Razan Zaïtouneh – 2011, «Printemps arabe», Syrie

©Razan Zaitouneh
Journaliste et avocate, Razan Zaïtouneh dénonce les atteintes aux droits de l’homme perpétrées en Syrie. En conséquence de son combat pour la liberté et la démocratie, elle est enlevée en 2013.

Malgré les menaces, Razan Zaïtouneh dénonce courageusement les violations des droits de l'homme perpétrées tant par le régime de Damas que par les rebelles. Elle est enlevée en même temps que son mari et compagnon d'action, Waël Hamada, ainsi que deux collègues, le poète et avocat Nazem Hamadi et l'ancienne prisonnière politique Samira Khalil. Tous deux travaillaient pour le bureau commun à deux groupes fondés par ses soins à Douma, le Centre de documentation des violations et le Bureau de soutien au développement local et aux petits projets.

Razan Zaïtouneh compte parmi les militants de la société civile les plus renommés et les plus crédibles de la révolution syrienne. Son enlèvement est considéré par les commentateurs syriens comme un épisode charnière de la division de la Syrie entre les forces civiles et les mouvements extrémistes, ainsi que comme un événement qui a porté un coup fatal à la révolte syrienne contre Bachar al-Assad. Elle est toujours portée disparue, personne n'a revendiqué son enlèvement et l'on ignore toujours où elle se trouve.

La famille de Razan Zaïtouneh sollicite l'aide internationale pour la localiser, ainsi que son mari et ses collègues. «Nous, la famille de Razan Zaïtouneh, la militante des droits de l'homme, l'avocate, l'écrivain et, avant tout, l'être humain, publions cette déclaration plus de trois mois après son enlèvement délibéré, que personne n'a revendiqué, dans une tentative évidente de gagner du temps et de faire taire la voix libre de notre fille et de ses collègues, afin de les contraindre à cesser d'écrire et de les priver de leur droit à la liberté d'expression», écrit la famille de Razan Zaïtouneh dans une déclaration publiée en avril 2014.

Des militants et des dirigeants politiques du monde entier, dont Martin Schulz, Président du Parlement européen, demandent sa libération. «J'exige leur libération immédiate au nom du Parlement européen [...]. Sa vie a été menacée par le régime et par les groupes rebelles en raison de ce qu'elle est, une jeune femme courageuse qui refuse de transiger et qui continue de lutter pacifiquement pour la démocratie et une Syrie libre».

En 2014, le Parlement européen s'allie à nombre d'ONG, aux citoyens européens et aux lauréats du prix Sakharov pour réclamer sa libération grâce à la campagne intitulée #FreeRazan. Sa famille expose devant le Parlement européen les convictions qu'elle défend.

Au moment où le prix lui a été décerné en 2011, Razan Zaïtouneh vivait cachée, ayant échappé à une opération menée à son domicile par des agents de la sécurité d'État. Elle a cependant refusé de quitter la Syrie.

Elle a consacré sa part de la dotation du prix Sakharov pour sauver la vie d'une amie militante touchée par le tir d'un char.