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Compte rendu in extenso des débats
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Mercredi 26 janvier 2005 - Bruxelles Edition JO
1. Reprise de la session
 2. Approbation du procès-verbal de la séance précédente: cf. procès-verbal
 3. Dépôt de documents: cf. procès-verbal
 4. Composition des commissions (Cf. procès-verbal)
 5. Ordre du jour: cf. procès-verbal
 6. Orientations stratégiques / Programme législatif et de travail pour 2005
 7. Situation au Moyen-Orient
 8. Antisémitisme et racisme
 9. Programme communautaire pluriannuel visant à rendre le contenu numérique européen plus accessible
 10. Composition des commissions: cf. procès-verbal
 11. Ordre du jour de la prochaine séance: cf. procès-verbal
 12. Levée de la séance (Cf. procès-verbal)


  

PRÉSIDENCE DE M. BORRELL FONTELLES
Président

(La séance est ouverte à 15h05)

 
1. Reprise de la session
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  Le Président. - Je déclare reprise la session du Parlement européen, qui avait été interrompue le jeudi 13 janvier 2005.

 

2. Approbation du procès-verbal de la séance précédente: cf. procès-verbal

3. Dépôt de documents: cf. procès-verbal

4. Composition des commissions (Cf. procès-verbal)

5. Ordre du jour: cf. procès-verbal

6. Orientations stratégiques / Programme législatif et de travail pour 2005
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  Le Président. - Nous passons au débat sur la déclaration de la Commission sur les orientations stratégiques et le programme législatif et de travail pour 2005.

Mais je tiens tout d’abord à signaler que le président en exercice du Conseil, M. Juncker, est aujourd’hui avec nous et avec la Commission, au sein du Parlement.

(Applaudissements)

Il est rare qu’un président en exercice du Conseil assiste à ce genre d’événement et les applaudissements que M. Juncker vient de recevoir sont d’autant plus mérités.

 
  
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  Barroso, président de la Commission. - (PT) Monsieur le Président, Monsieur le Président en exercice du Conseil, honorables députés, Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, la Commission a pris l’une des décisions les plus importantes de son histoire: elle a adopté le cadre d’action politique qu’elle a l’intention de suivre durant son mandat quinquennal.

C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui pour vous présenter une stratégie d’action européenne. Le point de départ de cette stratégie est de répondre aux attentes et aux besoins des citoyens européens et son but est de garantir que, d’ici 2010, l’Europe sera bien engagée sur la voie du renouveau. Je voudrais vous proposer que le Parlement fasse sienne cette stratégie. La Constitution prévoit un programme d’action commun qui doit être accepté par le Parlement, le Conseil et la Commission. Je suggère que nous nous inspirions tout de suite de cette disposition et proposions au Parlement et au Conseil que les objectifs stratégiques de l’Union adoptés aujourd’hui par la Commission servent de base à une action commune au cours des cinq prochaines années. Il s’agit d’un partenariat pour le renouveau européen.

Pourquoi l’Union a-t-elle besoin d’un partenariat? L’élargissement a montré que l’Europe est un succès, mais la vérité est que de nombreux citoyens semblent encore avoir des doutes. Ensemble, nous devons renforcer notre légitimité; ensemble, nous devons adresser un message plus fort; ensemble, nous devons montrer notre détermination politique à atteindre des objectifs communs.

 
  
  

(EN) Telle est notre première tâche dans un partenariat pour le renouveau européen. Seul un partenariat de ce genre nous permettra de relever les défis complexes qui nous attendent. Il ne sert à rien de rêver si nous n’envisageons pas la façon dont nous pouvons réaliser ces rêves. Il est grand temps d’utiliser l’énorme potentiel inexploité de l’Europe. Vision, leadership et atteinte des objectifs: tels sont les éléments qui doivent nous guider vers une confiance renouvelée. Néanmoins, le partenariat ne peut se limiter à Bruxelles.

L’essentiel sera de faire connaître le partenariat à nos concitoyens. Nous ne pouvons ignorer les inquiétudes exprimées par les citoyens en ce qui concerne l’Europe. Nous ingérons-nous trop ou nos initiatives sont-elles trop timides? Sommes-nous trop technocrates? Sommes-nous trop coupés de la réalité? Respectons-nous nos promesses? C’est pourquoi nous devons commencer par renouer avec les citoyens. Comment? Je vais vous donner quelques exemples. L’entrée en vigueur de la Constitution est un premier pas. Il conviendrait de simplifier la législation et de la rendre plus cohérente, en utilisant pleinement la méthode communautaire, et de la mettre effectivement en œuvre. Le budget fournira à l’Union européenne les moyens de tenir ses engagements. Le projet européen nécessite une participation civique accrue. La communication, la transparence et la consultation sont nécessaires si nous voulons nous engager auprès des citoyens.

Le partenariat que j’ai décrit est un moyen qui permet d’atteindre un but. Nous proposons que le partenariat vise un renouveau européen. Pourquoi un renouveau? Si l’on regarde la direction que prend le projet européen, les futurs défis ne seront peut-être pas neufs, mais ils exigeront de nouvelles idées, une énergie renouvelée, une détermination neuve et de l’optimisme. Nous devons mettre nos paroles en pratique, et tel est le but des propositions que nous présentons ce jour.

 
  
  

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Députés, la Commission a également adopté aujourd’hui son programme législatif et de travail pour 2005. Il s’agit de la première manifestation concrète du partenariat que la Commission vous propose. Ce programme traduit les grands axes, la stratégie à cinq ans, en actions pour cette année. C’est le point de départ de l’action de la nouvelle Commission. Le programme est innovateur et réaliste et cela pour plusieurs raisons.

En premier lieu, il s’agit d’un programme centré sur les principaux objectifs politiques que la Commission propose de concrétiser d’ici à la fin de son mandat. Par ailleurs, ce programme constitue la première tranche de la mise en œuvre des objectifs stratégiques. Permettez-moi d’illustrer mon propos en citant quelques actions clés. La Commission engagera la révision à mi-parcours de la stratégie de Lisbonne et de la stratégie de développement durable et elle présentera les propositions qui sont encore nécessaires pour compléter le paquet proposé concernant les futures perspectives financières. La mise en œuvre du programme de la Haye pour faire progresser l’espace de liberté, de sécurité et de justice demandera aussi des efforts importants. Un agenda social renouvelé sera proposé pour promouvoir la dimension sociale du progrès économique. Pour parvenir à la réalisation de ces actions, nous proposons une liste d’initiatives prioritaires que la Commission entend adopter d’ici à la fin de l’année. Ces initiatives seront soumises à des études d’analyse d’impact pour bien veiller au respect des principes de proportionnalité, subsidiarité et valeur ajoutée de l’action de l’Union.

En même temps, afin d’améliorer le flux d’informations entre la Commission et le Parlement et d’améliorer la dynamique législative, je peux vous annoncer que nous fournirons chaque mois un état prévisionnel des propositions législatives en cours de préparation, état qui sera mis à jour régulièrement.

Enfin, dans l’esprit du partenariat proposé, la Commission souhaite améliorer l’exécution de son programme de travail et, pour ce faire, travailler avec le Parlement de façon plus étroite. C’est pourquoi l’équipe des commissaires, et en particulier la vice-présidente Wallström, a l’intention d’ouvrir un dialogue permanent sur ces questions avec vous.

En bref, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, je souhaite que le programme soit la première étape d’un partenariat pour le renouveau européen que la Commission, aujourd’hui, vous propose.

 
  
  

(EN) Nous devons œuvrer non seulement à nos priorités immédiates, mais aussi élaborer une vision pour l’avenir. La proposition d’objectifs stratégiques adoptée par la Commission ce matin repose sur trois objectifs fondamentaux: la prospérité, la solidarité et la sécurité. Chacun de ces objectifs est également lié au monde qui nous entoure. C’est pourquoi un poids accru sur la scène internationale est un corollaire nécessaire.

Notre première priorité est la prospérité. C’est la pierre angulaire sur laquelle se fonde le modèle européen de solidarité sociale et de durabilité. La croissance économique, la compétitivité et la productivité sont nécessaires à la prospérité. Ce sont ces conditions qui alimentent le développement durable. En effet, selon la Constitution, le développement durable est le cadre de toutes les politiques de l’Union européenne. Il doit sous-tendre tout notre travail, et la prospérité durable n’est possible que dans un climat de solidarité et de sécurité.

Tout en gardant ces objectifs permanents à l’esprit, nous devons maintenant nous pencher sur les instruments, et c’est là que l’économie entre en jeu. Dans le contexte actuel de croissance en perte de vitesse et vu les défis de la concurrence mondiale, notre première tâche doit être de contribuer à renouer avec la croissance, de poursuivre les réformes nécessaires et de créer des emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité. Alors, comment remettre l’Europe sur la voie de la prospérité à long terme? La réponse est claire: il nous faut un nouveau dynamisme économique. La semaine prochaine, je vous présenterai notre proposition pour la révision à mi-parcours de la stratégie de Lisbonne. Le rapport Kok a déjà identifié les éléments de la stratégie auxquels il convient d’insuffler une nouvelle énergie, en particulier pour remédier à la mise en œuvre inadéquate et au manque de responsabilité.

Les principales conclusions sont donc claires. La croissance doit reposer sur des fondements macroéconomiques sains. Le cadre juridique doit favoriser l’esprit d’entreprise - pensez aux petites et moyennes entreprises et aux emplois qu’elles peuvent créer. La croissance est impossible sans investissements dans l’économie de la connaissance, la connaissance pour soutenir la croissance étant en effet une priorité de la révision de la stratégie de Lisbonne. Enfin, nous devrions offrir aux citoyens des emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Renouer avec la croissance et la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité ne sera possible que si nous traduisons notre analyse en actions, et telle doit être notre tâche au cours des cinq prochaines années.

La solidarité est un autre objectif stratégique. Il n’y a pas d’Union sans solidarité. Notre projet commun implique la responsabilité de garantir la justice sociale, mais aussi de protéger notre environnement, ce qui requiert une action renouvelée dans plusieurs domaines. La solidarité économique est nécessaire. La politique de cohésion doit rester au cœur du fonctionnement de l’Union. Nous devons réduire les disparités entre les riches et les pauvres en Europe et aider les régions et les groupes défavorisés.

Il faut apporter une solidarité sociale au moyen d’un agenda social révisé. Les générations futures ne nous pardonneront pas si nous ne résolvons pas le changement climatique et ne préservons pas les ressources naturelles. Il y a également le problème de la solidarité entre les générations. Nous devons agir. Il est possible de préserver la prospérité et la qualité de vie de l’Europe. La protection de l’environnement peut présenter un double avantage si nous promouvons l’écoefficacité et si nous exploitons pleinement l’avance que l’Europe a sur ses concurrents en matière de technologie environnementale.

La solidarité va aussi de pair avec la promotion et la défense des valeurs européennes communes. Lorsque nous parlons d’une âme pour l’Europe, nous entendons par là des valeurs telles que la garantie des droits fondamentaux, la lutte contre la discrimination, la promotion de l’égalité des sexes ainsi que la protection et la promotion de la diversité culturelle. Tels sont les fondements d’une société reposant sur la compréhension mutuelle et la dignité. Ce message est d’autant plus pertinent que nous nous préparons à commémorer le 60e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.

Outre la prospérité et la solidarité, il existe un autre objectif stratégique: la sécurité. Nous ne pourrons jouir des bienfaits de la liberté que si nous nous sentons en sécurité. Dans une Europe sans frontières, les citoyens se tournent de plus en plus vers l’Union européenne pour trouver des solutions afin de remédier aux risques auxquels ils sont quotidiennement confrontés.

Pour la liberté, la justice et la sécurité, le programme de La Haye nous a donné une feuille de route à suivre, mais nous devons accomplir ce travail. La prévention et la lutte contre la criminalité et le terrorisme doivent rester une priorité importante pour les années à venir. Parallèlement, la liberté et les droits fondamentaux que les Européens chérissent tant doivent être respectés. Le contrôle et la surveillance efficaces des frontières extérieures est une tâche commune incombant aux États membres et à la Commission. L’Union offre un cadre qui permet de gérer efficacement l’asile, l’immigration et la traite des êtres humains.

Mais d’autres questions de sécurité affectent nos concitoyens dans leur vie quotidienne. Les menaces des catastrophes naturelles, des crises environnementales ou sanitaires, des transports et de l’énergie ont un impact direct sur la sécurité et le bien-être des citoyens. L’Union a un rôle à jouer au niveau de la réduction des risques et de l’offre d’une réponse rapide. L’action qui a suivi la catastrophe du tsunami n’est que le dernier exemple de ce que l’Union peut offrir.

Enfin, nous devons admettre que l’Europe ne peut atteindre ces objectifs toute seule. Dans la mesure où l’Union est un partenaire mondial, notre principale priorité - la prospérité - est étroitement liée aux relations que nous entretenons avec nos partenaires. La solidarité à laquelle nous aspirons pour nos concitoyens ne peut s’arrêter aux frontières de l’Union. Il est illusoire de croire que l’Europe peut être une île de paix n’ayant d’autre choix que d’exporter la stabilité ou d’importer l’instabilité. La frontière entre nos politiques intérieures et extérieures s’estompe peu à peu.

Pendant les cinq prochaines années, il est une priorité extérieure pour laquelle nous devons assumer une responsabilité particulière. Je parle des prochaines négociations d’adhésion et de la nécessité d’œuvrer en faveur d’un voisinage stable et prospère en tant qu’instrument essentiel pour notre politique de sécurité et pour la réaffirmation de nos valeurs démocratiques. Plus généralement, notre partenariat devrait également contenir un message de renouveau pour notre action dans le reste du monde qui nous entoure. L’Europe doit parler d’une seule voix et se faire davantage entendre en vue de promouvoir un multilatéralisme efficace et un rôle renforcé des Nations unies. Il y a lieu de revigorer nos relations avec nos partenaires clés. Une nouvelle stratégie pour l’Afrique est indispensable si nous voulons empêcher que certaines parties de ce continent si proche de nous continuent à se détériorer. Nous devrions aussi injecter du sang neuf dans notre relation transatlantique et nous réjouir de nos intérêts communs pour l’avenir.

J’ai présenté les grandes lignes des objectifs stratégiques que nous proposons de partager avec vous dans le cadre du partenariat pour le renouveau européen qui doit guider notre action ces cinq prochaines années. Toutefois, il ne suffit pas de fixer des objectifs: nous ne pourrons réaliser effectivement nos ambitions que si l’Union dispose des moyens nécessaires pour le faire - je parle des perspectives financières pour la période 2007-2013.

Je n’innove pas lorsque je dis que les propositions de la Commission de l’année dernière n’étaient pas une surprise - elles reflétaient nos ambitions. Tout ce que la Commission demande, c’est que l’Union soit dotée des moyens financiers suffisants pour réaliser les engagements pris lors de différents sommets européens des dernières années. Je répète ce que j’ai déjà dit à plusieurs reprises: nous ne pouvons avoir plus d’Europe avec moins d’argent.

(Applaudissements)

Nous sommes arrivés à un point où j’entends des propositions visant à réduire le budget de l’Union à un niveau encore inférieur à celui de 2006. Je vous demande si c’est faisable ou réaliste. La Commission fera de son mieux pour jouer un rôle constructif, avec le soutien de cette Assemblée, afin de tenter de conclure un accord sur les perspectives financières dans les prochains mois. Permettez-moi cependant de dire haut et fort que cet accord ne peut être conclu à n’importe quel prix. C’est là un devoir que nous avons envers tous les Européens.

Ce collège et son président ont été élus à une large majorité au sein de cette Assemblée. Alors que nous vous présentons aujourd’hui nos propositions, nous voulons honorer la confiance que vous avez placée en nous. Nous avons écouté les points de vue du Parlement et sommes prêts à passer le test. Nous pensons que ce que nous vous proposons est bon pour l’Europe et pour tous les Européens. Nous espérons que vous conviendrez que nous pouvons travailler ensemble aux objectifs stratégiques communs. La croissance et les emplois, une économie dynamique et compétitive, une protection sociale modernisée et la solidarité, telles sont les clés de notre modèle de justice sociale et de durabilité.

Chez nous et dans le monde qui nous entoure, c’est ce que nous vous proposons aujourd’hui et nous espérons pouvoir compter sur votre soutien.

(Applaudissements prolongés)

 
  
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  Juncker, Conseil. - Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je voudrais remercier le président de la Commission pour avoir exposé, comme il l’a fait devant vous et devant nous, les objectifs stratégiques de l’Union européenne pour les années à venir. Je crois qu’il est sage que le président de la Commission se soit limité à l’essentiel, en s’efforçant de ne pas s’étendre au détail des législations qu’il convient de mettre en place ou des initiatives qu’il convient de prendre.

Je note avec grande satisfaction une large identité de vues entre la Commission et la Présidence et j’attire votre attention sur le fait que les programmes des présidences luxembourgeoise et britannique, et de celles qui vont suivre jusqu’en 2006, sont réellement très proches des propos qui ont été ceux du président de la Commission. Je crois qu’il s’agit d’un partenariat pour le renouveau de l’Europe sur lequel il ne devrait pas y avoir de querelles interinstitutionnelles. Ceux qui nous observent, les citoyens de l’Europe, ne se demandent pas quelles sont les convictions et quelles vont être les actions de la Commission, du Conseil ou du Parlement européen. Pour les Européens, l’Europe fait un.

Je vois que mes propos suscitent diverses réactions dont certaines font plus plaisir que d’autres!

(Applaudissements)

Cette convergence de vues ayant été constatée entre ce que pensent la Commission et le Conseil, je voudrais suggérer que nous recherchions les moyens pour exprimer à l’extérieur cette identité de vues entre les trois institutions. Nous trouverons sans aucun doute, même si la nouvelle Constitution n’est pas encore en vigueur, un instrument, une expression qui nous permettra de la faire connaître.

Cela étant, je voudrais vous informer que le président du Conseil «Affaires générales», M. Asselborn, fera figurer à l’ordre du jour du Conseil «Affaires générales» du 31 janvier le discours du Président de la Commission et le programme qu’il a développé. Nous rechercherons ensemble, avec les deux autres institutions, la façon d’exprimer cette volonté commune.

(Applaudissements)

 
  
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  Poettering (PPE-DE), au nom du groupe PPE-DE. - (DE) Monsieur le Président de la Commission, Monsieur le Président du Conseil européen, Mesdames et Messieurs, la présence du président du Conseil européen dans cette enceinte - pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne - est tout à fait symbolique et laisse augurer que le travail de la Commission portera ses fruits au cours des cinq prochaines années.

C’est un beau symbole: nous sommes ici aujourd’hui, le président de la Commission, le président du Conseil européen et les membres du Parlement européen, à réfléchir tous ensemble à l’avenir du continent européen et à nous mettre en route ensemble, parce que nous savons que l’intégration européenne est la plus grande œuvre de paix des XXe et XXIe siècles, en faveur de laquelle nous voulons travailler.

Ce sont nos valeurs, nos idéaux et nos convictions qui nous guident. Nous croyons en notre continent européen, nous pensons qu’il a un avenir pour nous et nos enfants. Cependant, la foi ne suffit pas, notre mission commune est de concrétiser cette foi par le biais de nos actions. Nos valeurs, qui sous-tendent ce que nous faisons, sont la dignité de l’homme, l’État de droit, la démocratie et un ordre qui, s’il est fondé sur l’économie de marché, est aussi social.

Nous avons confiance dans les personnes, en leurs capacités et en leur dynamisme. L’intervention publique ou de l’État ne peut être fondamentale; c’est l’initiative de chaque personne, la réalisation de son propre potentiel dans une société caractérisée par la paix et la solidarité, qui est notre modèle pour l’avenir de ce continent.

Monsieur le Président de la Commission, vous avez choisi une belle devise pour votre programme - un partenariat au sein de l’Europe comme avec les pays tiers, ainsi que la prospérité, la solidarité et la sécurité pour renouveler l’Europe. Votre programme est à la fois réaliste et ambitieux et nous sommes heureux qu’au lieu d’utiliser une nouvelle fois le langage ampoulé de Lisbonne en mars 2000 lorsqu’il s’agissait de déterminer comment l’Europe allait devenir l’économie la plus compétitive du monde, vous dites qu’elle deviendra «plus compétitive». Votre langage est modeste, mais vos objectifs sont ambitieux, et j’estime que c’est la bonne formule pour nous tous.

L’avenir du modèle social européen dépend de la capacité de l’Union européenne à se montrer compétitive sur la scène mondiale. Ceux qui ne promeuvent pas maintenant la compétitivité de l’Union européenne seront rendus responsables si, à l’avenir, nous sommes incapables de garantir un modèle social européen. La compétitivité de l’Union européenne et le modèle social européen sont deux faces de la même médaille et nous sommes également confrontés à l’énorme défi posé par les changements que subit la population. Une autre grande mission politique de l’Europe et de ses États membres sera d’établir les conditions pour une politique familiale adéquate, pour l’avenir des enfants. Sans enfants, ce continent n’a pas d’avenir, raison pour laquelle cette question doit être traitée en toute priorité.

En outre, le renforcement de notre compétitivité ne finira pas par profiter aux entreprises d’une façon abstraite; il profitera très concrètement aux travailleurs, car il ne s’agit pas seulement de conserver les emplois, mais aussi d’utiliser notre compétitivité croissante pour en créer davantage. C’est pourquoi il n’existe aucune contradiction entre la concurrence, d’une part, et la politique sociale, d’autre part.

La présence du commissaire Almunia dans cet hémicycle me rappelle que le président du Conseil européen préside également un important groupe de ministres des finances. Notre groupe s’est engagé à maintenir la stabilité de la monnaie européenne et rien de ce que M. Juncker a déclaré jusqu’à présent ne nous inquiète. L’essentiel, c’est que l’évaluation de la politique financière - ce qui inclut les politiques financières des États membres - continue d’incomber à la Commission et que la décision de mener à nouveau une politique déficitaire ne repose pas uniquement entre les mains des États membres; la Commission a un rôle important à jouer à ce niveau. Si vous suivez l’exemple de votre prédécesseur Pedro Solbes, Monsieur Almunia, vous aurez toujours notre soutien.

Vous avez également évoqué la sécurité interne et externe, Monsieur le Président de la Commission. La population veut que nos frontières soient sûres: nous avons 11 000 kilomètres de frontières terrestres et 68 000 kilomètres de frontières maritimes dont nous devons assurer la sécurité, mais elles ne doivent pas devenir infranchissables. Nous ne pouvons accepter qu’à l’avenir, encore plus de personnes venant des pays de la côte méditerranéenne d’Afrique du Nord tentent d’échapper à la misère de leur pays et se noient en mer. C’est à ce niveau que nous devons consentir des efforts conjoints, en collaboration avec nos voisins d’Afrique du Nord, afin de trouver une solution bonne et humaine au problème des réfugiés.

Cela vaut aussi, mais d’une autre manière, pour nos voisins de l’Est. Demain, Viktor Iouchtchenko, le nouveau président de l’Ukraine, sera parmi nous. Même s’il serait faux de dire que tous les pays qui ont des politiques semblables à celles de l’Europe sont capables d’adhérer directement à l’Union européenne, il importe que nous développions une politique de bon voisinage.

En guise de conclusion, je voudrais dire qu’en matière de sécurité, les forces armées ne peuvent jamais être utilisées qu’en dernier recours. Notre mission, en tant qu’Européens, est d’élaborer une politique de sécurité préventive. Je vous demande instamment, Monsieur le Président de la Commission, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour rétablir la paix au Moyen-Orient, pour permettre à Israël de vivre en paix et aux Palestiniens de conserver leur dignité.

Si nous envisageons l’avenir de l’Union européenne de cette façon et si les droits du Parlement ne sont en rien lésés lors de l’établissement des perspectives financières, alors nous serons à vos côtés, Monsieur le Président de la Commission. Nous avons confiance en vous et, pour le bien de notre continent européen, nous vous souhaitons bonne chance.

(Applaudissements)

 
  
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  Schulz (PSE), au nom du groupe PSE. - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, M. Barroso nous a montré un verre et c’est à nous de décider s’il est plutôt vide ou plein. Nous nous attendions à ce qu’un président de la Commission tel que M. Barroso ne nous serve pas un verre plein à ras bord de vin rouge. Mais nous devons maintenant nous demander si le verre est à moitié plein ou à moitié vide. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il est à moitié plein.

Certaines des propositions que vous nous avez présentées sont bonnes, elles correspondent à ce que les sociaux-démocrates attendaient d’une Commission telle que la vôtre. Vous avez aussi omis certaines choses que nous aurions bien voulu entendre, mais je ne veux pas vous reprocher cela. Nous considérons que la majorité des choses que nous avons entendues aujourd’hui reflètent ce que nous, les sociaux-démocrates, pensons.

C’est pourquoi je tiens à vous remercier d’avoir collaboré avec vos commissaires sociaux-démocrates et, au vu du titre de votre programme stratégique, il est évident que vous avez parlé de sa publication avec la commissaire Wallström. Cela se voit tant dans le titre que dans le contenu, qui reflète des points soulevés par les sociaux-démocrates, et cela, Monsieur le Président, c’est une bonne chose. Nous vous encourageons à poursuivre sur cette voie.

Vous avez dit qu’au cours des cinq prochaines années, vous voulez vous concentrer sur la prospérité, la solidarité et la sécurité. Il s’est avéré que vous savez bien écouter. Vous aviez raison de dire que la solidarité, la prospérité et la sécurité sont interdépendantes. Cependant, dans le cadre européen, chacun a ses responsabilités: vous, le président du Conseil et le Parlement dans son ensemble. Nous avons tous un rôle institutionnel. Pourtant, ce Parlement se compose de familles politiques, et celle que je représente ne joue aucun rôle institutionnel, mais remplit plutôt une tâche politique. Celle-ci implique que je dise à M. Poettering qu’il a raison de dire qu’une compétitivité renforcée et la politique sociale sont deux faces de la même médaille, mais que nous voulons que ces deux faces aient la même valeur. Nous soutenons ceux qui veulent une concurrence accrue en Europe s’ils veulent qu’elle profite à la cohésion sociale. Il convient de créer de la croissance afin de garantir la cohésion sociale; si tel est votre mot d’ordre, Monsieur le Président, les socialistes seront de votre côté. Par contre, si tel n’est pas le cas et que l’approche implique le recours à la dérégulation en vue de démanteler les pratiques socialement responsables pour lesquelles les socialistes se sont battus pendant plus de 150 ans, nous ne la soutiendrons pas.

C’est pour cette raison que je tiens à ajouter que le message d’aujourd’hui est bon. Le programme que vous nous avez présenté est bon et nous pouvons travailler avec vous sur la base de ce dernier. Toutefois, le test décisif sera le processus législatif. Lorsque vous prendrez vos initiatives et que le Conseil et cette Assemblée devront prendre des décisions communes, nous devrons faire des compromis et nous devrons alors tous être jugés à l’aune des résultats obtenus par rapport à ce qui avait été annoncé. Je réitère donc que, bien que nous soyons prêts à coopérer de façon constructive, nous avons des attentes bien définies en ce qui concerne le maintien des normes sociales en Europe.

Je voudrais vous dire deux choses au nom du groupe socialiste, deux choses qui étaient nouvelles pour nous aujourd’hui et que nous étions ravis d’entendre. Nous vous avons critiqué - moins dans votre rôle actuel, qui est lié à des positions sur la politique internationale, que dans votre ancien rôle de Premier ministre portugais. Nous considérons comme un progrès le fait que vous disiez, comme ce fut le cas aujourd’hui, que votre Commission veut un multilatéralisme efficace. Comme l’a souligné M. Poettering, nous voulons que l’Europe soit un acteur politique mondial, mais aussi une puissance civile. Nous ne voulons pas régler les problèmes internationaux par des attaques préventives et je dois dire que le discours d’investiture du président américain réélu m’a donné l’impression que l’Union européenne doit redoubler d’efforts pour garantir l’application de solutions civiles et non militaires. Faisons en sorte qu’aucune autre catastrophe ne vienne s’ajouter à celle qui se produit déjà en Irak.

(Applaudissements)

Si, en tant que représentant d’une organisation qui a du poids sur la scène politique internationale, vous dites: «je veux un multilatéralisme efficace», nous vous apporterons notre soutien à cet égard.

Pour en venir au pacte de stabilité, nous partageons l’avis de M. Poettering selon lequel il doit être garanti et nous estimons que ses critères ne doivent pas être modifiés, mais il doit être flexible et utilisable, et porter sur les exigences de 2005 et non sur celles de 1990. Quinze années de développement séparent ces deux dates. Un pacte de stabilité qui est souvent interprété de façon à produire précisément l’opposé de la croissance visée dans sa deuxième partie, un pacte qui est tellement stable qu’il inhibe la croissance: un tel pacte est contradictoire. C’est pourquoi nous voulons qu’il soit réformé et nous souscrivons aux bonnes propositions de M. Almunia.

Permettez-moi de conclure en faisant un commentaire fondamental sur notre future coopération. L’ensemble du processus de confirmation de la Commission en exercice a accru la force de cette Assemblée et il est bon que vous désiriez répondre à ses souhaits et collaborer avec elle. La présence du président du Conseil constitue un symbole remarquable du fait que, lorsque ces institutions travaillent ensemble, la sécurité, la prospérité et la flexibilité - et la sécurité sociale, le cas échéant - peuvent fonctionner. C’est dans la coopération que réside la force. «L’union fait la force» est une belle devise. Nous sommes disposés à nous unir si nous sommes traités avec respect et si nos revendications politiques sont prises au sérieux. N’oubliez pas, Monsieur le Président, qu’aujourd’hui est un jour d’accord, profitez-en, car les jours de test sont encore à venir.

(Applaudissements)

 
  
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  Watson (ALDE), au nom du groupe ALDE. - (EN) Monsieur le Président, comme l’a déclaré Jean Monnet: «L’expérience de chaque homme se recommence. Seules les institutions deviennent plus sages.» Monsieur le Président Barroso, vous représentez maintenant l’expérience collective de la Commission européenne. Vous devrez rapidement vous baser sur la sagesse collective de ses services et enrichir l’expérience européenne en collaboration avec le Parlement européen, partenaire pour la croissance et la prospérité en Europe.

Monsieur Barroso, je pense que vos priorités reflètent celles de la majeure partie de cette Assemblée, qui pense qu’on ne peut construire une maison sur des fondations instables. Si nous voulons une Europe prospère, une Europe du développement durable, une Europe qui puisse lutter contre la pauvreté chez elle et à l’étranger et une Europe capable de projeter ses valeurs sur toute la planète, nous devons commencer par obtenir une économie forte et viable où les entreprises et l’innovation peuvent prospérer. Pour que l’Europe ait un sens pour ses citoyens, nous devons établir des priorités concrètes et tangibles. En essayant de faire trop de choses dans trop de domaines, nous risquons, comme on l’a vu avec l’agenda de Lisbonne, de ne pas accomplir grand-chose et que les arbres cachent la forêt aux yeux des Européens.

Vous avez raison d’appuyer vos objectifs sur la promotion d’une meilleure communication et d’une meilleure information. Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Nous avons laissé les demi-vérités et les mythes répandus incessamment par les nationalistes empoisonner les esprits de trop de nos concitoyens. Cette année, qui verra les référendums sur la Constitution, doit être un cri de ralliement pour tous ceux qui croient dans le projet européen, car il ne s’agit pas de ratifier un texte que la population n’a pas lu, la question est de savoir si les citoyens européens croient encore en l’Union européenne avec suffisamment de ferveur.

Vous soulignez quatre objectifs. Tout d’abord, la prospérité. L’agenda de Lisbonne sera la clé de votre succès, et si vous parvenez à la prospérité et à la croissance au moyen d’une compétitivité accrue et du partage des connaissances, nous pourrons tous profiter des dividendes. Les libéraux-démocrates espèrent une amélioration et une application plus intelligente du pacte de stabilité et de croissance, qui sous-tend l’euro. Pourtant, en fin de compte, notre croissance et notre prospérité dépendent aussi de la mise en œuvre des réformes structurelles clés à l’échelon national.

Ensuite, vous avez parlé de solidarité - l’autre côté de la médaille. Sans elle, il n’y a pas d’Europe. Une économie prospère est un moyen d’atteindre un but, mais pas un but en soi. L’histoire européenne est ancrée dans son engagement envers la solidarité et la cohésion, envers la gestion judicieuse des ressources naturelles et envers le respect des valeurs communes et de la diversité culturelle. Nous devons améliorer l’efficacité et la responsabilité de nos Fonds structurels. Vu que, pour de bonnes raisons, nous ne pouvons nous permettre d’être parcimonieux lors de la prochaine planification budgétaire, les libéraux-démocrates soutiendront résolument l’établissement d’un budget justifié pour l’Union au cours des cinq prochaines années.

La sécurité est une question d’intérêt commun, les tentacules du terrorisme international s’étant étendus de Manhattan à Madrid. Si nous ne trouvons pas une réponse adéquate à ces menaces, les piliers de la liberté sur lesquels repose notre Union commenceront à s’effriter. Toutefois, nous ne devons pas aller trop loin lorsque nous tentons de dissiper les menaces à la sécurité qui sont souvent intangibles. Nous avons besoin d’un débat beaucoup plus vaste sur l’équilibre entre la sécurité et les libertés civiques, et je salue les propositions de la Commission relatives à l’immigration et à l’asile, qui joueront un rôle déterminant pour mener une discussion fondée sur la justice et l’honnêteté, plutôt que de céder à la peur et à l’alarmisme.

Enfin, ayons pour le monde entier des ambitions qui se basent non pas sur l’imposition par la force militaire, mais bien sur la projection d’une force modérée - le dialogue politique, l’échange, les sanctions et incitations économiques, l’aide humanitaire et les accords commerciaux. Vous devez déployer tous ces outils dans le cadre d’une stratégie cohérente qui récompense la bonne gouvernance, punit la tyrannie et prend soin de l’environnement mondial.

Monsieur le Président Barroso, votre tâche n’est pas aisée. Les espoirs et l’avenir des citoyens européens reposent entre vos mains. Je vais terminer par une autre citation de Jean Monnet, qui disait dans ses mémoires: «Un grand homme d’État est capable de se donner des objectifs à long terme tout en faisant face aux situations imprévues.»

Monsieur le Président Barroso, vous avez fixé des objectifs à long terme et nous sommes sûrs que vous les atteindrez et acquerrez la réputation d’un grand homme d’État.

(Applaudissements)

 
  
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  Jonckheer (Verts/ALE), au nom du groupe Verts/ALE. - Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Président de la Commission, la Commission européenne, en vertu des traités, jouit d’un double privilège politique. Le privilège du temps, elle est en effet dégagée des contraintes électorales pendant cinq ans, et le privilège de l’initiative au service de l’intérêt général de l’Union, comme l’indique le projet de Constitution.

Il est très difficile, Monsieur le Président de la Commission, de ne pas être d’accord avec les propos que vous nous avez tenus. Je pense donc que notre groupe peut vous recommander, en l’état actuel, de passer de la parole aux actes. Je voudrais d’ailleurs revenir, me référant à la proposition de résolution que nous avions déjà déposée au mois de décembre avec les autres groupes politiques, sur quatre ou cinq points en rapport avec des échéances politiques qui me paraissent majeures et qui, en réalité, se discutent déjà toutes en 2005.

D’abord le budget de l’Union européenne. Vous y avez fait allusion. Les Verts européens considèrent que la proposition de la Commission Prodi sur la hauteur du budget de l’Union est un strict minimum, en réalité insuffisant. Nous appuyons donc vos propos, Monsieur Barroso, comme nous appuyons la volonté de réorienter les dépenses de l’Union. Je songe, par exemple, à la création d’un financement européen pour Natura 2000; à un transfert, dans le domaine de la recherche, de financements consacrés à l’énergie nucléaire au bénéfice des énergies renouvelables ou du programme de la Commission sur l’énergie intelligente, une autre façon de réduire les risques pour les citoyens. Je songe aussi à l’augmentation des financements européens en faveur de la culture et de l’éducation pour que davantage d’étudiants et de créateurs contribuent à la connaissance des réalités de l’Europe. Oui! nous soutiendrons la Commission dans sa responsabilité qui consiste à rappeler au Conseil, aux chefs d’État et de gouvernement, qu’effectivement, comme vous l’avez indiqué, il n’est pas possible de réussir une Union européenne de vingt-cinq États membres et de 450 millions d’habitants avec les budgets que certains gouvernements veulent y consacrer.

Mon deuxième point concerne la législation REACH, dont le sens est véritablement de protéger la santé humaine tout en poussant l’industrie chimique à l’innovation technologique. Nous souhaitons que la Commission maintienne sa proposition pour que le Parlement puisse s’exprimer en première lecture et que l’on ne reporte pas une fois de plus l’ensemble. En outre, les Verts souhaitent évidemment enrichir cette proposition de différentes considérations, dont l’obligation de substitution pour des substances très dangereuses.

Troisième point: la proposition de loi sur le marché intérieur des services qui, en l’état, augmente la concurrence entre les économies sans réglementer suffisamment les conditions de cette concurrence, ouvrant ainsi la porte au dumping social au sein de l’Union. Le principe du pays d’origine ne peut être retenu comme principe directeur dans cette proposition de directive.

Enfin, concernant l’évaluation des politiques de l’Union, la présidence luxembourgeoise a eu raison, dans le texte de sa présidence, d’indiquer que l’évaluation de toutes les politiques de l’Union au regard des critères du développement durable ne doit pas être considérée comme secondaire et ne doit pas être obscurcie par la stratégie de Lisbonne en tant que telle. À ce sujet, nous attendons avec impatience le rapport de la Commission sur la cohérence des politiques. Je pense, par exemple, à la politique des transports ou à la politique de l’énergie au regard des engagements internationaux que l’Union européenne a pris dans le cadre de la convention sur le climat.

Je terminerai, Monsieur le Président, en disant qu’il faut que l’Union continue de jouer un rôle d’avant-garde dans les négociations internationales sur le climat et qu’elle s’engage, dès à présent, à réaliser des objectifs à l’horizon 2020 - nous voyons déjà beaucoup plus loin -, des objectifs qui supposent des efforts d’économie d’énergie bien plus importants que ceux que nous faisons aujourd’hui.

(Applaudissements à gauche)

 
  
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  Wurtz (GUE/NGL), au nom du groupe GUE/NGL. - Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Président de la Commission, l’Union européenne a mis longtemps à reconnaître l’échec de la stratégie de Lisbonne au regard des objectifs affichés en l’an 2000. J’ai eu l’occasion de citer ici même un rapport de la Commission de janvier dernier. Il soulignait qu’en fait de marche vers le plein emploi, on avait, durant l’année écoulée et pour la première fois depuis dix ans, davantage détruit que créé des postes de travail. Quant à la construction d’une économie de la connaissance, ce même rapport notait qu’elle se traduisait, en réalité, par un «déclin global» des investissements publics et privés dans les domaines clés pour l’avenir que sont la formation, l’éducation et la recherche. Ce rapport révélait également le fait que plus d’un jeune Européen sur six, à quinze ans, ne possédait pas, je cite, «les compétences minimales requises: lecture, écriture, calcul». Le constat était rude, mais lucide.

En revanche, les remèdes annoncés depuis lors, c’est-à-dire aller plus vite et plus loin dans la voie libérale, nous paraissent profondément erronés et extrêmement dangereux. Le maître-mot à cet égard est la compétitivité. Mais de quelle conception de la compétitivité s’agit-il? Celle qui est à l’œuvre dans l’Union est fondée sur la baisse des coûts salariaux, la flexibilité des marchés du travail, l’allongement de la durée du travail. Elle engendre la concurrence salariale, sociale et fiscale entre les vingt-cinq eux-mêmes. Elle considère les acquis démocratiques du code du travail comme des obstacles. Elle pousse à la diminution des dépenses publiques et à l’encadrement strict et restrictif des services d’intérêt économique général. Les exigences en matière de santé et d’environnement risquent elles-mêmes - cela vient d’être dit - d’être revues à la baisse au nom de la compétitivité, comme c’est le cas dans le programme REACH. L’exception culturelle aux règles de la concurrence est sur la sellette pour la même raison. C’est sans doute ce à quoi M. Barroso a pensé quand il a évoqué, dans le rapport qui nous a été donné, le friendly business environment. Je suis convaincu que cette orientation libérale, cette course au moins-disant, contrecarre les objectifs officiels de l’Agenda de Lisbonne.

Elle les contrecarre, d’abord, parce que l’austérité budgétaire et salariale contribue à la stagnation de la consommation - ce moteur essentiel de la croissance - et joue contre l’emploi. Ensuite, parce que cette politique restrictive pèse en faveur des nécessaires surcroîts de dépenses pour les hommes et les femmes, à commencer par la formation, ce besoin de plus en plus crucial. Enfin, parce que cette obsession du marché, de la financiarisation de l’économie, de la concurrence à tout va, casse un ressort essentiel, sinon décisif, de la bonne marche de l’économie et d’une société, à savoir la motivation des personnes, leur créativité, leur confiance dans l’avenir. Monsieur Barroso, vous constatez vous-même, dans votre communication, qu’une partie significative de l’opinion européenne n’est pas convaincue que l’Europe soit sur la bonne voie: je crois que c’est une litote.

Alors, que faire? Parmi les mesures immédiates, il faut, selon nous, exclure de l’évaluation des déficits publics à maîtriser les dépenses de recherche, d’éducation, de santé, voire les dépenses afférentes à certaines infrastructures, ainsi que celles qui concernent l’emploi. Il faudrait instaurer également un contrôle démocratique de tous les fonds publics versés aux entreprises pour vérifier leur efficacité du point de vue de l’emploi et, en cas contraire, exiger des remboursements.

Par ailleurs, comme le Parlement l’a expressément demandé, nous estimons nécessaire de disposer d’une estimation sérieuse des effets des libéralisations, comme celle du rail, avant d’entamer toute nouvelle étape et nous réitérons bien sûr notre demande de retrait de la directive Bolkestein. Je note à ce propos, Monsieur le Président, que, pour la première fois, ce projet de directive n’est plus cité dans un texte de la Commission, sauf erreur de ma part. Je veux croire que cela vaut, de votre part, acceptation de la demande de retrait, mais vu l’enjeu, une confirmation de ce changement de la bouche même du président de la Commission serait la bienvenue.

Enfin, il faut, selon nous, des changements structurels permettant d’aller vers une maîtrise commune des marchés et, par là-même, vers un retour de la primauté du choix politique. Je songe, par exemple, au choix mettant en avant la sécurité de l’emploi ou les formations, accessibles à toutes et tous, préparant à un emploi. Il faut aussi s’en donner les moyens, ce qui pose en particulier la question des missions et du statut de la Banque centrale européenne.

Monsieur le Président, M. Barroso vient de souligner la nécessité d’être en prise avec les préoccupations des citoyens, je pense que beaucoup de celles que j’ai évoquées sont partagées très au-delà des milieux proches de mon groupe. La Commission serait donc bien inspirée de ne pas les ignorer.

 
  
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  Bonde (IND/DEM), au nom du groupe IND/DEM. - (DA) Monsieur le Président, Monsieur Barroso, vous avez maintenant cinq ans pour faire de l’Europe l’économie la plus compétitive du monde. Au sein de l’UE, nous avons une mauvaise approche de la réglementation. Nous envoyons des fonctionnaires à Bruxelles pour fixer le prix de produits pour lesquels les fournisseurs ne manquent pas et la demande abonde. Autant pour l’économie de marché. De cette façon, nous faisons payer trop de taxes et de droits et empêchons les pays en développement de nous vendre de la nourriture, puis nous redistribuons l’argent sous forme de subventions dont le montant dépend des biens des propriétaires. Une personne possédant mille hectares de terres reçoit des centaines de fois plus de subventions qu’un agriculteur possédant dix hectares. Les subventions ne sont pas plafonnées; 20% des agriculteurs reçoivent 80% des subventions. Le revenu des agriculteurs n’est qu’une fraction des subventions à la politique agricole commune. Notre système est donc discriminatoire à l’égard des nouveaux États membres. Nous avons également créé une industrie de la subvention et une armée de lobbyistes qui se rendent à Bruxelles pour récupérer une partie de notre propre argent.

Maintenant, la Commission veut plus d’argent pour plus de plans et la possibilité de prélever elle-même de nouvelles taxes. Je conseille d’essayer de prélever moins d’argent et moins de taxes et d’accorder moins de subventions et plus de liberté aux États membres, et de rembourser ceux qui n’arrivent pas à s’en sortir sur le marché.

Il faut également garder de l’énergie naturelle et des matières premières pour nos descendants. Nous devons pouvoir être des pionniers en termes d’environnement. Nous devons donner aux pays les plus pauvres l’opportunité d’augmenter leur demande en les autorisant à payer moins de cotisations à l’UE et en allouant des ressources au titre des Fonds structurels aux régions les plus pauvres des pays les plus pauvres. Des millions de citoyens n’ont pas de salaire parce que le marché du travail ne leur est pas accessible. Nous avons une Banque centrale qui attache plus d’importance aux taux de l’argent qu’aux familles. L’UE dispose d’une monnaie commune et partage une certaine réticence à l’investissement. Pourquoi ne pas plutôt convenir d’une stimulation générale de l’investissement qui permettrait aux pays dont la balance des paiements est déficitaire d’augmenter les investissements de 5%, à ceux qui présentent un surplus de les augmenter de 7% et à ceux qui ne sont ni déficitaires ni en surplus de les augmenter de 6%. Ainsi, tous vendraient plus et le nombre d’emplois s’en trouverait accru sans que personne ne reçoive une mauvaise note pour sa balance des paiements. La coordination économique peut créer bien plus de croissance et d’emplois que les emplois artificiels créés au moyen d’incitations bureaucratiques.

Comme vous êtes nouveau, il ne faut pas, Monsieur Barroso, que vous soyez prisonnier de la montagne de réglementations détaillées de Bruxelles. Vous devriez plutôt donner libre cours à la liberté.

 
  
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  Crowley (UEN), au nom du groupe UEN. - (EN) Monsieur le Président, je voudrais souhaiter la bienvenue au président de la Commission et au président en exercice du Conseil dans notre enceinte aujourd’hui.

Il est rare que, dans cette Assemblée, quelqu’un parle d’une vision, de faire avancer un idéal qui ne se soit pas empêtré dans la minutie bureaucratique ou le ressassement de vieilles idées. À cet égard, je voudrais rendre hommage au président Barroso pour avoir eu le courage, tant sur le plan politique qu’administratif, de présenter une véritable vision quant aux progrès que l’Europe devrait avoir accomplis dans cinq à dix ans.

Je salue en particulier le fait qu’il se soit éloigné de l’ancienne convention selon laquelle la Commission était au-dessus de la politique, parce qu’il parle d’une Commission qui sera plus politiquement centrée, qui répondra mieux aux besoins des citoyens de l’Union européenne et qui pourra leur offrir un leadership.

Plutôt que de revenir sur tout ce qui a été dit par mes collègues, je voudrais brièvement soulever trois points. Si nous voulons jouer notre rôle sur la scène mondiale, nous devons commencer par mettre de l’ordre au sein de notre propre Union. Nous devons veiller à ce que la certitude règne sur l’idéologie, la programmation et la force au sein de notre Union avant de pouvoir diffuser ce message à l’étranger.

Deuxièmement, en fin de compte, dans tout forum politique ou dans toute vie politique, la seule réussite, c’est lorsque les gens sur le terrain sentent que leur vie s’améliore en raison des décisions qui sont prises. Lorsque nous parlons de solidarité dans cet hémicycle, nous ne mentionnons que très rarement la solidarité visant à garantir l’égalité des chances, l’égalité de l’investissement, l’égalité de l’éducation et l’égalité de la formation pour chacun de nos concitoyens. Dans chaque domaine qui a connu une croissance en termes économiques ou en termes de développement social, ce sont ces deux facteurs clés qui ont été les moteurs de cette force.

