Budget 2023 : "Nous voulons nous focaliser sur la crise énergétique, la guerre et l'économie"

Selon le député européen Nicolae Ştefănuță, le budget de l'UE pour 2023 consistera à faire face aux nombreuses crises auxquelles l'Europe est confrontée.

Photo du député assis à son bureau
Nicolae Ştefănuță (Renew Europe, Roumanie)

Le Parlement européen a approuvé le budget de l'UE pour l'année prochaine lors d'un vote en séance plénière le 23 novembre. Cette interview avec Nicolae Ştefănuță (Renew Europe, Roumanie), auteur du rapport du Parlement sur les priorités pour le budget, a eu lieu en amont des négociations avec le Conseil. 


 

Dans votre rapport sur le budget, vous dites que l'UE est confrontée à un ensemble de défis extraordinairement complexes et que le budget devrait contribuer à les relever. À quels défis faites-vous référence ?

 

Le budget à long terme de l'UE, qui pose une limite au budget annuel, a été préparé en 2018. C'était avant que nous ayons eu cinq crises et défis consécutifs : la pandémie, la crise énergétique, l'inflation, la guerre en Ukraine et l'adhésion de cette dernière et de la Moldavie qui sont devenus des pays candidats. Cela signifie que nous allons faire la guerre avec un arc et des flèches, mais nous sommes à l'ère du numérique. Nous allons en guerre avec quelque chose qui n'est pas adapté à la guerre à laquelle nous sommes confrontés actuellement.

 

Le message principal est que nous devons réviser le budget à long terme de l'UE pour l'adapter à l'époque dans laquelle nous vivons afin d'avoir plus d'espace de manœuvre et plus d'argent pour agir. Si nous ne réagissons pas, les citoyens de l'UE se demanderont pourquoi l'UE ne fait rien. Si nous avons une crise supplémentaire et que nous n'avons plus d'argent, que diront les citoyens ? En Italie, on voit par exemple que l'hésitation initiale face à la pandémie nous coûte aujourd'hui des votes politiques.

 

Ce sont des moments extraordinaires. Le budget que nous avons reçu sur la table (le projet de proposition de la Commission) était ordinaire. Nous avons essayé de le rendre extraordinaire.

 

Certaines des crises que vous mentionnez sont en grande partie axées sur le marché. Comment le budget de l'UE peut-il spécifiquement faire face à ce type de crise ?

 

C'est une bonne question. Tous les problèmes ne peuvent pas être résolus en y injectant plus d'argent. Vous mentionnez ceux qui sont axés sur le marché, mais nous avons aussi ceux qui sont axés sur la guerre. Ce sont des choses que nous ne contrôlons pas. Ce que nous pouvons faire, c'est d'avoir un effort commun.
 

Dans ce budget, nous abordons précisément les défis de la crise énergétique, de la guerre et de l'économie. Ce sont nos trois grandes priorités, mais en même temps, nous devons adopter une législation et prendre d'autres mesures. Pour la crise énergétique, nous avons besoin du plan REPowerEU, mais aussi d'autres mesures. L'argent ne résout pas tout, mais il peut aider beaucoup à réduire la douleur.

 

Au Parlement, nous avons essentiellement pris chaque point sur l'énergie dans le projet de proposition de budget de la Commission et l'avons augmenté ; par exemple en ce qui concerne l'innovation, les nouvelles sources d'énergie et les énergies renouvelables et pour les PME confrontées au coût de l'énergie. Nous avons proposé une enveloppe supérieure de 533 millions d'euros au projet de budget. C'est notre réponse énergétique de cette année.

 

Certains pourraient être un peu inquiets que l'un des plus grands défis de notre génération, le changement climatique, recule parce qu'il y a tellement d'autres problèmes qui doivent être résolus. Qu'y a-t-il dans votre proposition de budget pour le climat ?

 

Nous proposons une augmentation pour le programme LIFE. Nous abordons la question du changement climatique en même temps que les autres questions.

 

Je pense qu'il est important de ne pas arrêter le Green Deal. Pour ma part, je ne suis pas d'accord avec les gens qui disent que le Green Deal nous a mis dans la crise de l'énergie. Au contraire, si nous avions déjà eu le Green Deal, nous n'aurions peut-être pas été dans cette situation. Nous aurions eu plus d'énergies renouvelables et moins de dépendance au pétrole russe et aux sources externes.

 

Comment votre proposition de budget soutient-elle spécifiquement l'Ukraine ?

 

Nous avons créé un paquet d'une valeur de 853 millions d'euros. Nous avons accru nos capacités de défense, notre mobilité militaire et l'acquisition conjointe d'armements. Il y a Erasmus pour les étudiants ukrainiens. Il y a des augmentations du programme Marie Skłodowska-Curie sur la recherche car nous avons des chercheurs ukrainiens dans l'UE. Il y a des paquets d'aide humanitaire parce que les réfugiés et les États membres qui accueillent des réfugiés ont besoin d'aide.

 

Un pays comme la Moldavie a aussi besoin d'aide. C'est un pays candidat, mais qui ne reçoit pas vraiment beaucoup de soutien de notre part pour le moment car il ne reçoit pas encore d'argent de préadhésion. Ils ont constaté une multiplication par sept des prix de l'énergie, alors ils demandent de l'aide cet hiver. Nous devons les soutenir car il est important que nous conservions un gouvernement pro-européen en Moldavie.