Marit Paulsen : dénoncer et sanctionner ceux qui ne respectent pas les animaux

Les règles sur le bien-être des animaux doivent être observées et les malfaiteurs sanctionnés. Un rapport de l'eurodéputée suédoise Marit Paulsen, présenté en session plénière, propose d'identifier et de dénoncer les coupables d'infractions. Interview.

L'eurodéputée suédoise Marit Paulsen
L'eurodéputée suédoise Marit Paulsen

"Il n'y a pas suffisamment de pression sur les Etats membres pour qu'ils appliquent les règles européennes relatives au bien être animal," juge Marit Paulsen, députée suédoise du groupe de l'Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE). Le rapport, présenté au Parlement mercredi 03 juillet, lors du vote en session plénière, s'intéresse à la stratégie de l’UE pour la protection et le bien-être des animaux 2012-2015. Les règles relatives au bien-être des animaux continuent d'être violées, malgré certains progrès.


Vous proposez une stratégie commune aux Vingt Sept en faveur du bien être animal : quelle est la situation des Européens dans ce domaine ?


Marit Paulsen : Nous ne sommes certainement pas les meilleurs élèves. Un tiers d'entre nous se comportent correctement. La majorité adopte des attitudes variables d'une exploitation agricole à l'autre. Malheureusement, le système dépend encore de l'utilisation d'antibiotiques.


En outre, il y a des Etats membres qui -pardonnez-moi du terme- n'ont aucune idée de ce dont nous parlons. C'est pourquoi nous essayons aujourd'hui de construire une fondation. Nous avons besoin d'une définition commune, afin d'édicter des règles : qu'est-ce ainsi que le "bien être animal" ? Une définition pourrait être décisive, dans la mesure où le libre échange prend de plus en plus d'importance dans l'agriculture et que nous, Européens, nous trouvons à la pointe du débat sur le bien-être animal, aux côtés des Etats Unies, du Canada et de l'Australie.


Mais les consommateurs prennent-ils en compte le bien-être des animaux lorsqu'ils font leurs courses ?


MP : Seulement 15 à 20 % font réellement leurs courses comme ils le décrivent lors des sondages. Les gens finissent toujours par penser qu'ils ont fait une bonne affaire lorsqu'ils achètent un rôti de porc pour 3 euros au supermarché. Mais savent-ils la vie que ces cochons ont eu ?


Vous suggérez une implantation de la directive-cadre par "étapes". Est-ce nécessaire ?


MP : Prenez la directive sur les poules pondeuses : cela fait près de 12 ans qu'elle est en chantier. Pour les nouveaux Etats membres de l'UE, cela fait seulement 8 ans, mais ils savaient à quoi s'attendre lors de leur intégration et ils avaient donné leur accord. La Commission a eu les mains liées jusqu'à janvier 2012 et chacun a fait mine d'ignorer sa non application.


Au vu de la restructuration coûteuse et de la longue période de transition à venir, je dirais qu'une ou deux étapes sont nécessaires. Pas au point de donner le droit à la Commission d'intenter une action en justice contre les contrevenants mais simplement de bien vérifier où ils se trouvent dans le processus d'implantation de la loi-cadre : combien de nouvelles cages ont-ils ? Quel est leur plan d'action pour les deux ou trois années à venir ?


Parfois, il est bien de montrer du doigt les Etats membres : cela permet de replacer le sujet à l'ordre du jour.  


Votre idée, c'est de nommer ceux qui ne respectent pas la législation, afin de leur faire honte ?


MP : Exactement. Et cette stratégie n'est pas seulement valable pour la législation sur le bien-être animal. Si cette proposition est acceptée, je crois que des étapes devraient être mises en place pour n'importe quelle législation européenne, comprenant une plus longue période de mise en œuvre.