Le dernier point que je voudrais aborder est que nous ne devons jamais oublier notre responsabilité en Afrique. À l’heure actuelle, des millions de personnes meurent de faim ou en raison de conflits et des millions d’autres mourront ces prochaines années du sida. Nous devons être le leader mondial pour trouver des solutions aux problèmes qui touchent l’Afrique. À cet égard, nous devons être à la hauteur de nos objectifs et de nos responsabilités.

 
  
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  Martin, Hans-Peter (NI). - (DE) Monsieur le Président, au début d’un tournoi de football, tout le monde peut espérer être le champion - même ceux qui se sont qualifiés difficilement -, et cela est certainement vrai aussi en politique. Tout en espérant que votre programme vous permettra de prendre la tête du championnat, je voudrais - durant le court temps de parole qui m’est imparti - partager deux idées avec vous.

Ce que je voudrais, c’est qu’avant de présenter une proposition ou une directive à cette Assemblée ou à la population, vous vous demandiez un instant si elle est conforme au principe de l’économie ou s’il ne serait pas possible d’être moins ambitieux lorsqu’il s’agit d’administration, sans parler des perspectives financières. La prise en compte du contexte politique m’amène à dire que, parfois, 700 milliards d’euros sur sept ans peuvent équivaloir à plus d’un billion d’euros pour la même période.

Mon deuxième point découle de cela. Je vous demande de veiller à ne pas tomber dans un piège en cédant à la tentation de débloquer des fonds pour le réarmement. Cela vous permettrait peut-être de créer des emplois à court terme, mais ce serait désastreux pour l’Europe en tant que projet de paix.

 
  
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  Grossetête (PPE-DE). - Monsieur le Président, tout d’abord, je voudrais dire au président du Conseil combien nous apprécions sa présence, parce qu’il faut bien avouer que, par le passé dirons-nous, la présidence du Conseil a été rare lors de débats aussi importants.

Monsieur le Président de la Commission, je voudrais vous dire que je trouve particulièrement important et intéressant que le Parlement soit associé à la discussion du programme pluriannuel et, surtout, à son adoption. C’est nouveau et important: le programme pluriannuel va en effet faire l’objet d’un accord entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen. Nous aurons aussi à discuter du programme législatif et de travail de la Commission. Nous aurions aimé pouvoir en parler dans le détail, mais c’est impossible puisque nous n’avons pas eu le temps d’étudier à fond les propositions qui sont faites par la Commission.

Cela étant, je souhaiterais que nous, les politiques, nous puissions participer pleinement à ces discussions et surtout à la prise de décisions; autrement dit, je souhaiterais que nous évitions que ce soient des fonctionnaires, les nôtres et les vôtres, qui décident du programme pluriannuel. De cela, nous ne voulons pas. Ce que nous demandons, c’est que nous, les politiques, nous décidions, puisque nous devenons codécideurs de ce programme. Pour cela, il faut permettre au Parlement européen de travailler avec vous dans les meilleures conditions.

Sur le fond, l’année 2005 est déterminante pour nos institutions: je veux parler de la Constitution et de sa ratification. Tous nos efforts doivent converger vers la compétitivité, et donc l’emploi, car la pauvreté est inacceptable en Europe. Mettons un terme aux discours interminables et souvent, malheureusement, minables, et faisons du concret pour la stratégie de Lisbonne. À ce propos, avec votre permission, j’insisterai sur un point. Je suis effrayée de voir que certains continuent d’opposer compétitivité et environnement. Cela veut dire que nous n’avons rien compris au développement durable alors que nous avons vécu, le 26 décembre dernier, l’horreur en Asie, alors que les scientifiques ne cessent de tirer la sonnette d’alarme concernant l’évolution fulgurante des changements climatiques et ses conséquences. Il faut comprendre que la prise en compte de l’environnement est un avantage compétitif: c’est ainsi que se développeront les nouvelles technologies innovantes et prometteuses de nouveaux emplois. Compétitivité, environnement, solidarité sont les nouveaux piliers européens.

Nous portons donc un regard attentif à la fois sur la directive REACH et sur la directive services, en pensant que la création d’emplois ne doit pas tuer l’emploi, parce que notre priorité c’est la santé de nos entreprises en même temps que la santé humaine: tout est lié. Votre programme est ambitieux, Monsieur le Président de la Commission, et nous vous soutenons et nous vous soutiendrons concernant les perspectives financières, car il est important que le budget de l’Europe soit capable de financer les priorités et les politiques que nous souhaitons mettre en place ensemble.

 
  
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  Swoboda (PSE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président en exercice du Conseil, Monsieur le Président de la Commission, comme M. Schulz l’a déjà dit, de nombreux passages du programme que vous avez présenté reflètent notre pensée, et je tiens à le souligner. Il est toutefois dans la nature des parlementaires de n’être jamais satisfaits de ce qu’on leur donne, c’est pourquoi je voudrais me concentrer sur les points sur lesquels je voudrais que vous alliez plus loin.

Votre point de départ était la question de la meilleure réglementation, autrement dit, notre besoin d’une façon différente de légiférer, et vous avez aussi demandé si la population comprend ce que nous voulons. Je pense en effet que nous devons nous concentrer, au cours des prochains mois et des prochaines années, sur les questions auxquelles la population porte un réel intérêt, comme les services publics, et c’est là que la Commission fait montre d’un manque d’engagement, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’une directive-cadre.

Lorsque la population voit les bureaux de poste fermer les uns après les autres, la disparition de d’un nombre croissant d’équipements publics et des terrains entiers laissés à l’abandon, elle se demande si l’Europe en est la cause. Je vous demande donc de vous pencher sur la question des services privés, mais aussi d’accorder une plus grande priorité aux services d’intérêt général.

Deuxièmement, votre programme commence par la prospérité et passe ensuite à la solidarité. Vous soulignez à plusieurs reprises qu’elles sont liées, à juste titre. Là aussi, je vous demande d’aller encore plus loin. Dans le modèle européen de société, il est en effet impossible de dissocier la promotion de notre prospérité et la solidarité, et nous ne considérons pas la solidarité comme un obstacle à l’efficacité, à la compétitivité ni même - comme le prouve le modèle nordique - à la flexibilité du marché du travail. Si nous voulons que le marché du travail soit flexible, il est d’autant plus important que des réseaux sociaux soient en place pour rattraper les gens si le pire se produit.

Pour nous, la solidarité signifie aussi que le secteur public ne doit pas être privé ou négligé. La croissance, l’emploi et la distribution équitable des revenus requièrent non pas un secteur public trop vaste, mais bien un secteur public vivant et proportionné. Comme vous l’avez dit à juste titre, nous devons investir davantage dans l’infrastructure; nous devons avant tout investir plus dans la santé et l’éducation, ce qui me ramène aux services, car il s’agit là d’un point vital dans la mesure où nous, le groupe socialiste au Parlement européen, voulons étendre les services publics. Concernant les services privés, je voudrais toutefois revenir sur une chose que M. Juncker a dite: même si nous voulons que le marché des services soit ouvert, nous ne voulons pas de dumping social. C’est pour cette raison que la directive sur les services doit être révisée.

Il va sans dire que la solidarité combinée à la prospérité implique aussi la solidarité avec tous les groupes de la société, y compris les différentes minorités - pour lesquelles cette Assemblée fait maintenant quelque chose - et en particulier les grandes minorités rom et sinti. Je pense que c’est une bonne occasion de le dire clairement.

La solidarité, c’est aussi évidemment la solidarité internationale de notre part, ce qui m’amène à mon dernier point, à savoir que l’Europe est une grande puissance civile. Nous sommes peut-être une puissance modérée, mais cela ne veut pas dire que nous sommes faibles, ce n’est pas la même chose, et il faut, je pense, le souligner. Si, comme les Américains l’ont maintenant reconnu, nos actions en Ukraine ont si bien réussi et que nous devons conserver notre approche rationnelle, en faisant ce qu’il faut dans le bon ordre, et si nous nous dirigeons vers un succès dans les Balkans, nous devons appliquer cette approche à l’élaboration de la politique internationale dans des pays tels que l’Iran, par exemple. Nous devons également dire clairement à nos amis américains - et j’insiste sur «amis» - qu’il n’est pas acceptable de recourir directement à la solution militaire; au contraire, nous devons essayer, chaque fois que c’est possible, d’appliquer des solutions civiles par le biais de la négociation et de la participation; telle est la manière européenne de faire les choses.

Je n’exclus en aucune façon le fait que cela comporte des éléments militaires. Nous sommes peut-être une grande puissance civile, mais l’élément militaire est nécessaire si la grande puissance civile qu’est l’Europe veut être crédible et capable de s’imposer.

Monsieur le Président, vous avez fait un bout de chemin; nous, sociaux-démocrates, aimerions aller encore plus loin. Le fait que les États-Unis, la Chine et la Russie ont une vision du monde très différente de la nôtre signifie que nous devons de plus en plus communiquer la vision du monde de l’Europe, même à nos concitoyens.

 
  
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  Geremek (ALDE). - (PL) Je voudrais dire que je suis hautement favorable au projet de «partenariat pour le renouveau européen». Je ne suis pas tout à fait certain du sens du terme «partenariat» dans ce contexte, mais le terme «renouveau européen» n’a pour moi pratiquement aucune ambiguïté. Je pense en effet qu’une des caractéristiques de l’Europe est depuis toujours sa capacité à subir des réformes constantes et des renaissances successives.

Je voudrais attirer l’attention de M. Barroso sur deux points qui me paraissent importants lorsque l’on aborde le sujet du renouveau européen. Le premier concerne l’enseignement. L’Europe puise traditionnellement sa force dans son système éducatif, qui s’étend de l’enseignement primaire au niveau universitaire. Pourtant, nous devons bien reconnaître la détérioration que ce système subit actuellement. Il ne suffit pas simplement de souligner que la culture et l’enseignement sont importants, Monsieur le Président. Il nous faut une stratégie définissant la méthode à utiliser pour placer l’enseignement au cœur des préoccupations de l’Union européenne. Il serait alors impossible d’invoquer le principe de subsidiarité pour prétendre que les institutions européennes ne sont pas habilitées à prendre des mesures. Nous avons besoin d’une stratégie qui garantit que l’enseignement européen est le meilleur du monde, car il mérite cette place et constitue une des grandes traditions de l’Europe.

La démocratie est un autre point qui me semble important. Elle devrait, à mon sens, également faire l’objet d’une certaine stratégie politique. Il est tout bonnement faux de dire que la démocratie est une caractéristique inhérente à l’Europe. De par sa nature même, la démocratie est fréquemment mise à mal par les détenteurs du pouvoir. À l’heure actuelle, la démocratie européenne est affaiblie par le populisme et les manifestations de démagogie, ce qui démontre la nécessité d’adopter une stratégie européenne en matière de démocratie, qui servirait en outre de modèle pour le monde entier. Je vous remercie, Monsieur le Président.

(Applaudissements)

 
  
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  Papadimoulis (GUE/NGL). - (EL) Monsieur le Président de la Commission, votre manifeste, je suis navré de vous le dire, comporte selon moi un aspect clairement néolibéral. L’incapacité à se rapprocher des objectifs de Lisbonne sert d’argument pour justifier de la mise à mal des piliers que sont la cohésion sociale et régionale et la protection de l’environnement, au nom de la compétitivité. Nous nous opposons à l’approche adoptée par la commission de M. Kok, car elle entraîne un affaiblissement de l’Europe, en particulier dans les domaines de la cohésion et de l’environnement, ainsi qu’une accentuation du dumping social, qui démantèle l’État social européen. Il nous faut des projets ambitieux et non pas dérisoires pour l’Europe unifiée de demain. Il nous faut une hausse substantielle des moyens propres afin de financer les nouvelles politiques communes que revendiquent les citoyens des 25 États membres actuels et des 27 États membres de demain. La proposition de la Commission est le point de départ minimal des perspectives financières. Une occasion unique s’offre à vous si vous le voulez: tout ce que vous avez à faire, c’est d’arrêter de reculer sans cesse. Tout le monde doit enfin comprendre qu’il est impossible d’élargir et de renforcer l’Europe tout en diminuant le financement.

 
  
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  Knapman (IND/DEM). - (EN) À ma surprise, Monsieur le Président, j’ai apprécié l’intervention de M. Barroso. J’ai tout particulièrement apprécié le passage où il admettait être à court d’argent, bien que je craigne qu’il s’agit là d’une première expérience pour plusieurs membres de la Commission. Monsieur Barroso, vous avez également dit que l’Union européenne gérera les politiques d’immigration et d’asile. Vous avez dit qu’il s’agissait d’un domaine européen et qu’il était par conséquent préférable d’adopter une approche européenne à son sujet. C’est un commentaire très utile pour nous, et que ce pauvre Michael Howard et les conservateurs du parlement britannique seront curieux d’apprendre.

Il convient de souligner que votre programme de travail a été grandement influencé par la stratégie politique annuelle de la Commission pour 2005, qui a été publiée en février 2004 sous la précédente Commission. C’est M. Prodi que nous devrions interroger aujourd’hui sur la croissance économique, l’objectif central de la Commission. Son travail n’est pas très satisfaisant, n’est-ce pas? Quel simulacre de démocratie! Les politiques communautaires pour 2005 ont été dictées par une Commission qui n’existe plus et approuvées par le précédent Parlement. Seul le Parlement actuel est mis sur la touche.

Quoi qu’il en soit, Monsieur Barroso, ne vous inquiétez pas, la chance vous sourit aussi: très peu d’eurodéputés remarqueront quoi que ce soit. Le UK Independance Party, quant à lui, vous est reconnaissant, car, comme on a coutume de dire dans nos rangs, «plus ça va mal, mieux c’est!»

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. SARYUSZ-WOLSKI
Vice-président

 
  
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  Angelilli (UEN). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, au-delà des problèmes individuels posés par les États membres, la déclaration de la Commission révèle la difficulté générale à laquelle le système économique européen est confronté. Aucun État ne peut à lui seul inverser cette récession. C’est aux institutions européennes, et en particulier à la Commission, qu’il incombe de revigorer l’économie européenne en mettant l’accent sur une stratégie axée sur l’emploi, la croissance et le développement pour tous.

Tout d’abord, il faut relancer la stratégie de Lisbonne de telle sorte qu’elle devienne enfin efficace et désigner un administrateur national qui sera chargé de la mise en œuvre de ses objectifs.

Ensuite, il faut réviser intelligemment le pacte de stabilité, de manière à encourager les réformes structurelles, à faciliter la poursuite des objectifs de Lisbonne et à encourager les investissements dans les infrastructures et la recherche pour renforcer la compétitivité. À cet égard, je considère qu’il est indispensable de tenir au sein du Parlement européen un débat sur la réforme du pacte de stabilité avant le Conseil européen de mars prochain.

Enfin, nous devons peut-être revenir à l’idée émise à l’origine par M. Delors, consistant à financer les investissements publics européens afin de soutenir la croissance et la compétitivité grâce à l’émission d’obligations communautaires, une démarche dont la force de l’euro actuelle garantirait la réussite.

 
  
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  Mote (NI). - (EN) Monsieur le Président, la prétendue stratégie de la Commission est une grandiose illusion. L’Europe continentale sombre dans le chômage et la faible croissance depuis des années. Ne vous a-t-il jamais traversé l’esprit, Monsieur Barroso, que vous étiez une partie du problème et non une partie de la solution? Pourquoi ne vous interrogez-vous jamais sur la nécessité de cette ingérence et de toute cette législation? Ne voyez-vous pas les dégâts causés par vos prédécesseurs? N’en avez-vous tiré aucune leçon? Pourquoi croyez-vous en savoir plus que ceux qui recourent à leur esprit d’initiative pour créer de la richesse, des investissements et de l’emploi?

Le meilleur service que vous puissiez rendre aujourd’hui aux citoyens d’Europe occidentale est de vous retirer. Jetez la stratégie de Lisbonne aux oubliettes de l’histoire, de même que tous ceux qui sont encore suffisamment sots pour croire que les bureaucrates et les politiciens ont toujours raison.

 
  
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  Szájer (PPE-DE). - (HU) Au nom du groupe PPE-DE, je voudrais souligner à quel point je suis heureux de voir avec quelle rapidité la Commission européenne a commencé ses travaux dès sa désignation. Les documents stratégiques récents démontrent non seulement que la Commission a entamé ses travaux, mais également qu’elle prête attention au Parlement européen. Je voudrais rappeler à cette Assemblée et aux membres de la Commission présents que cet hémicycle a adopté en décembre dernier une résolution définissant les objectifs stratégiques fondamentaux de la Commission, à savoir ceux que le Parlement européen voulait que la Commission poursuive.

La Commission a clairement tenu compte de ces objectifs. Nous avions fait part de notre volonté d’instaurer une Europe compétitive et dynamique, et la Commission parle de compétitivité, de prospérité et de création d’emplois. Nous avions fait part de notre souhait d’instaurer de la cohésion, de consolider le développement et la solidarité européens, et la Commission évoque les mêmes sujets. Nous voulions que les citoyens européens bénéficient d’une Europe sûre. Les documents publiés récemment par la Commission définissent clairement ces objectifs, à l’instar d’ailleurs de l’exposé du président. Voilà les faits, même si des députés de cette Assemblée rendent parfois les travaux de la Commission plus difficiles. Permettez-moi de vous rappeler que la résolution de décembre dernier était soutenue au départ par la plupart des principaux groupes de cette Assemblée, mais nos collègues socialistes ont manqué à leur engagement en dernière minute. Toutefois, avant les séances de la Commission et du Parlement, ils ont à présent exposé avec véhémence à la presse leurs attentes envers la Commission. Il est assez intéressant de constater que ces attentes portent notamment sur des éléments qu’ils ont refusé de signer ou d’approuver lors de la dernière session à Strasbourg. C’est pourquoi je suis ravi que les socialistes approuvent les documents à l’examen, même s’ils voudraient qu’ils soient davantage teintés de rouge.

Toutefois, je voudrais attirer l’attention des représentants socialistes, voire de tous les représentants de tous les groupes, sur le fait que la création d’emplois n’est un objectif ni socialiste ni libéral, ce n’est ni l’objectif des Verts ni celui du parti populaire, mais un objectif qui sert les intérêts des citoyens européens. C’est à cela que nous œuvrons, c’est pour cela que nous nous battons. Vous trouverez sans doute peu surprenant que le représentant d’un nouvel État membre que je suis attire votre attention sur le fait que l’un des aspects importants de la solidarité au sein de l’Union européenne est de redoubler d’efforts en faveur de la cohésion entre les anciens et les nouveaux États membres. Je suis sûr que M. Barroso, ancien Premier ministre du Portugal, un pays qui a longtemps tiré profit de la cohésion, considère la solidarité comme un aspect important même en dehors du contexte des générations et des couches sociales. Enfin, je voudrais faire part de ma satisfaction face aux engagements clairs et précis pris par le président de la Commission, qui garantissent que la Commission évitera les mesures qui seraient contraires aux intérêts des citoyens européens et qu’elle s’abstiendra d’adopter des dispositions législatives qui contrecarrent les objectifs de la compétitivité et de la création d’emplois ou empiètent sur la sécurité des citoyens européens. Je souhaite à la Commission de trouver le courage nécessaire afin de s’abstenir de prendre des mesures de temps en temps.

 
  
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  Kósáné Kovács (PSE). - (HU) Certaines personnes pourraient s’attendre à assister à une belle passe d’armes aujourd’hui dans cette Assemblée. Elle n’aura pas lieu. Elle n’aura pas lieu, car le président nous a présenté un document, accompagné de ses commentaires, qui dénote une avancée par rapport au document de Strasbourg. Nous utilisons des termes identiques en espérant que derrière les mots d’une même teneur se cache également l’espoir d’une action politique similaire et conjointe. Je reste convaincue que sa coopération avec les vice-présidents augure d’un avenir prometteur et je ne souhaite pas lancer un débat pour savoir qui aime le rouge dans les cravates et qui préfère le rouge dans les oreilles. Concluons que la solidarité et la cohésion sociale sont des valeurs et qu’elles ont un contenu humain et non une couleur.

Je voudrais aborder les questions de sécurité et de justice. Je me réjouis que la sécurité et la justice aient été mentionnées parmi les principes fondamentaux, et non traitées comme de simples détails techniques réglementaires. Nous savons tous que la sécurité ne peut être considérée comme acquise et qu’elle implique davantage que garantir une vie pacifique aux citoyens face à des dangers mortels. La politique de sécurité européenne ne se limite pas à la lutte contre la menace du terrorisme et à la recherche de moyens efficaces pour prévenir et lutter contre les attentats à la bombe. Nous pensons, et je tiens à souligner cette notion, que la démocratie est un véritable gage de sécurité. Seule la démocratie protège les personnes, et les droits personnels sont garantis par la démocratie dans le processus législatif. C’est la démocratie qui empêche l’instauration, au nom de la sécurité, de restrictions contraires à la philosophie de notre Traité constitutionnel.

Nous ne voulons pas vivre dans un monde - nous l’avons déjà fait - où nos rêves sont consignés dans des dossiers. Nous ne voulons pas non plus vivre dans un monde où les personnes font l’objet de discriminations sur la base de leur sexe, de leur âge, de leur religion, de leur situation financière ou de leur état civil. Nous ne voulons pas de la discrimination, car elle expose les faibles à des dangers concrets, alors que ce sont eux qui deviennent de plus en plus exposés: les femmes, les personnes âgées et les enfants. Nous ne voulons pas d’une discrimination de la différence, c’est pourquoi nous persistons à vous demander si nous pouvons prendre au sérieux la promesse de votre engagement personnel sur une législation antidiscriminatoire et sur l’adoption de mesures définitives pour combattre la discrimination.

Certains dangers vont bien au-delà de la politique de sécurité, parmi les menaces qui hypothèquent la qualité de la vie humaine. Si la pauvreté enracinée et irréversible crée des lignes de faille qui divisent les continents, les pays et régions de ces pays, la solidarité et la cohésion sociale renforcent non seulement la compétitivité, mais aussi la sécurité. Elles préviennent la migration en masse des démunis et peuvent empêcher les émeutes antipauvreté. Nous pouvons dès lors dire que même si la nature peut se retourner contre l’homme, notre politique commune peut empêcher l’homme de se retourner contre l’homme. J’espère que nous serons en mesure de coopérer, quel que soit le côté où nous siégeons dans cet hémicycle.

 
  
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  Lambsdorff (ALDE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission, Monsieur le Président en exercice du Conseil, Mesdames et Messieurs, nous savons tous que l’Union européenne est en train de rater les objectifs de la stratégie de Lisbonne. Si nous continuons de la sorte, nous ne parviendrons pas à faire de l’UE la société de la connaissance la plus compétitive du monde.

Pourtant, nous entendons M. Poettering déclarer en plénière que tel n’était pas le but, que nous ne voulons pas devenir la société la plus compétitive, que nous voulons uniquement être en mesure d’affronter la concurrence. Quant à la place de numéro 1 - non, vraiment, ce n’était pas notre objectif. Monsieur Poettering, ceci dénote une attitude faisant de la concurrence un sujet de conversation plutôt qu’un défi à relever. Les sportifs, les entrepreneurs, les scientifiques - tous veulent participer à la compétition et atteindre le sommet. Si vous aviez entraîné l’équipe nationale grecque au lieu d’Otto Rehhagel, Monsieur Poettering, elle n’aurait jamais atteint Lisbonne. Les Grecs ont gagné et nous voulons que l’Europe gagne elle aussi. Nous affrontons la concurrence. Nous affrontons la concurrence entre une région économique et une autre, tout simplement parce que nous n’avons pas le choix. Nous avons encore une chance dans cette compétition. Nous devons la mettre à profit, et la mettre à profit dès maintenant.

Le fait que, dans son document stratégique, la Commission n’ait pas uniquement reconnu cette situation, mais qu’elle veuille également que sa politique soit guidée par ce principe, donne une chance à l’Europe, une chance que nous saluons chaleureusement et pour laquelle nous remercions les commissaires responsables, M. Barroso tout d’abord, mais aussi le commissaire Verheugen et les autres membres du collège. Après tout, il est clair que nous devons nous concentrer sur un renforcement de notre compétitivité. Nous devons enfin comprendre ce qu’est la compétitivité: une condition sine qua non pour la croissance, donc pour la création d’emplois.

Nous le faisons par obligation - non seulement politique, mais également morale. Le chômage de masse et le chômage de longue durée sont des maux profonds en Europe, dans mon pays, ainsi que dans de nombreux États membres. Le chômage est à l’origine de la pauvreté, laquelle est le terreau des problèmes sociaux, sanitaires et environnementaux. Un travail correctement rémunéré est le meilleur remède à la pauvreté. Il engendre la prospérité, donne aux personnes perspectives et estime de soi. Seule une société présentant ces caractéristiques peut réaliser des objectifs sociaux et environnementaux ambitieux. Votre groupe, Monsieur Schulz, devra comprendre le lien qui existe entre eux. Le chômage de masse n’est pas une avancée sociale.

Après avoir perdu cinq ans, il est maintenant temps de commencer à mettre en œuvre les objectifs de Lisbonne. La Commission nous a tendu la main en vue d’un partenariat. Nous devons la saisir pour le bien de nos concitoyens. Je pourrais ajouter que je me réjouis de tenir ce débat à Bruxelles plutôt qu’à Strasbourg.

 
  
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  Blokland (IND/DEM). - (NL) Monsieur le Président, le Parlement examinera cet après-midi les programmes de la Commission pour 2005. Je souhaite par conséquent m’arrêter d’abord sur la relation existant entre la Commission et le Parlement. Que M. Barroso cède à la pression exercée par le Parlement à l’automne 2004 pourrait renvoyer l’image d’un Parlement fort face à une Commission faible. Je voudrais demander à M. Barroso s’il se reconnaît dans cette image.

En 2005, la Commission aura la tâche ingrate de maintenir les référendums sur la Constitution en bonne voie. Elle ne peut toutefois s’en prendre qu’à elle-même de s’être mise dans cette situation difficile. Même si elle continue de clamer, à juste titre, que la ratification est avant tout l’affaire des États-nations, cette attitude claire a malheureusement été abandonnée. En lançant une campagne active et en débloquant des fonds, la Commission a perdu sa neutralité. L’argent du contribuable sert maintenant à financer l’adoption par la contrainte d’une Constitution que les citoyens n’ont jamais demandée. La campagne sur la Constitution européenne est censée rapprocher le citoyen de l’Europe, mais à y regarder de plus près, il reste à prouver que le public aura bien l’impression d’être pris au sérieux. Un important travail est d’ores et déjà réalisé en coulisse concernant la forme que devrait revêtir le Service européen pour l’action extérieure, par exemple. Les parlements nationaux et les citoyens n’ont pourtant pas été consultés, au moment précis où la commissaire Wallström indiquait que l’Europe devait commencer à écouter ses citoyens au lieu de mettre en œuvre une politique de faits accomplis.

 
  
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  Libicki (UEN). - (PL) Merci, Monsieur le Président. Monsieur Barroso, vous avez utilisé une phrase particulièrement frappante, à savoir que nous devons déterminer de quelle manière nous souhaitons concrétiser les rêves. Malheureusement, les instruments que vous comptez utiliser à cet effet ne nous ont pas été décrits. Vous avez dit que la législation devait être simplifiée, mais nous ne savons toujours pas comment vous réduirez les montagnes de paperasserie sans cesse croissantes, puisque vous ne nous avez donné aucune indication sur la manière d’y parvenir. Vous avez évoqué la prospérité et de nouveaux emplois, mais l’instauration d’un État-providence surprotecteur ne permettra ni l’un ni l’autre. Et pendant ce temps-là, la stratégie de Lisbonne s’éloigne à l’horizon. Vous avez parlé de solidarité, mais comment pouvons-nous parler de solidarité en ces lieux alors que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis se sont empressés de fournir une aide après le désastre en Asie, tandis que l’Union européenne n’a encore rien fait à ce jour?

Monsieur Barroso, si nous voulons concrétiser les rêves, nous devons indiquer les instruments que nous comptons utiliser. J’espère sincèrement, comme nous tous d’ailleurs, que ces rêves deviendront réalité pour vous, pour l’Europe et pour nos États membres. Toutefois, pour y parvenir, nous devons indiquer les instruments qui seront utilisés.

 
  
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  Bobošíková (NI). - (CS) Monsieur le Président de la Commission européenne, vous avez l’intention de présenter la Constitution européenne aux citoyens de l’Union en des termes compréhensibles. Je voudrais donc demander à la Commission d’inclure dans cette stratégie une définition précise du concept d’européanisme. La Constitution indique que l’européanisme sera un critère de sélection des futurs commissaires européens, le gouvernement de fait des quatre cent cinquante millions de citoyens de l’Union européenne.

Je ne sais pas comment expliquer aux citoyens de la République tchèque, que je représente dans cette Assemblée, ce qu’est réellement cet européanisme. Je ne suis pas en mesure de dire quels commissaires et députés se distinguent par un européanisme plus grand ou de meilleure qualité. Je ne sais pas quels critères sont actuellement utilisés pour faire la distinction entre un bon et un mauvais Européen. Je viens d’un pays où, pendant des décennies, les gens ne progressaient pas en raison de leurs capacités, de leur formation, de leur esprit d’initiative ou de leur efficacité, mais en fonction de la force et de la fréquence de leurs déclarations d’engagement envers une idée politique unique. À cause de cette manière de gérer la société, les pays d’Europe orientale paient encore le prix fort en termes de retard économique. Je ne voudrais pas assister à la promotion de concepts tels que l’européanisme au sein de l’Union européenne.

 
  
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  Brok (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission, Mesdames et Messieurs, je voudrais tout d’abord faire remarquer que cette Assemblée a adopté la Constitution avec plus de 500 votes favorables. Nous avons donc le droit de défendre la Constitution auprès du public et nous nous réjouissons que la Commission nous assiste à cet égard.

Le second commentaire que je voudrais faire concerne la politique étrangère et de sécurité. Je pense que la Commission a présenté de nombreuses propositions de qualité et qu’elle a une bonne idée - utiliser la puissance économique de l’Union pour lui donner une voix en politique étrangère et mettre à profit les derniers développements, la Constitution en particulier. Je voudrais dire à M. Schulz qu’il est très clair selon moi que la prévention doit avoir la priorité, mais que la prévention est inefficace sans capacités militaires, lesquelles sont les seuls moyens permettant de faire pression. Les deux sont nécessaires, mais l’utilisation des forces armées doit toujours venir en dernier recours.

Notre Union européenne doit également veiller à ne pas procéder de manière unilatérale, mais bien dans un cadre multilatéral. Cela signifie que nous devons développer nos relations transatlantiques. Je souhaite bonne chance aux présidents du Conseil et de la Commission pour le 22 février, date à laquelle le président Bush nous rendra visite et où nous commencerons à progresser dans ce domaine.

Il est un autre sujet que je souhaite aborder durant le peu de temps qui m’est imparti. Demain, le président Iouchtchenko sera avec nous et je pense que ces derniers jours nous ont clairement démontré - surtout dans le cadre des débats devant cette Assemblée - que nous ne pouvons actuellement continuer à élargir l’Union européenne à l’infini, car elle se trouverait dans l’impossibilité d’accueillir de nouveaux membres. Pourtant, nous voyons aussi que les programmes d’action au titre de la politique de voisinage pour l’Europe orientale sont insuffisants. Nous devons trouver de nouvelles idées dans ce domaine, notamment des cadres multilatéraux, pouvant se fonder sur des idées telles que l’Espace économique européen. Cela me semble être pour nous le seul moyen de réduire la pression et d’échafauder des perspectives - ces deux éléments sont essentiels actuellement - et j’espère que nous y parviendrons.

Mes dernières paroles doivent s’adresser au président de la Commission, que je prie instamment de résister à toute tentative du Conseil de structurer le Service européen pour l’action extérieure de manière à le rendre indépendant de la Commission. Nous voulons une communauté Europe, non une nouvelle autorité intergouvernementale. Le Parlement est à vos côtés.

(Applaudissements)

 
  
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  Rasmussen (PSE). - (DA) Monsieur le Président, Monsieur Barroso, le président de mon groupe, M. Schulz, a souligné aujourd’hui que vos déclarations devant cette Assemblée allaient, selon nous, dans le bon sens. C’est également ma conviction, en tant que président des sociaux-démocrates européens. Nous sommes clairement sur la même longueur d’onde. J’ai pourtant quelque chose à ajouter. Les députés du PSE souffrent d’une allergie commune, elle consiste à réagir négativement en cas d’intérêt simulé. Ce que je veux dire, Monsieur Barroso, c’est qu’il est très important que vous preniez vraiment au sérieux les déclarations faites par M. Schulz aujourd’hui - des déclarations que je voudrais commenter. Il importe que vos déclarations de ce jour soient suivies d’actions concrètes. Permettez-moi de vous donner quelques exemples.

Ce que vous avez dit aujourd’hui concernant la nécessité de réduire l’écart entre les riches et les pauvres au sein de l’Union est important. Je perçois toutefois une incohérence lorsqu’en première page du Financial Times d’aujourd’hui, votre commissaire Mme Kroes affirme que les aides régionales dans les pays riches doivent être réduites également. Veillez à agir avec prudence, Monsieur Barroso.

Vos commentaires d’aujourd’hui sur notre besoin de créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité sont importants eux aussi. M. Schulz et moi sommes d’accord. Veillez toutefois à ne pas appliquer les vieilles recettes du siècle dernier, qui reposaient sur l’idée qu’il suffisait de se contenter de parler de productivité et de changements structurels et non des besoins, à savoir d’une intensification des investissements et d’un renforcement de la demande sur le marché intérieur européen. Il est inutile de se concentrer uniquement sur l’offre. Dans une économie moderne, il faut également porter son attention sur la demande. Nous ne créerons pas d’emplois sans investissements coordonnés dans la formation, l’innovation, la politique régionale et sans une politique active sur le marché de l’emploi. Je ne pense pas que soyez d’un avis différent, mais je vous demande de confirmer aujourd’hui que le président de la Commission voit, lui aussi, les choses de cette manière. Je vous rappelle que nous avons présenté, il y a de cela six mois, un programme d’investissement en cinq points portant sur la création de cinq millions d’emplois en Europe. Le programme peut effectivement être mis en œuvre et, en tant que président de la Commission, vous aurez une part de responsabilité essentielle.

Je suis d’accord avec vous lorsque vous évoquez aujourd’hui le modèle social européen. Veillez toutefois à ne pas dissocier les dossiers. Il est très important que vous ne vous laissiez pas mettre sous pression par le vieux mode de pensée de l’Union européenne en vous concentrant d’abord sur la productivité économique avant de voir si nous pouvons nous permettre d’améliorer le bien-être et, le cas échéant, de renforcer la sécurité sociale et les investissements en matière d’environnement. Faites attention, ces dossiers sont inséparables. Nous devons revendiquer le modèle social européen, la productivité économique, la justice sociale et les investissements en matière d’environnement. C’est la méthode européenne.

En fin de compte, le défi auquel nous sommes tous deux confrontés peut être résumé par la question suivante: «Affronterons-nous la concurrence aux conditions américaines ou européennes?» Là est la question. Nous devons trouver la réponse ensemble et je suis persuadé que nous pouvons y parvenir.

J’ai écouté les propos tenus récemment par le président du Conseil, M. Juncker, lorsqu’il a souligné le fait que la méthode européenne implique un équilibre entre l’économie, les conditions sociales et l’environnement. Nous nous attendons à voir cet équilibre le 2 février, lorsque la Commission présentera sa première proposition - nous permettant ainsi de commencer nos travaux.

(Applaudissements)

 
  
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  Duff (ALDE). - (EN) Monsieur le Président, le programme quinquennal est largement plus pointu et plus clair que la stratégie élaborée par la Commission précédente. Je tiens à remercier le président Barroso de s’être appuyé pour une large part sur le résultat du processus d’approbation de la nouvelle Commission par le Parlement. Le programme mérite que le Parlement et le Conseil européen agissent avec sérieux. Il est certainement courageux de mettre l’accent sur la prospérité en tant que principale priorité. La Commission ou le Conseil disposent de peu d’outils pour contrôler la politique macroéconomique. L’Union a des compétences fiscales extrêmement limitées. La réalisation d’un marché unique des services - financiers et publics - n’est donc pas un luxe: elle est indispensable. En ce qui me concerne, j’aurais voulu que l’accent soit davantage mis sur l’importance de voir certains autres États membres, le Royaume-Uni notamment, adopter la monnaie unique dans les cinq années à venir.

Monsieur Barroso a affirmé que l’entrée en vigueur de la Constitution représentait un premier pas vers le renforcement de la légitimité. Il convient de dire qu’il s’agit d’une condition préalable à toute autre démarche prévue par le programme, ou peu s’en faut.

Il est clair que sans les améliorations prévues pour la politique étrangère, de sécurité et de défense commune, l’Union sera incapable de jouer un rôle efficace dans les affaires du monde et les relations avec la Russie et les États-Unis resteront médiocres et sujettes aux querelles.

 
  
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  Belohorská (NI) - (SK) Monsieur le Président de la Commission, le programme stratégique 2005 de la Commission que vous nous avez présenté est pertinent et de grande qualité. Je suis convaincue qu’il s’agit également d’un programme à long terme. J’adopte votre programme et je le soutiens, car je pense que c’est un programme qui est bénéfique pour la Commission, mais également, dans un sens plus large, pour le Conseil et même pour le Parlement européen.

Vous avez aujourd’hui entendu des réactions largement positives et il est évident que vous avez également entendu nos commentaires dans le cadre d’autres séances. Un pas important vient d’être franchi, mais le second est de concrétiser ces objectifs. Vous n’y parviendrez que si vous arrivez à impliquer le Conseil et le Parlement dans ce projet.

Cette période verra aussi la ratification du traité instituant la Constitution européenne. Nous sommes actuellement en train de convaincre la population que nous avons préparé ce document pour elle, pour les citoyens de l’Union européenne, que c’est l’Union européenne qui leur offrira une protection si l’État-nation fait défaut.

L’Union européenne a consacré des ressources considérables aux pays affectés par la catastrophe naturelle du tsunami. En Europe pourtant, nous voyons les millions de victimes des réformes économiques, d’un tsunami économique: des jeunes gens ont fui l’Europe de l’Est pour aller chercher une vie meilleure en Europe de l’Ouest, mais les personnes âgées dépendent de notre aide. L’Union européenne et l’Afrique sont affectées chaque année par le tsunami du SIDA. Des dizaines de milliers de personnes meurent. Je vous demande par conséquent d’aider ces personnes. Je vous propose également mon aide dans le cadre des programmes destinés aux personnes âgées et aux malades du SIDA, mais je me réserve le droit de surveiller ces programmes.

Je vous remercie.

 
  
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  Martens (PPE-DE). - (NL) Monsieur le Président, c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pris connaissance du programme de travail 2005 et de ses beaux titres de «prospérité», «solidarité» et «sécurité», au sujet desquels tant de choses peuvent être dites. En tant que coordinatrice du groupe du parti populaire européen (démocrates-chrétiens) et démocrates européens dans le domaine de la coopération au développement, c’est avec cette pensée à l’esprit que j’ai lu le programme. Celui-ci note à juste titre que l’Union n’est pas uniquement responsable de la paix, de la prospérité et du bien-être des citoyens de l’Union européenne proprement dite, mais qu’elle a également une responsabilité envers le reste du monde, les pays les plus pauvres en particulier. Il y a cinq ans, l’Union européenne, conjointement avec d’autres pays, a adopté ce qu’on appelle les «objectifs du millénaire», qui décrivent la manière dont nous comptons assumer cette responsabilité. Nous sommes censés réduire la pauvreté dans le monde de moitié d’ici 2015, garantir un enseignement de base minimal à tous, améliorer le statut des femmes, renforcer la lutte contre le SIDA et promouvoir le développement durable.

Même si nous sommes en retard dans la réalisation de ces objectifs, ils demeurent réalistes. L’Union européenne est très active, mais il reste fort à faire, surtout dans les domaines de la cohésion, de la coopération et de la coordination. Ces objectifs du millénaire ne seront pas concrétisés si la communauté internationale et l’Union européenne n’améliorent pas sensiblement la qualité de leur aide. Les ressources peuvent et doivent être déployées plus efficacement. Lors de la réunion de notre commission la semaine dernière, M. Sachs du Projet objectifs du millénaire de l’ONU nous a lancé un défi concernant le rôle de l’Union européenne dans le monde, auquel le programme de travail fait, lui aussi, référence. L’Union européenne reste le principal bailleur de fonds et le défi consiste à devenir également l’acteur principal en termes de vision, de cohésion et de capacités de direction. Dans le domaine de la coopération au développement aussi, des défis particulièrement exigeants doivent être relevés. Je demande à la Commission d’y prêter une grande attention.

 
  
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  Berès (PSE). - Monsieur le Président, Monsieur Barroso, six mois après votre désignation par le Conseil européen, vous voilà dans une situation très privilégiée. En effet, vous avez un mandat de cinq ans devant vous et vous avez un défi magnifique: celui de mettre en œuvre, enfin, cette stratégie de Lisbonne en la dotant de vrais outils.

Situation privilégiée, mais paradoxale aussi, puisque, comme vous l’avez rappelé à l’heure du déjeuner au cours d’une conférence de presse, lorsque vous étiez premier ministre, vous n’aimiez pas beaucoup cette stratégie de Lisbonne. Nous l’avions d’ailleurs constaté au cours des auditions. Pourtant, aujourd’hui, vos nouvelles responsabilités veulent que ce programme soit le vôtre: il représente d’ailleurs le meilleur moyen que vous ayez entre les mains pour remettre l’Union sur les rails et pour lui permettre d’affronter les défis de demain.

Au fond, la séance d’aujourd’hui est presque un galop d’essai pour préparer ce que vous nous direz mercredi prochain, l’essentiel étant de faire de la stratégie de Lisbonne le projet de l’Union européenne pour les années à venir. Si vous voulez réussir dans cette perspective, vous devrez faire reposer cette stratégie sur les trois piliers suivants: des perspectives financières au service de la mise en œuvre de la stratégie; un pacte de stabilité qui permette la réalisation de la croissance et de la compétitivité de l’Union dans le respect du développement durable et de l’emploi; des politiques de l’Union européenne conformes à cette stratégie.

L’essentiel, pour conserver un bon équilibre, c’est effectivement de ne pas sous-évaluer la question sociale. La question sociale ne peut pas être laissée en marge, elle est au contraire au cœur des éléments de la compétitivité du modèle social européen, de la force de l’Europe, y compris dans la compétitivité mondiale. C’est ce que nous attendons de vous et c’est sur la base d’une programmation en ce sens de votre activité, de votre programme législatif, que nous vous jugerons, texte après texte, dans un esprit européen, c’est-à-dire avec la volonté d’avancer au service du bien-être de nos concitoyens.

 
  
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  Costa, Paolo (ALDE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je suis moi aussi convaincu que la construction et l’exploitation des réseaux transeuropéens de transport peuvent apporter une réelle contribution à la prospérité de l’Europe, notamment dans les domaines de la solidarité et du développement durable.

Je ne fais pas spécialement allusion aux effets sur la demande induits par la quantité considérable d’investissements nécessaires pour construire les RTE, qui devraient contribuer à l’accélération de la croissance économique. Nous aurions déjà dû, dans le cadre de la stratégie de Lisbonne, résoudre l’ensemble des problèmes diplomatiques, de conception et de financement et nous devrions maintenant être prêts à transformer les investissements en dépenses. Ce ne sera pas le cas dans la pratique.

Toutefois, il est nécessaire de prendre des engagements européens de cofinancement solides en faveur des RTE avant l’approbation des perspectives financières de la période 2006-2013 et, éventuellement, pour la période après 2013, jusqu’en 2020. Si nous ne pouvons attendre de la mise en œuvre des RTE des effets rapides sur la demande, nous pouvons en revanche escompter une contribution réelle et progressive à la création effective du marché intérieur dans l’Union élargie.

Pourtant, compte tenu des contraintes de temps et financières, ce résultat ne peut être atteint que si la stratégie de mise en œuvre des RTE n’est pas laissée, pour ainsi dire, à la discrétion des États membres et de leurs décisions au niveau local ni à leur capacité ou incapacité à cofinancer les différentes sections et les différents projets. En réalité, les sections du réseau ne peuvent être déterminées qu’à Bruxelles. Leur construction aura pour effet de créer un véritable marché unique plus grand que les autres, en sachant toutefois que l’effet de réseau ne verra le jour qu’au terme de la réalisation de tous les projets.

Tout ceci ne sera possible que si le cofinancement européen est majoré et, dans certains cas notables, si les États membres acceptent une mise en commun exceptionnelle des ressources en vue de la construction de RTE, ce qui est, à n’en pas douter, incompatible avec la réduction des ressources allouées à l’Union par les États membres à 1% du PIB européen.

Cette éventuelle extension de la responsabilité financière de l’Union européenne pourrait également avoir l’avantage de permettre une révision utile du pacte de stabilité. Le dépassement du plafond de 3% ne pourrait être autorisé que s’il est objectivement lié aux infrastructures évoquées, ainsi qu’aux dépenses de recherche, et s’il est subjectivement garanti par la Commission exécutive. La Commission aurait pour mission d’utiliser les ressources majorées conformément aux critères européens prioritaires, tels une contribution accrue à l’unification du marché dans l’Union européenne élargie, comme je l’ai indiqué précédemment.

 
  
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  Kirkhope (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, ce débat est primordial. L’importance que la Commission attache à la création de prospérité en Europe est la bienvenue, elle était attendue. Le résultat de la stratégie de Lisbonne - dont la révision sera abordée au Conseil européen de printemps - sera décisif quant à cette réussite et les termes utilisés au sujet de la compétitivité, de l’esprit d’entreprise, de la recherche, de la croissance et de l’emploi sont plus vigoureux que sous la Commission précédente. Monsieur Barroso, je pense que vous vous impliquez personnellement dans de véritables réformes économiques en Europe. Vos états de service de Premier ministre du Portugal démontrent que vous vous intéressez aux résultats et non à la seule rhétorique.

Je reste circonspect quant au potentiel de la Commission et de certains États membres pour répondre au besoin de réformes efficaces et approfondies des économies européennes. La stratégie de Lisbonne révisée ne doit pas être édulcorée au nom du politiquement correct, comme ce fut le cas par le passé. Beaucoup de choses ont changé: l’élargissement de l’Union européenne a amené des pays fermement attachés à des marchés de l’emploi flexibles, à des politiques fiscales compétitives et au développement du libre-échange. Nous faisons par ailleurs face au défi majeur de ne pas être en concurrence avec les seuls États-Unis, mais avec les géants émergents que sont la Chine et l’Inde. L’Europe ne peut se contenter de continuer à évoquer les réformes lui permettant de relever ces défis, elle doit maintenant agir.

Je salue l’accent mis sur l’application de la législation communautaire par les États membres sur leur territoire. Le Royaume-Uni a parfois eu tendance à transposer la législation avec un enthousiasme excessif, alors que d’autres États membres sont enclins à étouffer les effets des dispositions qu’ils n’apprécient pas. C’est évidemment inacceptable. Nous devons produire moins de législation, que ce soit dans le domaine économique ou ailleurs. Les Commissions précédentes ont évoqué cette question. Cette Commission doit concrétiser ce point et nous devons rendre les choses plus simples - plus simples à comprendre pour les citoyens et plus simples à mettre en œuvre.

