Méditerranée et constitue la sous-région la plus singulière de la Méditerranée compte tenu de sa faible profondeur, des courants limités et de la forte influence des cours d'eau; appelle à des efforts conjoints pour prendre toutes les mesures nécessaires, notamment l'utilisation de carburants propres pour le transport maritime et la logistique, afin de protéger la biodiversité de l'environnement marin et des habitats terrestres transnationaux, et d'éviter et de réduire la pollution de la mer et d'autres menaces pour la biodiversité côtière et marine; souligne qu'il est important de protéger les espèces marines et terrestres menacées, telles que, notamment, les phoques moines de Méditerranée, les protées, les lynx et les vautours fauves, et demande aux pays participants de mettre en œuvre des mesures proportionnées pour atteindre cet objectif;
70. appelle à un échange de bonnes pratiques entre les pays participants dans le domaine de la gestion du patrimoine naturel et culturel, y compris les sites Natura 2000 et de l'Unesco, en vue de mettre sur pied des attractions touristiques durables;
71. prie instamment tous les pays participants de conjuguer leurs efforts pour mettre en œuvre la planification de l'espace maritime conformément à la directive 2014/89/UE établissant un cadre pour la planification de l'espace maritime, et la gestion intégrée du littoral, en associant diverses parties (autorités nationales, régionales et locales, population locale, communauté scientifique, ONG, etc.) estime que l'utilisation durable et transparente des ressources marines et maritimes doit s'inscrire dans une véritable gestion commune de l'espace maritime;
72. souligne qu'il est important de protéger et de préserver les cours d'eau et les lacs situés dans le bassin adriatico-ionien;
73. souligne la nécessité d'agir de manière responsable face à la pollution historique et transfrontalière et de nettoyer les sites touchés par la contamination industrielle des sols, de l'eau et de l'air, et, le cas échéant, par la pollution liée aux conflits militaires; est favorable à toutes les mesures actives de réduction de la pollution marine par les armes chimiques et conventionnelles; soutient la réduction et, à terme, l'élimination des déchets marins conformément à la directive-cadre "stratégie pour le milieu marin", notamment en ce qui concerne la pollution par les déchets dans les îles de l'Adriatique;
74. s'inquiète des dommages causés par les déchets plastiques en mer; invite la Commission à soutenir les initiatives visant à collecter et recycler ces déchets; souligne l'importance d'associer les pêcheurs à ce processus;
75. appelle les pays à établir et mettre en œuvre des programmes globaux tendant à la réutilisation des sites industriels et militaires désaffectés; souligne que ces sites ne représentent pas seulement une menace pour l'environnement, mais également un important potentiel économique qui reste inexploité;
76. demande à ce que soit encouragé le déplacement des industries situées dans les centres urbains et les zones côtières, afin d'améliorer la qualité de vie;
77. insiste sur la nécessité d'exploiter tous les outils existants pour mettre en œuvre les meilleures solutions de gestion des déchets et de traitement des eaux usées dans la région, conformément à la directive 91/271/CEE du Conseil du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines résiduaires dans les pays de l'Union;
78. attire l'attention sur les différentes catastrophes naturelles ou d'origine humaine qui ont touché la région ces dernières années; rappelle le problème de la déforestation et les autres risques liés au changement climatique; souligne la nécessité d'appliquer pleinement les principes horizontaux pour la gestion du risque de catastrophe naturelle et l'adaptation au changement climatique dans la mise en œuvre du plan d'action et des priorités de chaque pilier; encourage la coopération entre les instituts hydrométéorologiques des pays dans le traitement des phénomènes climatiques extrêmes, des conséquences du changement climatique et de la gestion des risques de catastrophes; reconnaît que l'eau, l'agriculture et le tourisme sont les secteurs les plus vulnérables au changement climatique; encourage par conséquent la coopération entre les différentes autorités nationales afin d'établir un cadre et un mécanisme de soutien pour la mise en œuvre des mesures d'atténuation et d'adaptation;
79. souligne la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en particulier dans le secteur des transports maritimes;
