Les députés condamnent le racisme et les violences policières lors d’un débat sur la mort de George Floyd

« Le racisme n’a pas sa place dans l’UE » : les députés débattent des violences policières et la discrimination suite aux manifestations antiracistes dans les États-Unis et l’UE.

Une manifestation du mouvement "Black Lives Matter" où l'on brandit une pancarte disant : "Ma couleur de peau n'est pas un crime".
Une manifestation du mouvement "Black Lives Matter" où l'on brandit une pancarte disant : "Ma couleur de peau n'est pas un crime".

Le mercredi 17 juin, les députés, ainsi que des représentants du Conseil et de la Commission, se sont penchés sur les cas de racisme, de discrimination et de violences policière que subissent les minorités (notamment d’origine africaine).


Fin mai, l’afro-américain George Floyd a perdu la vie en pleine rue lors de son arrestation par des agents de police de la ville de Minneapolis aux États-Unis.


Sa mort, ainsi que plusieurs autres cas similaires, a déclenché une vague de manifestations parfois violentes contre le racisme et les violences policières au cours des dernières semaines aussi bien aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde.


À l’ouverture de la séance plénière, le Président Sassoli a fait observer une minute de silence en mémoire de George Floyd avant de donner la parole à la députée Pierrette Herzberger-Fofana (Verts/ALE, DE).


La députée a livré un témoignage choquant, expliquant qu’elle avait été victime de violences policières en Belgique alors qu’elle prenait en photo un incident impliquant des agents de police et deux personnes noires à la gare du Nord à Bruxelles.


« Je pense que nous devons prendre de nombreuses mesures afin de protéger beaucoup de personnes qui ne sont pas ici et qui n’ont pas eu les moyens d’échapper à la violence policière » a-t-elle déclaré.


Le racisme en Europe


« En tant que société, nous devons nous rendre à l’évidence » a annoncé la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen, en admettant que le racisme était bel et bien présent en Europe.


« Nous devons combattre le racisme et la discrimination sans relâche » a-t-elle ajouté, « nous devons non seulement combattre les cas de discrimination évidents mais également les cas plus subtils (...) ceux que l’on retrouve dans nos systèmes judiciaires, nos forces de l’ordre, nos marchés de l’emploi ou immobiliers, nos systèmes de santé, ainsi que dans nos politiques et notre approche à la migration ».


Herman Tertsch (CRE, Espagne), a expliqué que le débat actuel sur le racisme est surtout centré sur les États-Unis, qui sont vu comme étant les « méchants » de l’histoire, alors que la haine et le racisme existent également en Europe.


Alice Kuhnke (Verts/ALE, Suède) lui a emboité le pas, déclarant : « Nous devons envoyer un signal fort aux États-Unis mais nous devons également faire le ménage chez nous. Le Parlement et la Commission dessineront les contours de l’action de l’UE afin de créer une société durable qui ne laisse personne sur le bas-côté. Il ne peut y avoir de place pour le racisme et la discrimination ».


Younous Omarjee (GUE/NGL, France) a expliqué que l’Histoire de l’Europe « a toujours vacillé entre le barbarisme et la civilisation » avec son lot de conquêtes, de colonies, d’esclavagismes et le spectre de l’Holocauste. Il a demandé à ce que des mesures soient prises pour contrer le racisme et les inégalités sociales en Europe.


Susanna Ceccardi (ID, Italie) a, pour sa part, condamné les agissements de certains manifestants qui ont mené à des scènes de pillage et de destruction de biens culturels : « au-delà du racisme, une autre plaie s’est abattue sur le monde, celle de la stupidité et de l’ignorance qui mène à vouloir effacer sa propre Histoire. »


Dacian Cioloş (Renew Europe, Roumanie) s’est demandé si les institutions européennes reflétaient bien la diversité de l’Union européenne : « nous devons œuvrer à la construction d’une société plus inclusive, en ayant nous-mêmes une attitude plus inclusive. Et, lorsque nous donnons nous-mêmes l’exemple, seulement alors pouvons-nous demander aux autres de suivre ces principes » a-t-il clarifié.

Certains intervenants lors du débat sur les manifestations antiracistes suite à la mort de George Floyd.
Certains intervenants lors du débat sur les manifestations antiracistes suite à la mort de George Floyd.

De l’espoir pour l’avenir


Isabel Wiseler-Lima (PPE, Luxembourg) a déclaré que la mort brutale de George Floyd a mené à une prise de conscience mondiale face au racisme et aux violences policières « ce mouvement multicolore a mené de nombreuses jeunes personnes à croire en l’avenir ».


« Il est de notre devoir d’éradiquer le racisme sous-jacent dans nos villes » a expliqué Iratxe García Pérez (S&D, Espagne) en appelant au déblocage de la Directive Anti-Discrimination du Conseil et en réclamant plus de moyens pour l’UE afin de mettre un terme au racisme en Europe.

« J’affirme haut et fort notre soutien envers les victimes de la discrimination raciale à travers le monde. Les vies noires comptent en effet (Black lives do matter) et le racisme et la discrimination systémiques n’ont pas leur place dans notre société » a conclu Nikolina Brnjac, la représentante de la Présidence croate du Conseil.


En mars, le Parlement avait enjoint l’UE et les États membres à prendre des mesures pour contrer le racisme systémique en Europe. Les députés ont exigé de mettre un terme au profilage racial dans le droit pénal et le contre-terrorisme, tout en réclamant des réparations pour les crimes contre l’humanité commis pendant la période coloniale en Europe.


Le Parlement a condamné toutes les formes de racisme, de haine et de violence et a appellé à l'action dans une résolution adoptée le 19 juin.
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