Débat du Jour: 13-11-96(2)
50e anniversaire de l'UNICEF .
50e anniversaire de l'UNICEF
Dans son allocution, commémorant le 50e anniversaire de l'UNICEF, le Président du Parlement
européen, M. Klaus HÄNSCH (PSE, D), après avoir dressé un tableau de la situation dans laquelle
vivent les enfants dans un grand nombre de pays du monde, s'est félicité de la signature de la Charte
des Nations unies sur les droits de l'enfant.
Toutefois, si cette Charte constitue un progrès important, le Président HÄNSCH a constaté avec une
certaine amertume "qu'on ne nourrit pas les enfants avec des résolutions". S'insurgeant contre les
pratiques de concurrence déloyale, qui aboutissent à ce que des enfants soient contraints de travailler
pour des salaires de misère, le Président du Parlement européen a estimé que l'Europe doit user de
toute son influence pour faire adopter des normes sociales dans le cadre de l'OMC.
Apportant tout l'appui du Parlement européen à l'UNICEF dans son action pour améliorer la situation des enfants, M. HÄNSCH s'est félicité que Mme Nana MOUSKOURI (PPE, GR), membre de ce
Parlement, soit également ambassadrice de l'UNICEF.
Rappelant que la création de l'UNICEF après la seconde guerre mondiale avait constitué un acte de
solidarité avec les enfants d'Europe, le Président HÄNSCH a estimé que c'est maintenant à l'Europe
d'aider l'UNICEF dans son combat visant à améliorer la situation des enfants dans les pays défavorisés.
En conclusion, remerciant l'UNICEF pour son engagement, le Président du Parlement européen a
déclaré: "Si l'UNICEF n'existait pas, il faudrait l'inventer".
Le Président en exercice du Conseil, M. Gay MITCHELL, après avoir largement retracé l'historique
de l'UNICEF, s'est félicité que les années 80 avaient été les années de la "redécouverte de la cause
des enfants".
Réaffirmant l'engagement de l'Union européenne en faveur des droits des enfants, il s'est réjoui de la
signature de la Convention des Nations unies sur les droits de l'enfant. Il estime que cette convention
reconnaît que les enfants n'ont pas seulement des besoins mais aussi des droits sociaux, culturels et
économiques.
Enfin, évoquant le problème de l'abus sexuel sur les enfants, il a rappelé la nécessité de les protéger
contre de tels actes. A cet égard, il a mentionné son propre pays qui a adopté une loi permettant de
poursuivre les personnes se livrant au tourisme sexuel ou en tirant profit sur un plan économique.
Le commissaire, Mme Anita GRADIN, après avoir retracé l'historique de la création de l'UNICEF, a
souligné que cette institution, après avoir aidé les enfants européens victimes de la seconde guerre
mondiale, devait maintenant consacrer la majorité de son action à l'aide aux enfants dans les pays en
voie de développement.
Elle s'est félicitée de l'appel lancé par l'UNICEF et qui vise à demander un investissement public
plus conséquent dans le secteur social.
Mme GRADIN s'est également réjouie du rôle particulièrement actif joué par l'UNICEF lors du
Congrès de Stockholm. Cette organisation a en effet "remué ciel et terre" pour que ce congrès
aboutisse à des résultats tangibles.
Enfin, Mme GRADIN s'est félicitée de la signature de la Charte des Nations unies sur les droits de
l'enfant. Cette Charte permet dès à présent de faire en sorte que les droits des enfants en tant qu'individus fassent désormais partie intégrante des droits de l'homme.
Au nom du groupe PSE, Mme Lissy GRÖNER (D) a indiqué que certains progrès avaient été réalisés.
Et de citer notamment les grandes épidémies qui ont pu être jugulées, alors qu'elles tuaient 8 millions
d'enfants par an, la ratification par 150 Etats de la Charte des enfants, l'aide apportée aux enfants par
l'UNICEF. Toutefois, des millions d'enfants restent confrontés à la prostitution, aux abus sexuels,
sont chassés par les guerres et tués, mutilés par les mines, sont livrés à eux-mêmes.