Nous jugerons partiellement cette Commission sur sa capacité à créer un environnement favorable à de véritables réformes, sur son engagement à réduire la réglementation et à la rendre plus efficace et sur sa détermination à faire en sorte que l’argent du contribuable soit utilisé efficacement et que la fraude et la mauvaise gestion soient combattues avec fermeté.

 
  
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  Falbr (PSE). - (CS) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le discours du président de la Commission, M. Barroso, a le mérite de ne pas avoir mis en doute le besoin de conserver le modèle social européen et de ne pas avoir demandé sa suppression au nom du renforcement de la compétitivité. Pourtant, ce qui m’a manqué dans son allocution, c’est une mise en évidence de la nécessité de poursuivre et d’intensifier le dialogue social. Je fais référence aux négociations entre syndicats et associations patronales à tous les niveaux, au niveau européen notamment. Je suis convaincu que toutes les réalisations de l’Europe d’après-guerre sont le résultat de la coopération entre des gouvernements, des organisations patronales et des syndicats sensés.

Lorsque l’on examine les propositions censées contribuer à la compétitivité de l’Europe, à la flexibilité du marché de l’emploi ainsi qu’à la transparence et à la simplification des conditions d’activité, je ne peux m’empêcher de penser qu’aux yeux de nombreuses personnes, les puissantes organisations syndicales démocratiquement instituées constituent le dernier obstacle empêchant d’atteindre ces objectifs. Malheureusement, nous voyons aujourd’hui, surtout dans certains pays ayant récemment adhéré à l’Union, que les représentants des partis conservateurs confondent dialogue social et monologue social. Il y a eu des tentatives de substitution des relations industrielles existantes depuis plus d’un siècle par des relations individuelles. Cette démarche repose sur des arguments primitifs selon lesquels tous les individus sont en mesure de prendre des décisions librement et de s’affirmer personnellement sur le marché de l’emploi. Il est dès lors positif que notre groupe mette l’accent sur la création de plus d’emplois, de meilleure qualité. L’Europe ne veut pas et ne voudra jamais de ce que les syndicalistes américains qualifient à juste titre de McJobs.

Il existe de nombreuses manières de démanteler un État social et certaines d’entre elles ont malheureusement été testées avec succès dans certains pays autrefois stables et prospères d’Amérique du Sud. Par conséquent, je m’oppose à la privatisation des services publics, à la privatisation des systèmes de pension. Je trouve la législation du travail européenne globalement satisfaisante. Toutefois, ce que je trouve insatisfaisant, c’est le contrôle inadéquat des dispositions approuvées et des règles qui ne sont donc pas respectées ou qui sont enfreintes dans certains États membres. Monsieur le Président, comment allez-vous garantir que de bonne directives européennes ne restent pas de simples documents en papier? Je vous remercie.

 
  
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  In 't Veld (ALDE). - (NL) Monsieur le Président, j’ai été ravie d’entendre que la Commission s’attellera à la modernisation de l’Europe. Je pense que la modernisation devrait réellement être le mot clé dans les années à venir et je salue chaleureusement les échos similaires entendus de la bouche de la présidence. Nous avons désespérément besoin de modernisation, dans le domaine économique surtout. Même si de nombreux députés ont souligné les inconvénients et les éventuels pièges des réformes, je pense que nous devons passer plus de temps à parler des inconvénients et des pièges du statu quo. Réformer demande du courage politique. Des choix doivent être faits et des positions politiques doivent être adoptées. J’espère que cette Commission, contrairement à son prédécesseur, est disposée à procéder de la sorte, au lieu de continuer à présenter des propositions de consensus diluées sans la moindre consistance. Le changement est presque toujours douloureux. Il affecte les droits acquis, ce qui explique peut-être partiellement la résistance opposée par certains cercles. Pourtant, plus nous reportons les réformes, plus grande sera la douleur. Monsieur Barroso, nous avons aux Pays-Bas un proverbe qui dit que les causes désespérées appellent des mesures désespérées. Je ne sais pas comment le traduire, mais je pense que le message est clair.

Même si l’on parle beaucoup d’innovation, nous continuons à investir dans les anciens systèmes, comme ce vieux système agricole mis au point pour les priorités des années cinquante et les systèmes de sécurité sociale conçus pour la société d’il y a un demi-siècle. Nous continuons à dépenser des fortunes pour maintenir à flot des industries condamnées et polluantes. Nous essayons encore de résoudre les problèmes économiques en augmentant les déficits publics. J’espère que cette Commission fera pression en faveur des investissements dans la connaissance et les compétences, dans l’enseignement, l’innovation, l’environnement et le marché des services. J’appelle la présidence et les États membres à faire de même. J’espère que la Commission ne se laissera pas influencer. Nous devons miser sur la libéralisation et l’ouverture des marchés, sur l’initiative et l’esprit d’entreprise et non plus sur les politiques désuètes.

 
  
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  Fjellner (PPE-DE). - (SV) Monsieur le Président, ma mère a pour habitude de me rappeler que celui qui s’occupe de tout ne fait qu’effleurer les choses. J’espère par conséquent que la Commission osera établir des priorités et choisir un objectif sous la forme de ce qui est manifestement le plus important, à savoir la croissance. La création de croissance n’est pas le fait d’un miracle. En réalité, tout le monde sait ce qu’il faut faire et pourquoi l’Europe est à la traîne, mais peu nombreux sont ceux qui osent en parler.

Ce dont nous avons vraiment besoin, ce n’est pas de donner davantage de pouvoir ou de fonds à l’Union, mais bien de courage politique. Le courage est indispensable pour oser se lever et mettre en œuvre un certain nombre de réformes radicales conçues pour instaurer la compétitivité dont nous avons besoin et mettre un terme aux excès de réglementation et de taxation de l’économie.

Le libre-échange est un outil incontournable pour renforcer la croissance. L’Union devrait être la puissance européenne et la plus grande puissance du monde et devrait surtout défendre le libre-échange dans le monde. Le projet européen repose sur ce principe et sur l’instauration de la paix, de la prospérité et de la liberté. Il peut également fournir une aide considérable à d’autres parties du monde.

Malheureusement, l’Union fait souvent le contraire et élève de nouvelles entraves au commerce. Les pays pauvres et vulnérables voient leur prospérité et leurs chances confisquées par les droits de douane. L’immoralité de ce système est apparue encore plus clairement lorsque, en décembre, l’Union européenne a augmenté les droits sur les parfums et les épices en provenance notamment de la Thaïlande et du Sri Lanka. Les pays frappés par le tsunami ont besoin du commerce pour mener à bien leur propre développement et n’ont vraiment pas besoin d’une hausse des droits de douane. Le fait que l’Europe est elle aussi perdante à cause d’une politique immorale devient plus clair que jamais, puisque la Thaïlande envisage à présent de refuser d’acheter le prestigieux Airbus européen en raison d’une politique commerciale qui impose des taxes aux pêcheurs, thaïlandais en particulier.

J’appelle dès lors la Commission à faire tout ce qui est en son pouvoir pour défendre le libre-échange et pour essayer d’entrer dans l’histoire comme étant la Commission européenne la plus favorable au libre-échange.

 
  
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  Paasilinna (PSE). - (FI) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le point le plus important du programme de travail de la Commission est clairement identifiable. Il s’agit de la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne, c’est-à-dire de notre compétitivité globale, dans les plus brefs délais. Lisbonne est comparable à une pyramide: la recherche et le développement, qui sont pour nous un outil et une chance, occupent le sommet, même si deux pays seulement ont concrétisé cet objectif de 3% du PIB.

Le deuxième niveau est occupé par les TIC, les technologies de l’information et des communications. Il s’agit d’un moyen de réaliser les objectifs et de la méthode la plus rapide pour obtenir des résultats. La part des TIC dans notre produit intérieur brut s’établit déjà à 10% environ. La formation numérique est donc vitale puisque, par exemple, la majorité de nos employés de bureau perd environ trois heures de travail chaque semaine en raison de problèmes informatiques. Qu’allons-nous faire? Devrions-nous prolonger la semaine de travail ou devrions-nous donner une formation numérique?

Nous devons par ailleurs garder à l’esprit que le sommet de la pyramide s’effondrera s’il ne repose pas sur un développement durable au niveau social et environnemental. Tel est notre modèle européen, la condition préalable à notre compétitivité. Monsieur Barroso, je me réjouis que vous considériez la solidarité comme l’un des fondements de notre succès, mais il reste encore fort à faire. L’absence de solidarité, un produit importé de l’Occident, devient de plus en plus évidente à tous les niveaux de la société et entre ces derniers.

La Commission a fait de la réalisation de la stratégie de Lisbonne son objectif. Toutefois, le pouvoir de décision reste aux mains des États membres. Seule une petite minorité a appliqué la législation requise. La tendance à la non-solidarité règne donc parmi nous. L’objectif communautaire de compétitivité ne sera pas atteint si la majorité des États membres freinent. Je souhaite demander à M. Barroso de quelle manière la Commission entend persuader les États membres de transposer conjointement les dispositions convenues. Dans le cas contraire, on peut craindre qu’il ne devienne un plan quinquennal de type soviétique, qui ne sera réalisé que sur le papier.

 
  
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  Ek (ALDE). - (SV) Monsieur le Président, ce sont des objectifs ambitieux qui nous sont présentés pour la législation de l’année prochaine. Le problème, c’est simplement que le nombre élevé d’objectifs - comme d’habitude - entraîne le risque d’une absence totale de priorités.

Je souhaite que l’on créé une Union européenne amaigrie, mais plus affûtée, qui fasse moins de choses, mais qui soit plus efficace dans ce qu’elle fait et qui agisse énergiquement dans les dossiers d’intérêt commun, en laissant les autres questions à la discrétion des niveaux national, régional ou local.

L’Europe a besoin d’une croissance stable et soutenue. La compétitivité de l’Union doit être améliorée, peut-être davantage que nous ne le pensons. Les États-Unis examinent actuellement la croissance chinoise et élaborent des projets ambitieux pour atteindre des niveaux identiques. Pendant ce temps, l’Europe examine la situation des États-Unis. En procédant de la sorte, nous avons déjà plusieurs tours de retard. L’Europe a un potentiel de croissance considérable, qui doit être libéré, mais elle a besoin de rassembler ses forces et d’établir des priorités. Dans le cas contraire, le processus de Lisbonne court le risque de confirmer la citation de Groucho Marx, lequel affirmait que «la politique est l’art de chercher les problèmes, de les trouver, d’établir un diagnostic erroné à leur propos et enfin d’appliquer incorrectement les mauvaises solutions.» Le développement durable est la base de la croissance et le programme est trop faible à ce niveau.

Troisièmement, la libre circulation au sein de l’Union requiert que les citoyens aient le sentiment de bénéficier de la sécurité juridique lorsqu’ils quittent leur pays pour étudier, travailler ou prendre des vacances dans d’autres États membres. Malheureusement, à notre époque, de trop nombreuses personnes n’obtiennent pas le droit à un procès équitable et à un traitement juridiquement sûr lorsqu’elles sont soupçonnées d’avoir commis des délits à l’étranger. Des garanties communes dans ce domaine sont bien entendu en préparation, mais nous les attendons depuis tant d’années. Il importe de résoudre ces questions de sécurité juridique, pour que les personnes osent mettre à profit les quatre libertés.

 
  
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  Ferber (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission, Mesdames et Messieurs, je voudrais vous faire part d’une ou deux idées. Nous sommes dans le premier semestre de 2005 et nous débattons du cadre financier - ce même cadre financier qui va vous occuper, Monsieur Barroso, tout au long de votre mandat. Dans ce contexte, j’espère que vos propositions prendront en considération les instruments financiers à votre disposition pour vous permettre d’atteindre réellement les objectifs que vous vous êtes fixés. Je désapprouve totalement votre volonté de continuer de traiter les versements budgétaires comme la Commission précédente. Je crois que la Commission doit combler une certaine lacune en la matière.

Cela vaut aussi pour les ressources propres. Comment l’Union européenne se finance-t-elle? Voilà un domaine dans lequel la Commission pourrait nous faire peut-être de nouvelles propositions sur la manière d’aborder une ère d’innovation - pas seulement dans son programme de travail, mais aussi dans les dispositions financières de l’Union européenne.

Permettez-moi de soulever un point sur lequel j’ai souvent eu l’occasion de m’exprimer, ici même et à Strasbourg: vous avez raison de dire que l’Europe doit veiller à sa compétitivité et à créer des emplois. Nous attendons avec impatience que la Commission revoit la proposition que votre collègue située à votre gauche, Mme Wallström, a introduite lorsqu’elle était en charge de l’environnement pour ce projet colossal qui s’appelle REACH, lequel facilite plutôt la compétitivité des industries en dehors de l’Union européenne et non en son sein. Si vous voulez agir pour créer des emplois, alors retirez REACH et examinez la situation d’un peu plus près.

Je viens d’apprendre que le commissaire Kyprianou entend même réglementer la cuisson des hamburgers, le dernier domaine d’emploi qui nous reste. Je pensais que nous étions enfin venus à bout de ce genre d’idioties avec la sortie de scène de M. Byrne. Vous devez savoir quel modèle de société vous défendez: une société dans laquelle les personnes sont libres ou une société dans laquelle elles sont menées par le bout du nez? Je vous ai soutenu parce que je pensais que vous étiez pour la liberté, je vous demande donc d’en introduire un peu!

 
  
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  Sacconi (PSE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je dois vous avouer que j’avais préparé un autre discours. Ce que M. Ferber vient de dire m’oblige en quelque sorte à parler du dossier REACH - puisque j’en suis le rapporteur. M. Ferber présente REACH comme la plus grande menace pour la compétitivité de l’industrie européenne.

Je pense exactement le contraire. Je pense qu’il est toujours mauvais de présenter un texte législatif comme un symbole du bien ou du mal. Quoi qu’il en soit, je pense que si REACH est un symbole, il indique précisément la voie à suivre pour trouver un nouvel avenir compétitif à l’industrie européenne.

Que se passe-t-il dans le monde pour mettre notre compétitivité en crise et en question? Nous assistons à une grande redistribution internationale du travail, comme cela s’est déjà passé auparavant dans l’histoire de l’économie et de l’industrie. L’Europe n’est pas encore parvenue à trouver sa place, ses atouts, dans cette grande transformation. Elle a défini ces atouts dans la stratégie de Lisbonne, mais elle n’est parvenue à les mettre en valeur que de manière très limitée.

Monsieur Barroso, je reconnais que la liste des priorités que vous avez indiquée, qui devrait faire l’objet d’un partenariat interinstitutionnel, est juste et je crois que c’est précisément sur cette base que nous devons négocier ce grand tournant de la compétitivité en Europe. Nos atouts sont la connaissance et l’environnement. L’Europe prendra la tête de ces politiques, elle est maintenant en mesure d’y parvenir.

 
  
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  Radwan (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, vous avez eu raison d’inclure Lisbonne dans votre programme de travail - le Lisbonne qui doit faire de l’Europe la région la plus compétitive au monde. Je suis sûr que c’est ce que nous voulons tous. Toute la question est de savoir comment y parvenir. L’Europe peut prendre en charge une partie et je vous invite à concentrer votre programme de travail plutôt sur les travailleurs indépendants et les petites entreprises que sur les grandes industries uniquement ou sur les secteurs plus innovants. Si ces dernières sont certainement importantes, la plupart des entreprises - c’est un truisme de dire la plupart - sont de petite taille ou ne comptent qu’une seule personne. Malheureusement, votre programme ne rend pas justice à leur importance.

L’autre chose que je voudrais dire est que vous devez surveiller les États membres sur ce point et indiquer quand ils doivent mettre en œuvre les réformes nécessaires. Je ne doute pas que la Commission le fera, mais je dois dire qu’après avoir juré dans un premier temps de vouloir affronter le Conseil, la Commission a baissé les bras avant même le premier affrontement. Cela m’amène au pacte de stabilité et de croissance. Regardez votre Commission et le commissaire responsable de ces questions; ses déclarations montrent clairement à mes yeux qu’il se contente de choisir parmi les propositions du Conseil. En ce qui concerne le pacte de stabilité et de croissance, je repense au jour où M. Juncker nous a dit en commission: «il faut apprendre». Il avait raison: les hommes politiques aussi doivent apprendre. Le problème avec le pacte c’est que ce sont ceux qui le violent - les ministres des finances - qui décident entre eux s’il convient ou non de l’appliquer. Vous devez vous battre pour accroître le pouvoir de la Commission dans ce domaine. Dans les domaines dont nous débattons, il est regrettable que la Commission ne se batte pas et qu’elle se contente simplement de se ranger derrière le Conseil, ce qui lui facilite encore plus la tâche. M. Solbes représentait un bon exemple du genre d’engagement requis, il peut servir de modèle de référence pour contrôler le respect de cet engagement.

En outre, je vous invite à ne pas suivre les tactiques obstructionnistes de la Commission Prodi. Les commissaires de l’époque, qui n’étaient pas étrangers à celles-ci, ont eu beaucoup de mal à travailler. Mme Wallström, qui est parmi nous aujourd’hui, a passé cinq ans à essayer de faire de l’Europe l’économie la plus compétitive au monde. À en juger par les résultats, si vous ne vous dépêchez pas de mettre un terme à la bureaucratie, vous connaîtrez le même sort que la Commission Prodi.

 
  
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  Hutchinson (PSE). - Monsieur le Président, vous êtes, je crois, Monsieur le Président de la Commission, et nous l’avons déjà observé, d’une grande habileté politique. Vous avez créé, vous créez autour de vous, autour de vos intentions, une certaine unanimité. Je mettrai toutefois un petit bémol en vous disant ceci.

À vous entendre, nous devrions essentiellement concentrer nos efforts sur la réalisation d’une Europe qui ait l’économie la plus compétitive. De cette compétitivité retrouvée jailliraient des emplois dont tous pourraient profiter. Monsieur le Président, je ne crois pas à cela et nous sommes un certain nombre à ne pas y croire. Nous n’y croyons pas parce que votre programme n’apporte pas les bonnes réponses aux problèmes que rencontrent l’Europe et ses citoyens.

Aujourd’hui, c’est vrai, la croissance économique est trop faible et il faut l’intensifier, mais l’intensifier pour quoi et pour qui? Les retombées de la croissance doivent servir à améliorer la situation de nos concitoyens et être partagées entre tous, avec un avantage pour ceux qui sont en difficulté. Outre le manque d’emplois, nos concitoyens souffrent de la précarité de l’emploi. Aujourd’hui, nos systèmes de santé, de protection sociale et de retraite sont menacés. Avec la mondialisation, l’insécurité d’existence se propage. Aujourd’hui plus que jamais, l’Union a effectivement besoin d’un projet politique fort mais, pour cette Europe, c’est aussi un projet politique fort sur le plan social qu’il nous faudrait. Un projet de société qui permette à chacun de mener une existence épanouissante, un projet fondé sur la solidarité.

Si nous voulons que nos enfants continuent à bénéficier d’une éducation de qualité accessible à tous, que les services publics continuent à renforcer la cohésion sociale, que les emplois de qualité permettent à chacun de mener une vie décente et épanouissante et que les personnes les plus âgées puissent disposer d’une retraite digne, il faudra alors bien plus que miser tout notre avenir sur l’incertain bénéfice d’une politique du tout à la compétitivité.

Monsieur le Président, dans votre programme, vous auriez pu mieux, selon moi, mettre l’accent sur l’importance du renforcement de la dimension sociale au sein de l’Union européenne, car ce sont précisément les politiques de ce genre qui concernent les citoyens au tout premier chef, et il me semble que vous ne l’avez pas fait. Au contraire, il me semble qu’en s’attaquant à nos systèmes de protection sociale, à nos services publics, ce sont les citoyens européens qui pourraient être les victimes des propositions que vous nous présentez. À cet égard, je me permettrai, Monsieur le Président, de vous demander de prendre la bonne décision de retirer le projet de directive de M. Bolkestein qui, en l’état, nous paraît inacceptable.

Avoir la politique la plus compétitive et la plus dynamique du monde...

(Le président retire la parole à l’orateur)

 
  
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  Oomen-Ruijten (PPE-DE). - (NL) Je voudrais remercier le président de la Commission pour la présentation concise, claire et convaincante de son programme de travail, que je qualifierai plutôt de plan d’action pour les cinq prochaines années.

Néanmoins, je voudrais faire une remarque. Bon nombre des points d’action que vous avez mentionnés ne pourront être évalués avant mars et avril. C’est à ce moment-là que nous saurons ce que le processus renouvelé de Lisbonne produira. Pour rester sur ce sujet, il y a un aspect du processus de Lisbonne qui m’inquiète quelque peu. Nous parlons tous d’une stratégie, de la stratégie dans laquelle la concurrence, la croissance, la création d’emplois, mais aussi la durabilité, jouent un rôle central. Il est impossible d’en supprimer un de ses éléments. Vous avez parlé de durabilité sociale, à juste titre, mais je ne vous ai pas entendu dire un seul mot sur la durabilité écologique, qui devrait faire partie intégrante de la stratégie de Lisbonne si nous voulons qu’elle fonctionne. Je suppose donc que la durabilité sociale et écologique sera bientôt l’objet de plus d’attention dans le processus de Lisbonne.

J’ai eu l’occasion de parcourir votre déclaration. Je n’y trouve pas de référence à la mobilité en Europe - mais peut-être allez-vous y venir plus tard -, pas de référence à la nécessité pour nous non seulement de régler la question des services financiers, mais aussi celle des qualifications, pour faire en sorte qu’un travailleur immigrant ou un commerçant se sente chez lui en Europe. Pour que cela ait lieu, nous devons veiller à créer plus d’emplois.

Vous avez mentionné le partenariat. Cela suppose non seulement un partenariat avec les citoyens, mais aussi avec les États membres, les régions et les partenaires sociaux.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. COCILOVO
Vice-président

 
  
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  Batzeli (PSE). - (EL) Monsieur le Président de la Commission, compte tenu de vos engagements politiques vis-à-vis du Parlement européen, il importe à ce stade décisif que vous promouviez dans la pratique et pas seulement dans vos paroles l’intégration et l’extension des politiques en faveur de la cohésion économique, sociale et régionale de l’Europe des 25 États membres, ainsi qu’en faveur de sa compétitivité. La protection appropriée des ressources propres constitue un aspect central de portée générale garantissant la solidarité. Les ressources propres permettront de couvrir efficacement toutes les politiques de cohésion, y compris celles qui découlent de la stratégie de Lisbonne. Vous devriez contribuer à stabiliser les perspectives financières, comme l’a fait votre prédécesseur, M. Prodi.

Dans le cadre de votre travail législatif annuel, qui formera par ailleurs l’aune à laquelle vous serez jugé, et en collaboration avec la commissaire compétente pour l’agriculture et le développement rural, Mme Fischer Boel, il est capital que vous entrepreniez certaines actions de base concrètes. Tout d’abord, vous devez financer de manière adéquate l’agriculture et renforcer les politiques de développement rural. Deuxièmement, vous devez adopter des mesures substantielles en vue d’éviter de perturber les revenus issus des activités rurales et de créer des distorsions financières entre États membres et régions durant la mise en œuvre de la nouvelle PAC et des accords commerciaux internationaux. Troisièmement, vous devez éviter toute politique de cofinancement, je veux parler ici de la renationalisation de la PAC, et, enfin, quatrièmement, entamer des négociations dynamiques avec les partenaires commerciaux internationaux dans le cadre de l’OMC afin qu’ils puissent, eux aussi, s’adapter aux promesses non tenues concernant le développement des pays tiers. Pour conclure, je voudrais dire que nous serons tous jugés par les citoyens européens en 2005 et nous devrons également nous protéger en tant qu’union internationale et démocratique.

 
  
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  Bowis (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, M. Barroso a souligné, avec raison, l’agenda de Lisbonne. En tant que membre de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, je voudrais dire que les conditions préalables de cet agenda sont un environnement sain et des personnes en bonne santé. Il y a du pain sur la planche dans le programme de cette année. En ce qui concerne les produits chimiques, nous savons que nos connaissances sont insuffisantes. Nous dépendons de la plupart des produits chimiques, nous en manipulons quelques-uns avec prudence et d’autres doivent être éliminés progressivement ou interdits. Nous avons besoin d’une proposition viable.

REACH, sous sa forme actuelle, est coûteux. Sa mise en œuvre prendrait environ 50 ans et entraînerait par ailleurs la disparition de quelque six millions d’animaux. La Commission doit avancer des propositions qui acceptent et adoptent des questions comme celle de la proposition «une substance, un enregistrement» ou celle concernant le profil informatique et l’établissement de priorités.

En ce qui concerne les changements climatiques, nous devons reconnaître que les conséquences du réchauffement climatique ne s’approchent pas seulement de nous à grands pas, mais qu’elles surgissent de manière inattendue et catastrophique aux quatre coins du monde. Nous avons besoin des États-Unis comme partenaire dans le domaine des changements climatiques. Il est inutile d’insister sur Kyoto auprès de ce pays, mais il y a tout lieu d’encourager les États-Unis à d’élaborer leurs propres politiques et à travailler avec nous au sauvetage de notre planète.

S’agissant de la mobilité des patients, les tribunaux ont décidé que les patients avaient le droit de se faire soigner dans un autre État membre s’ils sont confrontés à des délais excessifs dans leur propre pays. Cela représente une occasion unique pour les patients, mais un casse-tête pour les gestionnaires du budget des services de santé. Nous d’urgence apporter un encadrement efficace afin que cette possibilité offerte aux patients devienne réalité. Si nous ne parvenons pas à prendre l’initiative politique sur ce point et à mettre en place les règles de base, les tribunaux continueront de se substituer à nous pour indiquer la politique à suivre. Ce n’est pas ce genre d’Europe à laquelle j’aspire, une Europe simplement dictée par des décisions judiciaires.

Enfin, nous serons probablement très bientôt confrontés à une pandémie de grippe. Nous devons veiller à ce que le centre européen de prévention et de contrôle des maladies devienne tout à fait efficace et opérationnel sans plus tarder.

 
  
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  De Vits (PSE). - (NL) Monsieur le Président de la Commission, ce programme présente un cadre général qui contient les priorités de tout le monde. Mais le plus important, c’est de le mettre en œuvre. Nous ne pourrons pas vous évaluer tant que nous n’aurons pas reçu les mesures concrètes de politique. J’insiste pour que cela ait lieu le plus vite possible. Si vous prenez le pilier social de Lisbonne au sérieux, je vous demanderais trois choses. Tout d’abord, que les implications sociales de toutes les nouvelles propositions soient vérifiées, pas seulement en ce qui concerne la compétitivité, comme le document de la Commission l’indique; deuxièmement, que la Commission fasse enfin passer une directive-cadre qui régit les services d’intérêt général, capitaux pour la cohésion sociale et la solidarité: troisièmement, que vous, Monsieur Barroso, apportiez de la clarté à la directive sur les services. Le commissaire Verheugen a dit que la proposition REACH sera adaptée et subira un remaniement général. Je vous demanderais la même chose et un engagement par rapport à la directive Bolkestein: qu’il y ait un marché intérieur des services, mais sans dumping social. C’est un point sur lequel le président en exercice du Conseil, M. Juncker, a également insisté.

 
  
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  Rübig (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur Barroso, je suis curieux de savoir quels sont les pays qui ont vu leurs déficits augmenter ces dernières années, quels pays ont relevé leurs taux d’intérêt et quels pays enregistrent une hausse du chômage. Je crois que votre politique est la bonne: vous essayez de faire en sorte que l’Europe ne passe pas son temps d’ici à 2010 à suivre les politiques de ces pays.

Je voudrais demander à Mme la commissaire Wallström quels pays ont réellement créé des emplois. Lequel a créé le plus d’emplois? Lequel a diminué les impôts? Lequel a dégagé un excédent budgétaire? Je pense que nous devons nous rappeler que deux voies s’ouvrent devant nous. Laquelle choisissons-nous? Sous la présidence de M. Barroso, la Commission a dit clairement que la stratégie de Lisbonne avait pour but, d’ici à 2010, de créer de nouveaux emplois, d’augmenter les salaires en termes réels et de placer l’Europe dans une meilleure position en ce qui concerne la compétitivité au niveau international.

Pour cela, nous devons investir dans la recherche. Je pense que nous devons doubler le financement du sixième programme-cadre. Bien que cela ait déjà été couché noir sur blanc, je crois que nous devons également faire en sorte que les 25 pays s’y conforment. Nous devons prendre en considération l’inflation et prévoir aussi un calendrier approprié.

Nous devons œuvrer à l’achèvement du marché intérieur, enfin, et à la mise en place d’un système compétitif pour le transport transfrontalier de l’énergie. Il est primordial que nous utilisions l’«egovernment», l’eLearning» et l’«eEurope» pour rendre accessible une fois pour toute ce que l’Europe représente. Il y a fort à faire. Je pense que nous devons tous aider Mme la commissaire Wallström à rendre l’Union européenne présente et visible aux yeux des citoyens européens de demain. C’est dans cette Assemblée que nous avons beaucoup à offrir et que nous devons trouver de nouvelles méthodes d’amélioration de la compréhension des citoyens.

En guise de conclusion, permettez-moi de suggérer que les remboursements aux États membres soient liés à la valeur ajoutée pour l’Europe et à la subsidiarité, afin de s’assurer que le budget européen profite véritablement aux citoyens.

(Applaudissements)

 
  
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  Harbour (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, je me félicite vivement des objectifs stratégiques de M. Barroso parce que, pour la première fois, ils font de la prospérité le but premier, le premier pas vers ce qui est un environnement commercial favorable.

La commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs - au sein de laquelle j’ai le privilège de siéger au nom du groupe PPE-DE - collaborera avec vous et vos services à la réalisation de ces deux objectifs indissociables. Le marché intérieur est absolument crucial à cet égard, dans la mesure où 2005 représente une étape critique dans ce processus. Je suis ravi que vous ayez noté l’énorme potentiel de croissance des services à cet égard.

La directive sur le marché intérieur des services constitue à juste titre un projet ambitieux et de grande envergure. De ce côté-ci de l’Assemblée, nous travaillerons avec vous à la concrétisation du marché des services en faisant avancer cette importante directive. Il faudra peut-être introduire quelques modifications pour qu’elle fonctionne, mais vous avez notre soutien. N’écoutez pas les chants des sirènes qui proviennent de l’autre bord de l’Assemblée et qui vous invitent à lever le pied.

Pourquoi cette directive sur le marché intérieur des services est-elle aussi importante? Elle est importante parce que nous devons faire progresser le marché intérieur vers la prochaine étape, celle au cours de laquelle les États membres commenceront à se faire confiance pour organiser et contrôler le marché. Nous devons nous livrer à un travail de reconnaissance mutuelle, que ce soit pour les biens ou les services. Pourquoi ne pouvons-nous pas avoir un contrôle dans le pays d’origine en matière de création d’entreprise? Pourquoi ne pouvons-nous pas avoir un échange d’informations entre administrations? Pourquoi penser que les gouvernements ne sont pas à la hauteur? Les députés de l’autre bord ne veulent pas de cette directive parce qu’ils ne pensent pas que les gouvernements sont à la hauteur. En effet, le mot «confiance» n’apparaît pas. Je sais néanmoins que vous ne reviendrez pas sur votre position et j’espère que vous veillerez avec le Conseil à faire fonctionner le marché intérieur et à ce que les règles de celui-ci soient dûment appliquées sur le terrain, de manière à atteindre nos objectifs visant à améliorer l’environnement et à un emploi et la prospérité pour tous.

(Applaudissements)

 
  
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  Jarzembowski (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission, Madame la Vice-présidente de la Commission, c’est à mon tour d’aborder le domaine des transports. Je pense que les communications de la Commission évoquent fort peu ce sujet. S’il est vrai que l’on peut commander tout ce qu’on veut via toutes sortes de connexions électroniques, pour vendre des biens - qu’il s’agisse d’un réfrigérateur ou d’un ordinateur - il faut quand même effectuer la livraison. Pour cela, il faut une politique appropriée en matière de transport.

Votre vice-président, M. le commissaire Barrot, a fait une déclaration très raisonnable qui souligne de quoi nous avons besoin. Je voudrais récapituler les trois questions essentielles. Je pense que le marché intérieur doit devenir une réalité dans le secteur ferroviaire aussi. Depuis 40 ans, les chemins de fer pensent qu’il n’existe rien de la sorte et qu’ils peuvent continuer à concevoir leur politique ferroviaire au niveau national. L’heure est venue d’utiliser le troisième paquet ferroviaire pour ouvrir les réseaux de transport de passagers et introduire un permis de conduire unique pour les conducteurs de trains, ce qui leur permettra de ne plus devoir s’arrêter à la frontière pour changer d’équipage. La seule manière d’utiliser le rail pour le transport transfrontalier consiste à le rendre rapide, efficace et bien organisé. Pour ce faire, il faut ouvrir les réseaux et disposer d’un permis de conduire pour les conducteurs, mais il faut aussi que les passagers bénéficient de droits appropriés en cas d’attente ou de retard. Les règles de dédommagement des passagers aériens sont très satisfaisantes, mais les usagers du train sont bien plus nombreux et ils ont tout aussi droit à un dédommagement lorsque les chemins de fer ne parviennent pas à s’organiser comme il se doit.

À côté du rail, il y a la question de l’«eurovignette». Les frais d’infrastructure doivent être imputés de manière équitable, mais aussi d’une manière économiquement durable et structurée, respectueuse de l’environnement. Nous devons effectuer une percée dans ce domaine.

Pour finir, Monsieur le Président, je voudrais aborder un point crucial, qui, j’en suis persuadé, vous tient à cœur. Nous avons besoin de voies de transport transeuropéennes, non seulement dans le cadre des réseaux routiers et ferroviaires, mais aussi fluviaux. Nous avons vraiment besoin de voies de transport transfrontalières et d’un réseau rassemblant tous les modes de transport, de manière à progresser vraiment dans le commerce des marchandises. Ces modes de transport doivent être compétitifs et économiquement durables, ils doivent être organisés de manière à ne pas porter préjudice à l’environnement.

 
  
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  Hatzidakis (PPE-DE). - (EL) Monsieur le Président, pour enchaîner sur ce que M. Jarzembowski vient de dire, je parlerai des questions de la cohésion et de la politique régionale. Je voudrais dire à M. Barroso que nous sommes d’accord avec le texte de la Commission, car il met suffisamment en évidence les politiques de cohésion. Il ne pourrait pas en être autrement, puisque cette année, l’année 2005, sera également une année décisive pour l’avenir de la politique régionale. Dans ce contexte, je voudrais faire deux commentaires très précis: le premier concerne le calendrier des décisions. J’espère que les décisions seront prises sous la présidence luxembourgeoise et je voudrais aussi demander, sur cette lancée, à M. Schmitt, le président en exercice du Conseil de ministres, de faire tout ce qui est en son pouvoir, car les programmes de politique régionale sont des programmes pluriannuels et tout retard aurait des répercussions négatives sur leur mise en œuvre.

Nous allons avoir des problèmes au cours de la prochaine période et nous devons tous faire notre possible, chacun de notre côté, pour conclure cette année. Le deuxième élément que je voudrais souligner concerne la taille du nouveau paquet de financement de la politique régionale. Je veux être parfaitement clair: nous ne pouvons pas descendre en dessous des propositions de la Commission européenne, qui fixe une allocation de 0,41% du revenu national brut aux politiques de cohésion. Si nous descendons sous cette barre, il n’y aura pas de politique régionale crédible, car nos besoins sont bien plus grands depuis l’élargissement et ils devront être financés. Par conséquent, je pense que nous devons aller dans cette direction. Je pense que vous aurez aussi le soutien du Parlement européen, mais nous ne devons pas oublier que nous ne pouvons vouloir plus d’Européens avec l’élargissement, mais moins d’Europe. Si nous voulons plus d’Européens, nous devons aussi vouloir plus d’Europe. Nous devons comprendre qu’une Union efficace c’est aussi une Union qui dispose d’un financement. Je comprends les besoins des contribuables. Je veux être réaliste dans mon approche, je ne veux pas être maximaliste, mais, d’un autre côté, je pense que le réalisme veut que nous suivions les propositions de la Commission européenne, qui, je le répète, prévoient 0,41% du revenu national brut pour la politique régionale.

 
  
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  Goepel (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, je ne serai pas long à expliquer les priorités que nous voulons défendre, en 2005, pour l’agriculture européenne. Elles sont liées au développement rural et à son financement. La Commission nous a présenté des propositions à ce sujet et nous y travaillons. L’approche de la Commission doit, en principe, être saluée. C’est seulement récemment que la commissaire Fischer Boel nous a fait comprendre que les propositions en matière de développement rural devaient être - et étaient - en accord avec le processus de Lisbonne. C’est un critère que le Parlement va intégrer.

Dans le même temps, le développement rural est aussi et avant tout une question de financement. Nous devons suivre de très près les travaux de la commission temporaire sur les perspectives financières 2007-2013 sur ce point. Sans connaître la situation et les possibilités financières, cela n’a pas de sens de discuter du contenu et des montants destinés au développement rural selon la stratégie de Lisbonne.

En ce qui concerne l’OMC, les réformes agricoles entreprises en 2003 ont permis d’accroître notre marge de négociation dans le secteur agricole. Nous devons maintenant l’utiliser tout en adoptant une position défensive afin de maintenir le modèle agricole européen. Si l’on fait abstraction de la question de sa mise en œuvre au niveau national, qui est une source de préoccupations pour bon nombre d’entre nous dans cette Assemblée, la réforme agricole de 2003 a laissé de nombreuses questions en suspens. Il est grand temps de réformer les marchés du sucre, des fruits et des légumes ainsi que le secteur du vin. Dans ces trois secteurs, nous devrions attendre les propositions concrètes de la nouvelle Commission. Il ne sert à rien d’errer dans le noir. Il ne fait aucun doute que la commissaire Fischer Boel connaît parfaitement les points importants pour le Parlement et nous attendons de voir dans quelle mesure elle tiendra compte de nos préoccupations dans ses propositions.

Je vous demande, Monsieur le Président de la Commission, de penser aux énergies renouvelables qui, appuyées de façon adaptée, pourraient constituer, selon moi, une source alternative de revenus pour nos agriculteurs.

(Applaudissements)

 
  
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  Pack (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je suis très heureuse d’avoir pu entendre aujourd’hui le discours de M. Barroso, malheureusement je n’ai pas eu le même sentiment d’euphorie que j’avais éprouvé lors de son discours à Berlin. Le désir de «donner une âme à l’Europe» n’était pas vraiment présent aujourd’hui. Dans le rapport sur votre programme de travail, les termes «culture», «formation» et «éducation» sont moins fréquents que nous ne l’aurions tous souhaité au sein de la commission de la culture et de l’éducation, en particulier parce que nous savons tous pertinemment que ces domaines ont un rôle très important à jouer dans le processus d’intégration et dans le processus de Lisbonne.

Je crois qu’il est grand temps que tous ces discours et symposiums s’accompagnent d’actions que les citoyens remarqueront et dont ils se réjouiront qu’elles apportent une valeur ajoutée à l’Europe. Vous avez dit précédemment qu’il est important d’investir dans l’éducation, car elle engendre croissance et emploi, mais il faudrait évidemment que vos actes reflètent vos paroles. J’ajouterais qu’il est nécessaire que la Commission incite davantage à l’apprentissage des langues, car l’apprentissage des langues est essentiel. Il importante de connaître la langue de ses voisins, car cela renforce les liens entre les peuples et la mobilité des jeunes dans le marché intérieur en dépend.

Monsieur le Président de la Commission, il serait vraiment formidable que vous plaidiez la cause du nouveau programme pour «la formation tout au long de la vie» et si vous lui attribuiez les crédits que j’ai sollicités au nom de mes collègues députés. Ce serait conforme à ce que vous cherchez à atteindre à travers la stratégie de Lisbonne. Le préambule de la nouvelle Constitution insiste sur la nécessité de renforcer l’unité de l’Europe dans la diversité, mais pour y parvenir, les États membres doivent accepter qu’il existe un espace culturel européen et profiter de ses avantages. Le secteur culturel crée de nombreux emplois. Comme l’éducation et la formation, il est compatible avec la stratégie de Lisbonne. Il est tout simplement ridicule et honteux de ne consacrer que 0,03% du budget total à la culture.

C’est pourquoi je vous prie, Monsieur le Président, ainsi que tous vos collègues commissaires, d’investir dans l’éducation et la culture. Ce faisant, vous contribuerez vraiment à donner une âme à l’Europe.

(Applaudissements)

 
  
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  Lehne (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur Barroso, je souhaite dire quelques mots au nom des juristes du groupe du parti populaire européen (démocrates-chrétiens) et des démocrates européens. Je souhaite résumer leur position en quatre points.

Je me réjouis de constater que votre programme prévoit d’améliorer la réglementation et de procéder à des analyses d’impact, que l’on pourrait également définir comme une estimation des coûts engendrés par la nécessité de se conformer aux lois. Je souhaite dire clairement que notre commission veillera à ce que le texte de cet accord soit pris au sérieux et à ce que vous ne vous contentiez pas de signer des déclarations, comme l’a fait votre prédécesseur en décembre 2003. Cela signifie qu’il faut lancer des procédures de consultation appropriées et il doit y avoir - et cela est crucial - suffisamment de transparence et, contrairement à ce qui s’est malheureusement souvent produit avec les propositions de la Commission, une véritable analyse d’impact qui ne doit pas seulement être destinée à justifier la proposition. Dans ce domaine, nous avons des attentes précises que nous adressons à la nouvelle Commission.

Je suis ravi que vous ayez abordé bon nombre d’aspects du plan d’action sur le droit des sociétés que la Commission précédente avait déjà proposé, mais je souhaite attirer l’attention sur deux aspects qui, selon nous, sont importants. Premièrement, il faut une proposition permettant de choisir entre un système de droit des sociétés à niveau unique ou à deux niveaux. Deuxièmement, le principe «une action, une voix», qui a fait l’objet de discussions très approfondies lors de la dernière législature, doit être accepté.

En ce qui concerne le droit de la propriété intellectuelle, nous nous réjouissons de l’intention de la Commission de présenter une proposition de réglementation sur les sociétés de gestion des droits. Nous demandons cependant dans le même temps à la Commission de vérifier si la stratégie poursuivie jusqu’à maintenant en ce qui concerne le brevet européen, vu l’état actuel des discussions au Conseil, ne risque pas d’accoucher d’un monstre que les petites et moyennes entreprises ne pourront pas s’offrir. Nous devrions peut-être attendre que la Constitution entre en vigueur afin d’élaborer une nouvelle proposition sur une nouvelle base juridique et avec de nouvelles majorités, dont émergera quelque chose de convenable.

Enfin, et surtout, je vous demande de garder un point à l’esprit. Je pense que la proposition la plus importante de ce Parlement relative à l’élaboration de normes juridiques non contraignantes sera l’harmonisation du droit civil. Différents groupes de professeurs travaillent actuellement à la fixation d’un cadre de référence qui permettra de formuler le droit civil européen pendant plus de cent ans. Je vous demande, Monsieur le Président de la Commission, de garder aussi cela à l’esprit.

 
  
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  Klamt (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission, lorsque l’on demande aux citoyens des États membres ce qui est important pour eux dans leur vie quotidienne, le besoin de sécurité arrive au premier rang des priorités. Ils évaluent le succès de la Commission et du Parlement en fonction de notre capacité à assurer leur sécurité chez eux, dans leur propre pays, et en Europe. C’est pourquoi, au nom du groupe du parti populaire européen, j’accueille favorablement les orientations stratégiques et les principes de base proposés ainsi que les priorités qui ont été fixées.

Cependant, je souhaite saisir cette occasion pour souligner que, souvent, la volonté politique et la mise en œuvre pratique sont deux choses différentes. L’amélioration du contrôle et de la surveillance des frontières extérieures de notre Europe élargie fait partie des tâches mentionnées par la Commission et nous la soutenons totalement dans ce travail. Mais il sera décisif pour la réussite de cette entreprise que le Conseil fixe, une fois pour toutes, le siège de l’Agence européenne pour la gestion des frontières afin de lui permettre de commencer à fonctionner.

L’introduction de passeports et visas européens infalsifiables serait un bon point de départ pour rendre les contrôles plus efficaces, de même que l’introduction de données biométriques dans ces documents. De la même façon, la coopération opérationnelle entre les forces de police dans un espace européen sans frontières intérieures doit être renforcée.

La Commission et le Parlement sont d’accord sur ce point, nous avons davantage besoin de mécanismes européens que de mesures nationales. Pourtant, depuis plus d’un an, le Conseil n’arrive pas à s’accorder pour nommer un nouveau dirigeant à la tête d’Europol. J’assure la Commission et son président de notre soutien, mais j’attire à nouveau l’attention du Conseil sur les points que je viens d’énumérer.

 
  
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  Κratsa-Τsagaropoulou (PPE-DE). - (EL) Monsieur le Président de la Commission, j’ai suivi la présentation de votre programme et je partage totalement votre vision d’une Europe des citoyens et, dans le même temps, d’une Europe qui soit responsable et efficace sur la scène internationale. Je partage également vos choix stratégiques afin d’atteindre cet objectif. De plus, nous aurons la possibilité de discuter des différentes politiques à la fois dans le cadre de nos groupes politiques et dans le cadre de nos commissions parlementaires. Nous aurons aussi d’autres occasions de discussion et de coopération avec vous. À la fin de cette journée riche en idées et en discussions, je souhaite souligner que les efforts que nous devons consentir sont à la fois nombreux, variés, interactifs et interdépendants. Ils font référence à tous les aspects de notre économie et de notre société. Personne ne peut dire que l’économie est plus importante que la cohésion sociale, que le transport est plus important que l’égalité des chances pour les deux sexes.

La politique que nous avons poursuivie ces dernières années n’a pas porté les fruits escomptés en termes de croissance et de cohésion sociale. Nous ne pouvons plus nous permettre d’être inactifs ou de prendre du retard. La survie de notre modèle social, la crédibilité de l’Union européenne, la foi des citoyens en cette vision sont en jeu. Nous en avons fait l’amère expérience lors des dernières élections européennes et nous avons promis aux citoyens que les choses allaient changer. L’heure est donc venue pour nous de mettre ces changements en place. La réalité et les défis auxquels nous sommes confrontés nécessitent audace, changements et innovation. Nous avons passé suffisamment d’années à parler de réformes qui ne se sont jamais faites ou qui n’ont pas été mises en œuvre de façon adéquate. Comme vous le savez, les réformes annoncées et discutées, mais qui ne se réalisent pas ont un effet négatif. Elles favorisent la confusion, l’insécurité et le pessimisme, qu’elles concernent la bureaucratie, le système d’assurance ou le système de retraites. Elles réduisent la consommation, elles freinent le dynamisme des entreprises et maintiennent, en Europe, des taux de croissance aussi bas que ceux que nous connaissons actuellement. Soyez audacieux, Monsieur le Président, mon groupe politique vous soutiendra. Ouvrez la voie à une nouvelle Europe dynamique et pleine d’espoir.

 
  
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  Sartori (PPE-DE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je remercie le président de la Commission pour le rapport qu’il a présenté au Parlement qui est de bon augure pour les mois et les années à venir. J’ai relevé quelques points clés de son discours - qui était évidemment de nature très générale - sur lesquels nous devrions, selon moi, concentrer notre attention et notre énergie.

