Liliana Rodrigues: "les droits des femmes, comme tous les droits humains, nous concernent tous"
Aujourd’hui nous célébrons la Journée internationale de la femme. À quels défis les femmes et les filles font face aujourd’hui, dans l’Union européenne et dans le monde, et comment peuvent-elles les réussir ? Nous en avons parlé avec Liliana Rodrigues, députée démocrate socialiste portugaise et rédactrice du rapport sur l’émancipation des femmes par l’éducation, pour qui l’éducation est un outil-clé pour garantir l’égalité des genres.
Madame Rodrigues, la situation dans les pays développés est très différente de celle des pays en voie de développement. Alors que des filles se battent pour avoir accès à l’éducation dans les pays en développement, quels sont les principaux problèmes dans l’Union européenne ?
Les femmes se battent pour leurs droits dans tous les pays. En Europe, une femme sur trois souffre d’une forme de violence. Et nous avons un sérieux problème de violence domestique. Nous avons aussi d’autres indicateurs inquiétants comme le fait que les femmes gagnent moins que les hommes, ce qui est une énorme injustice ou encore l’accès au marché du travail. Il y a plus de femmes qualifiées que d’hommes tant au niveau de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur et pourtant elles n’occupent toujours pas de positions dans l’administration et la direction.
Que peut-on faire pour améliorer la situation ? Que pourrait faire le Parlement européen ?
Je suis très critique en ce qui concerne les institutions européennes. Le Collège des Commissaires (Commission européenne) est un exemple flagrant de l’absence d’égalité. Les institutions doivent commencer par montre l’exemple.
L’éducation, et cela comprend l’éducation parentale, est un outil clé pour garantir l’égalité des genres. Le Portugal et la Croatie sont de bons exemples. Il est fondamental de former les enseignants. Nous pouvons aussi encourager les filles à aller vers l’enseignement professionnel et avoir plus d’informatique et de sciences dans tous les programmes scolaires. Nous l’avons déjà fait dans certaines écoles et cela a bien fonctionné. Mais surtout, nous avons besoin de créer des mécanismes de confiance en soi chez les femmes et les filles. Sans lui, il sera très difficile de changer la situation mais nous pensons qu’ensemble, nous, les professeurs, les parents, les amis et les enfants, nous pouvons y arriver.
J’attends qu’un jour nous vivions dans une société où quelqu’un est choisi pour un emploi non pas parce qu’il s’agit d’un homme ou d’une femme mais tout simplement pour ses compétences.
Que répondriez-vous aux hommes qui demandent « qu’en est-il de nous ? » lorsque nous parlons des droits des femmes ?
Les droits des femmes, tout comme les droits humains, ne concernent pas que les hommes ou les femmes, ils nous concernent tous. Je crois que les hommes ont un rôle clé à jouer et je leur demanderais de ressentir les problèmes des femmes comme étant les leurs aussi. Ils devraient devenir féministes. Devenir féministe ce n’est pas considérer que les femmes sont supérieures aux hommes. C’est demander l’égalité, et les hommes devraient être les premiers à la demander.
Biensûr des hommes souffrent aussi de discrimination ou sont aussi victimes de violence domestique. Ils devraient savoir que leurs droits sont protégés. Les associations qui traient de la violence domestique, par exemple, reçoivent des femmes, des hommes, des grands parents et des enfants. Néanmoins, les données scientifiques montrent que les femmes sont celles qui sont le moins protégées.
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