Au nom du groupe PPE, Mme Nana MOUSKOURI (GR) reconnaît que, si la situation s'est améliorée
dans certains domaines, il reste beaucoup à faire. C'est à nous, responsables politiques, qu'il appartient de réfléchir aux mesures à prendre pour améliorer le sort des enfants. Et d'évoquer la nécessité
de leur garantir un environnement sain, de lutter contre le tourisme sexuel, de donner des droits aux
enfants lors des procès. Et de demander que l'on conjugue tous nos efforts à tous les niveaux -
Nations unies, Europol, coordination des systèmes judiciaires. Rappelons-nous que "chaque enfant
est aussi notre enfant".
Au nom du groupe UPE, M. Giancarlo LIGABUE (I) a souligné que l'enfant était la composante
centrale de la société. Il vit dans une société qui change rapidement et, dans certains pays, échappe à
tout contrôle. L'on assiste à une modification des régimes sociaux et familiaux, à une urbanisation à
outrance qui entraîne de lourdes conséquences pour l'environnement de l'enfant. Il faut donc créer de
nouveaux modèles. L'orateur a demandé que soit reconnu juridiquement dans le Traité modifié de
l'Union le droit des enfants.
Si, en 1946, la mission de l'UNICEF était essentiellement de résoudre les problèmes posés par la
seconde guerre mondiale, elle a petit à petit pu reporter ses efforts sur les enfants du sud. Des
progrès ont été accomplis en matière de santé, mais beaucoup reste à faire, a constaté Mme Anne
ANDRÉ-LÉONARD (B), au nom du groupe ELDR. En effet, on assiste à la multiplication des enfants
soldats, à la traite et à l'exploitation sexuelle des enfants, à leur exploitation au travail avec des
horaires épuisants, qui ne sont pas sans conséquence grave sur leur croissance.
Elle a souligné l'action de l'UNICEF qui a soutenu les organisations locales, notamment dans les
programmes pour aider les enfants qui vivent dans la rue et mettre en place des cours de formation
après le travail. L'UNICEF a le mérite de mettre l'accent sur le fait que l'éducation peut apporter des
changements et d'informer l'opinion publique. A l'aube du troisième millénaire, l'enfant devra
retrouver la place qu'il mérite.
Au nom du groupe GUE/NGL, M. Alonso PUERTA (E) a lui aussi rendu hommage aux travaux de
l'UNICEF et demandé que l'on appuie par tous les moyens à notre disposition le travail de cette
organisation. Il a indiqué que 35.000 enfants de moins de 5 ans étaient mal nourris, que 130 millions
d'enfants entre 6 et 11 ans n'étaient pas scolarisés, que 600.000 femmes mouraient suite à une
grossesse ou à la naissance d'enfants.
Il a demandé que l'on défende, par le biais des droits de l'homme, le droit à la vie des enfants. Il
faut les protéger contre l'exploitation économique, les abus sexuels. Il a insisté pour que le travail des
enfants soit discuté dans le cadre de l'OMC.
Au nom du groupe Verts, Mme Inger SCHÖRLING (S) a demandé que la Charte des enfants, qui a
été ratifiée par nombre d'Etats, soit suivie d'effets. Nous devons donner aux enfants une véritable
enfance et jeunesse, sinon notre société n'aura pas d'avenir.
Au nom du groupe ARE, Mme Catherine LALUMIÈRE (F) a évoqué la situation honteuse, abominable des enfants exploités par le travail. L'UNICEF a fait un travail admirable, mais malheureusement
insuffisant. Plus que d'autres, les enfants sont victimes de la guerre, des déplacements de population,
de l'exploitation sexuelle. L'UNICEF se bat en apportant nourriture, médicaments, vêtements, soins,
alphabétisation. Mais les résultats sont encore insuffisants.