En premier lieu, je pense qu’il est clair pour chacun que les défis que l’Europe s’est lancée - que nous avons relevés et que nous continuerons à relever - sont, en grande partie, bien que de façon non explicite, contenus dans l’agenda de Lisbonne. Pourtant, nous sommes conscients que cette semaine et dans les mois à venir nous débattrons d’un thème - je veux parler des perspectives financières pour 2007-2013 - dont tout le reste dépend.

Je partage votre opinion selon laquelle nous ne pouvons pas avoir «plus d’Europe avec moins d’argent». J’ajouterais même que l’on ne peut pas mettre la stratégie de Lisbonne en œuvre sans moyens financiers et l’on ne peut pas progresser dans la politique de cohésion sociale, que tous les pays souhaitent, sans disposer des ressources nécessaires. Je pense que la cohésion est essentielle pour nous, et je souhaite aussi inclure ici le thème des femmes. C’est un sujet que je vous demanderai de garder à l’esprit, car c’est un facteur de force et d’innovation qu’il serait utile de favoriser.

Je partage également l’opinion selon laquelle un accord sur les perspectives financières ne peut pas se faire à n’importe quel prix. Nous devrons probablement faire des choix courageux pour atteindre nos objectifs et je vous demande d’agir dans ce sens. C’est pourquoi je propose de rouvrir le débat sur les financements agricoles, sur la nécessité de faire progresser la politique sur les services ainsi que sur le programme REACH pour lequel tous les États membres émettent des réserves et qu’il paraît donc nécessaire de revoir.

 
  
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  Grossetête (PPE-DE). - Monsieur le Président, je voudrais faire une demande à M. Barroso. Nous avons discuté cet après-midi des orientations stratégiques. Je crois d’ailleurs, Monsieur le Président de la Commission, que nous pouvons véritablement être d’accord avec ce que vous nous avez proposé, mais il y a un problème. En effet, nous n’avons pas pu parler du programme législatif 2005 étant donné que ce Parlement n’a pas encore connaissance de ce programme. Certains de mes collègues parlementaires et moi-même avons pu en obtenir le texte en début d’après-midi, mais ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres. Il est absolument indispensable que les députés puissent travailler, au sein de chaque commission parlementaire, sur la base de votre proposition et que nous puissions avoir un autre débat lors d’une prochaine session, ici à Bruxelles ou à Strasbourg, sur le programme législatif 2005.

C’est la demande que je voulais vous faire au nom du groupe PPE. C’est important. Je vous rappelle qu’il y a eu un accord entre l’ancienne Commission et le Parlement pour que le programme législatif soit fourni aux députés au moins dix jours ouvrables avant le débat en plénière, afin qu’ils en aient véritablement connaissance. Il s’agit de l’annexe 14 au règlement intérieur de notre Parlement. Monsieur le Président, je suis convaincue que vous accepterez que nous ayons un nouveau débat sur le programme législatif 2005.

 
  
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  Barroso, président de la Commission. - (PT) Je souhaite commencer par éclaircir le point soulevé par Mme Grossetête. Il a été convenu entre nous que le Parlement serait le premier informé des décisions majeures prises par la Commission. C’est en fait aujourd’hui, ce matin, que nous avons adopté le programme stratégique des cinq prochaines années et le programme de travail pour 2005, c’est pourquoi il n’est arrivé qu’aujourd’hui puisque nous venons de l’adopter aujourd’hui. En conséquence, le Parlement a reçu le programme de travail pour 2005 immédiatement.

Le débat d’aujourd’hui n’a certainement pas pris la place d’un autre débat possible sur le programme de travail pour 2005 qui aura assurément lieu à un autre moment. J’ai l’impression que le Parlement souhaite que la Commission lui présente ses programmes de travail dès qu’elle les a adoptés. C’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui, puisque nous avons adopté à la fois le programme stratégique et le programme de travail pour 2005, ce matin.

Nous serons très heureux de prendre part à un autre débat axé plus spécifiquement sur le programme de travail pour 2005. Le but principal de notre présence, ici, aujourd’hui, était essentiellement de fixer les orientations stratégiques des cinq prochaines années. Certains membres de cette Assemblée ont reconnu que l’on avait procédé différemment cette fois-ci. La Commission a en effet décidé de ne pas vous donner un programme bureaucratique ou technocratique contenant des centaines de pages. Elle a décidé, au contraire, de faire certains choix et de ne vous présenter que les orientations stratégiques majeures afin de vous fournir un document clair.

Nous vous avons proposé un partenariat et le Parlement a répondu favorablement. Nous vous avons proposé des priorités et il est apparu clairement que les problèmes qui préoccupent la Commission sont précisément ceux qui inquiètent le Parlement. Les conditions sont donc en place pour que, en collaboration avec le Conseil, nous présentions à nos concitoyens un programme et une perspective stratégique pour les cinq prochaines années.

À cet égard, j’aimerais saluer la présence du président en exercice du Conseil, le Premier ministre, M. Juncker, qui a suivi la plus grande partie de ce débat. Il a déclaré de façon très encourageante qu’il y avait un large consensus sur la façon de procéder. La Commission, le Conseil et bien sûr le Parlement, avec l’aide et le soutien de la présidence luxembourgeoise, tenteront en conséquence, au cours des prochaines semaines, de parvenir à une coordination interinstitutionnelle afin d’être en mesure d’adopter une déclaration commune sur les objectifs stratégiques.

Cela signifie, Monsieur le Président, honorables députés, que vous pouvez compter avec la Commission et qu’avec un peu de détermination et de sens des responsabilités, nous pourrons mener à bien un projet commun et consolider un partenariat pour le renouveau européen. Ce faisant, nous devançons l’esprit de la Constitution. Ce faisant, nous démontrons que chacune des trois institutions - le Parlement, le Conseil et la Commission - est capable d’avoir une vision claire de l’avenir. C’est pourquoi je souhaite vous remercier très sincèrement pour votre soutien et votre attention.

Cependant, il est maintenant temps de traduire ce programme stratégique en actions pratiques. Les membres de cette Assemblée ont mis l’accent sur un point qui était également source de préoccupations au cours de la réunion de la Commission ce matin. Ce point concerne l’atteinte des objectifs. Nous voulons nous concentrer sur l’obtention des objectifs, sur la mise en œuvre effective afin que les plans ne restent pas seulement dans les documents et sur le papier, mais au contraire que les citoyens puissent voir que quelque chose se passe et que nous mettons effectivement ces plans à exécution.

Le premier pas en vue de cette mise en application, le premier pas en vue de transcrire ce programme stratégique en actions - qui, comme je l’ai constaté, a reçu un énorme soutien ici aujourd’hui - sera la révision de la stratégie de Lisbonne. Nous présenterons à cette Assemblée, la semaine prochaine, ce que l’on appelle la révision à mi-parcours de la stratégie de Lisbonne, car le but est de traduire nos priorités en actions, notamment la priorité concernant la prospérité qui, en termes pratiques, signifie croissance et emploi. La croissance et l’emploi sont des priorités. Nous avons cependant toujours dit que de nombreux éléments de la stratégie de Lisbonne concourraient pour atteindre cet objectif et certains députés de cette Assemblée ont noté qu’il pourrait y avoir des problèmes avec certaines initiatives législatives. Je souhaite vous dire que ces questions seront abordées lorsque nous présenterons la révision de la stratégie de Lisbonne.

Ainsi, vous pourrez voir que cette Commission fait ce qu’elle dit et dit ce qu’elle fait, qu’elle a le courage de présenter des propositions et l’ambition de transposer ces propositions en actions. Je souhaite également dire, à ce stade, que je compte sur votre soutien.

Je souhaite répondre maintenant à certaines questions générales qui ont été posées au cours du débat. La première question concerne la cohésion. S’il est un domaine dont, franchement, vous n’avez pas besoin de débattre avec nous, c’est bien celui de la cohésion. Cette Commission n’a aucunement besoin d’être persuadée de sa nécessité. Nous savons que la cohésion est un élément essentiel du modèle européen. Nous avons maintenant besoin de votre soutien afin qu’il y ait un soutien concret, si possible au cours de la présidence luxembourgeoise, aux nouvelles perspectives financières. En effet, nous avons vu aujourd’hui, ainsi que lors de précédents débats, une série de priorités qui ne peuvent être mises en application que si l’UE bénéficie de moyens à la mesure de ses ambitions. Dans cette Assemblée, nous avons parlé des réseaux de transports européens, d’éducation et de culture. Nous les examinerons dans le détail lorsque nous présenterons la stratégie de Lisbonne, car nous considérons que ce que nous appelons «la connaissance pour soutenir la croissance» et «la connaissance pour soutenir le développement» sont des éléments essentiels de cette stratégie révisée.

Certains d’entre vous ont également parlé aujourd’hui de cohésion avec les régions les plus défavorisées, les régions qui sont à la traîne, qu’elles se situent dans les nouveaux États membres ou dans les anciens, qu’elles se trouvent dans les pays les plus riches ou les moins développés. La vérité est que nous devons nous efforcer d’atteindre cette cohésion, car sans cohésion il n’y a pas de solidarité et sans solidarité l’idée même de l’Union cesse d’exister. En conséquence, je demande aux députés de cette Assemblée de coopérer avec nos gouvernements - avec les gouvernements des différents États membres - afin de soutenir le concept de solidarité, un concept de cohésion véritable envers les groupes les moins privilégiés de la société et les régions de notre Union qui sont le plus en retard.

Notre modèle est le modèle européen. J’espère qu’il n’y a aucun doute là-dessus. Le modèle européen est notre modèle. Pourtant, nous vivons dans un monde caractérisé par la mondialisation et par la concurrence et nous avons de nombreux défis à relever. C’est pourquoi nous devons nous inspirer de ce que font les autres sans pour autant changer notre modèle.

Par exemple, dans le domaine de la recherche en matière de nouvelles technologies, nous sommes derrière certains de nos partenaires. Je ne suis pas en train de suggérer que nous devrions remplacer notre modèle par le leur. Je suggère que l’Europe devrait apporter un soutien supplémentaire à la recherche dans le domaine des nouvelles technologies tout en maintenant et en renforçant les différents éléments qui composent notre modèle.

C’est pourquoi je suis très satisfait, Monsieur le Président, de constater qu’il n’y a pratiquement pas eu aujourd’hui, au sein de cette Assemblée, de débat théologique, dans le sens négatif du terme, sur nos objectifs prioritaires et qu’il nous a été possible, au cours de ce débat, de nous approcher d’un large consensus et de démontrer que le dynamisme et la libéralisation du marché intérieur ne sont pas incompatibles avec la justice et la cohésion sociale. Nous devons travailler simultanément sur deux axes pour favoriser à la fois une plus grande libéralisation des marchés et une cohésion sociale renforcée.

Il est vrai que si nous parvenons au consensus que nous pouvons observer ici aujourd’hui, cela confirmerait que nous sommes capables de faire de notre diversité - et de la diversité des opinions au Parlement et dans la société - une force et non une faiblesse. Je suis particulièrement content de voir qu’un programme qui est un programme de changement et un partenariat qui est un partenariat pour le renouveau puissent recueillir un large consensus.

Lors de ma première visite au Parlement, je vous ai promis, Mesdames et Messieurs, de travailler avec votre complicité. Je vous l’ai dit à vous, Monsieur le Président, et je l’ai dit à toutes les forces politiques. La Commission prouve qu’elle tient ses promesses. Nous avons entendu vos préoccupations au cours de ces débats et nous sommes prêts à travailler dans une relation de complicité positive avec le Parlement. C’est pourquoi je souhaite féliciter le Parlement. Je souhaite dire également que ce que je veux, ce que veut la Commission dans son ensemble, c’est travailler avec vous et solliciter votre soutien - de même que vos critiques lorsque vous estimez qu’il y a une bonne raison de critiquer la Commission -, car grâce à votre soutien nous sommes assurés de faire avancer notre partenariat pour le renouveau européen au cours de cinq prochaines années.

 
  
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  Le Président. - Le débat est clos.

Le vote aura lieu lors de la prochaine session en février.

 
  
  

DÉCLARATION ÉCRITE (Article 142)

 
  
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  Hudghton (Verts/ALE), par écrit. - (EN) M. Barroso a déclaré que la Commission avait l’intention de stimuler la croissance économique et la cohésion à travers toute l’UE. La déclaration stratégique coïncide avec la publication par Eurostat des derniers chiffres sur la richesse nationale qui soulignent les médiocres performances de l’Écosse comparées à celles d’autres nations européennes de taille similaire. Le PIB par tête montre que l’Écosse se traîne derrière d’autres petits pays comme l’Irlande, le Danemark et la Finlande.

Ces nouveaux chiffres européens sont les derniers à montrer que l’économie écossaise ne se porte pas bien du tout. De petits pays tels que l’Irlande, le Danemark et la Finlande dépassent une nouvelle fois l’Écosse en termes de richesse.

Les chiffres sont particulièrement accablants pour le gouvernement, notamment en ce qui concerne le nord du pays. Il apparaît, à la suite de l’élargissement de l’UE, que les Highlands et les îles sont encore plus pauvres que certaines parties de la République tchèque, de la Slovaquie ou de la Hongrie. En ce qui concerne l’emploi et la richesse, l’Europe de l’Est fait maintenant directement concurrence à l’Écosse.

L’Écosse ne mérite pas d’être si pauvre. Les Irlandais n’ont pas de pétrole. Les Finlandais n’ont pas une industrie du whisky de rang mondial. Mais ils ont le pouvoir de prendre en charge leur propre richesse. L’élément clé qui fait défaut à l’économie écossaise est la capacité à prendre de vraies décisions. L’indépendance est l’ingrédient manquant.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. BORRELL FONTELLES
Président

 

7. Situation au Moyen-Orient
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle la déclaration sur la situation au Moyen-Orient du haut-représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, M. Solana, à qui nous souhaitons la bienvenue en plénière.

 
  
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  Solana, haut-représentant. - (ES) Monsieur le Président, je sais que la séance d’aujourd’hui a été longue et pénible, et j’essaierai donc d’être bref. Il ne fait cependant aucun doute que la question dont nous allons débattre est d’une extrême importance pour l’Union européenne et, tout en étant bref, je tenterai donc de me montrer le plus précis possible, afin de dresser pour vous le tableau des récents événements dans cette région si proche de nos cœurs tout en vous donnant une idée de la manière dont nous pouvons progresser ensemble au vu de la fenêtre d’opportunités qui vient de s’ouvrir.

Il serait faux de croire que l’Union européenne ne joue pas un rôle primordial dans la région. Les exemples concrets de son implication abondent. L’un des membres de votre Parlement, M. Rocard, a dirigé toute la mission d’observation; je tiens à le remercier en mon nom propre ainsi, je pense, qu’au nom de tous les députés et, incontestablement, de tous les Palestiniens et de tous les hommes et toutes les femmes d’Israël, pour le travail extraordinaire que lui-même et ses collaborateurs ont réalisé au cours de cette période électorale éminemment complexe en Palestine. Merci beaucoup, donc, à notre ami Michel Rocard; je lui souhaite un maximum de succès pour le travail qu’il lui reste à accomplir.

Je peux également vous annoncer avoir eu le privilège, en tant que représentant de l’Union européenne, d’être la première personne à m’être entretenue avec le président élu, Abou Mazen, ainsi qu’avec le Premier ministre, Abou Ala. Je pense que ces deux rencontres étaient fondamentales pour essayer de définir l’avenir de la Palestine et de trouver le meilleur moyen pour les Européens de contribuer à résoudre les problèmes historiques dont la résolution est, incontestablement, plus accessible aujourd’hui qu’hier.

Au cours de la semaine que j’ai passée sur place, et que je tiens à décrire aux honorables parlementaires, j’ai également eu l’occasion de rencontrer sa majesté le roi de Jordanie et son gouvernement, ainsi que le président Moubarak et les personnes en Égypte qui se chargent, avec une grande détermination, de la coopération entre Palestiniens et Israéliens.

Mesdames et Messieurs, pour être bref, je diviserai mon intervention en trois parties: premièrement, la manière dont je perçois la situation en Palestine; deuxièmement, la manière dont je la vois du point de vue d’Israël; et troisièmement, la manière dont nous devrions agir, au niveau européen, pour soutenir le processus de paix, qui nécessite selon moi une exécution plus rapide, un rythme plus soutenu et une plus grande détermination.

Mesdames et Messieurs, pour ce qui est des Palestiniens, je tiens à vous présenter et à partager avec vous l’état d’esprit des citoyens palestiniens le jour du vote et les jours qui ont suivi. Permettez-moi de résumer en deux mots les sentiments que j’ai éprouvés durant mes quelques jours en Palestine, que ce soit à Ramallah ou à Gaza. Le premier mot est la fierté: fierté d’avoir réussi à gérer avec brio une crise très délicate; crise dont le dénouement ne pouvait être prédit à son commencement, avec l’arrivée du président Arafat à Paris. Les Palestiniens s’en sont extraordinairement bien sortis, en faisant preuve d’une grande maturité. Je pense que la communauté internationale et les Européens que nous sommes devons prendre bonne note de la capacité et de la compétence d’une société capable de prendre les bonnes décisions en gardant la tête haute. Ce sentiment de fierté est en outre mélangé à un sentiment général d’espoir - un espoir auquel nous devons pouvoir répondre et que nous ne pouvons nous permettre de décevoir progressivement par manque d’actes politiques, que ce soit de la part d’Israël ou de la communauté internationale.

Mesdames et Messieurs, la période la plus difficile que nous devrons surmonter sera incontestablement celle qui s’étend d’aujourd’hui à juillet, août ou peut-être septembre. Cette période verra se dérouler certains événements très importants. Pour les Palestiniens, le principal d’entre eux est sans doute les élections législatives. L’élection présidentielle était peut-être la plus facile; les élections législatives seront plus complexes, elles exigeront une préparation plus minutieuse de notre part et, comme vous le savez, elles auront pour base juridique une loi électorale qui contient une composante majoritaire et une composante proportionnelle. Les différentes formations politiques, représentant toutes les sphères politiques palestiniennes, auront dès lors l’occasion de participer. Il serait tout à fait significatif pour tout le monde, et en particulier pour nous-mêmes et pour les Palestiniens, que les formations favorables au processus de paix, désireuses de progresser dans la direction empruntée très clairement par le président Abou Mazen durant la campagne électorale, obtiennent la majorité.

Durant la campagne électorale, le président Abou Mazen a tenu des propos extrêmement courageux, que nous avons écoutés et applaudis. Ces propos portaient sur la violente Intifada, sur le processus de paix et sur sa volonté d’entretenir le dialogue. Pour tout dire, nous devons reconnaître le caractère extraordinaire des actes du président Abou Mazen, tant durant la campagne électorale que durant ses premiers jours de fonction. Il a eu le courage de dire ce qu’il avait à dire, parvenant à trouver les mots justes. Et il ne s’est pas contenté de le dire: il a mis ses paroles à exécution et a commencé à appliquer les mesures annoncées durant la campagne électorale.

Mesdames et Messieurs, il est donc tout à fait essentiel que la communauté internationale et l’Union européenne soutiennent ce processus. Permettez-moi de souligner que ce sentiment que je voudrais partager avec vous n’est pas spécifique à la hiérarchie, à la présidence ou aux dirigeants actuels de l’Autorité palestinienne. Il est partagé par la société civile. Je me suis entretenu à Ramallah avec des représentants de cette société civile, et je me suis aperçu que tous, hommes d’affaires et enseignants, médecins et fonctionnaires, partageaient les mêmes sentiments d’espoir et de fierté. Nous avons donc l’obligation de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour préserver ces sentiments.

Mesdames et Messieurs, afin de vous donner une idée de la situation qui persiste dans les territoires et du nombre de choses qui restent à accomplir, permettez-moi de vous raconter une petite anecdote tirée de ma rencontre avec un groupe d’hommes d’affaires, qui travaillent légitimement à Ramallah ou à Gaza et essaient de contribuer au développement économique, dans des conditions très difficiles. L’un d’eux m’a dit: «Si je dois transporter un cageot de tomates, par exemple, de Ramallah à Gaza, cela me coûte deux fois plus cher et me prend deux fois plus de temps que d’importer ce même cageot de Hambourg, en Allemagne, à Gaza: il me faut deux semaines et demie pour transporter le cageot de Ramallah à Gaza et un jour ou un jour et demi pour le transporter de Hambourg à Gaza.» Telle est la situation économique à laquelle sont également confrontés ceux qui veulent contribuer au redressement économique du pays. Il y a donc beaucoup à faire à tous les égards, tant du point de vue politique qu’économique. J’espère que cet exemple permettra aux honorables parlementaires qui n’ont pas eu l’occasion de se rendre sur place de se faire une idée de la situation que connaît actuellement la région.

Mesdames et Messieurs, la situation à Gaza est bien pire encore. Rares sont ceux qui se sont rendus sur place récemment. J’ai passé toute la journée à Gaza; j’y ai rencontré des acteurs politiques et des membres de la société civile. À l’heure où l’on évoque un désengagement, un retrait de Gaza, nous devons garder à l’esprit que Gaza est une zone qui, à défaut d’être totalement détruite, a radicalement changé depuis ma précédente visite sur place il y a six mois. La région connaît une extrême pauvreté et est massivement ravagée, que ce soit dans la partie nord, qui jouxte Israël, dans la partie sud, dénommée «couloir de Philadelphie», ou dans la capitale elle-même, la cité historique de Gaza.

Voici donc la situation actuelle. J’ai toutefois affirmé que la période nous séparant de l’été serait primordiale. Pourquoi? En raison des élections législatives, comme je l’ai déclaré plus tôt, mais aussi parce que les Palestiniens eux-mêmes ont décidé d’organiser des élections au sein de l’organisation fondamentale, celle qui est au cœur de l’Organisation de libération de la Palestine: le Fatah. Des élections auront également lieu au sein du Fatah durant l’été; elles entraîneront sans aucun doute un changement dans les structures représentatives palestiniennes et au sein de l’Autorité palestinienne elle-même.

Mesdames et Messieurs, j’espère que ces brefs commentaires vous donneront un aperçu de la situation d’un point de vue palestinien. Si vous deviez retenir une formule, je voudrais que ce soit celle que j’ai utilisée précédemment: fierté de ce qui a été fait et espoir concernant ce qu’il reste à accomplir.

Mesdames et Messieurs, je voudrais à présent commenter brièvement ce que j’ai découvert en Israël à la suite de discussions avec tous les dirigeants politiques, du Premier ministre Sharon au ministre des affaires étrangères en passant par le ministre de la défense, les services de défense, ainsi que la société elle-même. Comme vous le savez, tandis que les élections se déroulaient en Palestine, Israël a connu un changement de gouvernement. Vous n’ignorez pas non plus que le nouvel exécutif a été élu de justesse: le gouvernement du Premier ministre Ariel Sharon l’a remporté à deux voix près. Ainsi, si la majorité en faveur de la paix augmente graduellement au sein des sociétés palestinienne et israélienne, la Knesset - le parlement israélien - reste tellement divisé que le Premier ministre Sharon n’a pu rallier les votes de quatorze membres du parti majoritaire - de son propre parti -, le Likoud, et que le nouveau gouvernement a été élu grâce aux voix d’un parti minoritaire séparé, le parti de Yosi Beilin, et à l’abstention de deux membres d’un parti arabe, destinée à faciliter la victoire du gouvernement.

Voilà la situation d’instabilité gouvernementale potentielle qui règne en Israël. Mais la principale question à laquelle nous sommes confrontés du point de vue israélien est ce que nous pourrions appeler l’abandon de Gaza. Nous, Européens, avons énoncé les conditions de notre soutien à un retrait de Gaza. Si ces conditions sont remplies, nous soutiendrons ce processus, et je pense qu’elles se réaliseront plus clairement dans ces circonstances. Nos conditions adoptées il y a quelque temps sont, comme vous le savez, que ce processus connu comme le désengagement de Gaza se fasse dans le cadre de l’accord de paix final auquel nous rêvons et pensons tous, et qui doit aboutir à la coexistence de deux États. Le retrait de Gaza ne doit pas être la fin d’un processus, mais bien le début d’un processus qui doit avoir pour ultime conclusion la fin de l’occupation des territoires.

De ce point de vue, il est essentiel pour nous de connaître le calendrier de ce désengagement de Gaza. Celui-ci coïncide dans les faits avec le calendrier électoral palestinien. Un point qui reste à être voté - et nous verrons fin mars s’il a été réglé avec succès - est l’approbation du budget. Nous devrons voir si une majorité suffisante se dégage à la Knesset pour l’approbation du budget. Dans l’affirmative, le processus de désengagement, le retrait de Gaza, aurait lieu fin août ou début septembre. Ainsi, Mesdames et Messieurs, si nous superposons les calendriers palestinien et israélien, nous constatons qu’ils sont pratiquement identiques. C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs, nous sommes face à une situation extrêmement délicate et difficile mais qui, comme je l’ai dit précédemment, est marquée par l’espoir et la bonne volonté de la plupart des acteurs politiques ayant un rôle décisif à jouer.

Mesdames et Messieurs, nous pouvons voir qu’afin de préserver cet espoir et ce sentiment de fierté des Palestiniens, il est absolument essentiel que les choses commencent à bouger, et cela implique certaines actions de la part des Palestiniens. Ils ont déjà pris certaines mesures, et le président Abou Mazen a pris des décisions essentielles ces derniers jours en vue de mettre un terme aux actes de violence qui empêchaient la reprise des négociations et du dialogue entre Palestiniens et Israéliens. En conséquence des mesures qu’il a adoptées, une rencontre entre les chefs de cabinet du Premier ministre Sharon et du ministre Erekat a eu lieu aujourd’hui - la première depuis leur suspension. Cette rencontre, comme on vient de me l’apprendre, a été positive et a entrouvert la voie à une reprise des contacts entre Palestiniens et Israéliens.

Si tout se passe bien, un nouveau gouvernement palestinien sera mis sur pied dans deux semaines - le Premier ministre Abou Ala a pratiquement terminé d’en définir la composition. Le président Abou Mazen et le Premier ministre Ariel Sharon ont convenu d’organiser une première rencontre de haut niveau une fois le nouveau gouvernement formé. C’est également la position de nos amis israéliens, et ceux-ci sont prêts à préserver la situation actuelle en matière de sécurité. Grâce aux efforts du président Abou Mazen, il est donc possible qu’une rencontre soit organisée et que le dialogue s’installe entre les deux parties, afin d’aboutir à une perspective politique un peu plus claire que celle qui prévalait jusqu’ici.

Pourquoi est-il essentiel de disposer d’une perspective politique?

Sans perspective politique, les citoyens de Palestine éprouveront beaucoup de difficultés à conserver leur sentiment d’espoir et de fierté pour ce qu’ils ont accompli, et il nous sera difficile d’en bénéficier. Il doit dès lors y avoir une perspective politique, que les dirigeants israéliens doivent offrir.

Mesdames et Messieurs, je ne pense pas que ce soit une fenêtre d’espoir qui s’est ouverte, ni même une porte d’espoir. J’irai plus loin: je pense qu’une voie d’espoir, une avenue d’espoir s’est ouverte, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir que cette voie puisse être empruntée et que nous puissions en voir la fin. Nous savons tous quelle en est la destination: elle consiste en deux États; un État palestinien viable et démocratique pouvant vivre aux côtés de l’État d’Israël, afin non seulement de voir la paix s’installer entre Israël et la Palestine, mais aussi de voir cette paix influer sur l’ensemble de la région. Je peux vous dire que c’est le rêve de tous les citoyens palestiniens; je pense que c’est aussi celui de nombreux Israéliens, et c’est certainement le rêve des Européens également - et en particulier de tous ceux qui ont consacré une grande partie de leur vie à chercher une solution définitive à ce terrible problème, qui a des répercussions non seulement pour ceux qui en souffrent le plus directement, mais aussi pour d’autres personnes plus éloignées.

J’aime à dire, et je tiens à le répéter encore une fois, que certains pays voient les problèmes du Moyen-Orient comme des problèmes stratégiques. Nous ne les percevons pas comme de simples problèmes stratégiques. Nous, Européens, les considérons également comme des problèmes de voisinage. Les événements du Moyen-Orient nous affectent tous, et pas uniquement, comme je viens de le dire, pour des raisons stratégiques, mais aussi pour des raisons de proximité. Le Moyen-Orient fait partie de notre voisinage; ses peuples sont nos voisins autant que nos amis.

Je me dois donc d’insister encore une fois sur l’immense responsabilité qui nous incombe en tant qu’Européens. Nous travaillons depuis le premier jour tant avec l’équipe du Premier ministre Abou Ala et du président Abou Mazen qu’avec l’équipe du Premier ministre Sharon, en vue de voir comment nous pouvons atteindre les deux objectifs que j’ai décrits plus haut, et qui sont fondamentaux: changer la situation sur le terrain et tenter d’apporter une perspective politique, celle-ci passant obligatoirement par un retour le plus rapide possible à la feuille de route. L’ensemble de la communauté internationale reconnaît que ce point est nécessaire pour progresser en faveur de ce rêve.

Que pouvons-nous et que devons-nous faire? Nous avons au moins trois tâches importantes à accomplir, en collaboration avec les autres membres de la communauté internationale qui le souhaitent.

Premièrement, nous devons continuer de collaborer de la manière la plus intense possible au processus électoral. J’insisterai, comme je l’ai déjà fait, sur l’importance du processus électoral jusqu’aux élections législatives et, ultérieurement, jusqu’aux élections au sein du Fatah lui-même.

Deuxièmement, nous devons apporter notre aide en matière de sécurité. Comme vous le savez, l’Union fournit déjà conseils, soutien et assistance pour la planification des forces de sécurité palestiniennes, en étroite collaboration avec un grand pays qui ne ménage pas sa peine - l’Égypte -, afin qu’elles puissent être mobilisées et jouer leur rôle le mieux possible.

Troisièmement, nous avons le devoir de fournir une aide économique, comme nous le faisons depuis des années. Nous devrions cependant, aujourd’hui, l’apporter si pas de manière plus intensive, au moins de manière plus déterminée, en ciblant davantage les priorités fondamentales du moment.

Mesdames et Messieurs, mon temps de parole touche à sa fin; je tenais simplement à vous quitter avec ces commentaires initiaux. Je pourrais passer des heures à vous faire part des émotions et des expériences recueillies durant ces quelques jours très enrichissants et d’une grande intensité politique. Le temps ne me le permet pas, mais je voudrais vous quitter avec ce sentiment: le sentiment de constater qu’il y a de l’espoir, une occasion à saisir, une volonté de travailler, de travailler ensemble, de leur part comme de la nôtre, et un sens de la responsabilité et du devoir de trouver une solution à ce problème extrêmement sérieux.

Si nous le voulons, nous le pouvons. Ils le veulent. Nous les y aideront.

(Applaudissements)

 
  
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  Ferrero-Waldner, Commission. - (EN) Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à affirmer que je partage l’analyse de notre haut-représentant, M. Solana. C’est en outre un plaisir pour moi d’intervenir pour la première fois devant vous dans un débat sur le Moyen-Orient, notamment parce que, pour la première fois depuis de nombreuses années, la région fait prudemment entendre une note plus optimiste. Je suis donc ravie d’être parmi vous et de partager avec vous les pensées de la Commission, qui complètent bien sûr en grande partie les propos de M. Solana.

La région est en effet le théâtre d’évolutions très encourageantes. Le président en exercice du Conseil, M. Asselborn, revient d’une visite à Jérusalem et à Gaza. Il sent que les deux parties progressent, comme vient de le souligner M. Solana. Des sondages réalisés depuis les élections palestiniennes indiquent également qu’une majorité croissante de Palestiniens et d’Israéliens soutient à présent un processus de paix et une résolution pacifique du conflit sur la base du principe de deux États. C’est en soi une évolution très importante et tout à fait encourageante.

Les élections présidentielles se sont parfaitement déroulées. J’apprécie et remercie de tout cœur Michel Rocard, qui a réalisé avec son équipe un travail remarquable dans des conditions difficiles. Je tiens à remercier encore une fois la mission d’observation électorale, ainsi que les membres de ce Parlement qui ont contribué à son succès.

Le résultat politique des élections nous donne des raisons d’espérer. Les électeurs palestiniens ont fait part de leur soif de paix et de démocratie, et les élections servent à présent de moteur à une évolution plus démocratique de la région dans son ensemble. Parallèlement, nous avons pris bonne note du rapport sur les élections, et nous travaillerons avec les Palestiniens pour pallier les lacunes du processus électoral, notamment en ce qui concerne l’indépendance de la commission électorale centrale. Nous pensons que cette démarche est très importante au vu des élections législatives et municipales à venir.

Nous partageons avec M. Solana l’opinion qu’Abou Mazen est un partenaire crédible pour parvenir à la paix et un interlocuteur capable de mener à bien le développement des institutions palestiniennes, dont la réforme des infrastructures de sécurité. Il a déjà fait preuve de ses qualités de leader au cours des derniers jours en déployant des forces de police dans le nord de la bande de Gaza, en restructurant les services de sécurité et, comme l’ont annoncé les médias lundi dernier, en s’accordant avec les différentes factions palestiniennes sur un arrêt des attaques contre Israël. Tout cela s’ajoute à une dynamique que l’on peut prudemment qualifier de positive.

Il importe à présent que la communauté internationale agisse rapidement pour le soutenir. Le peuple palestinien attend des signes tangibles de progrès: amélioration de sa situation économique et sociale, retour du respect de l’État de droit, et poursuite du développement des institutions et des réformes. Je peux vous assurer que la Commission européenne apportera sa contribution.

Je dois beaucoup à mon prédécesseur, M. Patten, qui a levé le drapeau palestinien en des moments très difficiles. Je remercie également les membres de ce Parlement qui l’ont soutenu. J’agirai dans son sillage, et particulièrement maintenant, à l’heure où cela est d’autant plus important, car le moment est opportun pour faire davantage. J’espère que nous aurons également l’occasion de renforcer notre coopération dans le cadre de divers projets.

En 2004, nous avons déboursé environ 250 millions d’euros, et nous fournirons un montant similaire en 2005. Nous examinerons avec beaucoup d’attention la manière dont notre argent est dépensé.

Nous disposons à présent d’un nouvel instrument, adopté en décembre, sous la forme des plans d’action de notre politique de voisinage. Ceux-ci contiennent des mesures politiques et économiques qui soutiendront le processus de paix. Celles-ci comprennent la facilitation des échanges, la promotion de la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme, la compréhension et la lutte contre l’influence dévastatrice de l’incitation à la haine, la facilitation de l’accès au droit humanitaire international et la promotion du respect de ce dernier, ainsi que l’encouragement de la coopération sur des questions d’aspect purement pratique qui, nous l’espérons, entraînera une amélioration des conditions de vie - environnement, eau, énergie et transports.

Nous cherchons également à renforcer le dialogue politique, afin de pouvoir soulever des questions relatives non seulement au processus de paix, mais également aux armes de destruction massive. Je me rendrai prochainement dans la région et reprendrai ces idées avec les Palestiniens et les Israéliens. Les parties devront, naturellement, accomplir elles-mêmes la majeure partie du travail, et en particulier le développement de la confiance. Je peux d’ores et déjà constater qu’il existe une volonté renouvelée d’y parvenir. Israël peut adopter des mesures permettant d’instaurer la confiance, notamment au niveau de la coopération en matière de sécurité, de la libération des prisonniers, d’un allégement des entraves à la liberté de circulation, d’une réduction de la pression économique, d’une meilleure application des règles d’engagement et des moyens de limiter le nombre de victimes civiles.

Il est clair que les Palestiniens doivent prendre des mesures du même ordre, et même anticiper les actions relatives aux questions de sécurité. Ils doivent consolider le cessez-le-feu intrapalestinien, répondre aux préoccupations d’Israël, qui veut éviter que ce cessez-le-feu ne renforce les extrémistes, collecter les armes détenues illégalement et fermer les tunnels passant sous la frontière entre Gaza et l’Égypte.

De nombreuses choses restent à accomplir, mais le plus important est que l’Union européenne affiche une position et une volonté communes pour aider les deux parties - comme l’a déclaré M. Solana - à emprunter cette avenue menant à une paix digne de ce nom. Dans cette optique, nous attendons également la visite à Bruxelles du président Bush et de son équipe le 22 février; le processus de paix au Moyen-Orient sera alors au cœur de notre agenda. Si nous pouvons au moins faire quelques petits pas en avant à cette occasion, nous aurons une chance de travailler ensemble, en parallèle avec les États-Unis, sur la question plus vaste du Moyen-Orient, envers laquelle nous sommes tous deux engagés.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. COCILOVO
Vice-président

 
  
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  Salafranca Sánchez-Neyra (PPE-DE), au nom du groupe PPE-DE. - (ES) Merci beaucoup, Monsieur le Président, et merci beaucoup également au haut-représentant et à la commissaire Ferrero-Waldner pour leurs efforts considérables en faveur de la paix dans la région. Il est clair que, dans cette équation complexe entre guerre et paix en Palestine, la situation évolue à de nombreux égards: le résultat satisfaisant des élections auxquelles ont participé l’Union européenne et le Parlement - et je tiens également à mentionner les efforts de M. Rocard, de M. McMillan-Scott et d’autres; le fait que le soutien au terrorisme dans la région est passé de 65% à 40% depuis le moins de juin et qu’il est encore destiné à baisser - ce dont nous devons nous féliciter; la nécessité de consolider la trêve conclue avec les organisations extrémistes et les efforts déployés en ce sens par le nouveau président de l’Autorité nationale palestinienne, qui ont donné naissance à un nouveau climat de dialogue; et le fait que le gouvernement israélien prenne progressivement conscience de la nécessité de créer un État palestinien viable et de se retirer dans le même temps de Gaza et de la Cisjordanie.

Toutes ces conditions, Monsieur le Président, favorisent le nouveau climat, et je pense que les parties doivent prendre des décisions; elles doivent prendre des risques en vue de remettre le processus sur les rails et doivent, d’une certaine manière, résoudre la situation en réactivant la feuille de route.

Il existe cependant une condition préalable: la fin des violences. La violence n’est pas la solution, mais bien le problème. Les 4 000 morts, les milliers de blessés et la dévastation sociale, économique et morale de certaines parties de la Palestine sont les témoins manifestes des conséquences de cette violence inouïe qui frappe la région.

Mme Ferrero-Waldner l’a exprimé très clairement: malheureusement, les efforts des parties ne suffiront pas à consolider cet arrêt des violences, et la communauté internationale doit s’engager de manière décisive. À cet égard, Monsieur le Président, l’Union européenne doit faire un pas dans la bonne direction et renforcer ses efforts non seulement au niveau de ses actions, mais également en fédérant les volontés et en parvenant à un consensus entre les partenaires du Quartette. En réalité, l’arrivée du président Bush en Europe offre une excellente occasion d’impliquer la nouvelle administration dans ce processus de paix. Le seul moyen de progresser dans cette direction est d’afficher notre détermination, de soutenir et de consolider la nouvelle Autorité palestinienne, de soutenir cette administration, de restaurer les infrastructures et de soutenir le processus relatif à la sécurité. Monsieur le Président, en maintenant fermement le cap et en ne cédant pas face au fléau du terrorisme, nous seront à même de relancer le processus et, ensuite, de consolider la paix juste et durable à laquelle aspire la région depuis près d’un siècle.

 
  
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  Napoletano (PSE), au nom du groupe PSE. - (IT) Monsieur le Président, Monsieur Solana, Madame Ferrero-Waldner, Mesdames et Messieurs, les élections présidentielles palestiniennes constituent une véritable bouffée d’air frais, l’espoir d’un début de changement dans le Moyen-Orient tourmenté après de nombreuses années sombres, en particulier dans la mesure où elles se sont déroulées dans un contexte d’occupation.

L’Europe a cru plus que n’importe qui en ce processus et l’a soutenu tant au niveau politique qu’économique. La présence de l’Europe est visible et importante, grâce au travail de la mission d’observation sous la houlette de notre collègue M. Rocard, qui a soutenu le travail tout aussi remarquable accompli par la commission électorale centrale palestinienne, avec laquelle la délégation du Parlement, présidée par M. McMillan-Scott, a également collaboré étroitement.

La décision clairvoyante des dirigeants palestiniens de confier le choix du successeur du président Arafat à un processus électoral libre et transparent a remporté le soutien d’une écrasante majorité de la société palestinienne. Les Palestiniens veulent la démocratie, mais aspirent également à la liberté. C’est pourquoi ils ont placé leur confiance dans des dirigeants qui leur permettent de sortir de la situation désespérée qu’ils connaissent actuellement. Leur nouveau leader, M. Mahmoud Abbas, a déjà démontré dans sa campagne électorale et plus particulièrement dans les mesures qu’il adopte, qu’il s’engageait sérieusement tant sur le front interne, en réfrénant la violence et en initiant des réformes essentielles pour la société palestinienne, que vis-à-vis de la tentative de relance du processus de paix.

C’est maintenant au tour du gouvernement israélien de faire preuve de la même volonté constructive, tout d’abord en replaçant les mesures unilatérales qu’il a annoncées, telles que le retrait de la bande de Gaza, dans le contexte des négociations sur la feuille de route et en mettant fin aux colonies et à la construction du mur illégal, ainsi qu’aux autres actes inutiles qui visent à intimider la population palestinienne et qui n’ont rien à voir avec la sécurité.

Depuis les élections, l’Europe a également acquis une plus grande crédibilité dans son rôle et pourrait peut-être user de son influence auprès des États-Unis, en profitant par exemple de l’opportunité offerte par la visite du président Bush, ainsi que la commissaire l’a déclaré.

Il est par ailleurs important de s’assurer de la continuité de notre engagement car, après les élections présidentielles, il y aura des élections municipales et administratives. Je pense que nous devrions soutenir l’opération politique que les dirigeants palestiniens envisagent d’entreprendre, à savoir replacer les groupes d’opposition du Hamas et du Jihad islamique, qui ont eu recours au terrorisme, dans le contexte institutionnel. Nous devons soutenir une telle action dans la perspective de la constitution des deux États.

Les progrès qui ont été réalisés et notre évaluation positive de ceux-ci doivent cependant nous conduire à réfléchir sur d’autres crises du Moyen-Orient. Je veux parler de l’Irak, où la situation est franchement différente.

 
  
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  Neyts-Uyttebroeck, Annemie (ALDE), au nom du groupe ALDE. - (NL) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Monsieur le Haut représentant, je compte parler en néerlandais, comme vous l’aurez constaté.

Une nouvelle coalition gouvernementale est entrée en fonction en Israël, alors que des élections présidentielles se tenaient en Palestine. Ces élections se sont déroulées avec le soutien et l’aide actifs de la communauté internationale, et plus particulièrement de l’Union européenne, qui a envoyé une importante mission d’observation sous la supervision de M. Rocard. Ces élections ont pu se dérouler parce qu’Israël a eu la sagesse de les laisser se tenir, même si cela n’a pas toujours été sans mal. La situation à Jérusalem-Est et la fermeture du passage frontalier avec l’Égypte me viennent directement à l’esprit. Mais les élections ont surtout été rendues possibles grâce à la maturité du peuple palestinien qui a démontré son attachement à la démocratie, son souhait d’avoir une bonne gouvernance et une juridiction appropriée et, surtout, son désir de paix.

Je voudrais tout particulièrement rendre hommage aux femmes palestiniennes dont la contribution a été décisive pour le bon déroulement de ces élections. Ont-elles été parfaites? Non, mais même avec leurs imperfections, elles peuvent servir d’exemples à l’ensemble de la région et les Palestiniens sont tout à fait en droit d’en être fiers. Nous savons ce que les principaux acteurs, à savoir l’Autorité palestinienne et Israël, doivent faire maintenant et eux aussi le savent. En guise de premier pas indispensable vers la paix, il convient de mettre un terme aux effusions de sang et à la violence. Le président Abbas semble essayer de dissuader les mouvements palestiniens armés de recourir à la violence, ce qui n’est pas une mince affaire. Nous le soutenons dans cette entreprise et l’encourageons à persévérer. En Israël, la composition du gouvernement a été modifiée en vue de procéder au retrait de la bande de Gaza. Nous invitons le gouvernement israélien à agir en ce sens, à arrêter la construction du mur et à cesser de recourir à la violence gratuite. Les tâches les plus urgentes pour Israël et la Palestine consistent à mettre fin à la violence, à rétablir une sécurité élémentaire et à restaurer un sentiment de normalité.

Une fenêtre d’opportunité exceptionnelle s’est ouverte au Moyen-Orient. Mon groupe et moi-même ne voulons rien d’autre que voir cette fenêtre devenir une avenue d’opportunité. L’Union européenne et les États-Unis doivent maintenant s’assurer de toute urgence, sur la base de leur complémentarité, au sein du Quartette et conformément à la feuille de route, qu’Israël et la Palestine empruntent la route qui conduit à la paix. Monsieur le Haut-représentant et Madame la Commissaire, vous avez tous deux un rôle décisif à jouer à cet égard. Les choses ont rarement été aussi prometteuses. Nous avons maintenant besoin d’actions.

 
  
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  Lagendijk (Verts/ALE), au nom du groupe des Verts/ALE. - (NL) Monsieur le Président, permettez-moi d’exprimer ma gratitude face à l’énergie, au temps et au travail que le haut-représentant a consacrés ces quelques dernières années pour attiser la flamme. Cette flamme constitue une très petite lueur d’espoir. L’espoir que, malgré tous les contretemps, une solution peut encore être trouvée au Moyen-Orient, dans le conflit qui oppose Israël aux Palestiniens, car, soyons francs, nous avons eu au fil des ans de nombreux débats au sein de ce Parlement et adopté un tas de résolutions pleines de bonnes intentions, mais, en toute honnêteté, je pense que de nombreuses personnes, dont moi, pensaient que c’était une cause perdue qui ne trouverait jamais de solution. Il semble maintenant que ce sentiment d’impuissance ait disparu ou que la fin soit en tout cas en vue.

Le président Arafat a été remplacé par M. Abbas, un président qui est prêt non seulement à s’engager clairement, mais aussi à prendre des mesures courageuses. Le gouvernement Sharon est composé de différents partis qui sont tous d’accord sur un point, à savoir le retrait de la bande de Gaza. Je me rends compte que lorsqu’il est question du Moyen-Orient, tout optimisme excessif est toujours déplacé, car il suffit d’une attaque à la bombe pour perdre de la vitesse. Quoi qu’il en soit, je pense que le retrait de la bande de Gaza offre une opportunité unique, la meilleure depuis des années, de briser l’état d’esprit cynique et sceptique qui règne et de faire enfin un pas en avant. Cela signifie cependant que le rôle de l’Union européenne doit également évoluer. L’Union européenne doit passer des belles déclarations générales à une aide spécifique et très concrète dans les opérations de retrait afin de s’assurer que celles-ci se déroulent en douceur. Qu’est-ce que cela signifie aux yeux du Parlement européen, mais aussi de mon groupe? Que ces opérations de retrait peuvent uniquement être menées dans le cadre d’une consultation entre Israël et les Palestiniens en présence d’une mission d’observation internationale.

Que peut faire exactement l’Union européenne et qu’est-elle réellement prête à faire? Lors d’une consultation avec les ministres des affaires étrangères en novembre 2004, le haut-représentant a répété la décision prise par le Conseil en mars 2004. L’Union européenne soutient le retrait de la bande de Gaza pourvu que cinq conditions soient remplies. Ce retrait doit faire partie de la feuille de route et doit être un pas en avant vers une solution à deux États. Jusqu’ici, je pense que tout va bien. Israël ne doit cependant pas utiliser le retrait de la bande de Gaza pour créer de nouvelles colonies en Cisjordanie ou pour étendre d’anciennes colonies. Le transfert doit se faire en consultation avec l’Autorité palestinienne et Israël doit contribuer à la reconstruction de la bande de Gaza. C’est là, bien sûr, qu’est tout le problème. D’où ma question au haut-représentant. Pense-t-il que les conditions sont actuellement remplies ou qu’il y a une chance qu’elles soient remplies à court terme? Sinon, que compte faire l’Union européenne pour s’assurer du respect de ces conditions et, si elles ne sont pas remplies, que fera alors l’Union européenne? Allons-nous partir? J’espère que non, mais, si nous voulons être sérieux, nous devrions essayer de remplir nos propres conditions.