80. souligne que les disparités géographiques et saisonnières en ce qui concerne l'accès aux réserves d'eau posent problème et qu'il existe une importante pénurie d'eau sur les îles et dans la zone côtière en été, lorsque la demande en eau augmente fortement en raison de l'arrivée d'un grand nombre de touristes;
81. demande instamment la création d'un centre régional de prévention des catastrophes ainsi que d'un plan d'urgence conjoint pour les déversements d'hydrocarbures et autres pollutions à grande échelle, afin de créer un système d'alerte rapide en vue d'éviter les catastrophes naturelles ainsi que les catastrophes causées par les activités industrielles, de transport et autres, comme les inondations, les incendies et les activités d'exploitation dans l'Adriatique; insiste sur le fait que le centre devrait être directement lié au mécanisme de protection civile de l'Union; met l'accent sur l'importance de préserver l'écosystème et la biodiversité de la région par une meilleure compréhension et l'échange des meilleures pratiques;
82. appelle les pays tiers à accélérer la mise en œuvre de l'acquis sectoriel (tel que la directive-cadre sur l'eau), comme préparation à leur future adhésion à l'Union;
83. exhorte les États membres à consulter les autorités compétentes des pays voisins et les collectivités locales de la macrorégion, notamment en ce qui concerne les activités économiques devant faire l'objet d'une évaluation des incidences sur l'environnement en vertu de la directive 2014/52/UE du Parlement européen et du Conseil du 16 avril 2014 modifiant la directive 2011/92/UE concernant l'évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l'environnement;
Tourisme durable et compétitif
84. souligne l'importance cruciale du tourisme pour l'économie européenne et le développement de la cohésion sociale au sein de l'Union européenne, tout particulièrement pour les pays méditerranéens et la région dans son ensemble; souligne la nécessité de développer de nouvelles approches qui contribuent à lutter contre la saisonnalité et qui soient cohérentes avec l'incidence et la viabilité du tourisme pour l'environnement; demande instamment que les projets touristiques bénéficient d'un financement accru de la part des Fonds ESI et d'autres sources;
85. demande instamment que soient améliorées le plus rapidement possible les liaisons routières transfrontalières afin de renforcer la compétitivité du secteur du tourisme, étant donné que des connexions insuffisantes conduisent à des goulets d'étranglement et à de longs retards; souligne la nécessité, à des fins touristiques, d'améliorer l'infrastructure aéroportuaire et la connexion maritime entre les deux rives de l'Adriatique;
86. rappelle la nécessité de favoriser l'utilisation de plateformes aéroportuaires existantes dans la macrorégion afin d'éviter une concentration excessive de passagers sur quelques plaques tournantes et de favoriser un tourisme durable et plus équilibré au niveau des flux dans les différents territoires;
87. reconnaît le riche patrimoine culturel et naturel de la région (y compris les activités culturelles telles que le cinéma, le théâtre et la musique) comme un bien précieux sur lequel s'appuie le secteur du tourisme; souligne le grand nombre de sites protégés par l'UNESCO et Natura 2000 dans tous les pays participants; estime que, malgré une contribution significative de ce secteur de l'économie, le potentiel du tourisme n'est pas pleinement exploité, notamment en raison du caractère fortement saisonnier et de carences dans les domaines de l'innovation, de la durabilité, des infrastructures de transport, de la qualité de l'offre touristique, des compétences des parties prenantes et de l'encadrement touristique; demande aux pays participants d'adopter des politiques aptes à garantir une offre adéquate de liaisons et de services d'accueil également en dehors de la saison estivale, afin de diversifier les flux de touristes et d'assurer une présence touristique constante tout au long de l'année; souligne l'importance d'allier tourisme et patrimoine naturel, culturel et artistique;
88. encourage les États membres à promouvoir des solutions de mobilité durable dans le secteur du tourisme, renforçant ainsi la qualité et l'éventail des services touristiques;
89. reconnaît l'importance des parcs nationaux et naturels ainsi que des zones protégées, sur lesquels pourra reposer l'éducation des citoyens dans les domaines de la protection de l'environnement et de la lutte contre le changement climatique;