Elle a constaté sur le terrain combien était positif le rôle de l'UNICEF, surtout lorsqu'elle s'attaque
aux problèmes en amont. Elle s'est félicitée des efforts de l'UNICEF en ce qui concerne le développement des droits des femmes, l'amélioration de la situation des mères et des filles. Une Convention
des droits des enfants, c'est bien, mais malheureusement, il n'y a pas de garantie, pas de recours
contre les Etats coupables, pas de sanctions. L'UNICEF ne peut se placer que sur le plan moral.
Proche-Orient .
Proche-Orient
(Rapport COLAJANNI - doc. A4-351/96)
En présentant son rapport sur les développements du processus de paix au Proche-Orient, M. Luigi
COLAJANNI (PSE, I) a rappelé les résolutions précédentes du Parlement européen et estimé que les
positions de ce dernier sont largement connues.
Rappelant qu'il n'y a pas d'alternative à une solution négociée, il a jugé important que, sur base des
informations qu'il tient de l'ambassade américaine, les négociations semblent avoir été reprises.
De même, il félicite la Troïka dont les contacts ont été féconds.
Enfin, il a jugé que la plupart des amendements à la proposition de résolution sont acceptables.
Le Président en exercice du Conseil, M. Gay MITCHELL, a évoqué l'accueil qu'a reçu la Troïka lors
de sa visite au Proche-Orient. Hussein de Jordanie a déclaré qu'il appuyait l'action de l'Union. Arafat
a fait part de son regret que les négociations n'aient guère progressé. Réponse de la Troïka: l'envoyé
spécial au Proche-Orient de l'Union pourra contribuer à l'application des accords internationaux
passés si cela est souhaité par les parties.
En Egypte, le Président Moubarak a fait état de sa préoccupation sur le déroulement du processus de
paix et le risque de voir la région s'embraser à nouveau. Si cela est souhaité, l'Union pourrait jouer
un rôle plus important, rôle complémentaire de celui des Nations unies.
Lors de la rencontre avec M. Lévi, celui-ci a salué la nomination d'un envoyé spécial de l'Union. Il
ne s'oppose pas à ce que l'Union joue un rôle, à condition qu'elle ne court-circuite pas le processus
de paix.
Le Président en exercice a rappelé le mandat de l'envoyé spécial de l'Union:
- créer des contacts avec toutes les parties afin de renforcer le processus de paix;
- observer les négociations de paix et se mettre à disposition des parties pour offrir les bons
offices de l'Union si cela est souhaité;
- rendre compte de l'avancement des négociations.
Le commissaire, M. Manuel MARIN, a rappelé que l'Union avait fourni 53 % de l'aide financière
totale qui a été versée à la région méditerranéenne. Si l'Union peut comprendre que le gouvernement
actuel israélien ait eu besoin de temps pour s'adapter aux accords sur le processus de paix, accords
auxquels il s'était opposé lorsqu'il était dans l'opposition, il doit toutefois respecter ces accords:
"pacta sunt servanda". La Troïka, lorsqu'elle s'est rendue sur place, a essayé de relancer le dialogue.
Sur le plan politique, il a souligné que personne ne mettait en doute le droit d'Israël à sa sécurité,
mais cette sécurité ne peut représenter un élément de l'effondrement économique pour la Cisjordanie
et Gaza. Si l'on veut maintenir le processus de paix, a-t-il insisté, il faut assurer la viabilité économique de la Palestine. Si les accords ne sont pas respectés, l'on risque que les extrémistes israéliens et
palestiniens passent à l'action et ruinent tout effort de paix.
Il a enfin insisté pour que, tant Israël que les Palestiniens, respectent les droits de l'homme.
Au nom de son groupe, M. Enrique BARÓN CRESPO (PSE, E) a déclaré qu'il allait appuyer le
rapport de M. COLAJANNI. Il a l'impression que l'Union européenne fait l'objet d'un veto de la
part du gouvernement israélien. L'Union européenne ne peut "se contenter de payer et de se taire".
S'il faut reconnaître le droit d'Israël à vivre dans des frontières sûres, il faut aussi reconnaître le droit
des Palestiniens à une patrie. L'Union européenne doit apporter sa pierre à la construction de la paix.