D’accord, soyons optimistes, car une bonne dose d’optimisme est nécessaire par rapport à ce problème, et partons du principe que les conditions sont remplies. Quelles sont les mesures concrètes que va prendre l’UE? Une fois de plus, nous devons maintenant passer des belles déclarations à des propositions concrètes. Allons-nous, par exemple, envoyer une mission d’observation? Celle-ci est prévue dans tous les projets, mais l’UE y prendra-t-elle part? Que ferons-nous exactement en collaboration avec les États-Unis? Allons-nous servir de médiateur? Y a-t-il une demande de la part d’Israël ou des Palestiniens? Financerons-nous la reconstruction? Non pas généralement, mais de manière très spécifique - si vous visitez la bande de Gaza, vous savez ce qui est endommagé et ce qui doit être restauré - y a-t-il des plans à cet effet? Une fois de plus, Monsieur le Président, Monsieur le Haut-représentant, Madame la Commissaire, le retrait de la bande de Gaza constitue une opportunité en or d’aller de l’avant. À défaut de la saisir et si les choses tournent mal dans la bande de Gaza, j’ai bien peur que nous ne ramassions les morceaux pendant très longtemps.

 
  
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  Morgantini (GUE/NGL), au nom du groupe GUE/NGL. - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je voudrais tout spécialement féliciter M. Solana pour s’être rendu dans la région directement après les élections. Je dois dire que j’ai rencontré de nombreux Palestiniens qui étaient ravis de sa visite et extrêmement fiers qu’il ait passé une nuit à Ramallah.

Je voudrais concentrer plus spécialement mon intervention sur des faits tangibles. Les Palestiniens ont rempli leur part du contrat, comme l’a déclaré hier Mme Ferrero-Waldner, et ont clairement opté pour la paix, la démocratie et la liberté. Ils ont choisi le programme d’Abou Mazen, qui s’oppose clairement et avec fermeté à la dérive militaire, qu’il s’agisse d’attaques terroristes contre les citoyens israéliens ou d’un combat armé tel qu’envisagé par la Convention de Genève et considéré comme légitime, ce que à quoi je ne peux adhérer. Ils ont donc choisi un programme en faveur de la réforme, de la paix et de la démocratie. Je pense qu’il est important de répondre à toutes leurs requêtes, ainsi qu’à tous les changements au niveau de leur position.

Il est clair que la proposition de retrait unilatéral de la bande de Gaza doit également être saluée, à condition qu’il s’agisse réellement d’un retrait et, surtout, qu’il soit effectué dans la cadre de la feuille de route et des négociations. Je pense que le Quartette doit à nouveau prendre les rênes en main pour empêcher que ce qui s’est passé après les accords d’Oslo ne se reproduise. À l’époque, la communauté internationale avait reculé et laissé deux parties inégales et disparates créer des colonies et des communautés, d’une part, et mener des attaques terroristes extrémistes, d’autre part. Une présence internationale est dès lors essentielle.

Dans le même temps, il est également important de déterminer ce qui se passe réellement. En dehors des élections et de la perspective d’un retrait, un autre facteur fondamental doit également être pris en compte: les mesures concrètes mises en pratique par le gouvernement Sharon au cours des deux dernières semaines. Je me limiterai en n’en citer que quelques-unes.

Les citoyens de Jérusalem-Est ne peuvent plus se rendre à Ramallah, ce qui signifie non seulement que leur vie économique a été détruite, mais, pire encore, qu’une partie du pays - Jérusalem-Est - que nous considérons comme occupée, a été annexée. Il n’est donc pas seulement question de l’annexion de Jérusalem en tant que capitale unique et indivisible, mais de l’annexion des citoyens de Jérusalem-Est.

Les biens des Palestiniens qui vivent à Bethléem, Bejallah, Ramallah et Jérusalem-Est sont maintenant confisqués. L’exécution d’une telle opération maintenant, alors qu’il y a un plan de paix, ne fait qu’accentuer le fait que même les biens propres appartenant à des citoyens palestiniens qui ne vivent pas à Jérusalem, mais à Bejallah, sont confisqués. Ces problèmes sont loin d’être secondaires, car ils provoquent un changement d’attitude, même parmi les Palestiniens qui sont confiants dans l’avenir et croient à nouveau que la paix est possible.

Enfin, il y a la question de Gaza. J’étais à Gaza pendant les élections. Rafah a été fermée pendant 87 jours. Des milliers de Palestiniens innocents, qui ne sont même pas des terroristes présumés, sont bloqués à l’intérieur des frontières de Gaza et dorment dans les rues car ils n’ont plus d’argent. Même les chauffeurs de taxi égyptiens sont bouleversés de voir les Palestiniens réduits à rien. À cela, il faut ajouter la proposition des forces de défense israéliennes de détruire 3 000 maisons pour arrêter les tunnels.

Toutes choses considérées, donc, il est important que nous continuions à tout mettre en œuvre pour faire aboutir la feuille de route et saisir toutes les opportunités de paix qui se présentent.

 
  
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  Batten (IND/DEM), au nom du groupe IND/DEM. - (EN) Monsieur le Président, le Parlement européen semble être un partisan enthousiaste des élections présidentielles en Palestine et de la démocratie au Moyen-Orient. Cela signifie-t-il qu’il fera preuve du même enthousiasme vis-à-vis des élections à venir en Irak? Les Irakiens méritent sûrement autant la démocratie que les Palestiniens.

Il sera intéressant de voir si le président Abbas a la volonté ou le talent nécessaire pour réfréner les activités meurtrières des diverses organisations terroristes sur son territoire. Dans la mesure où le Parlement européen avait envoyé 28 observateurs lors des élections, peut-être ceux-ci pourront-ils nous dire le rôle, s’il y en a eu un, joué par le Hamas, le Fatah et d’autres groupes terroristes dans l’élection.

Le Parlement a, je pense, dépensé 17 millions d’euros de l’argent des contribuables pour soutenir les élections palestiniennes. Quelle preuve avons-nous que cet argent a été dépensé et justifié de manière pertinente? Quelle preuve avons-nous qu’une partie de cet argent n’a pas fini dans les poches d’organisations terroristes? L’Union européenne n’a aucune légitimité pour jouer un rôle dans les élections palestiniennes - ou d’un autre État -, mais s’il débourse des millions d’euros pour celles-ci, alors nous devrions au moins savoir où ceux-ci ont été.

N’est-il pas remarquable que l’ancien président Arafat - qui était soi-disant un défenseur désintéressé de toujours d’un peuple appauvri - semble néanmoins avoir eu suffisamment de talent d’entrepreneur à temps partiel pour accumuler une fortune de plusieurs millions de dollars. Si seulement il avait pensé à ne pas oublier le peuple palestinien dans son testament, les récentes élections auraient été organisées grâce à sa générosité, au lieu d’être un fardeau supplémentaire pour le contribuable européen.

Si l’Union européenne insiste pour financer la politique du Moyen-Orient, au vu de ses niveaux légendaires de corruption, nous pouvons au moins demander à ce qu’elle reçoive et conserve les reçus de ses dépenses, contrairement à la pratique actuelle.

 
  
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  Angelilli (UEN), au nom du groupe UEN. - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, en tant qu’observateurs des élections en Palestine, nous pouvons dire que, dans les faits, une jeune démocratie fière a vu le jour dans cette région.

Tout au long de notre mission, nous avons constaté que les citoyens palestiniens aspirent à la liberté et attendent avec impatience un retour à la normalité et à la paix. Malgré la violence de ces dernières semaines, les élections présidentielles ont en effet mis en place un nouveau scénario au Moyen-Orient et devraient servir d’exemple à l’ensemble du monde arabe. C’est pour cette raison que l’Union européenne doit maintenant jouer un rôle central et faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir le processus de paix, avant toute chose en relançant la feuille de route, qui reste le point de départ pour la reprise des négociations.

À cet égard, l’annonce faite ce matin concernant la reprise des pourparlers entre l’Autorité nationale palestinienne et Israël est de bon augure. Le premier événement majeur du nouveau processus de paix sera la conférence de Londres, en mars prochain; la sécurité, la consolidation de la démocratie et les réformes politiques, institutionnelles et économiques en Palestine seront à l’ordre du jour. L’Europe aura enfin l’opportunité d’exercer son autorité dans le processus de paix et aussi, je pense, de présenter un programme économique visant à stimuler le développement.

Nous sommes surpris d’entendre de temps à autre dire que les mesures de ce type sont prématurées et que l’Union européenne n’est pas prête à les soutenir. L’heure est au contraire venue pour l’Union d’occuper le devant de la scène politique avec des mesures concrètes pour soutenir le développement de l’économie palestinienne, au travers d’un programme sous la supervision de l’UE se présentant comme un nouveau plan Marshall pour la Palestine, comme l’a proposé l’Italie au lendemain du 11 septembre, ainsi que, plus récemment, le Royaume-Uni. Je pense également que c’est une manière pour la Palestine d’échapper à la pauvreté et à la marginalisation qui, trop souvent, gonflent les rangs du fondamentalisme.

 
  
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  Allister (NI). - (EN) Monsieur le Président, je ne cache pas que dans le conflit du Moyen-Orient, ma sympathie va à Israël. Je représente l’Irlande du Nord, un État pour lequel le terrorisme n’a plus de secret, et je peux aisément comprendre ce que ressent un petit pays qui, depuis sa naissance, a fait l’objet d’attaques terroristes soutenues et haineuses. Cette empathie est renforcée par les liens fraternels qui se sont créés au fil des ans entre l’IRA et l’OLP. L’histoire montre que la coopération active entre l’OLP et l’IRA a conduit à l’organisation du financement et de l’entraînement des membres de l’IRA dans des pays du Moyen-Orient. De même, pendant des années, nous avons assisté au spectacle des délégués officiels de l’OLP participant aux conférences du Sinn Féin. En tant que vecteurs de mort et de destruction, ils avaient beaucoup en commun.

De la même manière qu’il ne peut y avoir de place pour le terrorisme en Europe, une condition préalable à l’évolution politique au Moyen-Orient est la fin de tout terrorisme. Je voudrais dès lors encourager M. Sharon à se montrer ferme en refusant de traiter avec des organisations terroristes actives. Compte tenu de l’expérience de l’Irlande du Nord, je peux lui affirmer que se plier au terrorisme ne marche jamais, mais ne fait qu’encourager ses exigences insatiables et nourrir une représentation politique qui épouse le pouvoir effectif du terrorisme.

 
  
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  McMillan-Scott (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, je dois participer à une réunion du Bureau et je voudrais dès lors m’excuser de ne pas pouvoir assister à l’ensemble du débat.

Il existe désormais un réel espoir de paix au Moyen-Orient après les élections généralement libres et correctes organisées en vue d’élire un successeur à Yasser Arafat. Lors des funérailles de M. Arafat au Caire, où je représentais le Parlement européen, des discussions intenses débutaient déjà concernant sa succession et l’opportunité de prendre un nouveau départ. Je voudrais féliciter M. Solana pour son engagement actif dans la région depuis ces funérailles et jusqu’à ce jour et je voudrais l’inviter à poursuivre en ce sens.

À l’occasion des élections présidentielles, le Parlement européen a envoyé la plus grande mission d’observation de son histoire. Celle-ci comptait 28 députés du Parlement européen, présidés par moi-même, avec Mme Napoletano en tant que vice-présidente, et est arrivée à Jérusalem quelques jours avant les élections. Je voudrais remercier tous les collègues qui ont participé à cette mission - dont beaucoup sont présents ici ce soir -, le personnel du Parlement pour son aide remarquable et les interprètes. Notre délégation a rencontré les deux principaux candidats - Mahmoud Abbas et Mustafa Barghouti -, ainsi que le président de la commission électorale et M. Rocard, qui s’exprimera brièvement.

En ma qualité de président, j’ai déposé une couronne de fleurs sur la tombe de M. Arafat dans la Mouqata’a. J’ai également rencontré de petits partis politiques contestant les élections et, à titre tout à fait privé, d’autres groupes palestiniens.

La délégation du Parlement européen a été toujours accueillie avec enthousiasme et confiance dans le rôle que l’Union européenne pourrait jouer dans l’évolution du processus démocratique. Le souhait des Palestiniens de voir l’UE soutenir ce processus était manifeste, comme le démontrait la présence du drapeau de l’Union européenne un peu partout. Nous devons maintenant nous tourner vers l’avenir et soutenir les Palestiniens dans la préparation des élections législatives et dans la réforme de la loi électorale.

Le message le plus important que je voudrais néanmoins transmettre ce soir est que ces élections présidentielles sont un modèle pour le reste du monde arabe, qui ne connaît pas la démocratie. Le Mahatma Gandhi a un jour déclaré que «l’esprit de la démocratie ne peut être imposé sans celle-ci». Mme Ferrero-Waldner a cependant déclaré hier à l’assemblée euro-méditerranéenne que «nous pouvons encourager la démocratie et nous le ferons». Je partage de tout cœur cette position et je pense qu’à cet égard, à l’occasion du dixième anniversaire du processus de Barcelone, l’heure est venue pour l’Union européenne d’élever son jeu avec fermeté dans le Moyen-Orient élargi. Après tout, ce sont nos voisins, pas ceux des Américains.

 
  
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  Rocard (PSE). - Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Monsieur le Haut-Représentant, je voudrais vous remercier pour la qualité de vos propos introductifs, mais aussi pour toutes les félicitations que vous avez bien voulu m’adresser. J’ai été fier de faire ce travail et une des choses que je peux en dire est que nous avons été excellemment reçus des deux côtés. L’Europe fut la bienvenue, même pour Israël, je tiens à le préciser.

Si je m’attarde, je vais rater mon train ce soir; je serai donc bref et vous pardonnerez ma discourtoisie car je n’aurai pas le temps d’écouter vos réponses. Tout ce que je peux faire d’utile dans le temps un peu ridicule de nos débats est d’insister sur les points essentiels qui doivent continuer à faire l’objet de votre attention.

Premièrement, les élections à venir en Palestine seront beaucoup moins aisées que la dernière: il y avait en effet un seul candidat, pas de réelle contestation du pouvoir et pas de candidat du Hamas. Cette fois, ce sera différent aussi bien pour les municipales que pour les législatives; la compétition sera dure. Je souhaiterais que l’on convainque les Palestiniens de renoncer à l’usage du registre d’identité civile et que les élections municipales, qui viennent avant les élections législatives, soient aussi bien suivies que celles-ci, c’est important.

Fenêtre d’opportunité, lueur d’espoir, ont dit certains, je le crois. Le principal élément de cette lueur d’espoir tient à l’incontestable qualité et densité de la volonté démocratique du peuple de Palestine; mon ami McMillan-Scott le disait à l’instant. Il a raison, c’est un choix de paix en même temps qu’un choix de démocratie.

On est moins sûr de l’autre côté. Il faut saluer la décision de M. Sharon d’évacuer Gaza, mais j’attire l’attention sur le fait que, de notre point de vue, celui de la feuille de route, il n’y a aucun lien dans le discours du premier ministre Sharon entre Gaza et le reste, et rien ne nous garantit qu’après Gaza, il songe à la Cisjordanie et à Jérusalem. C’est un point complètement central.

Mon deuxième point concerne l’éradication du terrorisme. On peut faire beaucoup. M. Sharon a raison de l’exiger, Mahmoud Abbas a raison de s’y atteler et il le fait avec courage. Il est sociologiquement sous une occupation étrangère, impossible donc d’éradiquer le terrorisme totalement. Je pense que M. Sharon, en général expérimenté, sait de quoi il parle; il sait qu’en exigeant que tout terrorisme cesse avant la reprise de toute négociation, il demande l’impossible pour être sûr de ne pas l’obtenir. Peut-être faudrait-il le lui dire: le terrorisme sera éradiqué de Palestine quand, tout entier, le peuple palestinien pourra espérer une autre vie. Cela passe par l’économie, l’ouverture des frontières, le commerce, l’activité, la création et une perspective politique. Ce sont les conditions, je crois qu’il est de notre devoir, du devoir de la communauté internationale, de le lui rappeler.

Je voudrais rappeler aussi que rien n’a jusqu’à présent démenti l’analyse tragique d’un éminent universitaire israélien qui, dans un livre que M. le haut-représentant connaît bien pour me l’avoir emprunté, fait l’analyse selon laquelle M. Sharon respecte les hommes palestiniens, ne voudrait pas qu’ils meurent de faim, mais s’emploie à démolir toute identité collective et, au fond de lui-même, à refuser l’État. Cette analyse doit être approfondie dans nos discours et nos travaux pour faire pression sur lui.

Mon dernier message sera pour dire que je crois que ni en Israël ni en Palestine, une autorité politique n’aura de légitimité pour convaincre de la nécessité de sacrifier certains symboles à la paix, qu’il s’agisse de Jérusalem ou du retour, tant que les autorités religieuses ne prêcheront pas elles-mêmes la paix et le partage des symboles pour les rendre consensuels. Sans cela, nous n’arriverons à rien: dites-leur donc de notre part.

 
  
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  Guardans Cambó (ALDE). - (ES) Monsieur le Président, j’ai eu moi aussi l’honneur d’accompagner la mission du Parlement européen dans cette région et d’être le témoin de ce qu’a parfaitement décrit le haut-représentant comme un mélange de fierté et d’espoir, qui se reflétait effectivement sur le visage - voire dans l’âme - et dans les paroles de toutes les personnes que nous avons rencontrées. J’ajouterais qu’on y voyait même une expression de patriotisme.

Les personnes qui votaient et celles qui contrôlaient le processus de vote posaient véritablement un acte de souveraineté qui, dans certains cas, contenait un certain degré d’authentique résistance civile, dans le style de Gandhi. Le vote était une manière de dire «ceci est à nous, ceci est notre territoire et c’est ici qu’est notre avenir, mais nous voulons vivre en paix au travers des urnes».

Leur message contenait tout cela, ce qui nous donne de bonnes raisons d’espérer, mais nous savons pertinemment bien que la frustration, lorsqu’elle apparaît, est toujours directement proportionnelle à l’espoir qui l’a précédée. C’est la raison pour laquelle la responsabilité de tous ceux qui, en Europe, ont contribué à faire naître cet espoir, et de l’Union européenne elle-même, est maintenant énorme et même plus grande qu’elle ne l’était avant les élections.

Monsieur Solana, vous avez très bien décrit la situation - tout comme Mme Ferrero-Waldner -, mais vous l’avez décrite de manière très spécifique et avez mentionné certaines lignes directrices. Vous avez parlé de ce que l’Union européenne pouvait faire pour la Palestine. Je n’ajouterai rien à ce qu’a déclaré M. Rocard concernant les élections, car je pense qu’il avait tout à fait raison: sécurité et économie. Je voudrais que nous parlions un peu plus de ce que l’Union européenne attend d’Israël dans le cadre de ce désengagement, de ce retrait de la bande de Gaza qui, s’il intervient de manière entièrement unilatérale, sans aucune coordination ou sans aucun processus négocié ou convenu, pourrait ne pas être positif ou pourrait, à tout le moins, avoir certains effets fâcheux.

Enfin, je pense que l’Union européenne a pour responsabilité - comme d’autres orateurs l’ont dit - de faire de ce problème une priorité dans le rétablissement du dialogue transatlantique. L’agenda transatlantique devrait être revu d’ici deux jours. L’Union européenne doit accorder une place prioritaire à cette question. De cette façon, l’Union européenne pourra contribuer de manière spectaculaire au processus de paix.

 
  
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  Hammerstein Mintz (Verts/ALE). - (ES) Monsieur Solana, je voudrais vous féliciter pour votre engagement enthousiaste et inlassable vis-à-vis de la paix. Il s’agit là d’une des expressions visibles de l’européanisme positif de tous les citoyens européens à l’égard de ce travail en faveur de la paix au Moyen-Orient. La balle est maintenant dans le camp d’Israël. Nous avons un dirigeant palestinien, Mahmoud Abbas, qui prend position contre la violence, non seulement dans les mots, mais également dans les gestes, et qui jouit en outre de la légitimité que lui confèrent les élections démocratiques.

Israël ne peut rester impassible face à cette situation. Elle doit répondre à Mahmoud Abbas par des mesures concrètes. L’Union européenne ne doit pas se contenter de demander une trêve et le désarmement des activistes palestiniens. Elle doit aussi exhorter Israël à mettre un terme à sa politique d’assassinats sélectifs et à interrompre immédiatement la construction du mur dans les territoires occupés. Entre-temps, le Quartette doit prendre des mesures en vue de supprimer les contrôles et d’autoriser l’accès des Palestiniens à l’emploi et au commerce. Après toutes ces années de conflit, il est clair que les sociétés palestinienne et israélienne souffrent d’une fatigue, d’une lassitude et d’une tristesse immenses, ce qui pourrait paradoxalement offrir une lueur d’espoir dans le contexte actuel. Mais Israël doit répondre à cette lueur d’espoir. Un premier pas vers la réouverture des négociations serait le retrait négocié de la bande de Gaza, sous la supervision d’une mission organisée par l’Union européenne dans le cadre du Quartette.

Nous pensons en outre que l’une des difficultés est que nous ne pouvons pas adopter une approche pas à pas, nous ne pouvons pas déclarer la même chose que M. Bush, à savoir que nous aurons un État palestinien en 2005. D’après la feuille de route, nous sommes déjà en 2005 et M. Bush déclare à présent que nous aurons un État palestinien en 2009. Nous devons réduire le délai entre le début et la fin. Le peuple palestinien et le peuple israélien sont suffisamment matures pour voir la lueur au bout du tunnel. D’après les sondages, les deux peuples sont favorables à un pacte politique en vue d’obtenir un statut définitif similaire à l’accord de Genève. En outre, ce statut définitif, à caractère permanent, ressemble beaucoup à l’accord auquel sont quasiment parvenues les deux parties à Taba fin 2000.

Ce sont là des faits et je pense que l’Union européenne doit profiter de cette opportunité pour faire pression sur Israël afin qu’il réponde à la prise de position de la nouvelle direction palestinienne.

 
  
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  Adamou (GUE/NGL). - (EL) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Monsieur Solana, l’impression générale que nous avons eue lors de notre expérience en tant qu’observateurs des élections est que les Palestiniens sont parvenus, sans le moindre doute possible, à tenir des élections démocratiques et libres et c’est peut être la première fois qu’une telle chose est possible dans un climat d’occupation. Cet événement constitue un acte politique majeur, qui envoie des messages politiques tant à Israël qu’à l’ensemble de la communauté internationale. Le 9 janvier dernier, le peuple palestinien a envoyé un message clair empreint de dignité, d’attachement absolu à la démocratie, de paix et de lutte pour l’indépendance. Les élections se sont déroulées librement et démocratiquement, avec une participation accrue des femmes et des jeunes, et pour cela, ils méritent des félicitations. Les problèmes, qui sont principalement liés à Jérusalem-Est et à la bande de Gaza, ont vu le jour pour deux raisons: la première était la position des autorités israéliennes et la deuxième - d’après nous - l’arrangement inapproprié convenu entre les Palestiniens, les Israéliens et l’Union européenne dans l’accord de 1996 en vertu duquel, sur les 120 000 électeurs, seuls 6 000 ont pu voter en envoyant leur bulletin de vote par la poste israélienne, tandis que les autres devaient se rendre dans d’autres régions de la Cisjordanie au milieu, en outre, d’informations contradictoires. Quoi qu’il en soit, au lendemain des élections, de nouvelles perspectives s’ouvrent pour la reprise du processus de paix. Le vainqueur a affirmé et exprimé clairement son intention de poursuivre sur la voie d’une résolution pacifique et démilitarisée du conflit dans le respect du droit international, des résolutions de l’ONU et de la feuille de route. Le nouveau président, au travers des contacts qu’il a eus récemment avec les organisations armées, doit être parvenu, pensons-nous, à les persuader de poursuivre un cessez-le-feu unilatéral, une mesure qui, nous l’espérons, conduira à une trêve qui brisera le cercle vicieux de la violence et sera très utile en vue de la reprise du processus de paix. Il semble également prêt à mettre en œuvre une série de réformes internes ayant pour objectif le développement économique, social et politique, malgré les conditions difficiles qui règnent du fait de l’occupation. Mais, dans le même temps, face aux efforts que le président palestinien a commencé à faire pour remettre le processus de paix sur les rails, le gouvernement israélien doit à son tour envoyer des signes de bonnes intentions. Malheureusement, la construction du mur, qui a été catégoriquement condamnée par la communauté internationale, au travers notamment d’un avis du Tribunal pénal international, se poursuit, de même que la création de colonies. D’après la feuille de route, 2005 aurait dû être l’année de la déclaration d’un État palestinien indépendant. Nous sommes pourtant en 2005 et rien ne pointe à l’horizon. L’Union européenne, et plus particulièrement le Parlement européen, a un rôle très important à jouer dans les efforts en vue de reprendre les pourparlers et d’apporter une solution définitive au problème. Au-delà de la théorie et des résolutions, etc., nous devons également trouver une manière plus pratique de faire pression dans toutes les directions pour avoir des discussions matérielles et aboutir ainsi en 2005 à des progrès significatifs et à une solution définitive rapide au problème, une solution qui ne peut qu’inclure la création d’un État palestinien indépendant coexistant pacifiquement avec l’État d’Israël et, bien sûr, la destruction du mur et la fin de l’occupation, de sorte que les deux nations puissent bâtir un avenir pacifique qui contribuera à la paix et au développement de l’ensemble de la région durement éprouvée du Moyen-Orient.

Pour terminer, permettez-moi une fois de plus, au nom de mon groupe, de réaffirmer au peuple palestinien et aux forces de paix en Israël qu’ils trouveront en nous de fervents partisans de leurs efforts en faveur de la paix et de la résolution du conflit.

 
  
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  Karatzaferis (IND/DEM). - (EL) Monsieur le Président, cinquante-sept ans après les événements, nous avons aujourd’hui une occasion en or de corriger une erreur qui a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. Si, en 1948, lorsque nous avons donné un toit - un État - à Israël, nous avions fait de même pour les Palestiniens, de nombreuses vies auraient été épargnées; les guerres qui ont tué tant de personnes il y a trente à trente-cinq ans n’auraient probablement pas eu lieu. L’attentat du 11 septembre n’aurait sans doute pas non plus eu lieu, si toutefois nous acceptons l’explication publique fournie par le responsable de l’attaque, Ben Laden. La mort d’Iphigénie a fait tourner le vent en faveur d’Agamemnon. La mort d’Arafat (tantôt terroriste, tantôt négociateur ou encore lauréat du prix Nobel de la paix, en fonction du rôle qui servait le statu quo à une époque donnée) et la mort de la monocratie de Sharon en Israël pourraient peut-être amener un vent de paix favorable. Si nous n’agissons pas immédiatement et efficacement, cette occasion en or sera perdue. On assistera à une escalade du terrorisme, qu’il s’agisse du terrorisme d’État, qui est plus rudimentaire, ou du terrorisme de tireurs indépendants. Les États-Unis semblent changer de cap; ils veulent partir, tourner le dos au Moyen-Orient et aller vers la Russie, avec tout ce que cela implique. Mais nous, nous vivons dans la région, nous abritons 40 millions d’Arabes, nous n’avons pas été capables, chez nous, de donner aux Juifs une chance de survivre à l’occupation nazie. L’heure est venue pour nous de saisir cette chance.

 
  
  

(EN) C’est la dernière fois, Monsieur Solana, c’est maintenant ou jamais!

 
  
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  Romagnoli (NI). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, il y a des élections qui sont libres, ou quasiment libres, et d’autres qui ne le sont pas, comme les élections prochaines en Irak. Une fois de plus, l’Union européenne plie devant les intérêts des États-Unis et finance en plus des opérations peu judicieuses d’ingérence dans les affaires d’un autre pays.

De la même manière que l’on tente d’imposer une Constitution européenne aux contribuables sans qu’ils aient leur mot à dire, des fonds sont détournés pour maintenir l’occupation honteuse et vaine de l’Irak. L’Union européenne navigue à l’aveuglette sur les mers déchaînées de cette occupation, tandis que le vaisseau amiral imposant des envahisseurs alliés est en train de couler et d’entraîner avec lui les pays de l’Union qui ont été incapables de rester à l’écart de la géopolitique odieuse des États-Unis.

Une majorité écrasante des Irakiens, qui voient dans les forces d’occupation la raison de la chute de leur niveau de vie depuis l’effondrement du régime de Saddam Hussein, ne participera pas à un simulacre d’élections que la propagande officielle, avec la complicité des médias, décrit comme une opportunité capitale en vue d’une transition vers la démocratie. Le but est de faire passer la tentative des États-Unis pour survivre à leur usure évidente, tout au moins d’un point de vue politique, pour des élections importantes qui devraient jeter les bases du nouvel État irakien.

C’est une honte d’engager des ressources humaines pour soutenir et, ce faisant, valider politiquement les élections en Irak. Nous légitimerons ainsi une administration fantoche et la ferons passer pour une démocratie, en continuant d’être complices de l’invasion de l’Irak, dont il s’est avéré que les motifs étaient tout à fait erronés. L’invasion a été suivie non seulement de brutalité, mais également de nombreux épisodes confirmés de corruption, de gaspillage, de comptabilité gonflée et de fraude au détriment de l’administration elle-même.

Tout cela est plus que suffisant à mes yeux pour demander au Parlement, au nom de tous les Européens, de se dissocier de toute légitimation des élections en Irak, afin de nous épargner le déshonneur d’être les complices politiques et moraux de cette fraude politique et médiatique colossale.

 
  
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  Brok (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Monsieur Solana, je voudrais centrer mon intervention sur le Moyen-Orient et faire quelques commentaires.

L’élection d’Abou Mazen et la manière dont celle-ci est intervenue; la formation d’un nouveau gouvernement de coalition en Israël avec le soutien des électeurs à travers toutes les lignes des partis; l’élection d’un nouveau président américain, qui entame un mandat au cours duquel il ne voit pas le besoin de se rendre rééligible: tous ces facteurs, je pense, contribuent à un scénario quasiment inédit au Moyen-Orient ces dernières années.

Le déploiement par Abou Mazen de sa police et ses négociations avec des groupes radicaux ont montré clairement qu’il est en position d’imposer des conditions que le président Arafat a toujours rejetées et dont il était incapable. J’estime que c’est là une des raisons pour lesquelles nous devons maintenant exploiter véritablement cette situation particulière.

Je voudrais dès lors vous demander, Madame la Commissaire, et plus particulièrement à vous, Monsieur Solana, de faire en sorte que le Quartette devienne plus qu’une simple institution qui élabore des communications et poursuit un dialogue et qu’il montre au Moyen-Orient, avec toute l’influence dont il dispose, que ce soit individuellement ou conjointement, que ce n’est pas seulement un vieil agenda, mais qu’il est soutenu par l’ensemble de la communauté internationale; en tant que manifestation de notre souhait de trouver une solution et, en même temps, pour montrer aux parties concernées que nous pouvons garantir leur sécurité et leur développement.

Aucun des membres du Quartette n’a la crédibilité nécessaire aux yeux des deux parties pour gérer tout cela seul. Ce n’est qu’en agissant tous ensemble qu’un tel cadre de sécurité sera suffisamment crédible pour pouvoir être accepté afin que, dans le même temps, Israël soit en sécurité derrière des frontières sûres et que la Palestine soit un État viable.

En espérant que des progrès puissent être réalisés, permettez-moi de faire un dernier commentaire. Dans les deux camps, la population aspire à la paix et au rapprochement. Nous devons maintenant les aider à constituer une coalition de modérés des deux côtés et à éviter que les radicaux - qui sont en minorité - empêchent une fois de plus le règlement du conflit. C’est dans notre intérêt et nous devons dès lors accorder la priorité à cela.

 
  
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  De Keyser (PSE). - Monsieur le Président, Monsieur Solana, j’étais à Gaza, dans les camps de réfugiés de Rafah, au moment des élections, et je vous remercie pour vos paroles très justes. Je vous remercie, Madame Ferrero-Waldner, pour votre engagement.

Je voudrais nous ramener, si vous le permettez, aux élections irakiennes et dire mon inquiétude. Ces élections sont prévues pour dimanche; elle font partie du plan de retrait politique de Bush, qui a été légitimé par la résolution 446 de l’ONU. Or, ce plan devait assurer aux Irakiens la maîtrise de leur destin, mais depuis qu’il est en place, les tensions n’ont cessé d’augmenter. Les forces occupantes n’ont pas pu se transformer de manière convaincante en forces de pacification et les excès commis à la prison d’Abou Ghraib, hélas, en sont le révélateur. Les tentatives visant à recréer des forces irakiennes, notamment policières, ont été ponctuées d’attentats ciblés contre ceux qui, hélas, sont parfois considérés comme des collaborateurs avec les puissances ennemies. C’est un échec. Et ce sont ces mêmes forces irakiennes, soutenues à l’arrière-plan par les soldats américains, qui veilleront à la sécurité des bureaux de vote. Les extrémistes sunnites boycottent ces élections et la montée de mouvements chiites fondamentalistes, dont l’Iran voit l’arrivée avec beaucoup de bienveillance, fait craindre l’émergence d’une théocratie à la place d’une nouvelle démocratie.

La tenue de ces élections est tout à fait surréaliste. Aucune condition n’est remplie pour que le résultat légitime un quelconque pouvoir et apporte la paix et, au contraire, on redoute un regain de violence. Il est donc difficile de croire qu’il en sortira une constitution dégagée de la charia et respectueuse des droits des femmes à moins de tenir fermement la plume des auteurs.

Le calendrier 2005 est sidérant: une constitution pour le 15 août, un référendum populaire le 15 octobre, des législatives le 15 décembre et un nouveau gouvernement le 31 décembre. Mais quelle analyse le Conseil fait-il de ce forcing? Y croyez-vous? Devons-nous y croire réellement, Monsieur Solana? Y a-t-il une stratégie européenne en la matière? Je le voudrais pour empêcher parfois certains discours qui pourraient être proches du mien mais que je ne partage pas. Je pense qu’il ne faut pas se taire sur ces élections; un tel silence est très équivoque et je n’en veux pas.

 
  
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  Onyszkiewicz (ALDE). - (PL) Merci beaucoup, Monsieur le Président. Les députés de ce Parlement ont exprimé de façon répétée leur espoir de voir reprendre le processus de paix en Palestine, mais aussi de voir les récents événements qui se sont produits dans le pays contribuer à la naissance d’une démocratie et à la création de ce qui pourrait bien être la première démocratie des pays arabes. Bien sûr, la création de cette démocratie n’est pas une tâche simple. Nous sommes tous conscients de l’étendue des problèmes du pays, tels que la corruption généralisée. Tout le monde sait que la démocratie ne doit pas se limiter à un simple contrôle civil sur les agences chargées de la mise en application des lois, telles que la police et les services secrets. Pour que la démocratie prenne tout son sens, les différentes actions des autorités, et principalement le budget, doivent également être transparentes. La raison pour laquelle je parle de cela est que l’Union européenne fournit une aide financière conséquente à l’Autorité palestinienne et continuera évidemment à le faire. Il est important que ces fonds fassent l’objet d’une justification afin que nous sachions comment ils sont dépensés. Il est cependant tout aussi important que l’ensemble du budget de l’Autorité palestinienne, y compris les postes financés par des sources autres que l’Union européenne, soit totalement transparent et clair pour tout le monde. Cela permettrait d’éviter à l’avenir que l’Autorité palestinienne ne soit accusée de quelque chose dont elle est encore fréquemment accusée, à savoir de financer des actions de groupes terroristes qui ne sont en aucun cas favorables aux travaux en faveur de la paix.

Le deuxième point que je voudrais soulever est que nous aimerions tous que ce processus culmine par la paix entre l’Autorité palestinienne et Israël, mais aussi que cette paix devienne une paix véritable pour l’ensemble de la région, et non ce type de paix qui a existé en Europe pendant les années du Pacte de Varsovie et de la Guerre froide. Nous devrions dès lors commencer à envisager certaines méthodes d’instauration de la confiance que nous avons déjà essayées en Europe, avec des résultats extrêmement satisfaisants. Merci.

 
  
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  Toussas (GUE/NGL). - (EL) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, malgré les félicitations hypocrites et le bon accueil réservé aux élections palestiniennes, le gouvernement israélien poursuit sa politique meurtrière à l’encontre du peuple palestinien. Des travaux en vue d’étendre la construction du mur de la honte et de confisquer les biens des Palestiniens expulsés de Jérusalem-Est ont repris et ce, malgré le fait que le prétexte avancé par le passé par le gouvernement israélien concernant l’absence présumée d’esprit de conciliation de la part de sa contrepartie palestinienne a volé en éclats.

L’intransigeance du gouvernement israélien est alimentée par la politique des États-Unis et de l’Union européenne. Même dans la résolution, le problème du soi-disant terrorisme des Palestiniens occupe la première place. Une nouvelle campagne de diffamation est en cours afin d’établir un lien entre les Palestiniens, d’une part, et l’Iran et la Syrie, d’autre part, en tant qu’axe du mal et source de terrorisme, afin de justifier l’intransigeance du gouvernement israélien et de préparer l’opinion publique à accepter les nouvelles interventions et guerres impérialistes planifiées au travers du plan agressif pour le Moyen-Orient.

Il est évident que, même dans le débat d’aujourd’hui, on a tenté, de manière tout a fait inacceptable, d’établir un lien entre un parti européen représenté au Parlement européen, le Sinn Féin, et le terrorisme. Un tel acte est inacceptable. Nous tenons à exprimer notre solidarité avec le peuple palestinien en faveur de la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. ONYSZKIEWICZ
Vice-président

 
  
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  Masiel (NI). - (PL) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le simple fait que des élections présidentielles se soient tenues dans les territoires palestiniens pour la première fois en neuf ans et qu’elles se soient déroulées dans une atmosphère calme, malgré l’occupation israélienne, peut être considéré comme un succès. Il n’était que normal que ces élections aient été observées par la plus grande délégation jamais envoyée par ce Parlement, car c’est une preuve que l’UE attache une grande importance à la situation au Moyen-Orient et qu’elle soutient le processus de paix dans la région.

Il reste cependant toujours des opposants à la paix en Israël et dans les territoires palestiniens. Nous devons encourager les deux parties à reprendre les négociations pour la paix, car nous voulons tous que les Israéliens vivent en paix, sans subir d’attaques terroristes, et que les Palestiniens recouvrent leur dignité perdue. Aucun de ces objectifs ne pourra être atteint sans la création d’un État palestinien. Les Palestiniens sont la partie la plus faible dans les négociations et c’est vers eux que va toute ma sympathie.

 
  
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  Hybášková (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, à l’heure de la commémoration des atrocités de la Shoah, nous avons encore des leçons à tirer. Le Moyen-Orient est loin d’être libéré du racisme, de la xénophobie et de la haine. Les manuels scolaires palestiniens qui sont sponsorisés par l’UE sont encore empreints d’antisémitisme, en décrivant notamment le sionisme comme la source du mot «mal».

Les élections palestiniennes représentent une lueur au bout du tunnel. L’UE a fait de l’excellent travail. La représentation des femmes était très bonne. La deuxième place de Mustafa Barghouti est un rêve démocratique. Nous devons cependant faire preuve d’un optimisme prudent. Nous devons donner une chance à Mahmoud Abbas de concilier les forces de sécurité et de mettre en place une réforme législative et économique. Nous devons renforcer la position du Quartette, au lieu de le confondre avec l’initiative de Genève.

Nous devons également prendre conscience du climat très sensible qui règne en Israël. Nous devons reconnaître, aujourd’hui plus que jamais, le droit du peuple israélien à l’autodéfense, le droit de ces mères et de ces pères de protéger la vie de leurs enfants au travers de cette mesure de sécurité malheureuse, le mur de sécurité. L’heure n’est pas encore venue de le démanteler, pas tant que le Hamas a le dessus sur la sécurité dans la région.

Nous savons que l’extrémisme palestinien et israélien n’est pas le seul en cause, il y a aussi un complot syrien à l’encontre de la démocratisation, qui propageait le savoir-faire, les hommes et les armes du Hezbollah dans la bande de Gaza avant même cet engagement. Dans quelle mesure sommes-nous prêts à faire pression sur la Syrie? Dans quelle mesure sommes-nous prêts à utiliser l’instrument des accords d’association pour le bien des populations de la région?

Monsieur Solana, étant originaire de Prague, un pays post-communiste, je voudrais vous poser une question. Vous avez déclaré dans un article de presse après la réunion ministérielle Euromed que le processus de Barcelone ne s’était pas totalement matérialisé en raison de certaines circonstances aux niveaux nationaux. Je voudrais savoir ce que nous allons faire tous ensemble en faveur d’une véritable démocratisation et pour encourager la démocratie au Moyen-Orient.

 
  
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  De Rossa (PSE). - (EN) Monsieur le Président, en tant qu’observateur des élections palestiniennes, j’ai eu le privilège d’assister au transfert de pouvoir pacifique et démocratique, qui a déconcerté la plupart des experts, dans le cadre des changements faisant suite à la mort de M. Arafat.

Dans la foulée de ces élections, des mesures urgentes doivent être prises en vue de préparer les élections législatives - qui nécessiteront une équipe d’observateurs forte de l’Europe. Un registre unique et complet des électeurs, l’éducation des électeurs et une transparence totale des financements sont nécessaires. Mais surtout, il y a un besoin urgent de réformer la procédure législative, afin de garantir la représentation proportionnelle au conseil législatif. C’est une étape indispensable en vue de s’assurer que toutes les sections de la société palestinienne s’investissent dans les compromis nécessaires que tout processus de paix exige inévitablement.

L’Europe et les États-Unis doivent unir leurs forces en faveur de la paix dans la région. Il est important qu’en leur qualité de garants, ils travaillent sur un agenda commun. Des progrès ne seront possibles que si nous travaillons de cette manière. L’Europe doit améliorer son image politique dans la région dans une mesure beaucoup plus grande qu’elle ne l’a fait jusqu’ici.

Enfin, le Premier ministre Sharon doit aider - et non punir - le président Abbas, lorsque des actes de violence sur lesquels il n’a aucun contrôle sont perpétrés. S’il gèle le processus de paix chaque fois qu’une bombe explose, il met l’avenir d’Israël…

(Le président retire la parole à l’orateur)

 
  
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  Pistelli (ALDE). - (IT) Monsieur le Président, Monsieur Solana, Madame Ferrero-Waldner, Mesdames et Messieurs, l’Union européenne nourrit des intérêts vitaux au Moyen-Orient et le Moyen-Orient est désormais un élément essentiel de notre politique de voisinage.

La clé de la stabilité et de la croissance économique dans la région réside dans la résolution du conflit israélo-palestinien. L’impasse observée ces dernières années a empêché l’Union européenne d’exercer toute son influence, confirmant ainsi malheureusement la validité de la plaisanterie entendue au sein de la diplomatie américaine selon laquelle «we play you pay», ce qui signifie «nous disposons du pouvoir politique et vous payez la facture».

Nous avons connu une année désastreuse: aux États-Unis, nous avons assisté à une année électorale au cours de laquelle George Bush s’est entièrement focalisé sur la guerre en Irak; en Israël, le gouvernement Sharon a fermé la porte des négociations; et en Palestine, les difficultés personnelles et politiques de Yasser Arafat ont paralysé l’Autorité nationale.

Cette impasse a représenté un coût terrible, en termes de vies humaines, de misère et de désespoir. Un grand nombre d’entre nous se sont demandés si l’espoir était encore permis et si le dialogue était toujours possible. Aujourd’hui, comme M. Solana l’a expliqué, une fenêtre d’opportunité s’est ouverte, qu’il nous faut exploiter. Les États-Unis sont dirigés par un président qui, dans le cadre de son second mandat, peut se consacrer à la question israélo-palestinienne en disposant d’une certaine marge de manœuvre. Le nouveau gouvernement israélien, qui compte des figures telles que Shimon Peres, a choisi la voie du dialogue. En Palestine, nous sommes ravis d’avoir aidé à la tenue et d’avoir été les témoins de la première élection présidentielle, remportée par Mahmoud Abbas, qui jouit désormais d’une forte légitimité populaire et internationale. Nous appuyons ses premières mesures, dont la tentative d’imposer un cessez-le-feu aux groupes radicaux.

Il est temps que l’Union européenne se fasse entendre, d’une voix forte et claire. L’Union doit agir en tant que moteur de stabilité et aucun autre acteur, pas même les États-Unis, ne possède les atouts qui sont les nôtres, en d’autres termes la stabilité politique et les ressources nécessaires afin d’encourager la croissance économique dans la région. Il est temps d’utiliser ces atouts et de relancer la feuille de route et le Quartette. Si nous croyons, comme c’est mon cas, dans la politique étrangère de l’Union et dans l’Europe en tant qu’acteur mondial, l’heure est maintenant venue de passer des idées aux actes.

 
  
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  Tannock (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, je salue l’élection libre et démocratique du président Abbas en tant que chef de l’Autorité palestinienne. En qualité d’observateur électoral, j’ai été ravi de constater que la société civile, notamment les femmes, s’est montrée enthousiaste dans sa participation à une telle expérience, unique en son genre dans le monde arabe. Malgré les appels au boycott lancés par le Hamas, cette même organisation, inquiète à l’idée d’être écartée du processus politique, évoque aujourd’hui une participation aux élections parlementaires. Abou Mazen dispose aujourd’hui d’un mandat solide pour négocier avec Israël.

J’ai été déçu du faible taux de participation à Jérusalem-Est ainsi que de la crainte des résidents palestiniens de ce même quartier de se voir retirer leur identité israélienne s’ils allaient voter. J’ai été mécontent du refus d’un grand nombre de responsables de bureaux de vote de coopérer dans l’annonce des chiffres de la participation et de la taille de la liste électorale. Une certaine confusion régnait entre les observateurs nationaux et internationaux, laquelle doit être résolue avant les élections parlementaires de juillet.

Je remercie les Forces israéliennes de défense (IDF) de leur coopération au niveau des postes de contrôle. Après le revers temporaire provoqué par la mort tragique de six Israéliens à Gaza, le président Abbas entreprend aujourd’hui des efforts énergiques afin d’enrayer l’action des terroristes en déployant ses forces de sécurité au niveau de la frontière de Gaza. J’invite le Premier ministre Sharon à reconnaître lesdits efforts en restaurant les contacts diplomatiques avec l’Autorité palestinienne et en inscrivant à nouveau la feuille de route pour la paix à l’ordre du jour de son programme politique.

Je suis convaincu qu’il est possible d’élaborer un plan de paix global fondé sur l’échange de territoires et visant à consolider la sécurité de l’État juif. Je pense également que le mur de sécurité, qui a démontré son efficacité en réduisant le nombre d’attentats-suicides, ne reflète pas les frontières définitives de l’État israélien et pourra être déplacée ou démantelée lorsqu’un traité de paix sera enfin signé.

Les récents scrutins organisés en Israël, en Cisjordanie et à Gaza consacrent les Accords de Genève en tant que modèle de paix possible. Pourquoi ne pas avoir un plébiscite officiel, organisé simultanément par les deux parties, afin de renforcer la reconnaissance mutuelle de la solution à deux États?

