Lutte contre la torture : « L’Europe ne peut pas rester les bras croisés »

La torture et la peine de mort restent une réalité dans certaines régions du monde et l’Union européenne a un rôle à jouer dans la promotion du respect des droits de l’homme, selon Marietje Schaake. La députée libérale néerlandaise est l’auteur d’un rapport autour du commerce de certains biens susceptibles d'être utilisés en vue d'infliger la peine capitale ou la torture. La proposition de règlement sera débattue et votée par l'ensemble du Parlement mardi 4 octobre.

Marietje Schaake
La députée libérale néerlandaise Marietje Schaake est l'auteur d'un rapport sur la lutte contre la torture

Votre rapport se penche sur les « biens susceptibles d'être utilisés en vue d'infliger la peine capitale, la torture ou d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». À quoi faites-vous référence ?


Nous cherchons à limiter l'exportation de biens explicitement utilisés à des fins de torture, tels que ceux destinés à immobiliser ou à frapper. Nous estimons également que les médicaments servant à administrer une injection létale ne devraient pas non plus être vendus à des prisons ou des organismes chargés de l'application de la loi.


Il nous faut des instruments juridiques pour répondre à ces situations. Si un camion contenant des outils de torture est découvert, même si celui-ci transite de la Chine vers le Mexique, l’Europe doit pouvoir faire quelque chose. L'Europe ne peut pas rester les bras croisés.


Il faut donc créer une base légale à partir de laquelle il serait possible d’agir si nécessaire. De telles situations, même si elles ne sont pas quotidiennes, ont de lourdes conséquences sur les individus concernés.

 

Quelle est la situation actuelle à l’échelle mondiale ?


Les droits de l'homme dans le monde, en particulier la liberté de la presse, sont en danger. Nous devons donc être extrêmement vigilants afin de maintenir des sociétés ouvertes et fortes, pas seulement ici en Europe.


Nous ne devons pas perdre de vue ce qu’il se passe dans le reste du monde et à quel point le rôle de l’Europe est primordial pour faire progresser le respect des droits de l’homme.

 

Existe-t-il un fossé entre ce que nous prônons et ce que nous faisons ?


Absolument, il existe souvent un énorme fossé. Pendant longtemps, nous avons par exemple été très critiques à l'égard des violations des droits de l’homme dans certains pays tels que l’Égypte. Ces deux dernières années, il semblerait qu’il ait été décidé d’être beaucoup plus tolérant à l’égard du général Al-Sissi, désormais Président d’Égypte, même si celui-ci ne fait qu’empirer les choses, d’après les défenseurs des droits de l’homme avec lesquels je suis en contact. L’Union européenne est particulièrement indulgente à l’égard de l’Égypte.


Au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, nous fermons souvent les yeux sur des violations très graves des droits de l’homme. J'estime que ce contexte ne devrait pas servir d’excuse : il faut combattre le terrorisme tout en respectant les droits de l’homme.

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