Au nom du groupe PPE, M. Giorgos DIMITRAKOPOULOS (GR) a déclaré que le processus de paix
doit comprendre une vision et un objectif. Il s'agit de promouvoir une paix juste et durable au Proche-Orient. Les Palestiniens doivent avoir une patrie. Il faut également surmonter la difficulté du
futur statut de Jérusalem et le problème des colonies.
Pour être crédible, la politique étrangère de l'Union doit intégrer tous ses objectifs et prendre en
compte la situation dans les pays comme la Syrie et le Liban.
Mme Hélène CARRÈRE D'ENCAUSSE (UPE, F), au nom de son groupe, estime qu'il importe de ne
pas se laisser emporter par les émotions et de considérer les progrès accomplis. Elle s'est interrogée
sur l'attitude actuelle de la nouvelle majorité israélienne. Mesurant, en dépit du ralentissement du
processus de paix, le chemin parcouru entre la situation avant et après Oslo, elle a cependant souligné
qu'on ne peut se contenter d'une "paix froide" dans la région.
Elle a estimé que le texte de la résolution qui est proposée ne répond pas à l'exigence d'équilibre que
nous devrions préserver.
Au nom du groupe ELDR, M. Jan BERTENS (NL) a estimé que le Parlement ne devait pas prescrire
des solutions aux deux parties. Il estime que seul un rapport équilibré aura un impact et considère
que cela n'est pas le cas en l'état actuel des choses.
Au nom du groupe GUE/NGL, M. Carlos CARNERO GONZÁLEZ (E) a jugé que M. NETANYAHOU était le principal responsable de l'enlisement du processus de paix et des événements sanglants
du mois de septembre. Les Israéliens doivent se retirer d'Ebron, libérer tous les prisonniers palestiniens,... Il a demandé que l'Union européenne exerce une pression politique et économique sur
Israël. Il souhaite la suspension de l'accord commercial entré en vigueur en 1996.
M. Per GAHRTON (S), au nom du groupe des Verts, a tenu à adresser "des critiques dures" à l'égard
d'Israël. Il a également posé le problème de la démocratie en Palestine car, sans cette démocratie, il
ne peut y avoir de paix au Proche-Orient. Il faut lutter contre une libanisation de la Palestine. C'est
en tant qu'ami de la Palestine que nous devons élever la voix pour souligner que "les autorités
palestiniennes n'agissent pas comme on le souhaite".
Au nom du groupe ARE, Mme Catherine LALUMIÈRE (F) a rappelé sa volonté de voir l'Union
européenne jouer son rôle dans le processus de paix. Elle est le premier bâilleur de fonds dans cette
région. Sur le plan politique, on ne peut accepter la mise à l'écart de l'Union européenne. Ceci étant,
pour être efficace, les Quinze doivent agir de concert.
Mme LALUMIERE a encore estimé que les responsabilités dans la situation de tension actuelle ne
sont pas équitablement partagées. Elle a condamné le fanatisme renaissant en Israël. Pour l'avenir,
elle a souhaité que l'Union européenne maintienne ses liens avec toutes les forces de paix.
M. Bernard ANTONY (NI, F), estimant que les Israéliens veulent bien de notre argent mais pas de
nos conseils, a douté de l'efficacité du rapport COLAJANNI, ceci malgré les points positifs de ce
rapport. Il a estimé cependant que les accords d'Oslo sont loin de constituer la base d'une paix
durable et il ne partage pas l'optimisme de l'Assemblée quant à ces accords. Une véritable paix doit
reposer sur la création d'un véritable Etat palestinien sur un territoire viable, le retour de la souveraineté du Liban,...
Présidence du Parlement européen .
Présidence du Parlement européen
M. José GIL-ROBLES GIL-DELGADO (E) sera le candidat officiel du groupe PPE à la Présidence du
Parlement européen. Cette élection aura lieu en janvier prochain. M. GIL-ROBLES était le seul
candidat en lice.
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