Enfin, le rôle de l’Iran - et le soutien tacite apporté par la Syrie dans l’armement et le financement du Hezbollah, bien déterminé à faire échouer la politique de paix d’Abou Mazen en soutenant les terroristes locaux de Cisjordanie et de Gaza - est particulièrement dangereux. L’Iran et la Syrie doivent recevoir une mise en garde de l’Union européenne et le Hezbollah doit accéder au statut d’organisation terroriste interdite par l’UE.

 
  
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  Howitt (PSE). - (EN) Monsieur le Président, en tant que membre de la mission d’observation du Parlement, je souhaite dire à M. Solana que je suis désormais persuadé que l’UE doit envisager d’utiliser les échanges commerciaux en tant que levier d’influence pour la paix; que le retrait de Gaza, laissant la région assiégée, ne peut en aucun cas être une solution viable pour la population; que les travailleurs humanitaires européens et internationaux doivent se voir accorder des visas afin de travailler aux côtés des communautés palestiniennes; et que nous devons aider à la réforme de l’Autorité palestinienne.

Les souvenirs impérissables que je conserve de cette mission sont que le mot le plus fréquemment utilisé par les Palestiniens était «humiliation»; que 30 à 40 villageois à Um Al Rehan n’ont pas pu voter car ils vivaient du mauvais côté du mur de sécurité; que les membres de la mission d’observation ont eux-mêmes été les témoins d’actes de passages à tabac, de meurtres, d’enlèvements et de bombardements.

L’organisation démocratique de ces élections par les Palestiniens a-t-elle été une forme de résistance pacifique à l’occupation? Oui. Cette démonstration de démocratie a-t-elle été un message envoyé à la communauté internationale montrant que les Palestiniens sont fin prêts à diriger leur propre État? Oui. Et lorsque les Palestiniens de la rue nous disaient voter pour Abou Mazen, oui, ils nous disaient voter pour la paix.

 
  
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  Nicholson of Winterbourne (ALDE). - (EN) Monsieur le Président, le conflit israélo-palestinien est l’un des problèmes les plus persistants à l’échelle mondiale. Ce conflit incessant a eu un impact défavorable sur les populations avoisinantes de la péninsule arabe, du golfe persique, d’Afrique du Nord et a même atteint l’Europe et les États-Unis. Ce conflit a fait des milliers de morts et de blessés et a plongé des millions de personnes dans la pauvreté et le désespoir.

L’attention continue et les forces combinées de l’ensemble des Nations unies, notamment de l’Union européenne, ont été de peu, voire d’aucune aide aux populations des deux parties opposées. Les querelles d’une telle intensité, qui trouvent leurs racines dans l’histoire des nations, n’offrent qu’une seule et unique clé susceptible d’ouvrir la porte qui conduira à la paix. Ce n’est pas l’argent, même s’il peut atténuer les affres d’une pauvreté persistante. Le pouvoir est vain pour conduire l’homme à changer d’état d’esprit. Les observateurs extérieurs ne peuvent que suggérer: sans la force, il leur est impossible de prendre les décisions exécutives qui s’imposent. Le changement fondamental, qui est de privilégier les solutions pacifiques à la violence; l’abandon des armes de guerre pour la voie du dialogue en tant que moyen de parvenir à des réponses acceptables; une seule chose permettra d’opérer cette transition et il s’agit de la volonté du peuple. Dès lors que les partisans de la violence lui permettent de s’exprimer dans des conditions sûres, la démocratie est la seule formule propice à une réussite totale.

Aujourd’hui, les Palestiniens se sont exprimés, leur voix a été entendue, de manière pacifique, par le biais des urnes. Le résultat est que les efforts déployés depuis vingt-et-un ans par l’Union pour parvenir à la solution à deux États peuvent aujourd’hui porter leurs fruits. Si cette solution est dans l’intérêt de la Palestine, pourquoi devrions-nous priver le reste de la péninsule arabe, et au-delà encore, de la démocratie? Je suis pleine d’espoir pour les prochaines élections en Irak, ainsi que pour les élections susceptibles de se tenir ultérieurement dans d’autres États du monde où la violence et les solutions non pacifiques sont de mise. Cette propagation de la démocratie constitue désormais la tâche de l’Union européenne. Pour la mener à bien, nous devons travailler de concert avec nos alliés américains. Après la Palestine en tant que pionnière, l’Irak peut suivre et, peut-être, d’autres États adopteront-ils la même solution.

 
  
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  Kasoulides (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, la mission d’observation électorale du Parlement en Palestine, à laquelle j’ai eu le privilège de participer, est arrivée à la conclusion que les élections ont été, dans une très large mesure, libres et équitables. Le peuple palestinien dispose désormais d’un président légitime et d’un interlocuteur valide pour négocier la paix avec Israël. Le président Abbas doit bénéficier à la fois de temps et d’encouragements afin de consolider sa position et de mettre en œuvre son programme électoral qui consiste, en premier lieu, à mettre un terme à l’Intifada armée et à donner la priorité au processus politique et, en second lieu, à mettre en place les réformes internes nécessaires en matière d’affaires institutionnelles et, surtout, de sécurité.

L’actualité de ces derniers jours montre que certains signes positifs sont déjà observés sur le terrain. Le déploiement des forces de police palestiniennes au nord de Gaza et l’annonce de progrès dans les pourparlers avec les factions armées ont conduit à quatre jours de calme, lesquels seront peut-être suivis d’un cessez-le-feu. Étant donné la nature précaire de tels cessez-le-feu, il sera utile que des gestes significatifs - comme la levée des restrictions de mouvement, le gel des activités de colonisation, l’arrêt de la construction du mur de séparation et des exécutions extrajudiciaires - contribuent, dans une large mesure, à la mise en place de l’environnement favorable à cette fenêtre d’opportunité.

La décision prise par l’UE d’envoyer une mission d’une telle envergure afin d’assister et d’observer le scrutin, et de nommer à sa tête un illustre député de ce Parlement, était louable, dans la mesure où notre présence s’est manifestée tant au niveau local qu’international. L’UE doit maintenant entreprendre d’importants efforts dans le cadre du Quartette, afin d’encourager les deux parties à poursuivre sur la voie des récents progrès effectués dans l’intérêt de la paix. L’objectif est de reprendre les négociations, lesquelles sont sources d’espoir. L’espoir renforce la modération, alors que la frustration permet aux extrémistes de prospérer. C’est la seule façon de briser ce cercle vicieux.

 
  
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  Mastenbroek (PSE). - (EN) Monsieur le Président, l’Europe doit maintenir en vie l’espoir pour les deux peuples et la seule manière d’y parvenir est de maintenir en vie l’espoir d’une paix durable. Pour cela, nous devons essayer d’inscrire la solution à deux États et un arrêt pacifique et total de l’occupation au premier rang de nos priorités. Le retrait de Gaza est une étape remplie d’espoir, mais elle ne doit pas être une fin en soi. Sans la participation des États-Unis d’Amérique, cet objectif ne peut être atteint.

Le président Abbas s’est fixé un programme très chargé: mettre un terme à la violence de l’Intifada, réformer les forces de sécurité, créer un État palestinien viable et instaurer une paix durable avec Israël. Nous devons apporter notre plein soutien à ce programme en vue, une fois de plus, de maintenir en vie l’espoir pour les deux peuples. Nous pouvons l’aider activement à combattre la corruption, à promouvoir davantage la démocratie au sein des institutions palestiniennes et à encourager la bonne gouvernance - autant d’éléments chers aux yeux des Palestiniens - car, pour cela, nous n’avons pas besoin des États-Unis. Nous devrions proposer toute l’aide qu’il nous est possible d’offrir, le plus rapidement possible, en demandant à Mahmoud Abbas de quelle façon l’Union européenne, peut apporter son concours.

 
  
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  Sbarbati (ALDE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, on dit que la haine ne naît pas de l’ignorance, mais de l’enseignement de la haine. Depuis 1948, le conflit israélo-palestinien a fait des milliers de victimes, dont un grand nombre de civils, et a entraîné une extrême pauvreté. Deux tiers des terroristes palestiniens ont été des étudiants universitaires ou ont terminé leurs études secondaires, et l’on sait que les Israéliens ont un haut niveau d’éducation.

Depuis l’élection d’Abou Mazen, signe d’un vaste engagement du peuple palestinien pour la démocratie, un nouvel attentat terroriste a fait obstacle aux pourparlers, dont la reprise a eu lieu récemment. Condamnés à vivre les uns aux côtés des autres qu’ils le souhaitent ou non et accablés de problèmes à résoudre, les deux peuples sont désormais entrés dans une nouvelle ère de leurs relations mutuelles, une ère qui laisse entrevoir un certain espoir. En effet, contrairement à toute attente, les élections en Palestine se sont bien déroulées et le nouveau dirigeant a affirmé son intention de reprendre les négociations de paix avec Israël, d’enrayer l’action des extrémistes et de réformer les aspects corrompus des affaires nationales palestiniennes. Il peut s’agir d’un programme par trop ambitieux, mais il montre une réelle volonté de changement. Israël, de son côté, a ouvert les pourparlers avec le nouveau gouvernement, mais ces derniers ont été freinés par une spirale de violence inattendue qui a eu pour effet de paralyser les relations entre les deux parties.

En surveillant le processus électoral, l’Union européenne a renforcé sa position de négociateur privilégié, en montrant qu’elle était prête et pleinement apte à mener des discussions avec les deux peuples. Nous ne devons pas nous arrêter là. Le rôle de l’Union est d’agir en tant que garant d’un plan visant une solution permanente et, entre-temps, d’apporter aux deux peuples une base solide de soutien en vue de favoriser le changement. L’heure est venue pour l’Europe d’assumer ses responsabilités vis-à-vis du Moyen-Orient, dans la mesure où notre propre sécurité est également directement menacée par cet interminable conflit. Il n’est possible de trouver une solution à ce dernier qu’en négociant un accord de paix fiable et permanent, à l’instar de celui envisagé dans la feuille de route.

La communauté internationale devrait aider à créer un État palestinien mais, dans le même temps, elle doit aider à résoudre les problèmes relatifs aux frontières, aux colonies, aux réfugiés, à Jérusalem, aux ressources en eau et à la sécurité. Comme Shimon Peres l’a un jour déclaré, l’espoir réside dans le fait qu’après le temps de la haine vienne le temps du partage, car les deux peuples devront se répartir une petite étendue de terre; ils devront évoluer ensemble dans le respect mutuel et apprendre à partager.

 
  
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  Laschet (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, tous ceux présents à cette élection, lors d’une journée qui avait débuté par le scellage méticuleux des urnes transparentes à sept heures du matin et s’était poursuivie dans une organisation générale marquée par un haut degré de fierté et de précision, peuvent aisément se représenter ce que ces élections ont signifié pour le peuple palestinien, concernant premièrement ses relations avec Israël et deuxièmement ses relations avec le monde arabe, dans la mesure où les Palestiniens ont fait la démonstration d’un phénomène parfaitement inconnu dans les pays arabes. C’est pour cette même raison que ces élections ont été tellement significatives, et le désir de paix était bien tangible; le peuple est fatigué du conflit et le Hamas et son appel au boycott ont été ignorés.

Je pense que tous ceux - dont certains sont présents en cette Assemblée - qui nous ont répété constamment qu’Arafat était le garant de la paix et que, lorsqu’il ne serait plus là, la situation deviendrait chaotique, ont mal apprécié la situation. Le peuple de Palestine s’est montré beaucoup plus malin que ne le pensaient certains analystes européens et c’est la raison pour laquelle l’actualité de la région suscite de si grands espoirs.

Je souhaiterais demander à M. Solana et à Mme la commissaire Ferrero-Waldner d’aborder un point dans leurs discussions. Selon des rapports de presse, M. Sharon a affirmé à notre haut-représentant que le retrait de Gaza avait été convenu dans le cadre de pourparlers avec les autorités des territoires autonomes palestiniens; si tel est effectivement le cas et qu’il s’avère possible de restituer ce territoire de manière ordonnée, dès lors nous devrions, ainsi que le HCNUR, envisager d’utiliser cette possibilité pour transformer les camps de réfugiés en lieux d’habitation permanents.

Notre groupe de travail sur les Nations unies a été rejoint ce matin par M. Hansen, du HCNUR. Ce dernier a décrit la manière dont, après la destruction du camp de Jénine, la décision a été prise de construire des maisons en bonne et due forme, de sorte que les populations cessent enfin, au bout de 50 ans, d’être des réfugiés. Je considère Gaza comme une deuxième possibilité de faire sortir les réfugiés de leurs camps pour les reloger dans des colonies permanentes, après que la restitution de territoire ait été dûment accomplie. Par conséquent, je demande à ce que cette proposition soit débattue lors des discussions menées avec l’OSTNU et les autorités concernées, afin que cette situation puisse se décanter et qu’une nouvelle ère commence.

 
  
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  Masip Hidalgo (PSE). - (ES) Monsieur le Président, à ce stade du débat, je souhaitais simplement ajouter une anecdote évoquant une scène dont j’ai été témoin avec Mme Lucas. Cela se passait à Hébron. Il faisait nuit. Une coupure de courant s’était produite en raison d’une défaillance accidentelle de certains générateurs. Deux jeunes policiers palestiniens ont immédiatement pris position afin de prévenir toute tentative de fraude dans l’obscurité. Une réaction similaire a été observée au niveau des tables voisines, ce qui était le signe d’une maturité civique spontanée tout à fait exemplaire.

Indépendamment des graves problèmes auxquels est confronté un peuple, si ce dernier protège ses urnes et son prestige électoral, il s’agit d’un peuple merveilleux qui a foi en la démocratie. Dès que la lumière est revenue, une pensée m’a traversé l’esprit, selon laquelle la route menant au rêve de la paix, que nous a décrite M. Solana ce soir en des termes si précis et avec une telle autorité morale et politique, commençait peut-être à se dessiner.

Comme Martin Luther King, ce rêve est notre objectif de travail, Monsieur Solana. Ce rêve est notre chemin.

 
  
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  Seeberg (PPE-DE). - (DA) Monsieur le Président, la situation au Moyen-Orient mérite une attention toute particulière au cours des prochains mois. Les élections de dimanche en Irak sont très attendues - et constitueront peut-être une possibilité historique pour une démocratie naissante. Je souhaiterais remercier M. Solana et Mme la commissaire pour leurs contributions constructives et perspicaces. Il est bon d’entendre l’expression d’un tel engagement. Les élections en Palestine et le nouveau gouvernement en Israël offrent de nouveaux espoirs. Ariel Sharon doit, cependant, aider Mahmoud Abbas à réussir, sans quoi le processus ne pourra pas avancer.

J’ai moi-même participé à une visite d’observation en Cisjordanie en novembre dernier et j’ai vu de mes propres yeux combien la situation là-bas était terrible et désespérée, tout particulièrement pour les nombreux Palestiniens qui vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté et dans des conditions incroyablement difficiles en raison de l’occupation israélienne. Cette pauvreté est le fruit, non pas de catastrophes naturelles ou événements similaires, mais bien de l’occupation israélienne. Le droit d’Israël à traquer les terroristes doit, bien entendu, être reconnu et les Palestiniens doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à la violence. Le droit d’Israël à traquer les terroristes ne signifie pas, cependant, que tous les moyens possibles et imaginables doivent être utilisés. Les exécutions illégales, les démolitions de logements et l’abus de pouvoir vis-à-vis des civils sont inacceptables. Le mur de sécurité, illégalement érigé, constitue également un problème particulier dans la mesure où ce mur a été érigé principalement en territoire palestinien et empêche les Palestiniens de cultiver la terre des zones concernées. Jérusalem, où les Palestiniens sont séparés non pas des Israéliens mais les uns des autres, représente un autre problème particulier. Les vastes opérations d’expropriation de la terre, alliées à la politique des implantations, rendent peu probable l’établissement d’un État palestinien durable. Il est particulièrement préoccupant de constater qu’une double infrastructure est en train d’être mise sur pied en Cisjordanie. La réalité du terrain montre que l’occupation vise davantage la mise en place de conditions de sécurité pour les nombreux colons que la sécurité des citoyens israéliens résidant en Israël.

L’UE doit exiger de l’État d’Israël qu’il cesse ses activités d’implantation en Cisjordanie et qu’il mette un terme à la construction du mur de sécurité. Sans cela, la possibilité d’une solution à deux États restera lettre morte.

 
  
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  Beglitis (PSE). - (EL) Monsieur le Président, un grand poète palestinien, Mahmoud Darwish, a récemment composé un poème en hommage à un autre Palestinien éclairé, Edward Said. Je le lirai en français:

 
  
  

«Il dit: si je meurs avant toi, je te confie l’impossible. Je demande: est-il lointain? Il répond: à la distance d’une génération».

 
  
  

(EL) De nombreuses générations de Palestiniens ont été sacrifiées en luttant pour l’impossible: pour la paix et pour un État démocratique. Aujourd’hui, avec sa participation massive aux élections les plus libres et démocratiques, le peuple palestinien a envoyé un message de paix, un message d’optimisme; en d’autres termes, un message selon lequel aucune autre génération de Palestiniens ne doit être sacrifiée.

Aujourd’hui, le Parlement européen est confronté à une responsabilité historique en ce qu’il doit prendre des initiatives en collaboration avec la communauté internationale pour la reprise du processus de paix sur la base de la feuille de route. Jusqu’à présent, nous avons demandé aux Palestiniens ce qu’ils souhaitaient faire. Aujourd’hui, les Palestiniens nous ont répondu. Il incombe aujourd’hui à l’administration américaine de M. Bush et au gouvernement de M. Sharon d’apporter une réponse: souhaitent-ils réellement s’engager dans le cadre de la feuille de route pour la reprise des négociations, avec pour objectif final la création d’un État palestinien?

 
  
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  Landsbergis (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, le principal point à l’ordre du jour aujourd’hui est la Palestine, mais je souhaite néanmoins attirer notre attention sur l’Irak. La Palestine se situe au cœur d’une série d’événements pour le moins remarquables, qui incluent les élections en Afghanistan, en Palestine et en Irak. Par conséquent, le défi qui se présentera dimanche n’est pas un événement isolé, mais s’inscrit dans un ensemble de changements extrêmement significatifs qui se sont opérés récemment dans la région la plus meurtrie du monde islamique. Nous n’avons pas à le condamner, comme d’aucuns le faisaient auparavant, ni à saluer le possible boycott, mais il nous faut saluer et attendre une position ferme et un taux de participation élevé au scrutin de la part du peuple irakien.

Il y a quelque temps, j’ai été frappé à la lecture de rapports émanant d’Afghanistan, relatant comment des millions de femmes se sont rendues aux urnes, avec enthousiasme, détermination et un sentiment de dignité humaine, pour la première fois de leur vie et de l’histoire de leur pays. Aujourd’hui, cette même situation est susceptible de se produire en Irak, avec la bénédiction de Dieu, qui est commun aux chrétiens et aux musulmans. Espérons que ce soit effectivement le cas, malgré les efforts de forces non divines. Quoi qu’il en soit, nous pouvons être absolument certains que, sous le régime de Saddam Hussein ou après une victoire des terroristes, cette situation ne pourrait jamais être envisageable.

Un bon taux de participation au scrutin de dimanche constituerait le vote le plus important, non pour les parties en lice, mais pour une vie nouvelle, comme le vote d’un peuple libéré de l’esclavage de la peur.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. MAURO
Vice-président

 
  
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  Zappalà (PPE-DE). - (IT) Monsieur le Président, Monsieur Solana, Madame la Commissaire, Mesdames et Messieurs, la situation au Moyen-Orient requiert une attention toute particulière. Les Israéliens vivent dans une situation très difficile, car ils doivent faire face à la menace constante d’attentats terroristes, alors que les Palestiniens vivent dans une situation totalement inacceptable.

Quiconque ayant été, comme moi, un récent observateur des élections présidentielles palestiniennes a expérimenté au plus près une réalité en apparence guère croyable en fonction de règles et de critères ordinaires. Je dois confirmer, à ce propos, que les élections se sont déroulées de manière impeccable, malgré les circonstances locales.

Dans le monde palestinien, la population vit sans la moindre référence, sans la moindre certitude, dans une situation sociale caractérisée par une dégradation totale, en matière d’environnement, d’emploi et d’organisation. Dans le monde israélien, la population vit dans la recherche constante d’un moyen de défense. L’aide et le soutien parviennent de nombreux endroits mais, du moins jusqu’à présent, n’ont pas abouti à des résultats tangibles. Je pense qu’il nous faut savoir quelles ressources l’Union a engagé sur ce plan ces dernières années, avec quels objectifs et sous quelle responsabilité. Je pense également qu’il serait judicieux que les investissements futurs visent à améliorer la qualité de vie des territoires palestiniens.

Madame la Commissaire, il ne suffit pas de faire des dons, nous devons également contrôler la manière dont l’argent est dépensé. À ce titre, j’attends une réponse de votre part concernant une question spécifique que j’ai personnellement soulevée. J’estime qu’un réel engagement pour l’avenir, parallèlement à l’engagement politique visant à faciliter les négociations entre les deux États, auquel contribuera également la nouvelle présidence palestinienne, pourrait, à terme, aboutir à un résultat qui, très certainement, aurait été pour le moins inimaginable dans la période ayant précédé les événements les plus récents.

 
  
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  Gahler (PPE-DE). - (DE) Monsieur le Président, tous les députés de cette Assemblée sont d’accord pour dire que nous souhaitons repartir sur de bonnes bases et aller de l’avant afin de parvenir à une solution durable au conflit israélo-palestinien.

Aujourd’hui qu’un président palestinien a été élu et qu’Israël a fait l’objet d’un remaniement ministériel, l’espoir est grand, tant ici en Europe qu’au sein des populations d’Israël et de Palestine. Les discussions menées en dehors du programme officiel à Ramallah et l’observation des élections organisées à l’ouest de Ramallah m’ont donné l’impression que, même si les populations connaissent bien entendu les affres de l’occupation, elles n’ont pas une opinion positive de la manière dont les choses étaient auparavant gérées par leurs concitoyens, dans la mesure où l’incapacité et le refus d’Arafat à prendre les mesures nécessaires pour créer, au sein de l’Autorité autonome palestinienne, des structures efficaces pour les forces de sécurité et les soins de santé, entre autres choses, ne sont un secret pour personne.

Notre tâche est de veiller à ce que le Quartette fasse bloc afin d’accompagner tout événement futur, notamment un possible retrait de Gaza. Je souhaite voir l’UE, les États-Unis et les autres parties prenantes unir leurs forces pour traiter avec les deux parties. Je ne pense pas que ce type de «diplomatie de l’un après l’autre» fasse bonne impression auprès des parties concernées. Aussi, montrons-leur un Quartette bien présent dans la région et s’exprimant d’une seule voix.

Votre tâche, Monsieur Solana, est de commencer sans plus attendre à anticiper l’évolution de la situation - j’entends par là anticiper la manière dont nous allons traiter avec les parties - après le retrait de Gaza, pour que de véritables progrès puissent voir le jour. Sans cela, ce conflit deviendra véritablement une histoire sans fin.

 
  
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  Papastamkos (PPE-DE). - (EL) Monsieur le Président, nous débattons aujourd’hui, pour la énième fois au Parlement européen, de la tragédie humaine à laquelle sont confrontés de longue date le peuple de Palestine et le peuple d’Israël. Nous bénéficions véritablement d’une nouvelle chance de lancer un processus de paix constructif; la nouvelle situation faisant suite aux élections présidentielles palestiniennes conduit à penser que toutes les conditions préalables à une paix, une stabilité et une sécurité possibles dans une région dont l’histoire est riche de souffrances, sont réunies. Un retour à la table des négociations est une nécessité impérieuse. La réactivation de la feuille de route pour la paix l’est tout autant. C’est précisément la consolidation de la validité de la feuille de route qui favorisera la négociation d’un accord de paix stable et définitif.

Je souhaiterais souligner plus particulièrement la nécessité de renforcer le rôle spécifique du Quartette. Ce rôle devrait refléter certains aspects, tels que la cohésion, la définition d’objectifs clairs et la détermination. Je souhaiterais également souligner que les propositions pratiques de M. Solana concernant la sécurité, les réformes et l’aide financière constituent une avancée dans le bon sens. Elles représentent une contribution européenne indispensable aux efforts visant à mettre en place les conditions-cadres du renforcement de la sécurité tant politique qu’économique.

Notre principal objectif, énoncé par le Conseil européen de décembre dernier, est clair: un État palestinien indépendant, démocratique et viable, disposé à cohabiter dans la paix et dans un cadre de sécurité avec Israël et les États voisins. Toutefois, notre volonté seule ne suffit pas. En premier lieu, ce sont les protagonistes du conflit qui doivent eux-mêmes en émettre le souhait.

 
  
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  Solana, haut-représentant. - (ES) Merci beaucoup, Monsieur le Président, et merci beaucoup à l’ensemble des très honorables députés qui ont eu l’amabilité de rester parmi nous jusqu’à la fin de cette longue séance portant sur une question clé, une question fondamentale, qui mérite peut-être une attention accrue du Parlement eu égard aux circonstances que nous traversons. Je souhaiterais dire que tous les députés qui se sont exprimés l’ont fait avec sincérité, avec une force et un espoir qui, je pense, représentent l’esprit non pas uniquement du Parlement européen, mais également de la majorité, et je l’espère de l’ensemble, des citoyens de l’Union.

Je pense que la journée d’aujourd’hui, de ce point de vue, a été une journée riche en émotions, une journée qui a permis à nos émotions et à nos valeurs de faire surface, et nous a permis de nous exprimer physiquement et verbalement. Je souhaiterais dire qu’il est temps, à partir d’aujourd’hui, que ces séances commencent concrètement à poursuivre un objectif. Nous ne devons pas laisser nos émotions avoir le dessus sur nos pensées, et nous devrions à l’inverse commencer à montrer les signes de la direction que nous souhaitons prendre et de la manière dont nous voulons aller de l’avant. Je pense, Mesdames et Messieurs, qu’au terme des moments historiques - car ils doivent être considérés comme historiques - que nous avons vécus, l’Union européenne devrait mettre en œuvre un programme d’action clair, comme nous le faisons et l’expliquons au Parlement. Et les résultats finaux de ce programme devraient être la création de deux États et, principalement, de l’État palestinien qui, des deux, n’existe pas encore.

Et je pense que nous ne pouvons pas continuer à débattre et débattre encore sans veiller à prendre progressivement les mesures nécessaires pour faire de cet objectif une réalité dans un laps de temps raisonnable. Je souhaiterais dire que, du point de vue de nos amis palestiniens, ce dont ils disposent aujourd’hui n’est pas un État, mais plutôt une situation préalable à un État, que j’aimerais appeler un pré-État, et il nous faut les aider le plus efficacement possible pour entreprendre les réformes nécessaires à la création d’un État viable et non défaillant, un État consolidé. À cet effet, il va sans dire que nous devons les aider à réformer et à adapter leur propre structure. Disposer d’un pré-État assumant les responsabilités limitées d’un pré-État est différent d’assumer toutes les responsabilités d’un État, qui comportent des questions non exclusivement liées à l’économie. Sur ce point je souhaiterais prendre la défense de la Commission, du Parlement et de l’Union européenne dans son ensemble. La manière dont l’Union européenne gère ses dépenses et la manière dont M. Fayyad, chargé des finances de l’Autorité palestinienne, gère ses dépenses, est exemplaire.

De plus, je souhaiterais que les députés de ce Parlement en prennent acte et que les citoyens d’Europe en soient informés également. Les efforts déployés par M. Fayyad, en charge des finances, ainsi que les efforts réalisés par la Commission, l’ensemble des députés européens et de la Communauté européenne, sont extraordinaires et exemplaires et je souhaiterais voir de nombreux autres pays, forts d’une histoire plus riche, qui ne sont pas des pré-États comme ce qu’ont les Palestiniens, posséder la même capacité à gérer leurs finances et à le faire de la manière dont ils le font.

Ensuite, il est indiscutable que le fait d’être un État ne signifie pas simplement avoir des structures économiques, mais également disposer de structures de sécurité et, aujourd’hui, nous sommes face non pas à un État mais à un pré-État et il nous faut par conséquent aider les Palestiniens à se doter de structures de sécurité solides dès lors qu’ils disposeront effectivement d’un État. L’Union européenne possède les mécanismes pour y parvenir et est déjà dans l’action. L’Union aide à construire et à consolider les forces de sécurité le plus efficacement possible, de sorte que ces dernières puissent être au service des citoyens, de la paix parmi ces citoyens et, par conséquent, de l’ordre public devant régner dans tous les États.

Enfin, dans un État, des élections sont organisées et des élections seront organisées d’ici à l’été prochain. Permettez-moi de m’arrêter à l’été prochain et de voir ce qu’il adviendra par la suite. D’ici à l’été prochain, des élections de la plus grande importance seront organisées, pour lesquelles nous devons apporter notre aide, que nous devons contribuer à financer et à promouvoir pour qu’elles puissent se dérouler dans les règles et à des fins positives.

Finalement, du point de vue palestinien, ce que le président réalise actuellement en vue d’instaurer un cessez-le-feu, en vue d’arriver à un accord sur un dialogue entre les Palestiniens, est extraordinaire. Nombre d’entre nous n’auraient pas pensé qu’il était possible de réaliser autant en si peu de temps. Ces actions ont été menées et doivent être poursuivies. Néanmoins, Mesdames et Messieurs, nous devons être conscients du fait que la situation est très fragile. Lorsque les élections ont eu lieu, quelques jours plus tard, la première réunion entre Sharon et le président Abou Mazen a été planifiée mais, en raison de la violence, toute possibilité de dialogue a échoué: la situation est fragile et alors que nous parlions, un autre attentat a été commis et nous sommes par conséquent bien conscients du fait que, quoi qu’il arrive, nous ne pouvons pas laisser les partisans de la violence détenir la clé de l’avenir du processus. Ce serait absurde et injuste. La violence doit cesser, mais nous ne pouvons pas laisser les partisans de la violence détenir la clé de la poursuite du processus. Et je dois souligner que, comme quelqu’un me l’a dit, nous devons adresser un grand nombre de demandes à Israël. Et il est une action spécifique qu’Israël peut et doit mettre en œuvre: le retrait de Gaza, qui à un moment donné devait être une décision unilatérale, ne peut plus être une décision unilatérale. Il doit s’agir d’une décision prise d’un commun accord et d’une décision représentant une étape initiale sur un chemin devant conduire au retrait des territoires occupés. Tel doit être l’objet de notre demande et un volet de la politique fondamentale que nous, Européens, devons mettre en œuvre.

Je pense honnêtement, après la longue semaine que j’ai passée en Israël également, comme je l’ai dit, à m’entretenir avec tous les dirigeants du pays, que ce n’est pas impossible, que c’est bel et bien possible et que nous devons aussi assumer nos responsabilités. Je vous demanderais de faire appel à votre imagination, je ne peux pas vous demander à tous d’aller à Gaza, mais la situation là-bas, pour ceux qui en ont été les témoins et qui savent ce dont je parle, est dramatique et ce désengagement de Gaza ne doit pas laisser la place à une prison. Gaza doit avoir la capacité de commercer avec l’extérieur, se doter d’un port et d’un aéroport, sans quoi la population de Gaza ne pourra jamais être en mesure de partir. En conséquence, nous devons apporter notre soutien et aider à la création d’un port et d’un aéroport et ce port et cet aéroport doivent, sans l’ombre d’un doute, être soumis à une autorité internationale et nous devrions nous préparer à assumer cette responsabilité si elle vient à nous incomber.

Nous devons être capables de faire face à cette responsabilité. J’estime donc que toutes ces questions sont fondamentales et que, afin de parvenir à des résultats, nous devons privilégier ces questions au cours de nos débats. L’heure est venue d’obtenir des résultats. Nous ne disposons pas d’une quantité infinie de temps devant nous; si nous prenons trop de temps, nous finirons par nous frustrer, par frustrer les Palestiniens, par frustrer les Israéliens et ce moment d’espoir dont vous avez tous pris la mesure, ce moment de fierté qui existe également parmi les Israéliens et les Palestiniens, aura disparu. Une communauté doit voir le jour, une communauté qui commence à penser de la même façon tant en Israël qu’en Palestine et cette communauté ne doit pas être brisée et doit retrouver l’esprit qui existait autrefois, au moment d’Oslo ainsi qu’au cours de la période qui a directement précédé et suivi Oslo.

Voilà donc ce que nous devons faire. Je souhaiterais rajouter une chose, à l’attention du Parlement et de mes amis israéliens: vous devez arrêter de prendre des décisions allant à l’encontre de toute possibilité d’accord final. Ceci est très important et beaucoup plus simple à dire qu’à faire. Néanmoins, aucune décision ne devrait être prise, qui ne pourrait être renversée lorsque l’heure viendra de prendre des décisions sur les accords finaux. En outre, certaines décisions prises à l’heure actuelle vont entraver voire empêcher ce que ces accords devraient, de l’avis de beaucoup, contenir: les paramètres fondamentaux du statut final.

Il s’agit d’un message que nous devions transmettre de manière amicale. Par ailleurs, en cette période où Israël commémore une époque particulièrement funeste, une époque particulièrement amère pour laquelle nous, les Européens, devrions assumer une grande part de responsabilité, avec l’amitié et les principes qui devraient être présents dans le cœur des Européens que nous sommes, qui sommes responsables d’un grand nombre de choses, nous devrions transmettre ce message en toute amitié, comme je l’ai dit, pour être véritablement écoutés, car notre message va dans le sens de la paix et non à son encontre. Voilà ce que je voulais vous dire, Mesdames et Messieurs, et je souhaiterais remercier ceux d’entre vous qui êtes restés parmi nous jusqu’à cette heure tardive, en mon propre nom et, j’espère également, au nom de mon amie, Mme la commissaire Benita Ferrero, que je remercie pour sa présence en cette Assemblée.

Nous avons beaucoup de travail devant nous et nous avons besoin de l’aide de tout le monde. La tâche ne sera pas facile, elle sera même très difficile, mais nous devons remporter cette bataille pour la paix, non pas uniquement pour Israël et la Palestine, mais, comme ils sont nombreux à l’avoir dit, pour la paix dans la région. Si Israël et la Palestine vivent en paix, les possibilités seront accrues d’instaurer la paix à l’échelle régionale. J’aurais beaucoup à dire en réponse à ce que vous avez dit à propos de l’Irak, mais je ne pense pas que le jour soit bien choisi pour mélanger deux débats différents. L’échéance de dimanche arrive dans quatre ou cinq jours. Certes, d’autres débats se tiendront sur l’Irak, mais ne doutons pas du fait que cette évolution se produira.

J’en arrive ainsi à ma dernière observation: au cours des dernières années, nous avons vu Israël et la Palestine vivre ce que nous pourrions décrire comme étant une situation de gestion de crise. À partir d’aujourd’hui, nous devons revenir à la politique, à la politique avec un P majuscule, et obtenir des résultats, dans la mesure où nous disposerons désormais d’objectifs clairs et, si nous avons des objectifs clairs et la volonté politique de les atteindre, nous les atteindrons. Merci, Mesdames et Messieurs, je suis désolé de l’heure tardive et je remercie l’ensemble des honorables députés de nous avoir accompagnés au cours de cette très longue journée. Merci.

(Applaudissements)

 
  
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  Ferrero-Waldner, Commission. - (EN) Monsieur le Président, comme Javier Solana, la Commission et moi-même affirmons notre engagement afin de faire en sorte que ces avancées voient le jour, malgré les difficultés et grâce à l’ensemble du soutien apporté. Ceci signifie, bien entendu, que nous nous engageons également à prendre les premières mesures concrètes et je souhaiterais en mentionner quelques-unes à la suite de la demande formulée en ce sens.

Tout d’abord, nous venons de convenir, par exemple, d’affecter 20 millions d’euros supplémentaires à la région de Gaza. Nous travaillons également en étroite collaboration avec la Banque mondiale. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai rencontré le président Wolfensohn. Nous prenons les recommandations de la Banque mondiale très au sérieux: à moins que la violence ne cesse, de même que les mouvements de biens et de personnes, l’affectation de fonds supplémentaires n’aura que peu d’impact. Par conséquent, il est très important d’obtenir des améliorations sur ce plan.

Je débattrai également ces questions en des termes très concrets avec les Palestiniens et les Israéliens quand je me rendrai sur place les 7 et 8 février. Je souhaite également voir quels plans nous pouvons élaborer et s’il existe de bons projets que nous pouvons mettre en œuvre afin d’aider ce processus à véritablement démarrer, qu’il s’agisse de reconstruction ou de renforcement des institutions, etc.

Laissez-moi également dire à M. Laschet que nous appuyons les efforts visant à améliorer les conditions de vie des réfugiés palestiniens, à fournir de meilleurs logements et à modifier le statut des réfugiés. Pour ce faire, il sera nécessaire de mettre en place une solution négociée, comme il est prévu dans la feuille de route, ce qui s’avère plus difficile.

Selon toute évidence, il est essentiel que nous ne perdions pas de vue le processus politique. Javier Solana vient d’en présenter les grandes lignes. Nous devons également nous interroger sur ce qu’il adviendra au lendemain du désengagement de Gaza. Les parties doivent entreprendre un processus politique qui ne s’arrête pas à Gaza. Il s’agit là d’une question clé qu’il nous faudra également débattre avec le président Bush et avec Condoleezza Rice lors de leur venue en Europe.

Merci beaucoup, cette discussion a été particulièrement agréable et intéressante. Vous pouvez voir que nous faisons tous preuve d’engagement vis-à-vis de ce processus, mais j’ajouterai également une mise en garde: il s’agit d’un processus difficile, susceptible d’éclater à tout instant.

(Applaudissements)

 
  
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  Le Président. - Le débat est clos.

Le vote aura lieu jeudi à 10 heures.

 

8. Antisémitisme et racisme
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle la question orale (O-0089/2004 - B6-0003/2005) de MM. Schulz et Ford, au nom du groupe socialiste au Parlement européen, au Conseil, sur la commémoration d’Auschwitz, et la question orale (O-0090/2004 - B6-0004/2005) de MM. Schulz et Ford, au nom du groupe socialiste au Parlement européen, à la Commission, sur la commémoration d’Auschwitz.

 
  
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  Schulz (PSE). - (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous discutons aujourd’hui d’une résolution portant sur une journée qui nous accable; la journée de commémoration qui se tiendra à Auschwitz demain, nous rappelant un crime associé à ce lieu et unique dans l’histoire de l’humanité. Pour cette raison, le débat d’aujourd’hui doit être mené avec toute la retenue requise en de telles circonstances.

Je suis non seulement député européen et président d’un groupe multinational du Parlement européen, mais je suis également un représentant de la République fédérale d’Allemagne et un Allemand; et alors que je vous parle ce soir en cette qualité - c’est-à-dire tant mon rôle que ma nationalité - du sujet d’Auschwitz et d’une résolution sur l’Holocauste, je m’exprime également, bien sûr, en tant que citoyen d’Allemagne, une nation et un pays auxquels Auschwitz est inexorablement lié.

Auschwitz représente le nadir moral de l’histoire de mon pays. Le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau a été construit par des Allemands, par des criminels dont je partage la nationalité, par des personnes qui ont souillé l’honneur de mon pays d’une manière sans précédent et inégalée depuis. C’est pourquoi un Allemand ne peut jamais faire preuve d’une objectivité complète lorsqu’il est question de ce sujet. Chaque génération - y compris la mienne - hérite de ce que ses prédécesseurs ont laissé derrière eux. Auschwitz fait partie de l’héritage avec lequel nous, les Allemands d’aujourd’hui, devons vivre.

Ainsi, ce n’est pas seulement en ma qualité de président de ce groupe que j’affirme que nous, les Allemands, nous trouvons face à une responsabilité particulière lorsqu’il s’agit de lutter contre l’antisémitisme, le racisme, la xénophobie, le fascisme, le mépris de l’humanité, le terrorisme et la volonté de tuer.

À l’instar de nombreux députés européens, la possibilité m’est offerte demain, en tant que président de mon groupe, de me joindre à M. Borrell pour la cérémonie de commémoration qui aura lieu à Auschwitz, à laquelle assistera également le président de la République fédérale d’Allemagne. Le fait que les Allemands puissent, 60 années après la libération d’Auschwitz, se joindre à d’autres pour commémorer cet événement, le fait qu’un Allemand puisse s’y rendre en tant que président d’un groupe parlementaire multinational et puisse, en s’associant à ses homologues d’autres pays - la Russie, la Pologne, Israël, la France et l’Italie, pour n’en citer que quelques-uns - prendre part à un instant de recueillement, commémorer les victimes et, ce faisant, leur rendre une part de leur dignité, tout cela, c’est quelque chose que nous devons à l’Union européenne. Car c’est elle qui nous a permis à nous, Allemands, de réintégrer la tête haute le grand concert des nations démocratiques, au sein duquel, nous, les Allemands d’aujourd’hui, apportons notre contribution à la démocratie, à la dignité humaine et à la lutte contre le racisme et la xénophobie.

C’est la raison pour laquelle mon groupe soutient cette résolution, et ceux d’entre nous qui sont Allemands - je pense que cela vaut également pour tous les autres groupes - s’en tiennent à son contenu.

(Applaudissements)

 
  
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  Schmit, président en exercice du Conseil. - Monsieur le Président, demain, comme l’a dit l’honorable parlementaire, M. Schulz, à Auschwitz, se réuniront un grand nombre de chefs d’État, des représentants de ce Parlement, des représentants d’autres parlements, pour commémorer ensemble, avec des survivants de l’enfer, la libération du camp d’extermination il y a soixante ans.

Représentant une Europe nouvelle, ils remplissent ce devoir de mémoire et le devoir de transmettre qui est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. La présidence remercie les deux députés d’avoir favorisé, à travers cette question, un moment de réflexion et de souvenir au sein même de ce Parlement qui, je tiens à le rappeler, en 1979, après sa première élection au suffrage direct, a élu à sa tête une rescapée d’Auschwitz, Mme Simone Veil, à qui je tiens à rendre hommage pour son courage dans le cadre de sa présidence de cette Assemblée.

Soixante ans, c’est moins que la vie d’un être humain. C’est l’occasion pour donner la parole à ceux qui, rares survivants, portent les stigmates de cette horreur innommable et indicible qu’il faut néanmoins dire haut et fort aujourd’hui. La Shoa restera pour toujours une césure, une fracture dans l’histoire européenne et vous l’avez bien dit. Comme l’a dit d’ailleurs aussi l’ancienne présidente du Bundestag, Mme Rita Süssmuth, la Shoa ne peut être comparée à rien. Nous comprenons que l’histoire de ce XXe siècle est jalonnée de génocides, mais la Shoa a sa spécificité, elle a son caractère unique. Elle est la négation même de notre civilisation, de nos valeurs spirituelles, éthiques, elle est la négation de l’humanisme que l’Europe a créé.

Auschwitz n’appartient pas seulement à l’histoire, une histoire insoutenable. Auschwitz doit rester une réalité présente, douloureuse; une réalité qui incite les générations actuelles et futures à mieux comprendre et à rejeter toute idéologie de haine et d’exclusion, à concrétiser quotidiennement, je dirais, cette conscience du «plus jamais ça». L’obligation de mémoire, aussi essentielle soit-elle, n’est pas suffisante. Nous avons certes besoin de recueillement, mais aussi d’engagement et d’actions. L’antisémitisme reste présent. L’observatoire de Vienne constate même une montée de l’antisémitisme dans nos sociétés, comme d’ailleurs des racismes de tous genres.

Les révisionnistes et négationnistes, tous ceux qui essaient de relativiser le caractère unique de la Shoa, tous ceux qui avancent des prétextes en établissant des liens inacceptables doivent être combattus. C’est un crime contre la vérité, pour employer la formule du président Chirac, qui doit être poursuivi dans une Europe fondée sur des valeurs éthiques et le respect des droits de l’homme; une Europe fondée d’ailleurs désormais sur la Charte des droits fondamentaux intégrée au projet de Constitution largement approuvé par votre Parlement. Mais c’est aussi un crime contre la mémoire de tous ceux qui ont souffert. Je pense en particulier à ces dizaines, ces centaines de milliers d’enfants dont la vie a été éteinte de la manière la plus abjecte; à leurs regards tristes que l’on peut voir sur des photos. Que ces regards effrayés restent gravés dans nos consciences et nous exhortent à mener un combat résolu et engagé contre l’oubli et, pire, contre la négation du crime absolu!

Monsieur le Président, la défense des droits de l’homme, et partant de tous ceux et celles qui sont aujourd’hui victimes d’atteintes à leur dignité à travers des dérives antisémites et racistes, est une des pierres angulaires de la politique de l’Union européenne. À cette fin, le Conseil et les autres institutions européennes coopèrent étroitement avec des organisations internationales comme le Conseil de l’Europe, l’OSCE et les Nations unies dans la lutte contre ce qui constitue de véritables fléaux.

Le Conseil s’est félicité des initiatives prises par l’OSCE, notamment l’adoption des déclarations de Berlin et de Bruxelles qui condamnent toutes les manifestations d’antisémitisme et tous les autres actes d’intolérance. La création, lors de la réunion au niveau ministériel de l’OSCE à Sofia, de postes de représentants personnels de l’OSCE pour la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et l’islamophobie devrait venir renforcer l’action du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme, bureau de l’OSCE sis à Varsovie et dont le mandat s’articule autour de la surveillance des phénomènes d’antisémitisme et des autres phénomènes d’intolérance. Lors de la 59e session de l’Assemblée générale des Nations unies, une résolution condamnant explicitement toutes les formes d’antisémitisme a été adoptée à l’initiative de l’Union européenne. À l’occasion de la Journée des droits de l’homme, le 10 décembre 2004, l’Union a rappelé, à New York, l’importance que revêt l’éducation, condition essentielle si l’on veut favoriser l’émergence d’une culture du respect et de la tolérance compatible avec la sauvegarde des droits fondamentaux. La création de l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes s’inscrit dans la volonté du Conseil et de l’Union en général de se doter des outils nécessaires à la lutte contre les différentes formes d’intolérance.

Le travail de mémoire avec les jeunes - j’ai bien lu le paragraphe qui concerne les livres d’histoire et l’enseignement de l’histoire qu’il faut promouvoir à l’échelle européenne - est une initiative européenne qu’il faut absolument soutenir, la présidence s’y emploiera.

(Applaudissements)

 
  
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  Frattini, vice-président de la Commission. - (EN) Monsieur le Président, la Commission est pleinement consciente que la lutte contre le racisme et la xénophobie n’est pas finie face à la recrudescence de l’antisémitisme, de la xénophobie et d’actes ouvertement racistes. Cette recrudescence nous inquiète tous beaucoup.

En de multiples occasions, les institutions européennes ont réaffirmé leur engagement pour la défense des droits de l’homme et ont condamné toutes les formes d’intolérance, de racisme, de xénophobie et d’antisémitisme, qui représentent des violations flagrantes des principes de la liberté, de la démocratie, du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que de l’État de droit. Ces principes constituent les fondements de l’Union européenne et sont partagés par les États membres.

La Commission prend des mesures contre le racisme, la xénophobie ainsi que la discrimination raciale et religieuse au moyen d’une large palette de programmes et d’initiatives, allant de politiques antidiscrimination, pour la justice et les droits de l’homme, aux programmes d’éducation et de recherche. La Commission a l’intention de poursuivre et de renforcer ses efforts dans la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme. En particulier, la Commission a appelé à plusieurs reprises les États membres et le Conseil à adopter la décision-cadre relative à la lutte contre le racisme et la xénophobie, qu’elle a proposée en novembre 2001. Selon cette proposition, les États membres devraient veiller à ce que tout comportement raciste et xénophobe puisse être puni. En outre, elle prévoirait une harmonisation approximative des sanctions pénales à l’échelle européenne. Cette proposition améliorerait également la coopération judiciaire entre les États membres, permettant dès lors d’engager plus facilement des poursuites judiciaires contre les auteurs de tels actes. La Commission estime que l’adoption de ce texte fournirait à l’Europe le cadre juridique dont elle a besoin pour lutter efficacement contre le fléau du racisme et de l’antisémitisme. Nous espérons, en plein accord avec la présidence luxembourgeoise, reprendre les pourparlers sur cette proposition dans les prochaines semaines.