90. souligne que la coopération entre les pays est indispensable au développement du tourisme dans la région; encourage l'élaboration de stratégies touristiques pour la mer Adriatique et la mer Ionienne fondées sur la durabilité et permettant aux pays de profiter des synergies et de relever les défis communs à l'échelon macrorégional; estime qu'il faut collaborer pour améliorer la visibilité des destinations de la région de la mer Adriatique et de la mer Ionienne;
91. prie instamment la Commission européenne, les pays participants et les autorités locales et régionales de prendre des mesures en vue d'encourager les parties prenantes à améliorer les infrastructures touristiques;
92. souligne l'importance du soutien aux industries culturelles et créatives, et en particulier l'aide au développement d'entreprises dans ce secteur, aux processus de regroupement de ces entreprises dans les secteurs de la musique, du théâtre, de la danse et du cinéma; encourage l'organisation de festivals, de conventions et de manifestations culturelles qui soutiennent l'intégration;
93. attire l'attention sur la nécessité de faciliter l'accès aux aides et aux financements des PME, qui sont essentielles pour le secteur du tourisme; encourage les parties prenantes de la région à participer au réseau Entreprise Europe afin de partager leurs expériences, d'établir un réseau et de trouver des partenaires transfrontaliers;
94. souligne l'importance des processus de spécialisation intelligente et de collectivité intelligente à travers la valorisation des plateformes d'innovation existantes, parmi lesquelles la mise sur pied d'un centre de la créativité de la région de l'Adriatique et de la mer Ionienne;
95. soutient le développement d'une offre touristique diversifiée, avec des parcs et itinéraires thématiques, du tourisme culturel, rural, de santé, médical, nautique, œno-gastronomique, des conférences et du tourisme sportif, du cyclisme, du golf, de la plongée, de la randonnée, des sports de montagne et de plein air, afin de promouvoir le tourisme tout au long de l'année et d'améliorer la compétitivité des destinations touristiques, sur une base durable; soutient le développement du tourisme rural afin de réduire la pression sur les centres touristiques importants et les zones côtières étroites et de contribuer à ce que le secteur ait un caractère moins saisonnier; soutient l'extension des activités touristiques à l'arrière-pays avec la création de produits touristiques intégrés qui incluent également les principaux points d'intérêt de la macrorégion et de ses capitales;
96. souligne l'importance d'une démarche cohérente entre la gestion et l'infrastructure du tourisme et la nécessité d'améliorer la qualité et la diversité des services et des possibilités en prenant en considération les caractéristiques de chaque région; insiste de même sur l'importance de promouvoir et de préserver les traditions locales et régionales;
97. souligne qu'il est important d'explorer des itinéraires et des modèles économiques alternatifs et de renforcer le lien entre l'offre de croisières et la population et les produits locaux, de manière à lutter plus efficacement contre les engorgements et à mieux exploiter l'ensemble des potentialités, ce qui apporterait aux économies locales des bénéfices économiques plus durables; reconnaît qu'il est important de développer et d'identifier des itinéraires touristiques macrorégionaux, en cartographiant et en promouvant davantage les itinéraires existants;
98. soutient la valorisation, à des fins touristiques, de gammes de produits essentiellement représentatifs de la région et la définition de programmes de promotion commerciale;
99. souligne la nécessité d'un transport véritablement intermodal, caractérisé par un réseau articulé avec services et zones d'échange, en vue de développer un tourisme écocompatible et de qualité;
100. encourage la création d'une charte de l'Adriatique et de la mer Ionienne qui favorise le tourisme durable à travers la définition de critères, de principes et de lignes directrices, la mise en œuvre de l'ETIS (European Tourism Indicator System) pour permettre d'évaluer les performances des destinations touristiques en vue d'améliorer leur développement durable;
o o o
101. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et aux gouvernements et parlements des pays participant à l'EUSAIR (Croatie, Grèce, Italie, Slovénie, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Serbie).