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Compte rendu in extenso des débats
Jeudi 23 avril 2009 - Strasbourg Edition JO

Non-prolifération des armes nucléaires et avenir du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) (débat)
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  Angelika Beer, rapporteure. (DE) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, l’existence des milliers d’armes nucléaires est l’héritage le plus dangereux de la Guerre froide. Ces paroles ne sont pas de moi, elles sont extraites d’une allocution récemment prononcée par le président Obama à Prague concernant la plus grave menace à notre encontre. Aucune autre question n’est plus cruciale pour la sécurité au XXIe siècle.

Nous avons entendu des paroles semblables ces dernières années, prononcées par exemple par les stratèges américains que sont Henry Kissinger et Sam Nunn, lesquels ont élaboré une voie spécifique pour un monde sans armes nucléaires. Des responsables politiques européens de haut rang se sont joints à eux et le secrétaire général de l’ONU a lui aussi élaboré un plan de désarmement en 5 points. L’époque n’a jamais été plus propice pour reparler enfin du désarmement nucléaire.

Ces dernières années, ne l’oublions pas, n’ont vu que des retours en arrière. Les négociations à la conférence d’examen du TNP de 2005 ont été un désastre. Cela ne doit pas se reproduire l’année prochaine. Nous, Européens, devons maintenant démontrer que nous ne plaisantons pas au sujet du désarmement. Si l’Union prend les devants, elle peut définir la norme, raison pour laquelle je ne comprends absolument pas pourquoi la majorité de cette Assemblée ne souhaite manifestement pas soutenir ces objectifs ambitieux de réduction des armes de destruction massive.

La pléthore d’amendements déposés par le groupe conservateur en commission des affaires étrangères a bouleversé mon rapport et son objectif, à savoir parler du désarmement et soumettre une recommandation au Conseil, pour en faire un texte dépourvu de substance. En qualité de Parlement, nous avons la responsabilité d’adopter une position dès maintenant et nous ne pouvons la remettre à demain ou à la confier à d’autres parlements.

Nous faisons pression en faveur de la Convention sur les armes nucléaires et du Protocole Hiroshima-Nagasaki, car le désarmement est possible. Ce n’est pas une illusion déraisonnable et lointaine. Nous pouvons le faire, si nous passons en force. Les documents que nous demandons ne s’opposent pas au TNP. Ils colmatent une brèche dans le TNP et, par conséquent, le renforcent. Nous avons besoin d’une déclaration politique claire, tel est l’appel que je lance à tous les groupes dans l’optique de la mise aux voix de demain: réfléchissez aujourd’hui pour déterminer la bonne voie à suivre.

Je sais que le TNP comporte également des éléments civils, mais nous ne parlerons pas de la renaissance de l’énergie nucléaire civile aujourd’hui. Nous parlons de désarmement nucléaire. En tant que présidente de la délégation pour les relations avec l’Iran et porte-parole sur la politique extérieure, je dirais également que toute personne n’ayant pas conclu de la crise iranienne de ces dernières années, laquelle nous a fréquemment placés devant un risque d’escalade militaire, que l’utilisation civile de l’énergie nucléaire ne peut être dissociée de son utilisation à des fins militaires et de la prolifération, n’a pas compris l’ensemble de la politique extérieure de ces dernières années, les dangers et le défi qui nous attendent en matière de désarmement nucléaire.

Nous tous savons que notre objectif ne peut être atteint du jour au lendemain, mais nous devons nous lancer. Nous ne pouvons exiger - à l’unanimité - le désarmement nucléaire des Américains pendant des décennies pour arriver aujourd’hui, alors que le président Obama déclare qu’il est disposé à le faire, alors que le président Medvedev déclare qu’il est disposé à le faire, à une situation où une majorité conservatrice de ce Parlement refuse de suivre cette voie. C’est pourquoi je vous prie une nouvelle fois avec tout mon sérieux, comme m’en a chargée la commission des affaires étrangères, de ne pas confondre la question de l’utilisation civile de l’énergie nucléaire avec la renaissance du potentiel de désarmement nucléaire. Toute personne rejetant cette opportunité en matière de désarmement nucléaire se trouve dans l’incapacité de dire quand la prochaine se présentera. Je demande à tous ceux qui voteront demain contre les amendements du PSE et les nôtres d’aller expliquer à leurs électeurs, durant la campagne électorale, ce qu’apportent les armes nucléaires à l’Europe.

 
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