Enfin, je voudrais attirer votre attention sur le fait que la Commission a lancé dernièrement son appel à propositions annuel pour la commémoration des victimes des camps de concentration. Cette initiative vise à sensibiliser les citoyens, en particulier ceux de la dernière génération, aux atrocités commises dans ces camps.

 
  
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  Klamt (PPE-DE), au nom du groupe du PPE-DE. - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire Frattini, chers membres du Conseil, il y a plus de 50 ans, l’idée de paix pour les habitants d’un continent ravagé par deux guerres mondiales a constitué la seule motivation des pères fondateurs de cette Union européenne qui est la nôtre - des hommes comme Schuman, Monnet et Adenauer, et je voudrais qu’ils puissent être ici, parmi nous, en cet instant précis, alors que les députés de 25 États membres commémorent les personnes libérées il y a 60 ans de ce camp de la mort construit par les Allemands nazis à Auschwitz-Birkenau. Aujourd’hui, nous commémorons tous les Juifs, les Roms, les homosexuels, les Polonais et les personnes d’autres nationalités qui ont été assassinés là-bas et dans d’autres camps.

Prenant aujourd’hui la parole en tant que députée européenne de nationalité allemande, je suis pleinement consciente des actes commis par les Allemands au nom de mon peuple il y a plus de 60 ans. J’assume la responsabilité qui incombe à mes concitoyens et à ma génération à la suite de ces actes. Nous rassembler aujourd’hui afin de commémorer les souffrances, nous rassembler pour dire qu’il ne faut pas oublier - pas seulement les camps de concentration et d’extermination, mais également les crimes qui y ont été commis - rien que cela peut permettre de mettre en garde les générations futures contre la nature du génocide, qui se nourrit du mépris de l’autre, de la haine, de l’antisémitisme, du racisme et du totalitarisme.

Nous, les représentants des citoyens de cette Union européenne unie, nous unissons pour condamner toute forme d’intolérance et d’incitation à la haine raciale, en particulier tous les actes et manifestations antisémites, de même que tous les actes de violence motivés par la haine ou l’intolérance vis-à-vis d’autres religions ou races. De même, nous condamnons toutes les agressions dirigées contre les lieux de culte, les sites religieux ou les sanctuaires appartenant à des Juifs, à des chrétiens, à des musulmans ou à d’autres confessions, ainsi que tous les actes de violence perpétrés contre les minorités.

Dès lors, nous devons tous nous attacher à promouvoir la coopération et le dialogue entre les divers groupes constituant la société, en dénonçant courageusement et publiquement l’intolérance, la discrimination et le racisme. Nous ne devons ni oublier ni refouler notre passé, ni aujourd’hui ni demain. Nos pères fondateurs ont affronté l’histoire qui était la leur et qui est la nôtre. Ils se sont réunis en groupe restreint dans le but de créer une Europe qui serait pacifique, libre, démocratique et sûre. C’est à nous qu’il revient aujourd’hui, mais en plus grand nombre, de continuer à œuvrer à cette tâche responsable. Montrons-nous en dignes, aptes à faire en sorte que ce continent vive un XXIe siècle dans la paix et la diversité; pour et avec les générations actuelles et futures, et en pensant à ceux qui n’ont pas eu la chance de connaître une Europe pacifique.

(Applaudissements)

 
  
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  Ford (PSE), au nom du groupe PSE. - (EN) Monsieur le Président, le Parlement commémore aujourd’hui et demain le 60e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Une polémique a vu le jour dans cette Assemblée au sujet de la situation géographique et de la nationalité des responsables. Les principaux protagonistes étaient des nazis allemands, dont l’idéologie raciale considérait les Juifs comme des personnes malfaisantes, une race inférieure qui devait être exterminée, en fondant leur raisonnement sur une eugénique pervertie présentant de grossières lacunes. Malheureusement, on rencontre encore aujourd’hui des adeptes de cette idéologie révoltante.

Les nazis allemands ont été aidés et soutenus par les personnes, de toutes races et nationalités, qui ont participé activement à cette extermination et par ceux qui se sont tus et ont permis le déroulement de ces atrocités. Pourtant, aucune nation en Europe n’était entièrement innocente ni entièrement coupable. En Grande-Bretagne, seules les îles Anglo-Normandes ont été occupées par les nazis, mais les Britanniques au pouvoir là-bas ont recensé les Juifs de ces îles, ont apposé un «J» sur leur passeport et ont fait preuve d’une redoutable efficacité pour organiser leur transport vers Auschwitz, où ils étaient tous assassinés, sans exception. Tout cela s’est passé après que le gouvernement britannique de l’époque a interdit à quelques-uns de ces mêmes Juifs de fuir vers le Royaume-Uni pour rester en vie, parce qu’ils étaient considérés comme des étrangers hostiles. N’oublions pas non plus le Britisches Freikorps composé de dupes, de déserteurs et de fascistes qui se sont battus aux côtés des nazis sur le front Est.

Toutefois, le but de ce débat n’est pas de parler du passé. Il concerne l’avenir. En début de semaine, j’ai assisté à un événement organisé à Londres par la Fondation d’Anne Frank au Royaume-Uni, au cours duquel 50 survivants de l’Holocauste ont relaté ce qu’ils ont vécu. Ces personnes n’exigeaient pas que l’on fasse davantage, et mieux, référence à l’histoire, elles ne polémiquaient pas sur la nationalité ou l’origine des personnes qui les avaient capturées et de leurs gardes. Rien de tout cela. Elles ont simplement été rejointes par des survivants du Kosovo et du Rwanda pour demander «plus jamais ça». Malheureusement, la phase d’oubli a commencé. L’un de nos condisciples, M. Le Pen, a récemment déclaré que l’occupation de la France par les nazis n’avait pas été particulièrement inhumaine, et ce en dépit des 73 000 Juifs qui ont perdu la vie dans le camp de concentration de Struthof en France.

Le prince Harry a affiché sa lamentable ignorance de l’histoire - du moins espérons-le - en trouvant amusant de se déguiser en soldat nazi lors d’une soirée costumée. La meilleure chose que nous puissions faire aujourd’hui, et lors du vote de demain, en souvenir des victimes, c’est intensifier la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, la xénophobie et l’islamophobie. La Commission, le commissaire Frattini en particulier, et le Conseil devraient se pencher sur la meilleure façon d’imposer la directive-cadre bienvenue contre le racisme et la xénophobie.

Nous devons réfléchir à la nécessité d’une nouvelle législation contre les actes motivés par la haine raciale et envisager éventuellement la prise de mesures au niveau européen pour traiter le problème de l’affichage d’insignes nazis en public. L’on nous a vanté en de multiples occasions le travail de l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes. Peut-être faudrait-il à nouveau envisager de déclasser cet observatoire en lui assignant des tâches nettement plus générales de surveillance des droits de l’homme.

Pour terminer, nous devrions examiner la façon dont nous pouvons sensibiliser au niveau européen la dernière génération aux horreurs de l’extermination de la race juive par les nazis, aux Roms, aux handicapés mentaux et aux antifascistes démocrates-chrétiens et libéraux, socialistes et communistes qui ont été assassinés dans les camps de concentration.

(Applaudissements)

 
  
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  Ludford (ALDE), au nom du groupe ALDE. - (EN) Monsieur le Président, je tiens à rendre hommage à Simone Veil, ancienne chef de file du groupe libéral et ancienne présidente de ce Parlement. Je suis ravie que l’Union européenne soit à l’origine de la première commémoration de l’Holocauste par l’Assemblée générale des Nations unies cette semaine. Mon collègue M. Geremek y était présent en tant que représentant de la Pologne et, comme il l’a déclaré, c’est le camp d’Auschwitz construit par l’Allemagne hitlérienne en territoire polonais occupé qui est devenu le symbole des crimes perpétrés par les nazis. Ceux qui oublient leur histoire sont condamnés à la répéter; il est urgent que nous combattions l’antisémitisme, de même que les préjugés raciaux et religieux, 60 ans après ce terrible événement.

Nous devons tirer les leçons de l’Holocauste: la manière dont le nazisme s’est implanté, l’attrait insidieux de son idéologie, la collusion de nombreuses personnes respectables en apparence. Si nous comprenons la manière dont Hitler a persuadé les Allemands du XXe siècle d’adhérer à ses doctrines du mal, de rejeter la faute sur les autres, de mépriser et de déshumaniser Juifs, Roms, habitants d’Europe de l’Est, homosexuels, etc., nous serons mieux armés pour lutter contre ceux qui, au XXIe siècle en Europe, profanent les tombes juives ou tabassent des Juifs, expulsent les Roms, dessinent des graffitis sur les mosquées ou, tout simplement, sont hostiles aux étrangers ou aux immigrés.

Nous rendons hommage à toutes les victimes de l’Holocauste. Il n’y a pas de souffrance pire qu’une autre. Toutefois, si vous le permettez, je mentionnerai simplement que le génocide des Roms, à l’instar de celui des Juifs, mérite d’être pleinement reconnu.

Dire que le nazisme était, et est, un virus - pouvant être attrapé par quiconque - ne diminue en rien la responsabilité allemande. L’oncle de la reine Elizabeth II l’a attrapé et son petit-fils a été suffisamment stupide et mal informé que pour porter un déguisement avec la croix gammée lors d’une soirée - apparemment, il était sensé représenter Rommel. L’ignorance du prince Harry était choquante; mais malheureusement, il est loin d’être un cas isolé. C’est la raison pour laquelle il est essentiel de prévoir un cours sur l’Holocauste dans tous les programmes scolaires. La majorité des jeunes élèves britanniques n’ont jamais entendu parler de l’Holocauste.

J’apprécie les raisons justifiant l’interdiction du svastika en Allemagne, mais je ne pense pas qu’étendre cette interdiction à l’ensemble de l’Europe aurait un quelconque effet positif. Il serait beaucoup plus efficace de relancer les discussions paralysées sur un instrument législatif européen selon lequel toute incitation à la haine raciale et religieuse constitue une infraction pénale. C’est la substance - et non les symboles - du racisme qui doit être notre objectif premier. Le ministre luxembourgeois de la justice a pris la semaine passée un engagement devant la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, en déclarant qu’il remettrait cette question à l’ordre du jour du Conseil. Nous le prenons au mot. Je pense que l’opinion publique serait derrière nous. Au Royaume-Uni, 60% de la population sont favorables à une telle loi.

Je suis très contente que six groupes soutiennent notre résolution. Tous les Européens doivent faire front ensemble, avec détermination, pour éradiquer l’antisémitisme et le racisme.

Enfin, il serait bienvenu que la présidence propose à tous les gouvernements que le 27 janvier devienne la journée européenne de commémoration de l’Holocauste dans l’ensemble de l’Union; c’est déjà le cas dans certains États membres, mais pas dans tous. C’est ce qu’une déclaration écrite de ce Parlement proposait il y a cinq ans, suggestion également soutenue par le Congrès juif mondial. Je demanderais à la présidence de mettre l’accent sur ce point lors de réunions avec des collègues.

 
  
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  Kallenbach (Verts/ALE), au nom du groupe des Verts/ALE. - (DE) Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, Monsieur Schmit, Mesdames et Messieurs, mon groupe se félicite de cette résolution et espère qu’elle sera adoptée par les députés de cette Assemblée à une majorité écrasante, lançant par là même le bon message au bon moment.

Elle doit être considérée par toutes les personnes qui tiennent à la démocratie comme un appel à l’action contre ceux qui - en Europe et ailleurs - cherchent, même après 60 ans, à minimiser les actes barbares commis sous le régime national-socialiste ou vont même jusqu’à nier leur réalité. Le fait que des personnes puissent élaborer un programme de parti fondé sur la classification des individus selon leur origine, leur religion, leurs convictions politiques ou leur orientation sexuelle, et parviennent encore à se faire élire, doit nous pousser à agir. Malheureusement, même ce Parlement n’a pas été épargné par les tenants de cette démarche. Par conséquent, une position ferme du Parlement s’impose, condamnant sans condition toute intolérance, toute incitation à la haine raciale et tout acte antisémite, quelle que soit leur forme qu’il prend. Il faut encore et toujours tuer ce genre de choses dans l’œuf.

Faisons pression ensemble pour que du matériel pédagogique soit mis à la disposition des jeunes, pour que les programmes d’échange et les visites de monuments à la mémoire des victimes de l’Holocauste deviennent des éléments obligatoires des programmes scolaires et universitaires. Peut-être les jeunes parviendront-ils à briser les murs dans la tête de leurs grands-parents, qui sont bien entendu incapables de le faire eux-mêmes. De même, discutons ensemble de moyens de contrecarrer les tendances nationalistes présentes dans cette Assemblée. Je voudrais savoir combien de temps encore nous devrons tolérer en silence ces drapeaux nationaux, qui manifestent délibérément un sentiment anti-européen.

Je souhaiterais également attirer votre attention sur un événement qui s’est produit la semaine dernière, que je juge inacceptable et qui m’affecte particulièrement, vu qu’il a eu lieu dans mon pays. Je pense à l’attitude de députés de Saxe membres du parti national-démocrate. Ces messieurs, que je considère comme des loups déguisés en agneaux, ont refusé de prendre part à une minute de silence en souvenir des victimes du nazisme. Pis encore, ils ont souillé leur mémoire en accusant les Alliés d’être des assassins de masse, justifiant cette accusation par les raids aériens sur Dresde en 1945, qu’ils ont qualifiés d’«holocauste par les bombes». C’est une honte, et pas seulement pour la Saxe ou l’Allemagne.

Je pense que cet événement prouve que la Saxe et l’Allemagne ont besoin d’un signal clair de l’Europe affirmant que ce genre de réflexion est intolérable et doit être mis hors la loi. C’est pourquoi notre groupe se félicite particulièrement de l’intention de la présidence du Conseil, dont elle nous a fait part, de relancer les discussions sur une résolution-cadre pour la lutte contre le racisme et la xénophobie - lesquelles s’étaient enlisées - et de faire pression pour que l’incitation à la haine soit interdite au niveau européen.

C’est avec plaisir que j’ai écouté ce que vous aviez à dire, Monsieur Frattini, et vous, Monsieur Schmit, comme vous êtes manifestement déterminés à réaliser des progrès dans ce domaine.

Si l’on autorise les citoyens à continuer de tenir des propos incendiaires, il ne faut pas non plus qu’ils reçoivent une tribune sûre sous le couvert du dédommagement. C’est intolérable. Je demande que nous lancions un message demain en observant une minute de silence. Je suppose que le Bureau a déjà pris des dispositions à cet égard, toutefois, je n’en trouve malheureusement aucune trace dans l’ordre du jour.

 
  
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  Catania (GUE/NGL), au nom du groupe GUE/NGL. - (IT) Monsieur le Président, Monsieur Frattini, Monsieur Schmit, Mesdames et Messieurs, la pitié y fut enterrée, les valeurs suprêmes de l’humanité également, et Dieu s’éteignit derrière cette porte de fer. Les symboles de la barbarie nazie et le délire de persécution destructeur atteignirent leur paroxysme dans les camps de la mort et c’est là que le crime le plus odieux du XXe siècle fut perpétré. Auschwitz représente à la fois le temps et l’espace, la géographie et l’histoire de la terreur, de la barbarie et de la folie meurtrières, un tourment de haine sans pitié ravageant la nation qui donna naissance aux lumières et au positivisme, dans une Europe totalement désorientée.

La folie des camps de concentration a été générée par une rationalité sans pitié, une idée perverse d’un monde qui devait éliminer des cultures critiques, établir la généralisation au rang de priorité et voir la diversité comme le principal ennemi. La journée de commémoration ne doit pas être une simple commémoration; elle ne doit pas devenir seulement une commémoration rhétorique d’un événement monstrueux; elle ne peut se résumer seulement à l’image du soldat qui découvrit les horreurs d’Auschwitz. Ce jour-là a été posée la première pierre d’une Europe pacifique, d’une entité politique censée bannir le mot «guerre», ses racines, et tout le reste.

Nous avons bien avancé, mais la route est encore longue dans une Europe qui doit maintenant s’exprimer de manière claire et décisive contre la guerre et qui est souvent frappée de mutisme, alors que l’homme de notre époque reste, pour citer un grand poète, «celui de la pierre et de la fronde»; il continue de tuer au moyen de la science exacte utilisée au profit de la destruction massive. Se souvenir ne suffit pas, mais nous devons nous employer avec la même énergie et la même détermination à condamner les élans antisémites, racistes et islamophobes violents. Nous devons bloquer par des moyens efficaces et officiels la propagation de la discrimination de genre ainsi que de la discrimination sexuelle et ethnique.

Le monde tout entier, ainsi que l’Europe, est parcouru de virus contagieux, qui se répandent accompagnés d’idées de guerre préventive et permanente, en d’autres termes, le dogme du choc des civilisations et des nouvelles croisades contre les infidèles. Auschwitz n’est pas seulement un endroit enfoui dans la mémoire de l’historiographie du nazisme; Auschwitz nous fait également craindre et redouter ce que l’avenir nous réserve.

 
  
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  Pęk (IND/DEM), au nom du groupe IND/DEM. - (PL) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je ne peux laisser passer une nouvelle attaque contre le drapeau polonais. Ainsi, je donnerai une réponse honnête et directe. Les drapeaux polonais seront maintenus dans cet hémicycle tant qu’ils flotteront au-dessus du président du Parlement européen, conformément au droit européen.

Personne ne doit douter, jamais, de la nécessité de condamner l’Holocauste, crime sans précédent. Toutefois, au nom des députés polonais, je voudrais souligner que notre réaction à la résolution commune du Parlement sur le camp de concentration d’Auschwitz ne semble pas avoir été comprise correctement par les médias et l’opinion publique occidentaux. Ainsi, je souhaiterais attirer votre attention sur quelques points.

La presse européenne, et la presse anglophone en particulier, cite régulièrement depuis de nombreuses années les soi-disant camps de concentration polonais, tels qu’Auschwitz, Treblinka, Majdanek et Sobibór. Il s’agit d’une terrible déformation des faits historiques. En effet, il devrait être question des camps de concentration allemands situés en territoire polonais occupé par les Allemands, et pas de camps de concentration polonais. Je voudrais juste citer un seul exemple afin d’illustrer clairement mes propos. En France, à 50 km de Strasbourg, les Allemands ont construit le camp de concentration de Struthof, pas loin de la ville de Schirmeck. Or, il n’a jamais été question du camp de concentration français de Stutthof, mais bien d’un camp de concentration allemand en territoire français. Aucun être sensé ne penserait à qualifier le camp de Guantanamo de camp cubain. Les termes utilisés par M. Schulz dans la version originale de la résolution, je cite: «le camp d’extermination d’Auschwitz en Pologne», laissaient presque entendre qu’il aurait pu s’agir d’un camp de concentration polonais. Par conséquent, notre indignation et notre colère ne devraient en aucun cas vous surprendre, puisque des faits historiques sont déformés intentionnellement.

Deuxièmement, la résolution commune de compromis considère uniquement les nazis hitlériens comme les auteurs de tous ces crimes. Or, je ferai remarquer que Hitler a été élu démocratiquement par la grande majorité des Allemands. Le national-socialisme ne leur a pas été imposé…

(Le président retire la parole à l’orateur)

 
  
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  Le Président. - Il est évident que le débat aborde des sujets qui suscitent de vives émotions. Toutefois, je demanderai à tous les députés de ne pas profiter de la situation pour enfreindre le règlement du Parlement. À cet égard, je vous rappellerai que, indépendamment de toute considération politique, le Bureau a examiné le règlement, aidé en cela par le service juridique, et n’a trouvé aucun élément qui imposerait d’interdire la fixation de drapeaux sur les sièges de l’hémicycle. C’est pourquoi quiconque souhaitant faire valoir une telle opinion politique devrait en premier lieu parvenir à faire amender le règlement du Parlement. Compte tenu de ces éléments, j’estime inutile de débattre de cette question.

 
  
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  Muscardini (UEN), au nom du groupe UEN. - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, il est inquiétant de remarquer que, en dépit de la tragédie épouvantable qui a frappé les Juifs et, par voie de conséquence, l’humanité tout entière au cours du siècle dernier, des sentiments racistes et antisémites sont encore exprimés en Europe et ailleurs. Ces dernières années, nous avons même pu observer l’expression d’idées préconçues contre Israël au sein de ce Parlement, positions qui n’ont d’ailleurs certainement pas contribué à l’instauration de la paix au Proche-Orient ni à la capacité de l’Europe à prouver qu’elle est plus apte ou mieux disposée à adopter une position commune contre le terrorisme et la violence.

La connaissance des massacres et des tragédies qui ont frappé l’humanité au cours de l’histoire récente et la lutte visant à empêcher la répétition d’actes de nature similaire figurent parmi les valeurs fondatrices de l’Union européenne, qui est née de la prise de conscience du fait que la paix, la démocratie et le respect des autres sont des principes qui ne vont pas nécessairement de soi, mais qui, au contraire, doivent être réaffirmés chaque jour.

La participation des présidents des groupes politiques du Parlement européen à la cérémonie de commémoration du 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz - à laquelle j’ai assisté en 1999, accompagné de l’actuel ministre italien des affaires étrangères, M. Fini - prend une signification toute particulière aujourd’hui parce qu’elle incarne l’unité et la volonté des citoyens européens, non seulement, de condamner l’Holocauste, mais également de poursuivre la lutte contre l’injustice, la violence et la discrimination, toujours présentes en Europe et aux quatre coins de la planète.

Néanmoins, tandis que nous insistons une nouvelle fois sur notre condamnation de cette tragédie passée, nous devons également nous montrer préoccupés à l’annonce de manifestations antisémites en Russie et dans plusieurs pays européens. Ceux qui n’ont toujours pas compris qu’il était nécessaire de s’engager sans condition dans la lutte contre tout ce qui justifie ostensiblement ou subrepticement ou va même jusqu’à ne pas condamner les actes d’intolérance, de racisme et d’antisémitisme, ne se rendent pas compte à quel point ils ignorent l’histoire et qu’ils sont en train de creuser un gouffre dont ils ne pourront plus sortir ensuite.

 
  
  

PRÉSIDENCE DE M. ONESTA
Vice-président

 
  
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  Claeys (NI). - (NL) Nous débattons d’une résolution sur le souvenir de l’Holocauste, l’antisémitisme et le racisme. L’on aurait pu s’attendre à un texte rendant hommage aux victimes de l’Holocauste et lançant, en toute sérénité, un appel à ne jamais oublier ce chapitre atroce de l’histoire européenne pour que cela ne se reproduise plus. Mon parti, le Vlaams Belang, aurait naturellement accepté une résolution allant en ce sens, tout comme 99% des députés européens, mais la résolution qui se trouve sous nos yeux n’a pas été conçue dans cet esprit. Les horreurs commises lors de la Seconde Guerre mondiale ont toutes été honteusement jetées sur un tas, aux côtés, je cite, de la montée des partis extrémistes et xénophobes et de l’accueil favorable de leurs idées dans une partie de l’opinion. Le paragraphe 5 de la résolution plaide littéralement pour que la lutte actuelle contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme soit située dans le contexte de la Shoah dans l’enseignement.

Mon parti, le Vlaams Belang, n’est ni extrémiste ni xénophobe. Toutefois, la terminologie standard politiquement correcte va totalement à l’encontre des partis politiques démocratiques actuels qui s’attachent à promouvoir le maintien de l’identité nationale. Les groupes politiques traditionnels souhaitent tout simplement diaboliser des concurrents dangereux et de plus en plus nombreux aux dépens des victimes de l’Holocauste. Cette façon d’agir représente non seulement une insulte pour des millions d’électeurs européens, mais, pire encore, ces jeux politiques mesquins banalisent les atrocités des régimes totalitaires, du national-socialisme y compris. Un autre point inquiétant est la demande, je cite, pour que soit mise hors la loi l’incitation à la haine raciale et religieuse sur tout le territoire de l’UE, non sans préserver la légitime liberté de parole. Selon les groupes traditionnels, il existe apparemment quelque chose ressemblant à une liberté de parole illégitime qu’il faut empêcher à tout prix. Ils semblent oublier que la liberté de parole existe seulement si les opposants politiques peuvent également en bénéficier. Des aberrations de ce genre n’étonnent pas lorsque l’on sait que cette résolution a été déposée par le groupe communiste.

 
  
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  Sonik (PPE-DE). - (PL) Le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau a été libéré il y a 60 ans. Auschwitz ne fut pas le seul camp de la mort construit par le IIIe Reich d’Hitler en territoire polonais conquis et occupé, mais ce fut la plus grande usine de la mort de toute l’histoire de l’humanité. Un million et demi de personnes furent exterminées à Auschwitz à une échelle industrielle, en ayant recours à des procédés mécaniques. Cent cinquante mille Polonais furent déportés à Auschwitz, dont la moitié furent tués. Quinze mille prisonniers de guerre russes furent également assassinés à Auschwitz, où périrent aussi des Tchèques, des Bélarussiens, des Français, des Slovènes, des Ukrainiens, des Lettons, des Néerlandais et même des Chinois. Même deux mille Allemands figuraient parmi les prisonniers. Les Roms étaient destinés à une mort certaine, 20 000 d’entre eux furent tués. Cependant, la très grande majorité des victimes étaient des Juifs, dont un million perdirent la vie à Auschwitz. Ce chiffre englobe des personnes âgées, des jeunes, des femmes et des enfants. L’horreur même de l’Holocauste réside non seulement dans l’ampleur énorme du crime, mais également dans le fait que tous les Juifs, peu importe qui ils étaient, ce en quoi ils croyaient, ce qu’ils faisaient ou le pays dont ils étaient originaires - et même ceux qui n’étaient pas encore nés - furent condamnés à être exterminés par Hitler et les nazis allemands.

Le fait que cette Assemblée ait reconnu l’importance de se souvenir de ce crime est d’une importance capitale. Soixante années ont passé depuis la libération d’Auschwitz. Il ne s’agit pas seulement d’une date arbitraire, étant donné que de moins en moins de témoins sont parmi nous. La mémoire vivante touche à sa fin, tandis que l’histoire commence. L’obligation de dire la vérité sur cette tragédie revient à ceux d’entre nous qui sont en vie et qui ont eu la chance incommensurable de naître plus tard. Nous le devons aux millions de personnes qui ont été exterminées.

L’acte fondateur du Centre international d’enseignement sur Auschwitz et l’Holocauste sera lu demain devant les portes d’Auschwitz. Ce centre est né de l’initiative du musée d’Auschwitz-Birkenau, avec le soutien du Conseil international d’Auschwitz, dont le directeur Władysław Bartoszewski fut lui-même emprisonné à Auschwitz. Il a déclaré, je cite: «Bientôt, nous céderons notre fardeau aux historiens, aux spécialistes et aux enseignants. C’est pourquoi nous nous tournons vers eux et leur demandons de partager la mémoire des victimes d’Auschwitz et de l’Holocauste, d’approfondir la compréhension des mécanismes de la haine et du mépris et de promouvoir le dialogue et la coopération afin d’empêcher de tels mécanismes d’entrer en jeu». Nous, responsables politiques, avons un devoir particulier à remplir: veiller à ce que nous n’interprétions pas les faits historiques afin de servir divers intérêts politiques. Même si l’on peut trouver de nobles raisons pour justifier cette démarche, oublier ou déformer l’histoire ne nous aidera pas à instaurer une compréhension ou une paix durable. Le fondement le plus solide de la réconciliation des nations est l’humilité devant la vérité historique, c’est en effet le seul moyen d’atteindre le pardon.

Nous ne pouvons pas changer la nature tragique de l’histoire, mais elle peut quand même servir d’avertissement pour le reste de la planète. Je respecte les propos tenus aujourd’hui par M. Schulz. Néanmoins, étant donné que les députés polonais de cette Assemblée et le parti populaire européen soutiennent l’adoption d’une résolution commune demain par ce Parlement, je vous demanderai, Monsieur Schulz, d’accepter de changer de position, pour que votre parti et vous-même puissiez voter en faveur de ce que nous souhaitions à l’origine, à savoir une déclaration claire selon laquelle les nazis étaient des nazis allemands.

 
  
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  Roure (PSE). - Monsieur le Président, le plus tristement célèbre des camps de concentration organisés par Hitler, Auschwitz, est officiellement ouvert le 14 juin 1940. Il est alors destiné aux prisonniers politiques polonais que les nazis souhaitent traiter avec une dureté toute particulière. À la tête du camp, un ancien criminel de droit commun qui se vantera, en 1946, d’avoir exterminé trois millions de personnes. Il fera passer à la chambre à gaz jusqu’à 6 000 victimes par jour à partir de 1942, essentiellement des Juifs venus de tous les coins d’Europe.

Dès l’arrivée, on trie et on élimine ceux qui sont trop faibles pour travailler. Les autres sont utilisés jusqu’à épuisement total. Au cours de l’été 1944, les nazis recourent à la fusillade massive pour liquider davantage de Juifs. Des prisonniers de guerre russes sont également exterminés à Auschwitz, des Roms, des homosexuels, des handicapés, des résistants antifascistes. C’est Auschwitz encore qui fournira des sujets pour les expériences sur des êtres vivants. Une extension du camp située à Birkenau fut spécialement affectée à l’extermination des Juifs. Les crématoires brûlaient plus de 20 000 cadavres par jour. C’est là que fut éliminée la plus grande partie des Juifs amenés de l’Europe occidentale et balkanique. C’est ainsi que disparaîtra la plus grande partie des Juifs d’Europe orientale, et notamment près de trois millions de Juifs polonais. En même temps qu’eux, fut anéanti un univers de traditions et de culture désormais évanoui.

Ce génocide est, dans tous les cas, fondamentalement lié à l’antisémitisme et de façon plus large au racisme nazi. La vision hitlérienne du monde en particulier fut d’une importance capitale fondée comme elle l’était sur l’obsession de la pureté de la race. Le racisme d’Hitler était dès le départ porteur de génocide. À côté des Juifs, d’autres peuples, comme les Tziganes et les Slaves, furent exposés aux effets meurtriers de ce racisme. Pour Hitler, ils méritaient tous la mort.

C’est en février 1940 que le gaz mortel Zyclon B fut testé sur 250 enfants roms, puis commencèrent l’agonie massive, la faim, le froid, le travail exténuant, les maladies, les brutalités, les expérimentations pseudomédicales; 4 000 derniers Tziganes sont gazés et brûlés le 1er août 1944 pour céder la place à de nouveaux déportés.

N’en finira-t-on jamais avec l’antisémitisme, le racisme, la xénophobie? Sans doute ne disparaîtront-ils que le jour où toutes les familles humaines, fidèles à leur culture, à leurs traditions, se rencontreront au sein d’une communauté universelle. Les Juifs ont beaucoup souffert et souffrent encore, les minorités sont souvent opprimées et portent beaucoup trop de souffrances. Lutter contre l’antisémitisme, contre le racisme, ce n’est donc pas se battre pour les Juifs, ce n’est pas se battre pour les minorités, c’est se battre pour l’humanité.

 
  
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  Lambert (Verts/ALE). - (EN) Monsieur le Président, à l’instar de nombreux autres députés européens ce soir, je me félicite de cette résolution sur cet anniversaire extrêmement important. Comme d’autres l’ont déclaré, le risque que le souvenir des atrocités réellement commises dans les camps de concentration et d’extermination s’estompe est bien réel. Il faut également mentionner que nous commémorerons aussi en fin d’année les effets des armes nucléaires.

Ces événements ne doivent pas seulement être envisagés en termes de souvenir ou même d’enseignement. Comme le dit la résolution, nous ne devons pas seulement les considérer comme des événements historiques, mais aussi comme des risques très réels et concrets, ce qu’ils sont d’après moi. Des mouvements politiques qui, outre le fait qu’ils sont extrémistes et reposent sur des convictions, se fondent également sur un certain sentiment de supériorité ou sur leur désir d’être supérieurs, représentent une combinaison dangereuse pour nous tous.

Comme d’autres, je me félicite de l’intention exprimée par la Commission et la présidence luxembourgeoise de relancer les négociations sur la proposition de décision-cadre sur le racisme et la xénophobie, car il s’agit d’une question qui a besoin d’une réponse politique.

Je suis très satisfaite de voir que la résolution aborde le rôle des médias, à savoir la contribution tant positive que négative des informations qu’ils diffusent, susceptibles soit d’engendrer la haine, soit d’expliquer la différence de manière positive. Lorsque l’on s’attarde sur la manière dont certains médias britanniques, par exemple, ont commenté la situation désespérée des Juifs fuyant l’Allemagne nazie et cherchant refuge au Royaume-Uni, nous entendons des phrases du style «nous en avons assez», «d’autres personnes devraient faire plus», «nous devrions mieux répartir la tâche», comme nous le dirions en langage moderne je suppose. Cette couverture par les journaux était en grande partie hostile: elle diffamait les Juifs, à vrai dire, elle les traitait comme des sous-hommes. Lorsque nous regardons la manière dont certains de ces mêmes journaux ont dépeint les Roms avant l’adhésion des nouveaux États membres l’année passée, ainsi que la manière implacable dont ils ont pris pour cible les demandeurs d’asile, nous comprenons que ces idées n’ont pas disparu.

Les responsables politiques ont également un rôle majeur à jouer dans la promotion de la compréhension et du respect des différentes religions et races. Cela ne veut pas dire contourner les obstacles, mais si nous sommes sérieux lorsque nous disons «plus jamais» aux atrocités de l’Holocauste, nous devons, en tant qu’hommes et femmes politiques, nous prononcer en faveur de politiques antidiscrimination fermes et lutter contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et la haine religieuse, au lieu d’accepter que nos politiques cèdent à ces phénomènes.

Cette résolution prouve que nous croyons en un avenir serein et que nous, les députés de ce Parlement, avons le privilège et la possibilité en tant qu’hommes et femmes politiques de contribuer à façonner l’avenir de manière positive et constructive.

 
  
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  Schulz (PSE). - (DE) Monsieur le Président, mes déclarations ont suscité un grand nombre de réactions de la part de nombreux députés de cette Assemblée et, par conséquent, je vous demanderai de comprendre ce qui me pousse à demander la parole pour une motion de procédure.

La raison pour laquelle un certain nombre de députés ont du mal à accepter ce texte est qu’ils pensent que je ne souhaite pas, en tant que l’un des auteurs, qu’y figurent les termes de «nazis allemands». C’est faux; ils n’étaient pas non plus présents dans le texte initial. Toutefois, je tiens à dire à M. Sonik que si ces termes nous permettaient d’offrir demain aux victimes une commémoration digne, je recommanderais à mes collègues de les insérer, car il est question d’un camp de concentration dirigé par des nazis allemands.

 
  
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  Τriantaphyllides (GUE/NGL). - (EL) Monsieur le Président, demain marquera le 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Lors de telles journées, nous sommes invités chaque année à honorer le combat et la résistance des millions de personnes dont chaque différence, de quelque nature que ce soit, a justifié leur extermination. Cependant, Auschwitz et Dachau ne doivent pas rester un chapitre mort de notre histoire; bien au contraire, ces camps devraient, surtout à notre époque, nous rappeler sans cesse l’ampleur de la tragédie que seul l’homme est capable de mettre en œuvre, lorsqu’il est mu par le fanatisme idéologique, le racisme et la xénophobie.

Nous devons garder de ce triste chapitre de l’histoire de l’humanité un souvenir vivace, nous le devons à ceux qui ont été sacrifiés et à ceux qui se révolteront et se battront contre toutes les formes de politique expansionniste, de contrainte et de domination du monde. Alors que nous rendons aujourd’hui hommage à toutes les victimes du nazisme et de tout autre mouvement raciste extrémiste, nous devons exiger que soient interdites toutes les formes de symboles nazis et fascistes et poursuivre la lutte, afin que ceux-ci et leurs partisans disparaissent une fois pour toutes de la réalité moderne.

 
  
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  La Russa (UEN). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je ferai référence à un amendement que j’ai déposé à cette résolution. L’Europe jette aujourd’hui les bases d’un climat de paix et de tolérance plus grandes. Le fait que nous déclarions le 27 janvier journée européenne de commémoration de l’Holocauste afin d’inciter les citoyens à s’y intéresser montre que nous sommes fermement résolus à surmonter et à combattre toutes les manifestations d’intolérance et de racisme, initiative à laquelle je ne peux qu’adhérer.

Cependant, lorsque nous pensons à la journée de commémoration de l’Holocauste, nous ne pouvons et ne devons pas oublier d’autres holocaustes, que nous devons condamner tout autant. Ceux-ci sont peut-être moins connus, mais ne sont certainement pas moins graves au regard des crimes commis contre l’humanité. C’est la raison pour laquelle je réitère mon soutien entier, sans réserve, au document dont il est débattu, qui déplore toute forme de racisme ou de xénophobie et, en règle générale, toute forme de persécution pour des raisons ethniques ou religieuses, et condamne également les événements qui représentent l’une des plus grandes tragédies de toute l’histoire de l’humanité: l’Holocauste.

Je pense qu’il n’est que normal que le Parlement nous rappelle que, outre les Juifs, il ne faut pas non plus oublier d’autres peuples et minorités ethniques qui ont été victimes de génocides et de persécutions, comme c’est malheureusement souvent le cas. Ainsi, mon amendement demande que la résolution mentionne également les Arméniens et les Kurdes, les Italiens massacrés par le maréchal Tito en Istrie, de même que les millions d’innocents, juifs notamment, qui ont été exterminés dans les goulags soviétiques, dans des proportions certainement aussi grandes que les victimes des nazis allemands, comme nos collègues polonais l’ont fait remarquer à juste titre.

 
  
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  Czarnecki, Ryszard (NI). - (PL) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, il s’agit d’un débat capital et d’un anniversaire extrêmement important qui nous voit rendre hommage à des millions de Juifs, Polonais et représentants d’autres nations qui ont perdu la vie dans les camps de concentration allemands. Nous ne devons pas oublier que le flot de haine qui les a emportés ne peut malheureusement pas être considéré comme de l’histoire ancienne. En effet, il reste présent aujourd’hui. À l’heure actuelle, nous devons faire face à des mensonges et à la déformation des faits historiques, à l’atténuation du rôle des camps de concentration et même à la négation de leur existence, ainsi qu’à la minimisation de l’Holocauste. Nous entendons également des personnes parler de camps de concentration polonais, et non pas allemands, ce qui est particulièrement affligeant quand on connaît le lourd tribut que les Polonais ont payé à la Seconde Guerre mondiale. On peut trouver un exemple de ce phénomène dans le supplément hebdomadaire du journal belge Le Soir. C’est pourquoi nous devrions nous battre pour la vérité historique et condamner toute manifestation d’antisémitisme, phénomène qui constitue une honte morale pour l’Europe moderne et a été condamné catégoriquement par le pape polonais Jean-Paul II. Le fait que nous entendions encore parler de sa recrudescence, surtout en Europe occidentale, mais également en Europe de l’Est, est une gêne intellectuelle et morale. Nous ne devrions pas nous quereller sur les lieux exacts de cette résurgence. C’est cette recrudescence elle-même qui a de l’importance. Quel que soit l’endroit où l’antisémitisme refait surface, nous devrions réagir avec fermeté et le reléguer dans la poubelle de l’histoire.

 
  
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  Gaubert (PPE-DE). - Monsieur le Président, mes chers collègues, demain, partout en Europe, sera célébré un anniversaire de deuil: celui du 60e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, symbole de tous les camps bâtis par les nazis dans le seul but de réaliser l’extermination programmée de onze millions de Juifs vivant alors en Europe. Plus de la moitié fut réduite en cendres. Alors que leurs cendres n’ont pas fini de retomber, encore récemment, certains ont tenté de nier ou de relativiser la barbarie absolue. Deux d’entre eux font hélas partie de notre Assemblée.

Mes chers collègues, il y va de l’honneur de ce Parlement, à travers cette résolution contre l’antisémitisme - qui, je l’espère, sera votée à l’unanimité -, de contribuer à la lutte contre ce fléau et aussi contre toutes les formes de xénophobie, de racisme et de discrimination. Il y va de l’honneur de ce Parlement de se battre contre les falsificateurs de l’histoire. Il y va de l’honneur de ce Parlement de poursuivre la politique de paix et de rassemblement qui nous anime tous, en recommandant de ne jamais relâcher nos efforts de pédagogie, de tolérance et d’enseignement sans faille de cette période noire de l’histoire européenne et mondiale. Nous devons nous interroger sur la façon de maintenir cette mémoire vivante dans l’histoire quand les témoins survivants ne seront plus là, précisément à un moment où resurgissent un antisémitisme violent et une montée des intolérances un peu partout en Europe. Ainsi, notre Parlement doit encourager les États membres qui n’en sont pas encore dotés à adopter des dispositions législatives allant dans ce sens, comme l’ont déjà fait un certain nombre de pays européens.

Notre Assemblée est en train de bâtir un futur meilleur pour les générations à venir avec plus de liberté, plus de démocratie, plus de tolérance, plus de respect de l’autre. Aujourd’hui, nous contribuons à ne jamais oublier ce que la folie des hommes a été capable de faire. Mes chers collègues, notre soutien à cette résolution sera un signal clair à nos peuples, à nos enfants, aux générations à venir, à tous ceux qui se battent pour la paix et la fraternité humaine.

 
  
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  Pinior (PSE). - (PL) Chers membres du Conseil, Mesdames et Messieurs, la séance d’aujourd’hui n’est pas une séance comme les autres. Elle a lieu le jour où l’on fête le 60e anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, et il s’agit à la fois d’une commémoration de la libération d’Auschwitz-Birkenau par l’armée soviétique et d’un hommage aux victimes de l’Holocauste.

Je viens de Pologne, un pays qui a été témoin de l’extermination de Juifs et de Roms européens ainsi que de la mort et des souffrances d’autres personnes sous l’occupation militaire de l’Allemagne nazie. La Pologne est aussi un pays qui a perdu une grande partie de son élite, ainsi que quelque trois millions de ses citoyens juifs dans les camps de concentration. Les autorités nazies ont construit des camps d’extermination en territoire occupé, à Belzec, Sobibor, Treblinka, Majdanek et Chelmno, camps où a eu lieu le génocide des Juifs. Auschwitz symbolise aujourd’hui ce crime, sans précédent dans toute l’histoire de l’humanité. Ma génération a grandi dans l’ombre de la Seconde Guerre mondiale, qui a eu des conséquences tellement désastreuses pour la Pologne, et dans l’ombre du génocide qui a accompagné cette guerre.

Je m’adresse aujourd’hui au Parlement européen, l’un des symboles d’une Europe antifasciste et antitotalitaire et d’une Europe qui a érigé la défense des droits de l’homme, ainsi que la tolérance et la démocratie, au rang de priorités absolues. Le souvenir de l’Holocauste doit nous inciter, nous les Européens, de même que les institutions européennes, à nous assigner des tâches particulières dans le cadre d’une civilisation mondiale au XXIe siècle.

Chers membres du Conseil, l’on ne cesse de nous rappeler l’existence de l’antisémitisme, de la xénophobie et du racisme en Europe. Nous devons supporter la profanation de cimetières juifs et d’objets rituels juifs, de même que des manifestations d’intolérance vis-à-vis de la communauté juive. Les Juifs sont régulièrement privés de leur droit de jouissance du patrimoine européen, et ce bien que, si l’on se réfère à l’histoire, ils figurent parmi les premiers groupes à s’être établis sur le continent européen. Nous devons réprimer la xénophobie et les actes ouvertement racistes contre les émigrés, ainsi que l’intolérance religieuse et morale et les agressions contre les minorités sexuelles.

Le Conseil ne juge-t-il pas approprié que l’Union européenne s’emploie à mettre sur pied un programme pédagogique spécial qui forme les jeunes dans le but de promouvoir une société européenne fondée sur des principes multinationaux, multiculturels et multiconfessionnels?

D’autres missions attendent l’Union européenne dans le domaine de la politique extérieure. Le Conseil envisage-t-il d’intensifier la participation politique et l’engagement économique de l’UE au Proche-Orient, afin qu’elle devienne un garant de la paix et de la démocratie dans cette région? Les futures priorités de l’Union européenne devraient inclure la politique de développement, l’aide aux pays en développement et l’aide humanitaire. L’Union est également priée de prendre des mesures visant à promouvoir les droits de l’homme et la démocratisation dans différentes régions du globe. Elle doit réagir de manière adéquate dans les régions qui risquent d’être assaillies par des génocides, des meurtres ou des actes de violence en raison de préjugés fondés sur des sentiments nationalistes, la religion, la race, la classe sociale ou les traditions. Le Conseil est-il conscient de ces défis? Prend-il pleinement conscience de ce que l’on attend de l’Union à l’aube de ce nouveau siècle?

 
  
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  Borghezio (IND/DEM). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous, les membres de la Lega Nord, voterons en faveur de cette résolution. Toutefois, nous venons juste d’entendre une intervenante associer le sujet de l’Holocauste à rien de moins que le patriotisme, le nationalisme et les mouvements qui s’en inspirent, à telle enseigne qu’elle a même exigé que l’on retire les drapeaux nationaux des sièges de cet hémicycle, drapeaux qui représentent le sentiment de patriotisme sain auquel nous croyons encore.

Cet exemple montre qu’il est possible de partir d’un raisonnement correct pour ensuite tirer des conclusions tyranniques qui vont à l’encontre de la démocratie. C’est précisément pour cette raison que nous nous méfions énormément de cette directive européenne, et nous souhaiterions rappeler aux représentants de la Commission que le risque qu’elle soit exploitée à des fins antidémocratiques et sectaires, comme nous venons d’en avoir l’exemple au sein de cette Assemblée, est bien réel.

Le mot islamophobie a également été mentionné à de multiples reprises tout au long du débat. Je pense qu’il conviendrait de nous interroger sur ce que craignent aujourd’hui les Juifs en Europe et ailleurs, alors que des synagogues et des centres juifs, du moins dans les villes italiennes et européennes dans lesquelles je me rends, sont pratiquement sous surveillance militaire 24 heures sur 24. Interrogeons-nous sur ceux qui constituent vraiment une menace aujourd’hui, diffusant de la propagande raciste à la télévision, mettant à exécution des menaces et agressions physiques. L’Assemblée des Nations unies, instance majeure, a été mentionnée, mais nous devons nous poser la question suivante: les sièges de quels pays sont-ils restés vides? Ainsi, souvenons-nous du danger islamique et du racisme antisémite islamique, que le Parlement européen aurait dû condamner, par devoir moral et par respect pour les victimes.

 
  
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  Roszkowski (UEN). - (PL) Monsieur le Président, lorsque nous avons affaire à des crimes aussi atroces que ceux qui ont été commis à Auschwitz, nous devons faire particulièrement attention à n’offenser personne lorsque nous disons la vérité, tout en veillant à ce que cet avertissement historique continue d’être considéré dans le contexte adéquat et les justes proportions. Sinon, nous courons le risque de nous baser sur des mensonges ou même sur la tragicomédie. Le camp d’Auschwitz a été construit par les autorités allemandes nazies en territoire occupé en Pologne, pays qui a été attaqué et divisé par le IIIe Reich et l’URSS en septembre 1939. Bien que les premiers prisonniers et les premières victimes du camp aient été principalement des Polonais, ce camp fut ensuite transformé en camp d’extermination des Juifs, permettant au IIIe Reich de mettre en œuvre la «solution finale». La conséquence fut la mort de plus d’un million de Juifs à Auschwitz, ainsi que de 75 000 Polonais environ, de plus ou moins 20 000 Roms et de dizaines de milliers de personnes de nationalités diverses, y compris un certain nombre d’homosexuels. Comme cela a déjà été dit au cours de ce débat, l’antisémitisme était également répandu dans des pays autres que ceux du IIIe Reich. Cependant, l’Allemagne nazie fut la seule à mettre en œuvre le plan d’extermination des Juifs. Les Polonais comprennent que les Allemands d’aujourd’hui ne sont aucunement responsables des crimes commis par leurs ancêtres. Ils comprennent que l’Holocauste était un événement sans précédent dans l’histoire et que l’extermination des Roms a souvent été passée sous silence. Pourtant, ce que les Polonais ne comprennent pas, et n’accepteront jamais, c’est que les souffrances de leur nation pendant la Seconde Guerre mondiale soient minimisées. De même, ils n’accepteront jamais que l’on utilise des expressions telles que «camps de concentration polonais» ou «camps de la mort en Pologne». Le politiquement correct pour la question de la nationalité des nazis ne contribue pas à l’établissement d’une relation de confiance et à la réconciliation, points particulièrement importants aux yeux des Polonais. Nous ne devrions pas avoir peur de parler de ces faits difficiles à supporter aussi ouvertement que M. Fischer lors du récent débat qui a eu lieu aux Nations unies, et aussi ouvertement que M. Schulz il y a quelques instants dans cette Assemblée. Chaque vie est précieuse. Mais lorsqu’il est question de nombreuses vies, mettre les victimes juives, roms, homosexuelles et polonaises sur un même plan relève presque de l’absurde. Cependant, indépendamment de ces considérations douloureuses, le groupe Union pour l’Europe des Nations pense qu’il est nécessaire de maintenir en vie le souvenir de l’énormité des crimes commis au camp d’Auschwitz-Birkenau afin de faire en sorte que ce type de génocide ne se reproduise plus jamais.

 
  
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  Kirkhope (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, le 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz est un moment de commémoration et de recueillement. L’horreur que les forces de libération découvrirent en janvier 1945 est quelque chose que la plupart d’entre nous ont seulement partagé par le biais de reportages et de photos. Il est difficile de se rendre vraiment compte de la nature du génocide qui fut perpétré dans ce camp et dans les autres camps de la mort situés en Europe.

Auschwitz est une tare pour l’humanité et symbolise le mal, au-delà de l’imaginable. Ceux d’entre nous qui l’ont visité sont accablés par la désolation qui y règne. L’on peut encore sentir et palper le crime odieux qui y a été commis: les chambres à gaz, les baraques pleines à craquer de jeunes et de personnes âgées, les voies ferrées sur lesquelles roulaient les trains de la mort, les miradors, les fours crématoires, les misérables affaires personnelles de ces millions de personnes qui ont péri dans des conditions aussi horribles. Franchir les portes d’Auschwitz, c’est littéralement franchir les portes de l’enfer.

Nous nous unissons aujourd’hui aux Juifs d’Europe et du monde entier. Nous pensons à ceux qui ont perdu la vie, nous remercions Dieu pour ceux qui ont été libérés et nous honorons ceux qui ont survécu à cette tragédie et sont encore en vie aujourd’hui, y compris certains de ma circonscription électorale dans le Yorkshire et le Humber. L’Holocauste doit rester à jamais gravé dans notre mémoire collective. Néanmoins, nous ne devons pas non plus oublier tous ceux qui ont perdu la vie à la suite d’horribles génocides commis à travers le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Rwanda et le Cambodge ne sont que deux exemples de génocide moderne qui nous remuent le cœur.

La discrimination, les préjugés et la haine sont toujours des fléaux de notre monde moderne et, en cette semaine du souvenir, faisons en sorte que l’incapacité du monde à empêcher l’Holocauste et Auschwitz serve, pour tous ceux d’entre nous qui chérissent la liberté, d’avertissement que nous ne devons jamais, jamais, oublier.

 
  
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  Cashman (PSE). - (EN) Monsieur le Président, alors que je me trouve ici aujourd’hui, je me dis que si j’avais vécu dans les alentours d’Auschwitz il y a 60 ans, moi qui suis homosexuel, j’aurais certainement été arrêté, emprisonné dans le camp, où je n’aurais probablement pas survécu. Ce que nous devons faire aujourd’hui, c’est distinguer les personnes des groupes - des noms que nous leur donnons -, car il est ici question de millions de personnes qui ont perdu la vie en raison de la menace qu’ils représentaient pour une quelconque idéologie ou en raison de leur différence.

Nous parlons au sein de ce Parlement de libertés fondamentales et de droits fondamentaux, et pourtant, le racisme, la xénophobie, l’homophobie, l’islamophobie et l’antisémitisme n’ont pas disparu de la surface de la terre. Par conséquent, ce qui importe n’est pas ce que nous disons aujourd’hui, mais ce que nous faisons. Les propositions de la Commission auront de l’importance. Le courage qu’elle aura, ou pas, d’interdire tous les types de discrimination stipulés à l’article 13, et pas seulement quelques-uns, aura de l’importance. Si elle n’interdisait que certains types de discrimination, elle ne ferait que renforcer une hiérarchie d’oppressions. Nous devons tous assumer la responsabilité de ce qui s’est produit dans le passé - chaque nation, chaque pays. Cependant, la différence est que soit, nous devenons prisonniers du passé, soit nous devenons les gardiens de l’avenir, pour que de tels actes inhumains ne se reproduisent plus.

Souvenons-nous des handicapés, des syndicalistes, des antifascistes, des homosexuels et des millions d’autres personnes mentionnées ici ce soir qui y ont laissé leur vie. Nous devons tout faire pour qu’un tel scénario ne se répète plus jamais.

Je terminerai en reprenant ce qu’a dit magnifiquement bien le pasteur Niemöller: «En premier ils vinrent pour les Juifs, et je n’ai pas protesté parce que je n’étais pas Juif. Ensuite ils vinrent pour les syndicalistes, et je n’ai pas protesté parce que je n’étais pas syndicaliste. Ensuite ils vinrent pour les homosexuels, et je n’ai pas protesté parce que je n’étais pas homosexuel. Ensuite ils vinrent pour moi, et il ne restait personne pour protester en ma faveur.»

N’oubliez pas et décidez de changer l’avenir.

 
  
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  Záborská (PPE-DE). - (SK) Un eldorado de mort et de souffrance, un voyage triomphant de haine et un lieu où le mal s’est conjugué au mal. C’est en ces termes que mon père décrivit sa douleur lorsqu’il visita le camp d’Auschwitz, camp où sa famille fut décimée. En visitant les chambres à gaz fraîchement repeintes, il put voir comment le diable sous de gentilles apparences peut donner naissance à la haine et au désir de vengeance. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre. La paix se caractérise par la justice, la liberté, la foi et la conscience. Cependant, à la suite de la libération d’Auschwitz, la paix et la démocratie ne se propagèrent pas à l’ensemble du continent européen. Des régimes totalitaires persistèrent, quoique sous une autre forme. L’Europe de l’Est perdit son droit à l’autodétermination. Les frontières d’un empire du mal, qui cherchait à détruire nos traditions religieuses, nos repères historiques et les racines mêmes de notre culture nous barraient la route. Beaucoup se retrouvèrent derrière les barreaux au seul motif qu’ils avaient invoqué la liberté de conscience et la liberté religieuse. Mon père fut l’un d’entre eux. Quel message Auschwitz nous transmet-il aujourd’hui? Que la volonté de pardon est une attitude personnelle et libre qu’il n’est besoin de répéter. Aucun traité international n’est capable de soigner la tristesse. Sans pardon, la réconciliation est impossible. La réconciliation entre les États est impossible si leurs citoyens ne se pardonnent pas les uns les autres. Cela me fait penser à la propagande, car tous les régimes totalitaires y ont recours. Elle sert à défendre la politique de l’élite et à interdire la diversité des opinions, sous peine d’être tué. Ce n’est pas un hasard que des hommes d’État européens éclairés ont souhaité créer un lien d’unité entre les différents pays. C’était le résultat auquel avaient abouti leur propre liberté de conscience et leur propre conviction religieuse. Ils avaient compris que le bien de l’humanité l’emportait sur le bien de chaque nation. Ces hommes d’État n’ont pas confondu l’héritage national, culturel et juridique de chaque nation avec l’abandon de la souveraineté politique. L’Europe d’aujourd’hui est encore à la recherche de sa propre destinée et de sa propre signification. Nous attendons encore notre paix, notre justice, notre liberté de foi, de conscience et de pensée. Auschwitz fait partie de l’Union européenne. Auschwitz et Strasbourg sont liés à jamais et nous rappelleront toujours les échecs qui ont jalonné notre histoire. Je vous remercie.

 
  
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  Schapira (PSE). - Monsieur le Président, chers collègues, on dit en yiddish «Souviens-toi et n’oublie pas». Il est capital que nos concitoyens comprennent que la Shoa a une spécificité et, devant le regain d’antisémitisme, notre vigilance doit être forte. D’ailleurs, je suis un peu étonné de lire seulement le mot racisme sur le tableau d’affichage, alors que l’intitulé de la question orale de notre collègue Schulz est bien «Antisémitisme et racisme». Je suis étonné que le titre ne soit pas complet.

La mémoire vivante des générations de rescapés est sur le point de s’éteindre. Pour la relayer, les institutions doivent transmettre aux jeunes générations la mémoire de ce génocide. Je souhaite vous soumettre une proposition concrète. Je suggère que l’Union européenne impose à tous les établissements scolaires d’apposer sur les façades des plaques commémoratives portant les noms des anciens élèves qui ont été déportés et qui ne sont pas revenus. Une cérémonie à la mémoire de ces enfants pourrait être organisée le 27 janvier de chaque année. De même, je propose que des plaques dénonçant la collaboration soient posées devant les commissariats, palais de justice ou préfectures qui ont donné l’ordre de déporter et qui ont lâchement laissé faire la barbarie antisémite.

Si nous laissons les horreurs du passé tomber dans l’oubli, alors les générations futures ne comprendront pas la nécessité de lutter contre la remise en cause des valeurs universelles de tolérance et de liberté.

 
  
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  Le Président. - Monsieur Schapira, le service de la séance nous précise que si le tableau annonce seulement racisme comme titre, c’est uniquement pour des raisons techniques. Le titre de notre débat est bien «Antisémitisme et racisme».

 
  
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  Sumberg (PPE-DE). - (EN) Monsieur le Président, «n’oubliez jamais» et «plus jamais ça» sont les deux expressions historiques qui nous viennent à l’esprit aujourd’hui alors que nous commémorerons, dans quelques heures seulement, l’anniversaire de la libération d’Auschwitz. «N’oubliez jamais» était l’ordre qui nous avait été intimé par les Juifs européens qui avaient survécu au meurtre perpétré par les nazis et leurs complices. Demain, les cérémonies que j’ai mentionnées montreront que nous n’avons pas oublié, Dieu merci.

Mais pouvons-nous être tout aussi sûrs du respect de l’autre injonction, «plus jamais ça»? Nous assistons à la montée de la menace de l’antisémitisme sur notre continent et à travers le monde. Elle prend parfois une forme différente, mais l’extrême droite ultranationaliste qui n’a jamais cessé d’être antisémite est malheureusement encore présente aujourd’hui dans certains de nos pays: en Allemagne, en Russie, en France, et effectivement, je suis au regret de reconnaître qu’elle est également présente dans mon propre pays, la Grande-Bretagne, le pays qui s’est battu avec le plus d’acharnement contre le tyran nazi et qui a donné refuge aux persécutés. Nous observons une nouvelle variante de virus antisémite dans le fondamentalisme islamique - pas dans l’islam, religion qui n’a jamais été hostile aux Juifs. Le fondamentalisme islamique n’est ni leur ami, ni l’ami de la civilisation occidentale, ni l’ami de nos pays, quels qu’ils soient. Nous devons veiller dans les années à venir à ce que les divergences d’opinion que nous pouvons avoir au sujet du Proche-Orient - et qui sont peut-être nécessaires - ne permettent et ne cautionnent jamais des actes de violence verbale et physique à l’encontre des membres des communautés juives d’Europe.

Je suis parmi vous aujourd’hui parce que, Dieu merci, mes ancêtres ont quitté les rivages d’Europe il y a plus d’un siècle pour trouver refuge et sécurité en Grande-Bretagne. C’est grâce à cela que je suis parmi vous aujourd’hui. Ce souvenir me pousse à dire que ce Parlement européen, ce Parlement en particulier, a le devoir et la responsabilité historiques de dire «n’oubliez jamais» et «plus jamais ça».

 
  
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  Beňová (PSE). - (SK) Merci beaucoup, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs. C’est pour moi un honneur de m’adresser à cette Assemblée, même si elle est maintenant à moitié vide et que seule la présence des interprètes nous sauve encore. Permettez-moi un instant d’exprimer le fond de ma pensée, parce que j’ai l’impression que tout le monde tient à se poser en victime, alors que nous ne voulons pas désigner quelqu’un en particulier comme le coupable, et je pense que la responsabilité doit être étalée devant nous. L’État slovaque fut l’un des premiers États satellites du Reich nazi au départ duquel des Juifs furent déportés vers les camps de la mort. La déportation de Juifs slovaques s’inscrivait dans le processus que les nazis appelaient «solution finale» de la question juive en Europe. Solution finale, ces deux mots nous donnent encore froid dans le dos aujourd’hui. Le cas de l’État slovaque est important du point de vue historique, étant donné que c’est d’abord dans ce pays que fut testée la stratégie des nazis en ce qui concerne les Juifs avant d’être exportée dans d’autres pays, et ce pas seulement dans le domaine de la déportation. En fait, le cas slovaque revêt une importance historique fatale. Quatre-vingt-neuf mille Juifs furent déportés au départ de la Slovaquie. Rien qu’un court trajet pour entrer dans l’histoire du meurtre motivé par l’idéologie. Je ne dois pas oublier de mentionner qu’à la tête de l’État slovaque se trouvait un prêtre catholique. Des Juifs, des Roms, des antifascistes de toutes les nationalités et de nombreuses autres personnes condamnées à une mort absurde et cruelle furent assassinés dans les camps de la mort. Avons-nous appris quelque chose de l’histoire? Nous rendons-nous compte que l’Holocauste est devenu le symbole universel du mal, représentant en fait la forme la plus extrême de génocide? Savons-nous ce qui a précédé cette atrocité? Était-ce un mot, ou une phrase, qui déclencha tout cet engrenage meurtrier fait de haine et d’atrocité? Je voudrais vous poser une question, Monsieur le Commissaire et Monsieur le ministre. Selon vous, la diffamation d’une nation, d’un groupe ethnique, d’une race ou d’une croyance constitue-t-elle un délit répréhensible dans le monde démocratique? La liberté d’expression, en tant que valeur démocratique fondamentale parmi d’autres, atteint-elle ses limites lorsqu’elle sert à diffamer de la sorte une nation, un groupe ethnique, etc.? Les néo-nazis ne se cachent-ils pas paradoxalement derrière des valeurs démocratiques et des libertés durement gagnées? Et ne devrions-nous pas les arrêter avant que ces extrémistes en bottes noires ne descendent dans la rue sous le couvert de ces principes démocratiques? Nous attendons votre réponse, Monsieur. Je vous remercie, Monsieur le Président.

 
  
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  Vincenzi (PSE). - (IT) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je voudrais demander instamment à M. Schmit et à M. Frattini, dont j’ai trouvé les discours remarquables, d’étudier la possibilité de lancer une initiative européenne visant à coordonner et à mettre en œuvre les travaux de nombreuses institutions, fondations et centres de recherche nationaux, publics et privés qui s’emploient à préserver le souvenir de ce qui s’est passé dans les camps de concentration, ainsi que le souvenir des nombreux cas de résistance contre le nazisme et le fascisme qui, par exemple, se sont soldés par la mort de pas moins de 48 000 Italiens dans les camps.

Je propose que soit créée une bibliothèque européenne qui fournirait et préserverait une identité européenne reconnaissable et partagée. Elle devrait traduire et échanger en tout temps la totalité de ses documents, surtout ceux qui viennent des pays qui ont rejoint l’UE il y a peu, et dont nous ne savons pas grand choses, et de tous ceux qui sont disposés à adhérer à l’UE. Je pense qu’elle nous permettra également de façonner un avenir dans lequel le souvenir est considéré comme une occasion de renforcer une Europe fondée sur le respect mutuel entre citoyens, races et cultures.

 
  
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  Tabajdi (PSE). - (HU) Chaque nation, chaque pays doit réaliser son propre examen de conscience. N’oublions pas cet homicide unique, exceptionnel, la pire atrocité de toute l’histoire de l’humanité, la Shoah. Nous, Hongrois, devons vivre avec le poids sur la conscience d’avoir laissé, en temps de crise, les nazis allemands et les collaborateurs hongrois arracher 550 000 concitoyens juifs à notre nation, y compris le poète et martyre hongrois, Miklós Radnóti, qui décrit cette époque dans son poème «Fragment»: «J’ai vécu sur terre en un temps / Où déjà l’homme avili tant et tant / Tuait par goût, non seulement sur ordre / Sa vie enchevêtrée, piégée par une obsession féroce / Il priait de faux dieux, perdu dans ses illusions.»

Plusieurs monuments ont été érigés, des centres de documentation ont été ouverts et de nombreuses choses sur la question ont été publiées en Europe, mais le monument le plus important à la mémoire des victimes de la Shoah devrait se trouver dans le cœur de tous les citoyens européens. La Hongrie a eu du mal à affronter son passé, et cela reste difficile même aujourd’hui. En Europe occidentale, les différents pays ont réalisé leur propre examen de conscience plus tôt et de manière plus complète que les dix nouveaux États membres. Cependant, je peux dire avec fierté que nous avons fixé une journée de commémoration de l’Holocauste, que nous avons écrit des manuels pour les étudiants et que nous avons finalement ouvert le Centre de commémoration de l’Holocauste dans la rue Páva au printemps dernier. En outre, même si cela aurait dû être fait 60 ans plus tôt, le Premier ministre hongrois a déclaré les collaborateurs hongrois responsables.

Au printemps, nous renforcerons l’application de la législation sur les discours d’incitation à la haine et la dénégation d’Auschwitz. Aujourd’hui, il est essentiel que toute forme d’animosité raciste et de discours de haine ouvert ou codé soit poursuivie en justice et condamnée moralement sans hésitation. Nous, les Hongrois, voudrions jouer un rôle d’avant-plan dans la lutte européenne contre la discrimination, pour la protection des minorités nationales, ethniques, religieuses, sexuelles, etc., et pour la promotion de la lutte contre la discrimination. En plus des déclarations et des discours condamnant la discrimination et les discours de haine, nous avons besoin d’une législation européenne stable pouvant être mise en œuvre à l’échelle planétaire et imposant des sanctions adéquates. Il convient de mettre sur pied un système opérationnel pour la protection des droits des minorités au sein de l’Union, car c’est de cette façon uniquement que nous parviendrons à protéger les minorités en Europe. Telle est l’obligation de l’Union et tel est le commandement moral de la Shoah.

 
  
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  Schmit, président en exercice du Conseil. - Monsieur le Président, je crois qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter après un débat comme celui-ci: souvent émouvant, serein, et franc d’un point de vue historique.

J’aimerais simplement dire un mot sur les mesures qu’il faut prendre. Je crois que, à présent, nous devons tirer les bonnes leçons de cette expérience affreuse, de cette horreur absolue. Nous avons été invités, en tant que Présidence, avec la Commission, à reprendre, notamment, le travail sur la proposition de décision-cadre concernant le racisme et la xénophobie. Je crois qu’il faut le faire et je pense d’ailleurs qu’il y a beaucoup de malentendus.

On invoque parfois, avec une certaine bonne foi mais aussi avec une bonne dose de naïveté, la liberté de parole, la liberté de pensée. Mais, il ne s’agit pas ici de cela. Je crois que la haine verbale et le racisme que véhicule l’antisémitisme n’ont rien à voir avec la liberté de parole, puisque nous savons, et l’histoire nous l’enseigne, que la haine verbale est souvent suivie de la haine physique, celle qui frappe, celle qui fait mal directement.

Je crois donc que nous devons être conséquents avec nous-mêmes, reprendre ce travail. Nous devons également voir de quelle manière nous pouvons interdire des symboles qui sont des symboles indignes, qui sont des symboles qui, eux aussi, incitent à cette haine, à cette violence, puisque la violence verbale devient violence physique et agression. C’est une action que nous devons engager maintenant et je crois que c’est un modeste témoignage à la mémoire de tous ceux qui nous ont quittés de la manière la plus terrible. Je crois que si ce Parlement peut s’engager dans ce sens, avec nous, avec la Présidence, avec les États membres, notre contribution pourra être importante.

 
  
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  Frattini, vice-président de la Commission. - (IT) Monsieur le Président, je pense que le Parlement, le Conseil et la Commission se sont clairement exprimés ce soir quant à ce que peut et devrait être notre relation avec le souvenir de l’Holocauste. Il est juste de dire que le souvenir peut renforcer nos valeurs. Comme dit précédemment, ce sont ces valeurs qui ont inspiré les pères fondateurs de notre Europe et que nous avons le devoir de préserver et de renforcer.

M. Schulz a rappelé - et je suis entièrement du même avis - comment les pères fondateurs, tels que Konrad Adenauer pour les Allemands, et permettez-moi également de mentionner Alcide De Gasperi pour les Italiens, ont représenté un nouveau départ après la tragédie de la dictature. Ils nous ont permis - c’est ce que je ressens en tant qu’Italien - de marcher la tête haute dans la nouvelle Europe. Voilà ce que nous devons aux pères fondateurs.

Il a été dit que le souvenir est une dette que nous devons aux jeunes. L’Europe d’aujourd’hui a le devoir d’honorer cette dette au moyen de l’enseignement, de la scolarité et de la formation et, d’une certaine façon, en s’engageant à se souvenir de l’histoire tout en étant tournée vers l’avenir. Personnellement, j’aime la proposition faite par certains députés qui pensent que ce serait une bonne chose d’instaurer une journée européenne de commémoration de l’Holocauste, de manière à ce que nous puissions tous commémorer cette tragédie ensemble, en même temps.

La Commission, comme l’a mentionné M. Schmit, collabore étroitement avec le Conseil afin de réexaminer la décision-cadre contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme. À cet égard, je suis tout à fait d’accord avec l’évaluation réalisée par le Conseil.

La Commission mettra bientôt sur pied une agence européenne dont l’objectif sera la protection des droits fondamentaux. À cette fin, je tiens à rassurer certains députés qui ont pris la parole: non seulement une telle agence n’abandonnera pas nos mesures de protection et garde-fous contre l’antisémitisme et le racisme, mais, au contraire, les renforcera. Le respect de ces principes et de ces valeurs restera donc crucial pour les travaux de l’agence, que la Commission créera très prochainement avec l’aval du Conseil.

Monsieur le Président, il semble que les spectres - si je puis les appeler ainsi - de la haine et de l’intolérance, de la violence et du racisme, fassent aujourd’hui leur réapparition en Europe. Je pense que cette Europe qui est la nôtre doit jouer un rôle pivot justement au niveau de l’éradication de telles valeurs négatives, particulièrement chez les jeunes, et au niveau de la promotion de la tolérance et du dialogue avec d’autres religions et cultures, au nom d’un principe déjà ancré dans la Charte européenne des droits fondamentaux, que nous avons intégrée à la Constitution européenne. Telle est la meilleure façon, selon moi, de rendre hommage aux victimes de cette tragédie.

 
  
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  Le Président. - Chers collègues, avec votre permission, je conclurai ce débat sur une note personnelle. Je me rappelle qu’il y a trente ans aujourd’hui, le lycéen que j’étais alors a vu un film intitulé «Nacht und Nebel», «Nuit et brouillard», qui a largement contribué à mon engagement politique. Je ne pensais pas avoir, trente ans plus tard, l’émotion de présider ce débat. Je crois que vraiment, au nom de tous mes collègues, je peux remercier la Commission, le Conseil et toutes celles et tous ceux qui ont participé à ce débat de très grande qualité.

DÉCLARATION ÉCRITE (ARTICLE 142)

 
  
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  Özdemir (Verts/ALE), par écrit. - (DE) On peut lire à l’article 1er de la Grundgesetz, la constitution allemande, ce qui suit: «La dignité humaine est inviolable». C’est une leçon tirée des crimes commis sous le régime nazi, ainsi qu’une mission assignée aux générations futures.

Il s’agit de la source et du fondement de notre ordre juridique; il est nécessaire de le transmettre aux dernières générations de jeunes si l’on veut qu’ils aient conscience de l’histoire et de leurs responsabilités historiques. Or, la composition de nos sociétés est en train de changer: les jeunes en général, et de plus en plus les jeunes issus de familles immigrées, semblent ne plus avoir aucun lien personnel avec cela. Il est donc nécessaire de repenser notre manière de transmettre l’histoire, en particulier dans les écoles; la formation des enseignants, de même que les supports et méthodes pédagogiques doivent être adaptés de manière à tenir compte de cette évolution démographique. Il faut exploiter leur potentiel.

La montée de l’antisémitisme dans les cercles islamiques radicaux en Europe suscite certaines inquiétudes; comme l’a montré l’étude de l’EUMC en 2003, c’est particulièrement le cas chez les jeunes musulmans arabes, eux-mêmes susceptibles de souffrir de l’exclusion et du racisme. Toutefois, cela n’excuse en rien l’antisémitisme, quelle qu’en soit la forme. Par conséquent, il convient de faire le maximum pour impliquer les jeunes musulmans dans la société. Leur intégration sociale revêt une très grande importance si l’on souhaite voir une résistance ferme aux comportements antisémites dans leur propre environnement social.

 

9. Programme communautaire pluriannuel visant à rendre le contenu numérique européen plus accessible
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  Le Président. - L’ordre du jour appelle maintenant la recommandation pour la deuxième lecture (A6-0002/2005) de Paul Rübig, au nom de la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie, relative à la position commune du Conseil en vue de l’adoption de la décision du Parlement européen et du Conseil établissant un programme communautaire pluriannuel visant à rendre le contenu numérique européen plus accessible, plus utilisable et plus exploitable [10458/4/2004 - C6-0140/2004 - 2004/0025(COD)].

 
  
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  Rübig (PPE-DE), rapporteur. - (DE) Monsieur le Président, Madame la Commissaire Reding, Mesdames et Messieurs, le débat qui vient de s’achever m’a également beaucoup ému. Pour moi, ces choses doivent être étouffées dans l’œuf. On entend souvent des gens qui expriment également leur haine à l’égard de l’Union européenne ainsi que vis-à-vis de la démocratie en Europe, et j’estime que nous ne devrions pas tarder à éduquer et à informer ces gens et à sensibiliser davantage les citoyens européens aux valeurs de l’Europe.

C’est la raison pour laquelle nous attachons une importance particulière à ce programme «eContent Plus», qui vise à imprimer un contenu de haute qualité sur les réseaux mondiaux. Pour nous, le fait de présenter l’Europe sur des réseaux mondiaux revêt un avantage stratégique en ce sens que l’accès aux réseaux mondiaux peut être direct et immédiat, ce qui nous permettra d’exploiter les possibilités offertes dans un contexte international.

Le fait d’être parvenus à un accord, en deuxième lecture, sur un financement du programme à raison de 149 millions d’euros pour la période allant jusqu’en 2008 offre, selon moi, une extraordinaire possibilité d’améliorer sensiblement ce contenu européen sur les réseaux numériques. Nous avons également mis en réserve 55,6 millions d’euros pour la période s’étendant jusqu’à la fin de 2006.

Dans le passé - c’est du moins ce que je crois - ce programme a déjà démontré sa capacité à améliorer notre compétitivité et il va donc dans le sens des objectifs de Lisbonne. Nous assistons actuellement à la création d’un grand nombre de nouveaux postes de travail dans le secteur des technologies de l’information et de la communication. Si nous voulons créer encore 10 millions d’emplois d’ici 2010, le «contenu» doit représenter un élément clé de la stratégie mise en place pour atteindre les critères de Lisbonne. Nous devons relever le défi majeur consistant à mettre l’Europe sur le net et à attirer l’attention des gens sur elle et sur ses petites et moyennes entreprises. Des agences pour le développement des petites et moyennes entreprises ont vu le jour et il leur incombe également d’imaginer de nouveaux modèles commerciaux pour le contenu numérique.

Après tout le matraquage fait autour de l’internet, nous entamons maintenant l’étape suivante de son expansion, et c’est à ce niveau que la Commission a réalisé un travail exemplaire. Je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements à tous ceux qui ont participé à ce travail, car nous avons tout simplement désormais la chance de pouvoir créer des normes mondiales dont nous pouvons être très fiers.

J’estime également que le programme eContent doit être très vaste - et on le voit dans le budget - dans les catégories 1, 2, 3, 4 et 5. Il doit également avoir un impact sur les institutions européennes. Nous devons réfléchir à la manière dont nous pourrions améliorer la préparation de notre contenu et le rapprocher des citoyens, en particulier dans les écoles. Il faudrait également offrir aux chercheurs un vaste éventail de bibliothèques virtuelles interconnectées et permettre notamment un accès rapide à ces bibliothèques via des moteurs de recherche. Ce dernier point illustre la multitude de modèles commerciaux très intéressants, offrant la possibilité de nouveaux liens et d’un accès très rapide aux contenus numériques les plus importants qui existent.

Nous savons tous que les ressources scientifiques se sont considérablement développées au fil des ans. Il suffit de penser à une bibliothèque dans un ancien monastère, où l’on comparait jadis les propriétés curatives de la camomille lorsqu’elle est appliquée sur différentes parties du corps. Ce n’est peut-être qu’un exemple futile, mais il montre comment la science peut tirer de grands bénéfices des leçons du passé.

Enfin, nous devons aussi considérer les télécommunications, examiner quels systèmes de licence nous pourrons utiliser à l’avenir et la manière de gérer l’octroi des droits d’utilisation. À cet égard, il est de plus en plus évident que les micropaiements dans le secteur des télécommunications offrent des modèles de refinancement ou de cofinancement. Nous savons tous que ce qui ne coûte rien n’a pas de valeur et c’est pour cette raison que je considère que la proposition de la Commission de fournir un cofinancement de 50% est idéale.

Vous savez toutes et tous que je suis un défenseur des petites et moyennes structures commerciales européennes. À ce titre, permettez-moi de déclarer que c’est au niveau local que nous devons soutenir massivement la télévision numérique et les programmes qu’elle offre. Les paquets de taille minime - je pense ici à quelque 100 000 euros chacun -, mais avec une multiplicité de ces programmes afin de préparer le contenu européen avec professionnalisme, devraient par conséquent être particulièrement importants à l’avenir. Cela pourrait engendrer une certaine concurrence entre les paquets publics, financés par des droits et ceux qui émanent du secteur privé et qui seraient financés par des mesures incitatives; ceux-ci progressent actuellement d’une manière sensible dans ces secteurs modernes, à l’instar des sociétés de télécommunication qui fourniront également à l’avenir ce contenu numérique par le biais des téléphones portables. Il s’agit là de manières nouvelles permettant à l’Europe de montrer qu’elle est tout simplement présente parmi les grands.

En ce qui concerne l’e-gouvernement, l’Union européenne - la Commission, le Parlement et le Conseil - devrait montrer l’exemple. Il ne suffit pas de disposer du matériel informatique et des logiciels les plus récents et les plus modernes; les «meilleures pratiques» commencent chez soi. Nous devons montrer que certains gouvernements européens sont tout à fait capables de nous indiquer, à l’échelon européen, la direction à suivre. Dans le domaine de la santé électronique, il y a énormément à faire en matière de prévention et d’analyse. En ce qui concerne l’apprentissage par voie électronique, nous pouvons présenter un grand savoir grâce à l’utilisation de l’«apprentissage par le divertissement» de sorte que les professeurs disposeraient enfin d’un matériel intéressant et captivant.

C’est ainsi que nous pourrons soutenir, au niveau européen en particulier, nos 20 langues ainsi que la diversité culturelle de l’Europe. L’infrastructure dont nous aurons besoin à l’avenir nous permettra également de percevoir cette Europe qui est la nôtre sous un angle nouveau. L’Europe doit nous fasciner et nous devons l’aimer.

 
  
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  Reding, Commission. - (EN) Monsieur le Président, permettez-moi de signaler que 12 mois à peine après son adoption par la Commission, nous sommes sur le point de remplir les conditions d’un accord en deuxième lecture sur cet important programme. C’est assez inhabituel et c’est pourquoi je tiens à le souligner. Je voudrais féliciter le rapporteur, M. Rübig, ainsi que tous les députés qui ont pris part aux négociations qui ont permis de trouver un accord avec le Conseil tout en préservant les moyens permettant à ce programme de bien fonctionner, notamment au niveau budgétaire.

Nous savons tous que la disponibilité du contenu représente un des facteurs déterminants pour le développement de nouveaux services propres à la société de l’information. Dans l’économie numérique, le contenu couvre tous les types d’information, le texte, les images et les sons pouvant être transmis par les réseaux. Le programme eContent Plus est axé sur une amélioration des conditions en matière d’innovation, en particulier dans certains secteurs du marché du contenu numérique. L’environnement en ligne fournit une plate-forme idéale pour les produits et services novateurs du contenu numérique qui dépasse les frontières nationales. Voilà la raison pour laquelle ce programme possède une véritable valeur ajoutée européenne.

Imaginez que l’Europe dispose d’un marché unique du contenu numérique, sans barrières ou sans frontières nationales ni structurelles, un marché dans lequel tous les consommateurs comprendraient l’ensemble des langues de l’Union. Il est vraisemblable que nous verrions beaucoup plus de cartes sur l’internet, par exemple des cartes montrant les routes et les voies navigables transeuropéennes, etc. Comme le rapporteur vient de le souligner, nous disposerions de vastes bibliothèques numériques européennes d’un grand renom sur le plan de la culture et de l’érudition. Nous disposerions d’une multitude de matériel pédagogique numérique européen à l’intention de nos écoles et de nos professeurs. On assisterait à de véritables échanges interculturels et l’accès aux traditions de chacun serait facilité.

C’est exactement l’ambition de ce nouveau programme, mais nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire en vue de surmonter la fragmentation actuelle et de permettre aux entreprises de mettre au point des produits et des services novateurs et transfrontaliers propres au contenu numérique. Il n’en est pas moins vrai qu’il s’agit là d’un des rares programmes dans lesquels les PME sont très impliquées. Lorsque j’examine la manière dont le programme a fonctionné jusqu’à présent, je constate sur les 600 organisations qui participent aux projets bénéficiant d’un financement, 241 participants sont des PME. Ce programme bénéficie donc aux PME qui témoignent d’un esprit novateur et qui veulent accomplir des progrès.

Dans le cadre de ce programme, nous nous concentrerons exclusivement sur les éléments du marché numérique qui présentent une nette fragmentation en Europe et pour lesquels les forces du marché ne suffisent pas pour générer la croissance. Nous ciblons par conséquent trois secteurs: les données spatiales ou géographiques, le matériel pédagogique et le contenu culturel. Nous nous montrerons également particulièrement attentifs à la diversité linguistique de l’Union européenne, car nous savons que les technologies de l’information d’aujourd’hui peuvent fonctionner et qu’elles peuvent surmonter les difficultés liées à la nécessité de combiner différents formats et différentes langues.

Pour cela, nous devons faire des efforts sur le plan organisationnel; nous devons mener des expériences au niveau transfrontalier et c’est exactement la tâche qui incombera au programme eContent Plus. Il renforcera les conditions pour permettre le développement du marché du contenu dans l’intérêt des entreprises, des citoyens et de la culture. C’est également la raison pour laquelle la Commission est heureuse d’accepter l’amendement déposé par le rapporteur.

 
  
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  Seeber (PPE-DE), au nom du groupe PPE-DE. - (DE) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Monsieur Rübig, le débat sur le racisme qui vient d’avoir lieu m’a aussi laissé une forte impression et je voudrais remercier le président pour les propos personnels qu’il a tenus. Je tiens également à remercier notre rapporteur, M. Rübig, pour l’excellent rapport qu’il a rédigé et, avant tout, pour le rapide accord sur les 149 millions d’euros dont cet important programme a besoin.

N’oublions pas que le marché mondial du contenu numérique s’élevait à quelque 515 millions d’euros en 2002. Il est en expansion et j’espère qu’il continuera dans cette voie, car il fait partie de la stratégie de Lisbonne, qui vise à faire de l’Europe la région la plus compétitive. Cela dépendra évidemment aussi de notre aptitude à surmonter les obstacles existant au sein de l’UE eu égard à la diversité de nos langues, de nos cultures, de nos mentalités et, bien sûr, de nos traditions administratives. Nous devons évidemment aussi faire face à des erreurs du marché et, pour cela, l’UE doit nous apporter un certain soutien financier sous la forme d’un financement de départ afin de nous aider à surmonter ces obstacles.

En réalité, nous devons injecter un contenu significatif dans les infrastructures existantes ainsi que dans celles qui sont techniquement possibles, comme les téléphones portables de la troisième génération. Nous améliorerons et faciliterons ainsi la vie de nos concitoyens. Permettez-moi d’attirer votre attention sur les implications que ce processus aura sur la politique régionale, environnementale et des transports. Le fait d’ajouter un contenu significatif à un marché opérationnel nous permettra de créer des emplois de qualité dans des régions peu peuplées - notamment dans les régions montagneuses - et d’éviter par conséquent un dépeuplement de ces régions puisque les gens pourront continuer à y vivre. La circulation sera aussi réduite dans les conurbations, ce qui aura des effets positifs sur l’environnement dans la mesure où il y aura moins d’émissions, etc.

C’est la raison pour laquelle je me félicite de ce programme et j’espère bien entendu qu’il sera mis en pratique le plus rapidement possible.

 
  
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  Gill (PSE), au nom du groupe PSE. - (EN) Monsieur le Président, permettez-moi, à mon tour, d’exprimer ma reconnaissance pour cet intéressant débat sur le racisme, mais je voudrais avant tout remercier le rapporteur pour le travail qu’il a réalisé non seulement dans le cadre de son rapport, mais également pour les efforts qu’il a déployés dans les négociations avec le Conseil. Je suis ravie de constater que l’Assemblée est parvenue à augmenter le niveau de financement et à le faire passer des 135 millions d’euros proposés initialement par le Conseil à 149 millions d’euros, somme sur laquelle nous devons maintenant nous prononcer. Il est particulièrement important d’être parvenus à sauvegarder, comme l’a déclaré le rapporteur, 55,6 millions d’euros avant la fin de l’actuelle perspective financière.

Le fait que ce type de proposition relative au programme eContent Plus ait pris forme aussi rapidement constitue pour moi qui ai été rapporteur pour le premier programme eContent un très vif encouragement. Le contenu numérique représente à notre époque l’un des domaines dont l’expansion est la plus rapide. Si l’Europe ne réagit pas tout aussi rapidement, nous risquons de rester à la traîne; nous devons donc optimaliser les chances qui s’offrent à nous dans ce domaine afin de défier la suprématie que les États-Unis sont parvenus à assurer. Vu l’accroissement continu de la propriété privée, il y a encore énormément à faire et c’est la raison pour laquelle je me félicite particulièrement de cette proposition.

Étant donné la grande diversité de langues que nous avons grâce aux 25 États membres, de nombreuses opportunités de réaliser davantage de choses s’offrent à nous. Comme l’ont signalé la commissaire et d’autres orateurs, le programme eContent Plus doit désormais avoir un impact sensible sur l’ensemble des médias, c’est-à-dire les livres, l’information du secteur public et les médias en général. Toutefois, l’un des problèmes que connaît l’UE concerne la diversité de ses industries - cela va de l’industrie textile aux télécommunications -, qui fragmente nos marchés nationaux. Cette diversité nous oblige à relever encore davantage de défis en matière de coordination et de maintien de notre compétitivité.

Nous devons nous assurer de pouvoir garantir la sécurité de l’information à l’intention des usagers de la route; c’est là un des défis à relever. De nombreuses personnes n’utilisent pas toutes les possibilités qu’offre l’internet et nous devons faire davantage pour étendre cette culture de l’information. Nous devons élargir davantage les sites de l’UE afin de non seulement permettre à l’ensemble des citoyens européens de pouvoir contacter leurs représentants, mais aussi afin de réduire leurs frustrations.

 
  
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  Belder (IND/DEM), au nom du groupe IND/DEM. - (NL) Monsieur le Président, le rapport de M. Rübig vise à améliorer le contenu numérique, dont un aspect concerne sans nul doute l’accroissement de l’accessibilité. Le contenu numérique doit être rendu le plus accessible possible aux personnes souffrant de handicaps. Ce sont les handicaps visuels qui viennent immédiatement à l’esprit; pour ceux-ci, les technologies de la parole ou des claviers en braille sont disponibles. Cette accessibilité laisse cependant à désirer, car les caractéristiques techniques des sites internet ne correspondent pas suffisamment à l’équipement spécifique qu’utilisent ces personnes. Bien qu’il existe des lignes directrices du W3C pour l’établissement de bonnes normes en matière de sites, la mise en œuvre de ces lignes directrices est loin d’être optimale. Le programme eContent Plus devrait contribuer à l’harmonisation internationale de lignes directrices en matière d’accessibilité pour les personnes souffrant de handicaps. Sur le plan financier, les entreprises gagnent même à y participer. La mise au point d’applications accessibles peut être plus onéreuse, mais l’économie des frais d’entretien et de gestion compensera en fin de compte cette hausse des coûts. C’est un point qui mérite sans conteste une place dans le programme d’autant plus que l’objectif d’accessibilité, plus encore que d’autres objectifs, exige une harmonisation internationale. Pour moi, l’attention portée à l’accessibilité pour les personnes présentant des handicaps constitue un élément important pour m’aider à déterminer s’il existe une valeur ajoutée suffisante par rapport à la politique nationale avant de pouvoir approuver une augmentation budgétaire. L’attention portée aux personnes ayant des besoins spécifiques devrait être étoffée par une intégration de la notion d’accessibilité dans l’ensemble du programme. Puis-je imaginer que la Commission compte inclure des exigences en matière d’accessibilité dans les critères de sélection et les indicateurs de mesure des performances? Je souhaiterais connaître l’importance que la Commission entend donner à l’accessibilité pour les personnes souffrant de handicaps en termes de budget, car cela montrerait si le programme garantit effectivement l’accès aux informations et aux services numériques pour les personnes présentant des handicaps, car cette préoccupation fait sans aucun doute partie des valeurs et des normes de l’Union européenne.

 
  
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  Janowski (UEN), au nom du groupe UEN. - (PL) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Mesdames et Messieurs, cette décision prise conjointement par le Parlement et le Conseil constitue une nouvelle étape essentielle, attendue avec impatience, vers une utilisation plus large des technologies numériques et des services d’information à large bande. L’évolution à laquelle nous assistons actuellement dans les domaines des mathématiques appliquées et des technologies de l’information est tout simplement énorme et elle s’accompagne d’un développement tout aussi rapide des technologies électroniques, en particulier une réduction de la taille au minimum tout en maximalisant les fonctions pour les utilisateurs.

Toutes ces améliorations visent ce que j’appellerais des objectifs nobles tels que l’éducation, un accès plus large à la culture et une efficacité accrue de l’administration et du système bancaire. À leur tour, ces améliorations devraient promouvoir le développement de l’ensemble des disciplines scientifiques et technologiques, dynamiser l’économie et améliorer la défense et la sécurité, y compris la protection contre le terrorisme. Quiconque souhaite un tel accès devrait pouvoir atteindre ces objectifs. J’ai dit «quiconque», mais il me faut préciser ma pensée en ce sens qu’un tel accès et de telles possibilités ne doivent en aucun cas être mis à la disposition de criminels, notamment les différents types de pirates informatiques. Nous devons trouver un moyen efficace d’arrêter ce groupe d’utilisateurs potentiellement malveillants.

Nous devons également considérer cette décision à la lumière d’autres documents, en particulier de la décision du Parlement et du Conseil relative à une utilisation plus sûre de l’internet et des technologies en ligne. Nous ne pouvons cependant, d’un côté, parler de commodité et, de l’autre, chercher à introduire des brevets pour les programmes informatiques. Nous ferions mieux de chercher à trouver un moyen permettant de fournir un accès bon marché, étendu et de qualité à l’internet, par exemple via des réseaux électriques à faible voltage.

Il résulte de mes propos que le projet de décision doit être perçu comme une idée constructive. Je tiens à exprimer mes remerciements au rapporteur tout en regrettant le fait que la somme réservée à la mise en œuvre de cette initiative est beaucoup trop faible par rapport aux besoins. Le Conseil avait proposé 135 millions d’euros, le rapporteur propose 149 millions d’euros et la Commission 163 millions d’euros. De tels montants correspondent-ils vraiment aux objectifs de la stratégie de Lisbonne? Comment des objectifs aussi importants pourraient-ils être atteints avec des moyens aussi faibles?

 
  
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  Paasilinna (PSE). - (FI) Monsieur le Président, Madame la Commissaire, Mesdames et Messieurs, le programme eContent Plus est très important. S’il se révèle une réussite, il contribuera à soutenir la composante la plus fondamentale de la stratégie de Lisbonne. Il ne peut pas entrer en vigueur trop tôt. Je tiens à féliciter mon collègue, M. Rübig, pour l’excellent travail réalisé. Nous espérons que la Commission mettra rapidement en œuvre les modifications proposées.

L’importance de l’environnement en réseaux en tant que moyen permettant d’acquérir des connaissances et des compétences ne pourra croître que si un contenu essentiel, de qualité, fiable, complet et sûr est disponible. En tant que législateurs de l’Union, nous avons l’obligation de veiller à ce que l’ensemble de nos citoyens disposent d’informations numériques européennes de qualité. Nous reconnaissons notre diversité culturelle ainsi que les besoins croissants de nos citoyens et le vaste potentiel qu’offre cette diversité.

Le multiculturalisme peut également constituer une source de richesse dans le monde numérique. C’est précisément pour cette raison que le monde numérique représente un outil différent, autonome, artificiel, stimulant, trompeur et terriblement puissant. C’est pourquoi nous savons qu’une action à l’échelon européen est nécessaire pour sauvegarder la diversité et la qualité. Nous savons également que les forces du marché mondial ne peuvent offrir de tels services. C’est la raison pour laquelle nous savons qu’il est capital de produire un contenu paneuropéen afin de nous permettre de passer d’une société de l’information à une société éclairée. Nous faisons partie de ce secteur public qui doit produire des services numériques pour la société civile. Occupons-nous donc du problème du financement. Je me félicite par conséquent des amendements déposés par M. Rübig par lesquels il propose une augmentation des moyens disponibles pour le programme par rapport aux diminutions réalisées préalablement par le Conseil. Le monde numérique ne sera commun à tous que si chacun est impliqué, quel que soit son rang social. Les démocrates n’accepteront pas une dictature numérique, mais c’est une autre affaire.

 
  
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  Le Président. - Le débat est clos.

Le vote aura lieu demain à 10 heures.

 

10. Composition des commissions: cf. procès-verbal

11. Ordre du jour de la prochaine séance: cf. procès-verbal

12. Levée de la séance (Cf. procès-verbal)
  

(La séance est levée à 22h30)

 
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